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pour jeanne

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Message  marc Dim 23 Fév - 10:19

 
 
1
 
Peu de temps après la mort de Jeanne
la ligne du ciel


« rends moi grand d'une ville »


comme on se remplit d'oubli, devenir profond !


Le monde artifice peu de temps après la mort de Jeanne


je me réveille d'ans l’après-midi une colère sourde en moi, un ciel gris.
J'ai fermé volets et fenêtre. La douleur est terrible.


Regarde-moi !
Comme tout ce qui vit sans souffrir aujourd'hui !
Regarde-moi !


De sombres rivages en moi sur lesquels je me couche.


loin dans ces soirs d'été, la mémoire peuplée de monstres, une mémoire qui ne referme pas ses plaies.


Je ne dors pas
je ne dors plus !
Tant je suis heurté, prisonnier d'un horizon au pelage noir
peu de temps après la mort de Jeanne


les refuges aléatoires, la combinaison des souvenirs
Tout est vivant
la ligne du ciel

nous sommes là comme des personnages en échecs !

« Soif, ma soif ! »
« colère, ô ma colère ! »


je suis aujourd'hui un être nu !


Je ne sais pas à quelle heure j'ai refermé la fenêtre. Le vent s'engouffrait dans ma chambre par rafales et ma tête plongeait dans des vertiges nouveaux.


Nous sommes un de ces mondes brouillons, seule l'ancienne lumière, de vielles lampes à l'âme immortelles comme des rivières.


Et sans être sage !
Dormir, s'y retrouver !
Fixer les soirs d'été. Ne pas comprendre comme ils s'embrasse. 

Ce monde est parfait !


Mon sang est fluide, je le sens battre dans la fin d’après-midi.
Et dire, se répéter les mêmes choses : « un toujours ! »


le monde continue sans toi !


peu de temps après la mort de Jeanne
 
 
 
 
2
 
Étirer le souffle du monde
Faire dire à ce monde
...
Je me réveille heurté,
Sans mensonges
Expatrié ici.
 
 
 
Le chat nettoie consciencieusement son museau. L'air grisâtre avant l'embrasement. L'appareillage du souvenir
Rien, ici, ne demeure.
Un figuier abrite un évier blanc ou une femme faisait jadis la vaisselle
 
Les globes oculaires roulent sous les paupières. Un chant ronronne en se frottant.
Ne pas savoir quoi faire
Il y a encore le ciel bleu accroché au-dessus
On distingue à peine les chiens aux pelages noirs dans les herbes hautes.
 
C'est aujourd'hui tout ce dont j'avais peur sans le croire un jour possible !
 
 
2,1
 
 
Je sais que ce monde est faux
Depuis la colonie grise ou l'on s'éveille.
« Passe ton sourire au travers de moi, deviens plus contagieuse encore. »
Sans la fatigue
Sans l'alcool
Ne rien entendre
De vieilles santés écorchées, de « blanches endormies qui se referment »
Comme je ne veux rien savoir
Ici
...
Cette demeure, c'est chez moi où je te tiens la main
 

 
Avec lui et en lui
 
La vie cogne les volets.
Je sais que ce monde est faux.
 
 
 
 
 
 
3
 
« Début juillet. Perpignan. Je me suis endormi quelques heures, je me réveille le soir. J'ai juste besoin de noter ces lignes.
Boire un café, boire, rouler une ou deux cigarettes, boire
Se cogne en moi cette phrase. « Rien d'aujourd'hui »
Pour l'instant, dans cette vie je suis tranquille et seul dans mon coin
 
L’air du soir est doux, tiède.  Une écriture datée, sans époque, hors d'haleine, a bout de course !
Une grande tasse de café
Passer de l'eau sur mon visage »
 
Ces quelques lignes plus tard, après ces quelques lignes. Je respire
J’avais oublié tout ce silence, tous ces chuchotements qui existent en moi.
Un premier soupir de soulagement me traverse. 
 
 
Quelques temps après la mort de Jeanne.
 
 
Je peux traverser l'espace de la place république, je peux regarder les gens attablé
Qui parlent, communient, s'aiment, ingurgitent
Je peux imaginer un temple pour l'aube et un autre pour le soir.
Je peux être patient, je sais maintenant être patient.
 

 
 
 
4
 
Il n'y a rien d'impératif pour moi d'être d'aujourd'hui. Je reprends une gorgée de café, Le bleu cotonneux du ciel va bientôt virer à un rose flamboyant
Puis l'obscurité précédant les ténèbres
Et le silence
Restera « le déjà vieux règne de l’électricité »
...
Je me réveille à 4h. La fenêtre est ouverte, la chambre est fraîche de l'air nocturne. Je me prépare un second café, m'assoie sur la terrasse et respire tout le silence et le calme qui a cette heure-ci enveloppe la ville.
Je n'ai pas à cet instant-là d’autre sensation que celle d'un monde apaisé.
Je fais les quelques choses à faire, tranquillement. Je pense peu. Mon esprit a le rythme de cette nuit, de cette heure.
 
