Derniers sujets
Statistiques
Nous avons 448 membres enregistrésL'utilisateur enregistré le plus récent est Marine8316
Nos membres ont posté un total de 56958 messages dans 10923 sujets
Killian et la fleur du vent
+3
Ratoune
Dam
Carmen P.
7 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Killian et la fleur du vent
Ceci une histoire pour la jeunesse, une histoire dont les images s'imposent à moi avec force depuis cet été.
Ce n'est pas le genre de nouvelle qu'un lectorat d'adultes s'attend à lire, mais c'est ce que j'écris outre les poésies.
L'écriture pour la jeunesse est exigeante, elle demande beaucoup de clarté.
Je souhaite mettre de la poésie dans mes contes pour enfants, sans ennuyer les jeunes lecteurs.
Je sais que j'aurai de nombreux paragraphes à revoir et je suis prête à recevoir toutes les critiques
Killian et la fleur du vent
Nuit de tempête, vent de force 8 sur les landes, la lune balance par intermittence sa lumière sur le mur et le plafond de la chambre de Killian. Tout le petit peuple des peluches rangées dans un coin, semble être sur le point d’entrer en mouvement. L’enfant a ouvert sa fenêtre, il ne parvenait pas à dormir. Non, il n’a pas peur ! La pluie, le vent le fascinent. Cet air qui circule, si vif, lui donne envie de danser, de chanter, de rire, de crier, d’accompagner la formidable énergie qui s’empare de la nature.
Il est comme ça, Killian ; il aime la pluie. Il aimerait tant pouvoir sortir et jouer dans les flaques, mais il faudra attendre demain - la nuit, les enfants ne sortent pas, ils regardent juste par la fenêtre le vent leur raconter des histoires.
L’eucalyptus bleu semble chanter dans la tourmente, il se penche et a déjà perdu quelques branches, les sapins agitent leurs franges sombres dans tous les sens.
Au loin, les phares des voitures dessinent comme un long ruban, on entend le ronflement continu du bruit des moteurs qui parfois s’accélère puis redevient monotone.
Là-bas, un nuage semble descendre sur terre en suivant le chemin que trace les gouttes de pluie dans le ciel. Un nuage qui avance en tournant, enjambant les haies et les arbres ; ce ne peut être un nuage.
Killian écarquille les yeux, on dirait…mais oui…une grande corne qu’un éclair vient de dévoiler.
Ce soir il vaut mieux fermer la fenêtre, l’orage doit jouer des tours aux enfants qui ne veulent pas dormir. Une corne ? Et pourquoi pas une licorne ou un mammouth !
Killian se couche, ramène sa couette par-dessus sa tête et s’endort. Cette nuit, il rêve qu’il survole la campagne accroché à la corne d’une magnifique licorne blanche, la crinière de l’animal et les cheveux fins de l’enfant dansent dans le vent.
Quand Killian se réveille, le vent s’est calmé, mais de belles flaques subsistent attendant sans nul doute le passage de ses bottes. L’enfant enfile son ciré, prend quelques outils de jardinage pour jouer et le voilà dehors. Il inspecte d’abord tous les creux connus de son jardin, les longe en prenant son temps ; tel un funambule il met un pied devant l’autre juste au bord des flaques, la botte ne doit pas être mouillée, l’exercice est sérieux !
- Piouit…
- Hein !
- Piouit..
- Qu’est-ce que j’entends ? se demande l’enfant.
Il scrute d’un regard circulaire le jardin désert.
- Piouit…
Le bruit semble venir du camélia, près du vieux mur de pierres. L’enfant s’en approche, mais il ne voit rien dans l’arbuste.
- Piouit…
La plainte vient du sol… ssous les branches basses un oiseau pas plus gros qu’un pigeon reste aplati sur l’herbe, sans bouger. Il a le dos vert cuivré et ses yeux brillent d’inquiétude. Quand il agite sa tête noire en poussant son cri, Killian peut apercevoir à la base du cou, le duvet blanc qui recouvre son ventre.
- Bonjour, quel genre d’oiseau es-tu, toi qui chante si fort ? dit l’enfant.
- Je suis un vanneau, un vanneau huppé, je suis un échassier, un petit échassier.
- Bonjour petit vanneau. Que fais-tu dans mon jardin ?
- J’ai eu très peur cette nuit.
- Peur de quoi ? dit l’enfant qui pense aussitôt à sa licorne.
- Mes frères et moi avons vu un engin, un très gros et haut engin.
- Un engin ?
