Il avait le teint gris

Il avait le teint gris, et la peau burinée
Un physique ingrat, pas facile à porter
Des lunettes trop grosses et un nez empaté
Un sourire meurtri par des dents abimées

Il avait de grosses mains calleuses à souhait
Signe de son travail manuel, il avait
Des jambes toutes fines, maladives on dirait
Une allure chétive plombée par les années

Mais lorsque le pinceau glissait entre ses doigts
Les couleurs, les lumières s’en donnaient a cœur joie
Les traits et les volutes s’étalaient à merveille
Et la beauté réelle naissait d’une aquarelle

Il avait une voix écaillée de fumée
Et les mots dans sa bouche s’écorchaient ,se coinçaient,
Une phrase , un combat, une lutte a gagner
Ce qu’il ne pouvait dire alors il l’écrivait…

Et le verbe sous sa plume devenait hirondelle
Annonçant les beaux jours , des mots en ribambelle
Virevoltant ça et la, papillons bien posés
Il avait le mot juste, la rime bien placée.

Il fut un inconnu pour ceux qui ne voient rien
Pour ceux pour qui l’utile est synonyme de gain
Pour ceux qui voient le beau dans un corps apprêté
Ou dans une réussite sociale avérée

Pour moi, il fut plus grand que la plus proche étoile
Il est un peu le vent qui souffle sur mes voiles
Un soleil, la lumière comme un but à atteindre
Une flamme que rien ne pourra plus éteindre.




« On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux. »

Un beau portrait dédié à un vrai maître.
J'aurais bien aimé le rencontrer.
On dit : "Quand l'élève est prêt, le maître est là"
Je n'ai jamais rencontré de maître, sans doute faut-il penser que je ne suis pas encore prête ou alors il se pourrait que je sois aveugle...ou alors il faut que je trace mon chemin seule...ou alors chaque personne que je rencontre a quelque chose à m'apprendre.
(je te livre mes pensées après lecture de ton poème)

Un bel hommage, sincère, touchant. Et un tas de vérités à bien écouter, car elles ne courent plus les rues.

Z.

Superbe... j'ose espèrer qu'il a existé... Une réelle tendresse dans ce portrait.

Swann,

très beau poème et très bel hommage, en effet,
bravo, Lalou, tu as su continuer ... avec tes tableaux et tes poèmes !
ce vent-là souffle effectivement sur tes voiles !
Yzaé

Que dire ?
Que j'aimerais qu'un jour ma fille m'écrive de telles choses (le dire elle sait même en silence, avec les yeux, mais si elle l'écrivait...).

Nilo, demain peut-être.

Merci beaucoup à tous...Vos commentaires m'ont touchés .
Merci pour "lui".

Clic-Dédé

Un texte de Lalou très émouvant et qui donne envie de l'entendre.

La voix de Laura Davies s'y prêterait fort bien.

Sylvie

Très émouvant Lalou.
Cela m'évoque les mots d'un artiste à mon endroit, que je me permets de citer ici : "... Dieu qu'il faut du courage pour mettre du bleu dans la grisaille de notre pauvre monde ! Le bleu, heureusement, tu sais le faire jaillir, et tu vas réussir".
On le voyait souvent survoler dans son planeur le pays d'île de France.
A notre ami,

Dam.

Ah il est beau cet hommage !

"Il avait le teint gris, et la peau burinée
Un physique ingrat, pas facile à porter
Des lunettes trop grosses et un nez empaté

[...]

Et les mots dans sa bouche s’écorchaient ,se coinçaient,
Une phrase , un combat, une lutte a gagner"




Joli hommage, touchant.

Parce que c'est aujourd'hui et parce que les mots ne sont jamais vains.

C'est qui ?

un de mes proches Huma...

inconnu.

Une impro

merci !!
je suis scotchée !!

ça fait tout drôle !

Bien souvent la véritable beauté avance masquée...