Bientôt 8h, la ville commence à bruisser. La nuit est révolue.
 
 
 
4,1
 
En marchant dans la rue :
Les gens que je croise ne m'apparaissent pas sains. Seule la fraîcheur de quelqu’un persévère encore pour un temps, semble disparaître.
Les visages portent les traces d'un pilonnage progressif et récurent de la vie. Les angoisses, les tics nerveux sur leurs visages.
Ce monde marchait droit devant, sans trop savoir.
 
Il portait les stigmates de blessures et d'hémorragie internes graves.  Tout allait pourtant subsister, perdurer.
 
 
5
 
« Au nom du père »
 
Fin d’après-midi
Dans la maison qui me fait face, les hauts murs du jardin abritaient  un palmier géant. Aujourd'hui la maison est cassée, déserte.
Au premier, d'étroits volets verts ont perdus leurs persiennes
Et un carreau d'ombre apparaît.
Tout reste à imaginer.
 
« Sans panique, l'heure n'a aucune importance » : prise régulière de drogues contre le souvenir, contre la vie tout juste passée.
 
L'heure blanche. Des personnages murmurent à l'ombre des bâtiments. On oublie que l'on appartient à des familles, d’anciennes familles longtemps en chemin, aujourd'hui fatigué.  
 
Quitter la patrie frère. Être et vivre ailleurs ou personne ne vous connaît, ou l'on ne cherche pas un secret vous appartenant
Au sud, plus au Sud encore
Une demeure à soi et quelques affaires pour vivre
Une vie au minimum avec quelques regrets pour la mémoire et des jeunes hommes que l'on regarde sans toucher
Ou je peux respirer
Ou je peux m'étendre et dormir.
 
 
 
 
 
6
 
Un rôle plus féminin. L'esprit avec souplesse.
On ne regrette rien de ses vertiges. Je sourie tendrement a mon amant, a son âme tremblante dans un corps parfait.
Je trouve ses mains ardentes.
D'autres avec des mots plus brutes, des marches.
Comme on se réveille on sait, on a raison de respirer.
Je cracherai sur lui des serpents et des joyaux !
Aux environs de 1h. Sans que cela se dise depuis lui
Je sais y respirer. Vocation d'un monde nocturne, animal
Je ne sais pas me faire a ce silence.
Un grand silence, celui du corps.
Il souriait. J'avais l'impression que son sourire sursautait
Je l'appelle l'homme-orchestre.
 
Le corps frais de la rue
Non loin de la cathédrale.
Je rentre chez moi
À redire, à se redire tout cela : « comme c'est aimer ! »
 
Je devais fixer, décrire la lumière qui flotte autour des lampadaires. Cette heure-là aussi.
 
Des êtres tombent dans la nuit, parlent mal en passant.
Sans difficultés à respirer non plus
-« as-tu le temps ?
« J’ai tout le temps, j'ai tout mon temps. »
Sans avenir direct même proche.
 
L'obscurité
La vindicte du rêve.
 
Le corps enflé de rêves, nous sortons.
 
 
 
 
7
 
Je punaise  sur mon mur l'effrayante vérité de nos baisers, une caricature de la maternité aussi.
 
« Tu ne sais rien de tout cela ! »
Je me fais plaisir, j'ai les mains qui tremblent. Un passage vers demain et décrire cette nuit sans charme. Plus jeune, je parfumais mes plaies.
La bêtise !
« Tout cela est juste un mauvais langage ! » me dit-il
 
J'aurais sans doute voulu écrire, écrire d'autre choses, d'autres nuits en costume croisés, peut-être hideuses aussi et rampantes.
Ou bien remplies d'arbres et de visages qui me grignotent
Repos vespéral.
Sans heurt
Tristesse d'un royaume.
Et mon appétit, mes poumons vides.
Je respire
Dehors hanté de tes baisers, clignotants, burlesques !
Pauvre songe se mouvant à la frontière de l'aube.
« Ou suis-je enfin ?! »
 
Il me dit : « C'est un de ces jours horrible et pale. »
 
 
 
 
 
 
8
 
« La façade de l'immeuble pourrait se situer dans une ville portuaire du Sud, plus au sud en tout cas. Je pense à Bruno.
Après sa mort, il flotte dans un quartier gitan. Il y a de grands draps blancs aux fenêtres.
Il me sourit
Et la mer toute proche emplie son visage et son corps.
Il me dit vivre par là, dans ces embruns Loin du royaume des morts.
Je reste devant cette façade
Plus loin les  passants
Le jour ! »
 
 
 
9
 
Hier soir mon bonheur s'est perdu, n'a trouvé aucune voie.
La nuit est alors montée
J’y ai vécus en entier
Je vais devoir m’accommoder de seulement quelques artifices
Pour aujourd'hui, je peux encore proclamer un bout de route
La fermeture d'une école
 
 
 
Chercher le silence
Être à l’affût de cette fraîcheur soudaine
Cela n'empêche pas mon regard inquiet, ni le fait d'avoir un corps
Je ne veux plus suivre, habiter cette demeure, ce crépuscule
Marier à quelque chose qui souffre et sourit poliment
 
 
« Au terrain où Jeanne a vécu ses dernières années
L’air semble craquer sous la chaleur
Mon souvenir ouvre les mains
C’est ici le seul refuge de mon été.