- Oui un engin que nous ne connaissons pas. Nous les vanneaux huppés nous avons déjà dû fuir devant les machines agricoles, nous ne savons plus où aller.
- Mais il n’y a pas de machines les nuits de tempête, les hommes ne travaillent pas dans ces conditions, tu t’es trompé ! Et puis nous prenons garde de ne pas effrayer les oiseaux de ton espèce, mon père me l’a assuré.
Les paroles de l’enfant ne parviennent pas à apaiser l’oiseau, il se tasse de plus en plus dans son nid d’herbes et piaille faiblement.
- On s’est tous dispersés, je ne pourrai plus trottiner dans les champs avec mes frères, nos parents nous ont toujours dit d’éviter les hommes et leurs machines.
- Bon dit l’enfant, tu peux rester dans mon jardin jusqu’à demain. Nous verrons bien cette nuit si ton engin revient, j’essaierai de comprendre et je t’expliquerai ensuite.
...
(la suite)
Killian dépose quelques graines à même le sol, puis il laisse le vanneau sous les branches protectrices du camélia et retourne tranquillement à ses jeux d’enfant. Son attention est bientôt attirée par une lumière qui clignote à intervalles réguliers, cette lumière intermittente semble provenir du petit bois qui est derrière la maison.
Un portillon au fond du jardin s’ouvre directement sur la forêt. Il suffirait à l’enfant d’ouvrir le portillon, de traverser le bois et il saurait qui envoie cet appel lumineux.
Killian hésite un moment, mais sa curiosité l’emporte sur la prudence que ses parents lui recommandent toujours.
Il ouvre le portillon… le laisse grand ouvert…il court dans la futaie et ne voit rien…
Si, après les derniers châtaigniers, là, une immense forme blanche plus haute que les arbres.
Killian s’arrête, devant lui se trouve une immense girouette posée sur le sol, pas un jouet pour enfant, une Vraie éolienne en polyester et fibre de verre, comme lui a expliqué son père. L’enfant rassuré a soudainement envie de rire, de rire à ne plus pouvoir s’arrêter …et son rire se propage, se met à tinter, à ricocher de pale en pale, jusqu’à ce qu’il atteigne le cœur de l’éolienne.
Le son semble faire vibrer la nacelle. Surpris Killian cesse de rire et observe l’engin qui dans un bruit de crécelle laisse entendre son langage.
- Arrête de rire, tu me chatouilles !
- Ca ne fait pas de mal les chatouilles, et puis je ne te chatouille pas, je rigole !
- Ton rire pourrait me disloquer totalement. J’ai subi la nuit dernière une chute qui déjà aurait pu me briser, suivie d’une course à travers les terres ou mille fois encore j’aurais pu détruire ou être détruit. Je me repose ici tant qu'il fait jour, j'espère ne pas être repéré par les hommes.
- Pourquoi as-tu peur des hommes ?
- Ils n’auraient plus confiance. Tu sais petit d’homme, les adultes se posent beaucoup de questions et ils ont raison. J’ai eu un accident, et ce sont toutes mes sœurs les éoliennes du plateau qui risqueraient d’être démontées par ma faute.
- Un accident ?
- La nuit dernière le vent a soufflé fort sur notre champ d'éoliennes. Comme en pareil cas j’ai freiné de toutes mes pales, je pensais être arrêté, en drapeau quoi, sans prise au vent, mais Eole a ses caprices et en moins de deux secondes une rafale très violente m’a en quelque sorte retournée et arrachée de mon mat.
- Alors, c’est toi que j’ai vue cette nuit de ma fenêtre, ce n’était pas une licorne. Dit l’enfant déçu.
Et après tu t’es arrêtée ?
- Impossible. Emportée par mon élan et le souffle du vent j’ai continué mon chemin.
- A lors, tu as tout cassé sur ton chemin ?
- J’ai fait bien attention où je mettais mes pales. Je ne pense pas avoir fait de dégâts.
Bien sûr j’ai effrayé plusieurs familles d’oiseaux, et quelques chauves-souris ont failli s’écraser sur mes pales mais je les ai averties en émettant une espèce de chuintement et elles sont parties à temps.
- Tu chuintes toi ! dit l’enfant en souriant et en imaginant l’éolienne en train de ronfler.
Les pales de l’éolienne rosirent et elle dit honteuse.
- Oui, j’essaie d’être silencieuse mais les hommes qui aimeraient ne pas me voir disent que je provoque des nuisances sonores.
- Pourtant tu es installée avec tes sœurs loin des maisons, dans un champ d’éoliennes sur le plateau.
