Baie des Anges

Baie des Anges


Les mendiants ne mendiaient
Que l'ombre d'un sourire.
La misère n'avait plus le droit de se plaindre
Dans cette ville morte
Qui ne ressemblait plus
Qu'un peu à La Havane.

Les requins avaient pris leurs quartiers dans le port,
Des gamins y plongeaient
Avec un sac de jute
Pour pêcher les langoustes
Qu'on trouvait sur les tables alignées en terrasse
De tous les restos chics
Du quartier des "affaires".

Certains n'en revenaient qu'avec un bras en moins.
C'était ça ou un dollar !

Quelques coups de bâton
Leur avaient vite appris à ne pas quémander.
Dans l'Angola castriste on ne tend pas la main !

Le champagne coulait
Sur les propos glacés
Des détenteurs d'un ordre
Dont on savait le prix.

Les rues de Luanda étaient jonchées du verre
Des vitres orphelines
De ces fenêtres borgnes
Aux façades meurtries par les tirs en rafales
Des AK47.

Les belles étrangères
N'étaient pas innocentes
Posant un doigt mouillé sur les lèvres gourmandes
De ces rois du pétrole
Aussi noirs que leur or
Dont les mains rutilaient des diamants de la guerre.
Ces pierres qui payaient,
A l'âge des marelles,
Une armée de soldats
Qui n'avaient pas douze ans.

Ca devait ressembler
A notre Baie des Anges,
Les bars du bord de mer vivaient de souvenirs
Mais la plage n'était
Que rivage du Styx
Et les quartiers du port la banlieue de l'enfer.


Nilo.

Ces deux vers "Aux façades meurtries par les tirs en rafales
Des AK47"
m'étaient restés en mémoire, gravés, je ne sais pas pourquoi.

J'aime beaucoup celui-là. Me manque un soupçon de folie.

Z, saltimbanque.

un poème différent de ce que j'ai pu lire de toi jusqu'à présent ...
poème tout aussi touchant, de par sa forme, ses mots, son sujet que les autres ...
Yzaé

La mer était chaude, le soleil de plomb, mais l'ambiance glacée.

Nilo, tacatacatacata...

Je repars en guerre, au secours des textes perdus.

Nilo, Missing

Je voudrais bien répondre à cette " Baie des Anges " histoire en effet de prolonger l'idée de " l'ambiance glacée "

Juste histoire de remettre en perspective ce texte avec La réponse de Ratoune récemment commentée.

Nilo, ange frais débarqué.

Triste réalité bien joliment exposée...

Dénoncer l'indifférence, les atrocités commises avec des mots justes telle est la mission du poète. Il n'y a pas d'autres choix possibles alors continuons la lutte en créant et en relayant nos visions.