Le cœur heureux et sans exil »
« Il faut repartir »
 
 
 
 
 
10
 
Je ne crois rien, je ne veux rien croire.
Une chaleur écrasante disloque ton sourire
De l'autre côté de la rue, des bourgeoisies endormies et poliment mortes.
 
Cette chaleur continue, dévorante
Ils traînent leur nuit en ville. Ils sont sur d'eux et grimacent
Leur douleur est un écho !
 
Après que la nuit ait eu lieu
Des vengeances contre soi
Des histoires volontairement enterrés
 
 
« Reste en moi, possède moi dans ma solitude. Je veux être sur qu'il n'est pas question d'artifice pour ma chair ! »
 
 
Après des décades, d'enfant à homme. Même visage
Même sang
 
Ce monde s’accommode d'être muet
De moi je retranche le monde
Comme un papillon de sa naissance.
 
 
 
 
11
 
Elle nous dit « a présent c'est nous qui sommes là »
Sentinelles
Hôtes nouveaux
Depuis ces mots en souvenir de Jeanne
Maintenant
Le sourire et l'ivresse sous les étoiles
Alors sans conscience peindre des miracles pour des frères et sœurs lumineux.
 
 
Je ne veux rien, plus rien épuiser
Je peux respirer en toi
 
Depuis ton règne, la pesanteur et la ville sous une lampe
Vers chez moi avec la monstruosité
« Tu seras seul dans mes bras ! »
 
Je veux me défaire de ce rivage, de ma résistance
Je veux trouver ma tête au fond d'un puits.
Ouvrir les yeux pour partir et demeurer
Respiration en interne dans ma nuit
Nous parlons peu
Nous restons anonymes
 
 
Mes mains tremblent.
Je peux m'exclure de vieilles nuits, de morceaux de villes
À moi
Et dépeuplé
C’est là où je sors
 
Un incendie pour le ciel et des métamorphoses vers des blessures
 
Peu de temps après la mort de Jeanne
 
 
Désinvolte, hagard. Avec des amitiés toxiques
Ces moments sont orphelins. Avec leurs confessions
 
Tout était encore silencieux. Des heures aux vitres noires
La grâce et la patience d'être sobre.
Sans revendiquer la plénitude
L’âme ombellifère
à merveille
 
Sous le figuier, des sourires passagers !
 
 
 
 
 
12
 
Je suis enfin arrivé. Je voulais voir un endroit semblable.
Sans personne à croiser
Être dans une virginité de la mémoire
La plage est une partie du paysage. Se souvenir n'a pas de valeur ici.
La ville grise
La mer grise
Pourquoi ai-je rêvé de vivre ici et d'y être encore ?
Je cherche encore une nouveauté a cet endroit. Je viens m'asseoir sur une chaise à l'ombre aux heures chaudes de la journée.
 
vivre son absence en intime comme une prairie dévorée
Tout a continué à croître et à mourir
Des chiens a la conscience aveugle rêvent dans l’après-midi
Tout en moi aurait envie de pleurer
La lumière estivale se craquelle

La vie sans d'autres raison qu'elle même

Peu de temps après la mort de Jeanne
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Message  Sylvie Lun 24 Fév - 7:26

Une poésie poignante qui met en partie à nue, l'âme du poète.

Des instants qui me parlent comme celui ci ( 5 )

"Quitter la patrie frère. Être et vivre ailleurs ou personne ne vous connaît, ou l'on ne cherche pas un secret vous appartenant
Au sud, plus au Sud encore...."


Parfois je me suis comme perdue dans les vers mais au lieu de chercher
je me suis laissée porter par mon imagination et j'y ai trouvé un certain
confort.

Ta plume a vraiment du talent et tu restes parmi mes lectures préférées.

Un très bel instant emotionnel pour moi.
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Message  marc Lun 24 Fév - 8:46

je te remercie sylvie pour ce commentaire et pour ta lecture.
ce texte est actuellement celui sur lequel nous travaillons en studio pour un futur album de lecture.

Jeanne était une personne très proche et peut-être que le désordre de quelques unes de ces lignes est celui de l'été suivant son décès. 

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Message  pierre_b Lun 24 Fév - 9:24

J'ai lu jusqu'au 5. Là je file, mais juste un mot, on est en plein dans l'épaisseur d'un texte. On avance dedans avec cette double impression de parois à griffer pour progresser et en même temps d'espace à combler par notre propre lecture. Le monde se construit et se déconstruit das la progression il n'en reste que l'empreinte... tu imagines combien ça m'a plu.
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Message  Io Kanaan Lun 24 Fév - 12:46

Une ouverture vertigineuse.

Merci pour ce beau et profond texte.
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