Le Jean clin d’oeil

Une marque blanche sous sa cuisse, comme un carré blanc, à son caleçon, dessinait un oeil dans une fente horizontale de son Jean destroy. Et suivant qu’il marchait, qu’il s’arrêtait... Comment il se tenait - tendu ou accroupi - la fente s’ouvrait ou se fermait, et tout ça donnait l’impression de cligner de l’oeil.
Là dessus, la conversation s’installa entre “le Jean clin d’oeil” et lui :
“ Es-tu donc persuadé que tu comprennes tout comme tout le monde, de ce qui arrive - le sens - tous les sens dans tous les sens ?
- Je ne pense pas.
“ Je ne pense pas ”, reprit le Jean. Par exemple ?
- Par exemple... Comment tu vois ça, toi ?
... Bien. Mal. Optimiste, pessimiste - pacifiste ?
Il bougea la jambe et voici ce qu’il entendit :
“ Tu sais, avec les filles, il ne faut pas trop penser. Je trouve ça très optimiste - “je ne pense pas” - très bien ! Et toi...
- Pendant quelques temps, j’ai gardé son image avec les bas noirs usés dans la poubelle sous l’évier.
Pourquoi tu m’as laissé ça, dis ?
“ ... Pourquoi ? questionna le Jean clin d’oeil. Je ne sais quoi répondre à ça ; déjà que moi, depuis longtemps, presque depuis le début, avec cette fille, j’avais perdu le fil de l’histoire.
- Du con crée ! Je n’avais pas le choix...
“ Je te fais mes excuses, rapiéça le Jean clin d’oeil.
C’est tout ce qu’il trouva à dire, puis il enchaîna vite :
“ ... Demain, tu vas jeter la poubelle au petit matin, je veux la voir partir dans la benne.
- Mais demain, tu n’y penses pas, dis-je. Demain c’est Dimanche !
“ ... Ah oui... et bien je la jetterai quand même, et Lundi, je t’enfilerai de bon matin et on ira la voir partir ensemble dans la benne. Ca colle ?

L’oeil humain ne me fait plus peur, comme l’oeil animal, il n’est qu’une bille fixe au milieu du fromage blanc - écume de toujours - chaque chose à sa place... l’oeil, le ciel, les reflets et l’écume sans retour, l’écume perpétuelle.

Dam.

"L’oeil humain ne me fait plus peur, comme l’oeil animal, il n’est qu’une bille fixe au milieu du fromage blanc - écume de toujours - chaque chose à sa place... l’oeil, le ciel, les reflets et l’écume sans retour, l’écume perpétuelle."

Lecture d'une binoclarde qui salue ce " clin " en prose.

Merci Ratoune. Je penserai à toi la prochaine fois que je l'enfilerai...

Dam, ça sera plutôt celui de l'été, plus finement ajouré que celui que j'enfile chaque matin pour les travaux (intérieurs) ; il tient debout tout seul !

Je n'oserai même pas décrire la scène qui m'est apparue en lisant ça, ça choquerait !

Mais je vais oser dire que ce texte est fort bien construit, avec un certain tact et qui d'ailleurs n'a pas échappé à Ratoune.

Nous voilà donc deux sur le coup d'oeil !

Sylvie