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hiver, D, 2008

3 participants

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Message  marc Mer 9 Sep - 3:18

Cahier deux
Avril 2008

J’entends des cris, des portes que l’on ferme lourdement et puis un crissement sur une assiette. Ces bruits, peut on les appeler des « bruits » sonnent au loin et en même temps semblent si proches. Non, c’est mon esprit qui s’amuse à la folie.
J’ai longtemps pensé à … Voila un vide ! Je dors assez mal ces temps ci et je me terre dans ma chambre, forteresse de l’oubli. Mes angoisses telles la queue d’un lézard repoussent dans mon estomac mais comme tout reptile, elles se lovent dans la chaleur d’un esprit qui travaille, qui admire. Je pourrais bien vous entretenir de la météo mais il n’y a que celle qui circule dans mes veines qui m’intéresse. Suis-je égoïste ? Il y a des corps de garçons qui dansent dans ma tête. Rêveries de piano. Je suis forcé à l’écriture par un riff de guitare. Il y a encore, brisés, des restes de mes amantes et cela me plait. Bon sang, cette nuit va finir par tomber et je laisserai sonner les téléphones. « Je détruirai ce temple et je le reconstruirai en trois jours ». Voila ce que je vais faire : briser les miroirs, me perfectionner en solitude. Non, ce monde ne tiendra pas encore mille ans…quoique !
….
Une claire matinée. Je pourrais vous dire ce que je fais de mes journées et dater ce journal. Je ne fais rien de mes journées à part écouter de la musique et être à l’écoute de ma cervelle qui suinte entre deux actions un liquide fielleux.
La musique aujourd’hui s’est accrochée au monde. Elle évoque, elle rappelle un souvenir. J’écoutais hier soir « l’offrande musicale » de Bach. J’ai beau creusé il n’y rien de ce monde à évoquer. Cette musique se situe au-delà où en-deçà de l’histoire. Je ne parle pas là de toute la musique « classique ». Il suffit de passer une bonne soirée avec des amis en écoutant les Cure. Vous avez un vecteur de nostalgie pour certains et pour les plus boueux, une mélancolie. Ce merveilleux poison des soirées dépressives, ce radotage de jeunes écrivains vieillissants.
Je suis loin du monde, je suis loin des sourires, des verres entre potes. J’attends la mort de mes parents ou ma propre mort. Contacts téléphoniques, épistolaires. Aucune chair, aucune présence.
J’ai renoncé à mon homosexualité a cause d’une percée judéo-chrétienne au fond de mon crane. Non pas seulement cela mais aussi parce que mon dernier amant était amoureux de moi. Il me semblait le souiller et une après-midi après avoir éjaculé sur son visage, il y a eu une sorte de tendresse dans ses yeux et cela m’a dégouté comme si c’était ridicule de mêler tendresse et pornographie, érotisme, amour ? L’amour ne serait-il qu’une recherche de soi au travers d’un autre, une reconnaissance par un des membres du groupe ? Rentrer dans le rang ou bien être heureux ? Rentrer dans le rang et être heureux.
J’ai fermé les volets de ma chambre et je me refugie dans une semi-obscurité. J’écris sur des événements qui m’étouffent, que je vomis. Je me rappelle encore son visage. J’ai fui un amour par simple esthétisme ?

Il faut plus de bruits. Il faut les faire taire un fois pour toutes. Ils ne s’aiment sans doute plus mais j’ai une photo où l’on peut voir une certaine tendresse entre eux. Une pose ? Et chaque parole portée trop hauts me faisaient mal. Il avait osé venir dans ce second étage et il n’avait pas frappé à la porte. Il fallait vivre avec eux malgré tout et cela c’était d’une endurance quotidienne.
Il faisait un ciel blanc dehors et le soleil restait caché derrière les nuages. Nous aurions besoin de pluie. Hier, il a tonné et une brève ondée est arrivée. En écoutant des impromptus de Schubert, je me demandais si notre époque arriverait à de telles peintures de la « nuance ».
Bien sur, je devrais passer plus de temps à écrire et moins à lire mais je fais de la lecture un devoir parce que mon écriture ne me parait pas authentique. Je remplis de pages d’impressions, j’emprunte un style et puis voila comment naissent mes écrits.
Il me semble parfois être resté trop longtemps chez mes parents mais après tout ne leur ai-je pas fais la promesse de m’occuper d’eux dans leurs vieux jours. Je viens de recevoir mes résultats d’analyses sanguines. Tout va bien, même après certaines pratiques à risques, je suis séronégatif.
Il me semble revenir vers le christianisme. Je dis il me semble car le rituel m’ennuie et que j’y vois des habitués regardant des habitudes. Il y a des tourmentes en moi entre mon travail, ma lecture artistique et le « troupeau ». Quoi ! Me sentirai-je supérieur ? Pourtant, l’occident va peut-être vers la fin du Christ laissant place à une attitude polymorphe et ruminantes qu’est le loisir et la « réussite ». Ces deux nouvelles valeurs attribuent une attitude orgueilleuse et dérisoire à l’homme.

