Rien ne vaudra jamais ta terre

Rien ne vaudra jamais ta terre.
Tu auras beau parcourir le monde, faire le tour , 265 jours de marche, semelles usées et vent en poupe..rien n’égalera jamais ta terre.
Tu y as versé tes larmes, versé les gouttes ruisselantes de la sueur de ton front toujours droit.

Tu l’as connu ici, sous l’arbre tordu, celui que le vent a sculpté à son image, irascible et tenace.

C’est là même que tout est arrivé. Sur les pans de ces collines vertes et bleues, sur les roches rouges recouvertes de mousse, celle que l’on ramasse à noël pour la crèche.

C’est là que tu as joué , enfant , à construire des mondes, à gravir des sommets, à traverser des mers déchaînées, à combattre les plus terribles ennemis.
De là, tu grimpais sur les chênes à l’écorce épaisse, capitaine d’un navire au long court, tu tutoyais l’univers tout entier. Invincible !
C’est là aussi, que tu as appris le monde indescriptible des odeurs, des parfums et arômes : la myrte sauvage douce- acide , la sève collante des pins, l’odeur amère des meissugues qui péguent sous les doigts, le thym tout gris et le laurier-sauce que ta mère t’envoyait ramasser..

Ici rien ne t’est étranger. Tout t’est intime .

Non, rien ne vaudra jamais ta terre, pas même les miroirs brillants des châteaux en Espagne, pas même l’ombre géante des tours qui grattent les cieux des villes où le monde s’agite, encore moins les barreaux dorés des cubes de verre où des clones déguisés jouent les alchimistes.

Ici les fourmis sont noires et ne portent pas de costume. Elles rythment les jardins de longues allées toutes propres où plus une brindille ne demeure.

Et que vaudraient les néons colorés qui clignotent face aux ombres chinoises que font les arbres sur la colline lorsque le soir tombe en été ? Lorsque le ciel passe de l’orange au rose , annonçant que demain le mistral soufflera ?
Que vaudraient tous les théâtres des villes face à la combe mauve, la bas , derrière le rocher ?

C’est d’ici que tu viens, c’est de là que tu es. C’est ainsi .Rien ne vaudra jamais ta terre

au long court

Faute de frappe(Pu... de clavier) ?
Effet de lmanche ?
Jeu de mot ?

Bref et peu importe.
Ce qi compte ici c'est que j'ai aimé ce texte.
Parce qu'il me parle beaucoup. Parce que c'est aussi une de mes terres avec ses odeurs, ses couleurs, ses bruits que je commence à reconnaitre dès que je passe Alès ou Pont Saint Esprit. Et qui me prend complètement à la vue de la Sainte Victoire ou de la Sainte Baume.

On peut avoir couru un bout du monde on sait toujours d'où on vient. Même si ce d'où on vient est multiple.

Nilo, à la semelle de mes souliers.

lol..non, juste tête en l'air...au long cours ! Je me suis focalisée surtout car je pensais que c'etait forcement au pluriel "aux longs cours" et du coup, j'ai sauté la marche...

Ravie que ça te "parle" Nilo. La mienne commence avec les Maures et se poursuit jusqu'à l'Esterel, un peu plus à l'est mais tout autant au sud.
A la différence de la Ste victoire, les roches y sont rouges .

Ha oui...moi aussi j'ai aimé ton texte qui me rappelait combien on s'invente des mondes colorés et combien c'est bon de franchir le haut d'un sommet qui pourtant est inaccessible.

Une image peut entrainer l'esprit très loin où seuls les rêves sont autorisés et réalisables sans le "sou"

Juste un détail qui demande une petite explication:

"265 jours de marche,"

Que sont devenus les 100 autres jours?

moi j'ai pensé que c'était les jours de sommeil réunis

Mais bon, on peut aussi penser que notre anniversaire reviendra plus vite et que ça ne changera rien au temps qu'il nous reste si ce n'est qu'on sera plus vieux!! ( comme ici depuis 2j en Belgique !! ha ha)

Beau texte très sensible et qui a joué sur ma corde la plus vulnérable.

Sylvie

très beau texte, Lalou , j'ai vraiment aimé ...
et je me suis dit que moi, j'avais pas grand chose à aimer en comparaison ...
parce qu'à part les champs de colza bien jaunes au printemps, les sillons dans les champs et les quelques forêts ... y a pas grand chose à admirer sur " ma terre " !!!
Yzaé, Berrichonne

Sylvie, 265 parce que c'est déjà beaucoup !!

et Yzae, je pense qu'il y a toujours quelque chose à admirer de partout et comme il dit le grand st ex, on ne voit bien qu'avec le coeur, non?

Et toutes ses " fourmis " sans costume apprêté !
Joli message.

Trés beau texte Lalou... à lire, relire en rêvant...

Swann,
Ma terre n'est plus accessible que dans mes rêves, peuplés des amendiers en fleurs de février...

Merci à tous...
Oui Swann , je sais et je connais indirectement, cette douleur de ne plus avoir "sa terre"...
Il reste les odeurs , les couleurs et les souvenirs mais rien ne la vaudra jamais , c'est sur.

Les parfums de l'enfance piégés quelque part entre deux paquets de neurones.... , et, bien sûr, dans tes mots.

Loué soit ce mont de piété mis en branle par Dédé, on peut y venir les mains vides et repartir les poches pleines du plaisir de lire.

Nilo, terre d'accueil.

"C’est d’ici que tu viens, c’est de là que tu es. C’est ainsi .Rien ne vaudra jamais ta terre."

Tout le monde reconnaît la sienne, c'est ici et là et c'est au Lac-Saint-Jean, Québec pour moi. Mes racines pour toujours...

Quel beau texte !