- ça les dérange quand même. Il faudra que j’apprenne à ne plus ronfler.
- Je vais te gronder, parce que tu as vraiment dérangé les oiseaux, ils se sont tous éparpillés. Un vanneau huppé est venu se réfugier dans mon jardin, je ne sais pas s’il osera retourner là où il vivait avant avec ceux de son espèce.
- Je partirai cette nuit, je pense qu’il y aura suffisamment de vent pour que je puisse bouger. Dis à ton ami le vanneau que dès demain il pourra sautiller dans la lande.
- Tu retourneras sur le plateau ?
- Non, je n’aurai pas assez de force pour grimper, mais je vais me laisser pousser par le vent jusqu’à la mer.
- La mer !
- Oui, je vais tenter de rejoindre un parc éolien situé en pleine mer. Là je ne dérangerai personne. Dit l’éolienne songeuse. Elle ne peut s’empêcher de penser aux parcs à huitres, aux pêcheurs, aux plaisanciers, aux militaires, à ces espaces marins protégés où son installation est vue d’un mauvais œil…mais elle ne veut pas inquiéter l’enfant.
- J’irai, dit-elle encore, là où rien n’arrête le vent
Je capterai son souffle au dessus de la houle
Ma voix sifflera avec le chant de la mer
Elle ne gênera plus l’oreille humaine.
Je prendrai et distribuerai l’énergie
Et l’homme oubliera l’éolienne
Qui œuvre pour la vie.
L’enfant seul face aux moulins à vent, devant les châteaux d’eau, s’émerveille encore.
Il devine le mystère de leur existence. Tous deux sont en marche vers l’Avenir.
Killian reste silencieux, il sait que cette rencontre avec l’éolienne est aussi étonnante que son vol de nuit avec la licorne. Il imagine l’éolienne glissant sur la crête des vagues…pas facile à voir en étant réveillé !
- Bon, dit l’enfant, je vais te laisser parce que je dois rentrer avant que ma mère ne s’inquiète.
Je penserai à toi cette nuit !
Vient la nuit et Killian rêve. Alors que le vent souffle dehors, il voit en songe ce qu’il ne peut imaginer de jour ; une grande sculpture florale avance longue et légère sur ses jambes de feuille qui effleurent à peine l'océan, en couronne autour de sa tâte ondulent des pétales colorés ; la Fleur qui marche !
Au matin Killian se réveille joyeux, il a fait un beau rêve, il devine que l'éolienne perdue a réussi à trouver un lieu en pleine mer, où une famille d'éoliennes offre ses bras dans l'air immense, pour mieux saisir le force des vents et apporter chaleur aux hommes.
Quand il ferme les yeux, il voit les éoliennes sur la mer ; comme dans son rêve elles ressemblent à des fleurs aux corolles tournoyantes.
L’éolienne vit maintenant dans un parc offshore, elle a emporté avec elle le rire de l’enfant. Un rire qui tinte là où seuls les astres et les poissons peuvent l’entendre. Il se propage jusque dans le froufrou irisé de la lumière des étoiles dans le sillage des nageoires argentées des êtres aquatiques.
Fin
Ce n'est pas le genre de nouvelle qu'un lectorat d'adultes s'attend à lire, mais c'est ce que j'écris outre les poésies.
L'écriture pour la jeunesse est exigeante, elle demande beaucoup de clarté.
Je souhaite mettre de la poésie dans mes contes pour enfants, sans ennuyer les jeunes lecteurs.
Je sais que j'aurai de nombreux paragraphes à revoir et je suis prête à recevoir toutes les critiques
Killian et la fleur du vent
Nuit de tempête, vent de force 8 sur les landes, la lune balance par intermittence sa lumière sur le mur et le plafond de la chambre de Killian. Tout le petit peuple des peluches rangées dans un coin, semble être sur le point d’entrer en mouvement. L’enfant a ouvert sa fenêtre, il ne parvenait pas à dormir. Non, il n’a pas peur ! La pluie, le vent le fascinent. Cet air qui circule, si vif, lui donne envie de danser, de chanter, de rire, de crier, d’accompagner la formidable énergie qui s’empare de la nature.
Il est comme ça, Killian ; il aime la pluie. Il aimerait tant pouvoir sortir et jouer dans les flaques, mais il faudra attendre demain - la nuit, les enfants ne sortent pas, ils regardent juste par la fenêtre le vent leur raconter des histoires.
L’eucalyptus bleu semble chanter dans la tourmente, il se penche et a déjà perdu quelques branches, les sapins agitent leurs franges sombres dans tous les sens.