Voila maintenant deux jours que je ne suis qu’a peine sorti. La parole des autres n’est pas si nécessaire et il me semble que vivre à l’intérieur des murs est un peu ma vie. Est-ce là le bonheur ? Ma foi, une de ses nuances, un coloriage fait de mots, de notes. Suis-je atypique au point de me demander ce qui pousse hormis la nécessité -et encore celle-ci peut être dépassée dans le cadre d’une liberté absolue- des hommes à travailler, c'est-à-dire a obéir au groupe. Je vis en aristocrate, une sorte de Des Esseintes angoissé et ravi, le dernier maillon d’une famille dont je m’éloigne par le silence et la grimace. Souvent, je pense une phrase et puis je me tais comme si une certaine sagesse s’établissait dans le silence, de plus je contrarie rarement les gens, j’approuve même si je ne suis pas d’accord, même s’il y a lieu à débats. Les gens veulent seulement s’exhiber alors pourquoi les contrarier à ce déculottage privé et public.

Il ne semble rien avoir à raconter de cette journée sauf peut-être que je réfléchissais sur le sens de ma vie, que je me laissais envahir par la rêverie. Prenons le temps de ne rien faire, de « descendre du train de la vie ». Je ne vois que trop ma maladie dans mes changements d’humeurs. Je passe d’un appétit à une satiété voire un dégout en quelques secondes, une sieste me déboussole.
Je suis en pleine période schubertienne, notamment ses impromptus que je ne me lasse pas d’écouter par un jeune pianiste : Javier Perianes. Bien sur je connaissais déjà les interprétations de Brendel, donc une nouvelle pièce dans ma collection surtout la première partie de l’opus 946.
Je suis trop perméable, trop sensible aux jugements, aux sentiments d’autrui. J’écoute mon père invectiver le monde à travers la télévision. Ma colère rentrée, je mange puis je disparais dans mon second étage. Que peut-on connaître du monde et quel jugement pouvons-nous bâtir avec ce média ? Il y a aujourd’hui une frénésie de l’information et une « blessure » de la communication. Je salue encore les gens du village et la communauté y existe bel et bien mais pour combien de temps encore ? D’où viens cette idée de mettre l’individu seul face à un média que l’on regardait avant en groupe comme autour d’un poêle et que la communauté commentait ? Contradiction flagrante : développements des moyens d’information et solitude des êtres. La beauté par exemple est devenue tyrannique dans un monde d’images. Les filles que l’on croise à Perpignan semblent tout droit sortir d’un catalogue. Elles paraissent construites comme des produits de consommations, de plus elles ont un visage agressif et pour les plus jeunes une expression de « fer à repasser ». Il me semble mais peut-être est ce de toutes époque qu’il y a un reniement du passé dût à l’émergence des nouvelles technologies qui enthousiasment certaines personnes comme je ne l’avais jamais vu auparavant. Peut-être oui suis-je devenu vieux mais je ne voudrais pas être un ado de ce temps. Le suicide est très élevé chez ces jeunes gens qui sont pourtant une floraison d’avenir mais pourquoi vivre quand on n’a pas d’autre idéal que soi-même, quand l’individu et sa représentation du monde est pleine d’un moi regardant un moi ?
Voila un slogan d’une jeune fille de dix neuf ans que je croise parfois sur le net : « l’anorexie est un style de vie pas une maladie » ! C’est là le regard de soi envers soi qui est pathologique. Etrange déformation que la lucidité ne peut réduire. Foutue époque de valeurs factices où l’on nous vend des styles de vie comme des légumes ! Les jeunes ne semblent plus pouvoir ou vouloir s’éloigner de leur époque. Une mouche sur un mort.
Je suis descendu prendre mes médicaments et en ce qui concerne le tercian et le valium, je fais un peu de surdosage. Le valium, souvent pour calmer mes excitations dû parfois à trop de caféine ou par ennui tandis que le tercian, belle saloperie nécessaire, c’est pour m’endormir vite le soir. Je supporte mal les fins de soirée. En fait, je ne sais pas rester allongé dans un lit à attendre le sommeil, celui-ci doit être immédiat et je ne sais pas d’où me vient la peur de la veille, ce caprice du subit. Je peux « adorer » un jour et « vomir » le lendemain ce qui fait que, conscient de ces états de toupie, je me refuse à faire des rencontres.
Non, je n’ai pas renié mon homosexualité par foie. En fait, je sais que je serai à nouveau tenté. Il s’agit de ne pas se disposer à une rencontre.
Les premières fois que le gardien de mon immeuble m’a vu, il m’a dit « AH ? »-« oui ». Est-ce que cela se voit tant ?
Allez un peu de courage. Il faut savoir achever une soirée.

