Écouter l'étreinte restante des années 80

Avant le jazz

Avant les cadavres et les réalités putrescibles

Avant l'absente et la peur

Sur le vieux tourne-disques
l'orange saphir rayant la matière
d'antiques foulures et souvenirs
j'écoute ma mère chialer dans le couloir

Je fais le tour de ma mémoire
je biaise les roses et les tourments
j'appelle le chewing-gum la mode fluo
la jeunesse ne meurt qu'une fois

Sous mon pull, tricot de laine
le coeur d'avant peine à comprendre
ce qui se tait dans le voisinage
ce que la bouche trace en vomissant

Je danse l'absurde et l'inconscient
c'était une musique sans âme
juste du divertissement
je ne m'endormais pas des romans de terreur

Jeune sans folie, fils d'un mythe
matrice égarée dans les labyrinthe des spectres
je compte les larmes et les tonalités
la radio diffuse des voix sans timbre

C'était avant de tout savoir
des amours fous des amours mortes
entendre la voix qui parle la nuit
qui hurle le chien qui vit en elle

L'argent de poche dans les bonbecs
les mains tremblantes de timidité
le rouge aux joues et boucles folles
je ne parle de rien de peur de l'autre

Quelques notes de guitare
perdues dans les nuits sans fondation
accords dérisoires dessinés dans l'alcool
je distille l'image dans les liqueurs du passé

Dans le miroir des traits informes
les insomnies les pleurs de nuit
station de sports d'hiver, fin de saison
neige goudron et bars déserts

Aujourd'hui j'appelle à l'écho du reflet
que reste-t-il de ce que je fus
enfant muet et libre de tout
de lire la vie dans un verre de vin

Aujourd'hui

C'est l'instant du jazz

L'instant des réalités indissociables

L'instant des poches vides

Cette belle et mélancolique complainte méritait qu'on la lise et relise; Je l'ai ressentie plus blues que Jazz, mais je suis pas spécialiste... trés évocatrice pour moi cependant

Swann

Belle ballade en vérité.
Et belle balade également sur les bords d'une vie.

Nilo, compagnon de route.

Encore de retour d'apnée je reprends mon souffle et remonte ce texte à la surface pour lui donner un peu d'air.

Nilo, sans palier.

La nostalgie dans la musique entre autre est souvent engendrer par un manque...un rappel...un désir d'entendre encore un peu la voix de ceux qui nous ont accompagnés pendant ces époques.

Du très beau PC...

Sylvie