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L'inconnu
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L'inconnu
L’inconnu
Sur la petite île et dans la nuit opaque d’un novembre froid et humide, ils se sont agglutinés chez Eugène auprès d’un feu craquant de châtaignier. Ils ne sont plus que huit sur ce mouchoir de poche, accrochés à leur rocher et à ses landes ingrates.
Pour la troisième fois, la radio grésillante a lancé un avis de tempête qui les envahira encore de cris dantesques, de beuglements effrayants et de stridences démoniaques. Il leur faut se serrer devant l’âtre, maçonner leur lézardes de proximités réconfortantes.
Autour de la flambée plus bavarde qu’eux-mêmes par ses craquements de pétards, ses chuintements de bois à peine sec et par le ronflement continu de ses flammes, -mais qu’ont-ils encore à se dire ? Depuis une éternité ils se côtoient, s’épient, se sentent-, Thérèse doit s’éclaircir la voix d’une toux aigüe avant de pouvoir lâcher : « c’était il y a tout juste un an, non ? »
Des mots suffisants pour que tous revisitent ce matin qui n’avait pas envie de se lever où la brume avait une épaisseur telle qu’elle fermait la porte au jour. La corne lugubre rythmait le temps avec une résonance qui leur faisait grimacer les tympans. L’océan était huileux. Seul un petit flot nerveux donnait le contrepoint à la trompe lancinante.
Un léger clapotis est allé crescendo et Il est apparu, géant, godillant sur son esquif bleu.
Subjugués…Ils le fixèrent subjugués. Comment parvenir jusqu’à leur îlot dans ce brouillard impénétrable ? Qui donc était ce grand diable roux ?
Subjugués, puis sidérés. Ils ne peuvent aujourd’hui se rappeler la durée de son passage. Seul le souvenir de ce regard profond et inquisiteur leur reste : il leur avait permis une introspection quasi magique. Un souvenir de choc et de paix à la fois. Ils n’avaient rien pu se dire ensuite. Mais chacun avait acquis une autre manière d’aborder les autres, plus empathique peut-être. Comme une huile essentielle les avait imprégnés à cœur…
« Comment s’appelait-il » ? dit Youenn. L’éclatement d’une braise lui répond.
S’était-il seulement nommé ?
Soizic détourne la tête pour cacher un sourire : elle sait, pour l’avoir aimé, quel est ce nom, mais elle le garde comme un trésor, une émeraude qu’elle renvoie quelquefois au vent, les mains en porte-voix, comme un cerf volant dont elle suit la danse et la mélodie dasn les tourbillons de la brise marine. Ou comme une balle, à l’entrée des grottes de la pointe nord, riant du bond de ses échos sur les parois de granit.
Brutalement, la tempête les fige, muets, lâchant ses walkyries dans le concert assourdissant d’une chevauchée frénétique.
Sur la petite île et dans la nuit opaque d’un novembre froid et humide, ils se sont agglutinés chez Eugène auprès d’un feu craquant de châtaignier. Ils ne sont plus que huit sur ce mouchoir de poche, accrochés à leur rocher et à ses landes ingrates.
Pour la troisième fois, la radio grésillante a lancé un avis de tempête qui les envahira encore de cris dantesques, de beuglements effrayants et de stridences démoniaques. Il leur faut se serrer devant l’âtre, maçonner leur lézardes de proximités réconfortantes.
Autour de la flambée plus bavarde qu’eux-mêmes par ses craquements de pétards, ses chuintements de bois à peine sec et par le ronflement continu de ses flammes, -mais qu’ont-ils encore à se dire ? Depuis une éternité ils se côtoient, s’épient, se sentent-, Thérèse doit s’éclaircir la voix d’une toux aigüe avant de pouvoir lâcher : « c’était il y a tout juste un an, non ? »
Des mots suffisants pour que tous revisitent ce matin qui n’avait pas envie de se lever où la brume avait une épaisseur telle qu’elle fermait la porte au jour. La corne lugubre rythmait le temps avec une résonance qui leur faisait grimacer les tympans. L’océan était huileux. Seul un petit flot nerveux donnait le contrepoint à la trompe lancinante.
Un léger clapotis est allé crescendo et Il est apparu, géant, godillant sur son esquif bleu.
Subjugués…Ils le fixèrent subjugués. Comment parvenir jusqu’à leur îlot dans ce brouillard impénétrable ? Qui donc était ce grand diable roux ?
Subjugués, puis sidérés. Ils ne peuvent aujourd’hui se rappeler la durée de son passage. Seul le souvenir de ce regard profond et inquisiteur leur reste : il leur avait permis une introspection quasi magique. Un souvenir de choc et de paix à la fois. Ils n’avaient rien pu se dire ensuite. Mais chacun avait acquis une autre manière d’aborder les autres, plus empathique peut-être. Comme une huile essentielle les avait imprégnés à cœur…
« Comment s’appelait-il » ? dit Youenn. L’éclatement d’une braise lui répond.
S’était-il seulement nommé ?
Soizic détourne la tête pour cacher un sourire : elle sait, pour l’avoir aimé, quel est ce nom, mais elle le garde comme un trésor, une émeraude qu’elle renvoie quelquefois au vent, les mains en porte-voix, comme un cerf volant dont elle suit la danse et la mélodie dasn les tourbillons de la brise marine. Ou comme une balle, à l’entrée des grottes de la pointe nord, riant du bond de ses échos sur les parois de granit.
Brutalement, la tempête les fige, muets, lâchant ses walkyries dans le concert assourdissant d’une chevauchée frénétique.
harry cover- MacaDeb
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