La musique me parait insipide et la lecture me fatigue. Je ne fais que passer du lit au fauteuil et du fauteuil au lit. Ennuie permanent. Je me fais un devoir de rester à mon étage comme si j’étais un quelconque locataire. Installer une cuisine et je serais sans aucun besoin de partager mes repas avec eux. Le plus triste étant de voir mon père subir les assauts perpétuels de ma mère. Il détourne la tête, soupire, subit, lui qui à 72 ans travaille encore. Il voit le cœur sec de ma sœur. Il me voit sans travail. Il voit ma mère s’aigrir chaque jour davantage. Ma mère était une véritable idole pour moi plus jeune. Je la défendais dans chaque conflit et mon père, vaincu, allait se cacher dans notre garage pour pleurer. Il y a eu des scènes à la limite de l’insecte avec ma mère. Je rappelle seulement avoir pris des, ou plutôt, je me rappelle d’une photo d’elle à demie nue que j’ai prise avec un vieux polaroid. Elle se tenait les seins en prenant la pose et il y avait une sorte de sourire affectueux sur son visage. Je pense que cette photo était destinée a son amant- elle a entretenu une liaison dix ans avec un maçon qui était venu travailler chez nous. Je sais que ma sœur les avait surpris. Peut-être est ce là le point de départ de son attitude agressive. Je sais aussi ou plutôt je saisis tacitement la rancœur de ma sœur à mon égard. J’ai toujours été le préféré de la famille surement parce que j’étais le seul garçon. Il y a donc tout de même eu un rapport d’impudeur de sa part vis-à-vis de moi enfant.
J’aurais besoin de sortir, de soleil mais je reste inerte et dans une volonté sans cesse changeante. Il faut que je rentre chez moi. J’ai passé trop de temps chez mes parents et couper les semaines en deux serait une bonne chose. Je sais très bien que je pourrais rentrer aujourd’hui en sollicitant mon père mais il en naîtrait une culpabilité car il ne me refuse rien et d’aussi loin que je me souvienne n’a pas eu d’autorité sur moi donc attendre demain car il n’y a pas de bus un dimanche et ma mère m’accuserait de faire gaspiller de l’essence, elle, cette comptable monotone et maniaque à qui je suis encore relié par un cordon ombilical. Enfin, celui-ci tend à disparaître grâce mes retours chez moi et à mon nouveau traitement. Je regrette encore ce moment du lever ou tout est « flouté », où on ne voit dans les rues que quelques lumières allumées dans les cuisines. Heure d’été aujourd’hui.
Si je m’écoutais et si je ne craignais de voir à nouveau mes cachets « rationnés », je goberais une plaquette de valium pour sombrer toute la journée, faire une nuit blanche et prendre le bus dés demain matin. Voila de quoi peut vous faire accoucher l’ennuie.
Et voila comment se passe les dimanches, dans une monotonie sacrée.
D’un lieu à l’autre, il faut que je retrouve vite des repères comme des panneaux qui seraient à l’horizon des dunes. Subite mélancolie chez ma sœur à l’écoute de morceaux des guns.
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hiver, D, 2008 Empty Re: hiver, D, 2008

Message  Nilo Lun 29 Mar - 12:27

Un clic sur l'Auteur à la Une, pas vraiment au hasard puisque je suis allé chercher le plus bas de la liste.
Et quoi : PAS UN SEUL COMMENTAIRE.
J'ai donc commencé par me flageller tout seul puis ai préparer des bottes d'orties pour vous le tendre.
Ne vous privez pas, vous le méritez autant que moi.
En attendant vous pouvez toujours commencer à lire...
Et comme d'habitude, puisque c'est de Marc, vous ne serez pas déçu.
On aime ou on n'aime pas mais c'est bien écrit.

Nilo, moi j'ai aimé.

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Message  Batsie Mer 31 Mar - 17:35

J'ai tout lu, même si je me suis dis sur le coup que cela allait être long. Et en fait, non, ça passe en un rien de temps comme une lettre (pas celles des ministères...) à la poste ou comme un vers/verre/vert chez Dédé!

J'aime ce style vrai, un peu torturé, qui rend le lecteur plein de compassion et de curiosité! Cette nouvelle transpire la réalité, l'instant T de ce qui se passe dans la tête de tant!

Encore alors...

Surprised
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