Au loin, les phares des voitures dessinent comme un long ruban, on entend le ronflement continu du bruit des moteurs qui parfois s’accélère puis redevient monotone.
Là-bas, un nuage semble descendre sur terre en suivant le chemin que trace les gouttes de pluie dans le ciel. Un nuage qui avance en tournant, enjambant les haies et les arbres ; ce ne peut être un nuage.
Killian écarquille les yeux, on dirait…mais oui…une grande corne qu’un éclair vient de dévoiler.
Ce soir il vaut mieux fermer la fenêtre, l’orage doit jouer des tours aux enfants qui ne veulent pas dormir. Une corne ? Et pourquoi pas une licorne ou un mammouth !
Killian se couche, ramène sa couette par-dessus sa tête et s’endort. Cette nuit, il rêve qu’il survole la campagne accroché à la corne d’une magnifique licorne blanche, la crinière de l’animal et les cheveux fins de l’enfant dansent dans le vent.
Quand Killian se réveille, le vent s’est calmé, mais de belles flaques subsistent attendant sans nul doute le passage de ses bottes. L’enfant enfile son ciré, prend quelques outils de jardinage pour jouer et le voilà dehors. Il inspecte d’abord tous les creux connus de son jardin, les longe en prenant son temps ; tel un funambule il met un pied devant l’autre juste au bord des flaques, la botte ne doit pas être mouillée, l’exercice est sérieux !
- Piouit…
- Hein !
- Piouit..
- Qu’est-ce que j’entends ? se demande l’enfant.
Il scrute d’un regard circulaire le jardin désert.
- Piouit…
Le bruit semble venir du camélia, près du vieux mur de pierres. L’enfant s’en approche, mais il ne voit rien dans l’arbuste.
- Piouit…
La plainte vient du sol… ssous les branches basses un oiseau pas plus gros qu’un pigeon reste aplati sur l’herbe, sans bouger. Il a le dos vert cuivré et ses yeux brillent d’inquiétude. Quand il agite sa tête noire en poussant son cri, Killian peut apercevoir à la base du cou, le duvet blanc qui recouvre son ventre.
- Bonjour, quel genre d’oiseau es-tu, toi qui chante si fort ? dit l’enfant.
- Je suis un vanneau, un vanneau huppé, je suis un échassier, un petit échassier.
- Bonjour petit vanneau. Que fais-tu dans mon jardin ?
- J’ai eu très peur cette nuit.
- Peur de quoi ? dit l’enfant qui pense aussitôt à sa licorne.
- Mes frères et moi avons vu un engin, un très gros et haut engin.
- Un engin ?
- Oui un engin que nous ne connaissons pas. Nous les vanneaux huppés nous avons déjà dû fuir devant les machines agricoles, nous ne savons plus où aller.
- Mais il n’y a pas de machines les nuits de tempête, les hommes ne travaillent pas dans ces conditions, tu t’es trompé ! Et puis nous prenons garde de ne pas effrayer les oiseaux de ton espèce, mon père me l’a assuré.
Les paroles de l’enfant ne parviennent pas à apaiser l’oiseau, il se tasse de plus en plus dans son nid d’herbes et piaille faiblement.
- On s’est tous dispersés, je ne pourrai plus trottiner dans les champs avec mes frères, nos parents nous ont toujours dit d’éviter les hommes et leurs machines.
- Bon dit l’enfant, tu peux rester dans mon jardin jusqu’à demain. Nous verrons bien cette nuit si ton engin revient, j’essaierai de comprendre et je t’expliquerai ensuite.
...
(la suite)
Killian dépose quelques graines à même le sol, puis il laisse le vanneau sous les branches protectrices du camélia et retourne tranquillement à ses jeux d’enfant. Son attention est bientôt attirée par une lumière qui clignote à intervalles réguliers, cette lumière intermittente semble provenir du petit bois qui est derrière la maison.
Un portillon au fond du jardin s’ouvre directement sur la forêt. Il suffirait à l’enfant d’ouvrir le portillon, de traverser le bois et il saurait qui envoie cet appel lumineux.
Killian hésite un moment, mais sa curiosité l’emporte sur la prudence que ses parents lui recommandent toujours.
Il ouvre le portillon… le laisse grand ouvert…il court dans la futaie et ne voit rien…
Si, après les derniers châtaigniers, là, une immense forme blanche plus haute que les arbres.
