Recordar.

Je me suis oublié dans ces terres hostiles
Où la terre et le feu ne font qu’un, tous les jours.
Le soleil aux maisons dessine des contours
Aiguisés, chatoyants, qui découpent les villes.

Les routes sont bossues, de vallées de fournaises
En ravins assoiffés. Là-bas, rien n’est vraiment
Ni debout, ni couché : des gravats indécents,
Entassés, cabossés, qu’on mélange à la glaise

Servent d’habitation aux familles nomades.
L’on voit les animaux comme les orphelins
Dormir, le jour durant : la nuit, quand ils ont faim,
Ils vendent des cailloux aux touristes malades.

L’on croise des marcheurs qui vont, défiant les cimes,
Aux routes en lacets comme des intestins.
Des hameaux, en hauteur, proposent des festins,
Des chants, des vins français, des spectacles de mimes ;

L’on compte les drapeaux qui claquent sur la mer,
Les planches et bateaux tout petits, ballottés.
Des humains courageux épuisent leur fierté
Aux pommettes brûlées de montagnes austères.

Et quand descend la nuit, le ciel mauve, fébrile,
Se brouille et superpose en couches les couleurs ;
Les mots se font aphones et froids, en ces heures...
Le vent souffle sur eux et les brise, fragiles.

L’horizon s’est fendu, à droite, à gauche, au centre
En un ciel éclaté, parsemé de fougères,
De nuages bleu roi, de nuages bleu clair,
D’étoiles de beauté sur le rose du ventre.

Et l’oeil, et la photo sont également sourds :
Les bleus sont infinis, de douceurs en nuances,
De presque noirs à blancs. Ce sont des bleus silences
Autant qu’assourdissants : bleu piano, bleu tambour !

Au centre, le soleil est grave, comme une île
Que cernent les marées, les vagues, les courants ;
Et lorsqu’elle a coupé la gorge du géant,
La mer au rouge sang mêle un rayon gracile.


Z 05 03 09
pour K.

Invitation au voyage en terre de feu...
Plus qu'on poème, un vrai tableau que l'on ressent vraiment à te lire...
et que de couleurs !
(c'est dans ma liste au pere noel)
"L’horizon s’est fendu, à droite, à gauche, au centre
En un ciel éclaté, parsemé de fougères,
De nuages bleu roi, de nuages bleu clair,
D’étoiles de beauté sur le rose du ventre."

la nuit, quand ils ont faim,
Ils vendent des cailloux aux touristes malades.

Je trouve ça très beau.
De même que ces
bleu piano, bleu tambour

Nilo, je m'en souviendrai.

un bain de couleurs que tu proposes là, Z, et quel bain délicieux !!!
encore de magnifiques images et des alexandrins !!!!
et d'accord avec Nilo pour le bleu-piano, le bleu-tambour,
moi aussi, je m'en souviendrai, ça me fait penser au père un peu mistral, un peu tempête de J y L que je n'ai pas oublié non plus ...
encore merci
biz
Yzaé

Même si c'est en tombant du haut du mur à Dédé que je me retrouve ici je ne vais pas me répéter et je vous renvoie à mon précédent commentaire.

Nilo, une fois.

Bon, un commentaire initial et spontané.
Puis un coup dans le mur à Dédé.
Et maintenant un appel de l'Auteur à la Une.
Mais attention, pas n'importe lequel, j'ai choisi cette fois. J'ai choisi un texte qui avait peu de commentaires.
Et bien je ne le regrette pas.
Et je ne change rien au contenu de ma première intervention.

Nilo, et alors.

Merci Nilo, de cette joie de partager et de faire partager. Et vive l'Auteur à la Une ! (pas moi hein, le concept ).

Z.

Moi, j'ai envie de dire " vive L'auteur à la une" parce que les moments que j'ai consacré à te lire furent de très beaux instants de poésie...tu sais y mettre le sentiment là où il faut.

Sylvie