Les jours amers.

Certains jours où la peur, le marasme, vous prennent
Et vous soufflent d’aller vous cacher en vous-même
Au plus sombre réduit de vos incertitudes :
Ces jours ont la couleur des âmes qu’on dénude.

Je me suis englouti moi-même dans un ciel
Où les enfants sont beaux ; où les muses sont belles,
Où les rois sont croyants, avant que réalistes ;
Et nous chantions : - L’adoubement des fantaisistes !
Le poète parlait : - Aux armes, Garnements !
Avant que d’avouer : - Mon âme, je te mens.
Pourtant, dans ces combats qu’il mène sans y croire,
Une force lui vient ; autour, jaillis du noir,
Des hommes lui sourient - et des femmes l’enlacent.
Et comme il s’avouait vaincu, il se dépasse.

Dans chaque mot jeté, chaque nouvelle phrase,
Il cherche les regards, il arrondit les cases,
Les boîtes, les cercueils où les êtres s’enterrent,
Par défaut, par dépit, et chassent la lumière.
Et nous chantions plus fort : - L’adoubement des fous !
Le poète parlait : - Brûlez ! Aveuglez-vous !
Avant que d’avouer : - La nuit masque les rires.
La peur aboyait fort ; et commencent à luire
Toutes ces entités qui portent son flambeau !
Les hommes l’ont suivis - les femmes, trouvé beau.

Si nous sommes bénis, amis des jours amers,
C’est par vous ; votre voix nous porte, nous éclaire
Et chasse nos frayeurs, et les métamorphose.
Dans votre main tendue, notre coeur se dépose
Et trouve la douceur propice à son envol.
Et vous, êtres méchants, les poètes s’immolent
A votre adoration crédule du concret !
Vous êtes malvoyants, si nous sommes abstraits.

Je ne vous en veux pas ; et mieux, je vous pardonne.
Notre foi nous tient chaud, et notre voix résonne
Au-delà du concert sinistre de vos lois.
Les hommes vous oublient ; ils ne nous oublient pas.


Z 15 12 09
pour P, faiseuse de rêves.

Je te l'ai dit autrement mais te le redit encore ...
Très très touchant et superbement écrit encore et encore..
Cette nuit, ton stylo était pris et avait des ailes.
Merci pour nous

"Certains jours où la peur, le marasme, vous prennent
Et vous soufflent d’aller vous cacher en vous-même
Au plus sombre réduit de vos incertitudes :
Ces jours ont la couleur des âmes qu’on dénude."
tu sais comme ces mots-là me "parlent" ...
et comme tu sais si bien les dire ...
bien mieux que moi, j'admire !
encore un magnifique poème, Z, sur les poètes dont tu fais indiscutablement partie !
Yzaé

Merci à toutes les deux, qui me lisez et me soutenez depuis le début ! Les jours amers sont à tout le monde...

Z.

Personne d'autre ici ???


Comme dirait Dédé que je remplace temporairement: merde alors!!

Les hommes vous oublient ; ils ne nous oublient pas.
Tu sais comme tes mots me touchent. J'étais parti ailleurs pour quelques jours dont je ne savais quand ils prendraient fin. De ces jours qui font qu'un silence nous abat, qu'un mot nous ressuscite.
Les tiens tiennent le silence à distance.

Nilo, si les hommes t'oublient je ne t'oublierai pas.

Un clic au hasard dans le mur à Dédé et je tombe sur un trop bon truc!
ça marche mieux que le loto et en plus c'est gratuit.
La richesse humaine que tu nous sers Z par tes mots justes et sensibles me réchauffe.
Cela faisait quelques temps que je n'étais pas passé sur le macadam et en te lisant je me dis qu'il me manquait quelque chose.
Merci.

J'avais lu sans commenter, mais ce poème vallait mieux que mon silence... Voila, c'est dit:
Du Z premier choix.

Swann, repenti

Tu manquais aux signataires

Tout simplement superbe.

Encore un coup heureux dans le Mur à Dédé.

Nilo, la mémoire et l'amer.

Bon dieu que c'est beau ce texte !

Inspiré jusqu'au bout des chaque vers, de la poésie qui vient des tréfonds et qui touche le ciel.

Je suis scotchée...

c'est pas le mur à Dédé, c'est juste une envie et comme on en a parlé...

Oh yeah, du Zlat comme il me fait bander !

Au risque de me répéter
Encore un coup heureux dans le Mur à Dédé.

Nilo, et de deux.

Merci au mur car je n'avais pas vu ton poème et même si je suis peu présente ces derniers temps, je suis plongée dans tes écrits au moment où je m'accorde une pause.

Encore une fois, je suis touchée et admirative devant tes images qui me parlent tellement bien.

Merci encore

Un texte habité et prenant, je découvre Zlatko et ne suis pas déçu.
Une indéniable "intertextualité" (comme dit une amie cultivée) pas dérangeante, car l'émotion est au rendez-vous.

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Treizième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.