Killian s’arrête, devant lui se trouve une immense girouette posée sur le sol, pas un jouet pour enfant, une Vraie éolienne en polyester et fibre de verre, comme lui a expliqué son père. L’enfant rassuré a soudainement envie de rire, de rire à ne plus pouvoir s’arrêter …et son rire se propage, se met à tinter, à ricocher de pale en pale, jusqu’à ce qu’il atteigne le cœur de l’éolienne.
Le son semble faire vibrer la nacelle. Surpris Killian cesse de rire et observe l’engin qui dans un bruit de crécelle laisse entendre son langage.
- Arrête de rire, tu me chatouilles !
- Ca ne fait pas de mal les chatouilles, et puis je ne te chatouille pas, je rigole !
- Ton rire pourrait me disloquer totalement. J’ai subi la nuit dernière une chute qui déjà aurait pu me briser, suivie d’une course à travers les terres ou mille fois encore j’aurais pu détruire ou être détruit. Je me repose ici tant qu'il fait jour, j'espère ne pas être repéré par les hommes.
- Pourquoi as-tu peur des hommes ?
- Ils n’auraient plus confiance. Tu sais petit d’homme, les adultes se posent beaucoup de questions et ils ont raison. J’ai eu un accident, et ce sont toutes mes sœurs les éoliennes du plateau qui risqueraient d’être démontées par ma faute.
- Un accident ?
- La nuit dernière le vent a soufflé fort sur notre champ d'éoliennes. Comme en pareil cas j’ai freiné de toutes mes pales, je pensais être arrêté, en drapeau quoi, sans prise au vent, mais Eole a ses caprices et en moins de deux secondes une rafale très violente m’a en quelque sorte retournée et arrachée de mon mat.
- Alors, c’est toi que j’ai vue cette nuit de ma fenêtre, ce n’était pas une licorne. Dit l’enfant déçu.
Et après tu t’es arrêtée ?
- Impossible. Emportée par mon élan et le souffle du vent j’ai continué mon chemin.
- A lors, tu as tout cassé sur ton chemin ?
- J’ai fait bien attention où je mettais mes pales. Je ne pense pas avoir fait de dégâts.
Bien sûr j’ai effrayé plusieurs familles d’oiseaux, et quelques chauves-souris ont failli s’écraser sur mes pales mais je les ai averties en émettant une espèce de chuintement et elles sont parties à temps.
- Tu chuintes toi ! dit l’enfant en souriant et en imaginant l’éolienne en train de ronfler.
Les pales de l’éolienne rosirent et elle dit honteuse.
- Oui, j’essaie d’être silencieuse mais les hommes qui aimeraient ne pas me voir disent que je provoque des nuisances sonores.
- Pourtant tu es installée avec tes sœurs loin des maisons, dans un champ d’éoliennes sur le plateau.
- ça les dérange quand même. Il faudra que j’apprenne à ne plus ronfler.
- Je vais te gronder, parce que tu as vraiment dérangé les oiseaux, ils se sont tous éparpillés. Un vanneau huppé est venu se réfugier dans mon jardin, je ne sais pas s’il osera retourner là où il vivait avant avec ceux de son espèce.
- Je partirai cette nuit, je pense qu’il y aura suffisamment de vent pour que je puisse bouger. Dis à ton ami le vanneau que dès demain il pourra sautiller dans la lande.
- Tu retourneras sur le plateau ?
- Non, je n’aurai pas assez de force pour grimper, mais je vais me laisser pousser par le vent jusqu’à la mer.
- La mer !
- Oui, je vais tenter de rejoindre un parc éolien situé en pleine mer. Là je ne dérangerai personne. Dit l’éolienne songeuse. Elle ne peut s’empêcher de penser aux parcs à huitres, aux pêcheurs, aux plaisanciers, aux militaires, à ces espaces marins protégés où son installation est vue d’un mauvais œil…mais elle ne veut pas inquiéter l’enfant.
- J’irai, dit-elle encore, là où rien n’arrête le vent
Je capterai son souffle au dessus de la houle
Ma voix sifflera avec le chant de la mer
Elle ne gênera plus l’oreille humaine.
Je prendrai et distribuerai l’énergie
Et l’homme oubliera l’éolienne
Qui œuvre pour la vie.
L’enfant seul face aux moulins à vent, devant les châteaux d’eau, s’émerveille encore.
Il devine le mystère de leur existence. Tous deux sont en marche vers l’Avenir.
Killian reste silencieux, il sait que cette rencontre avec l’éolienne est aussi étonnante que son vol de nuit avec la licorne. Il imagine l’éolienne glissant sur la crête des vagues…pas facile à voir en étant réveillé !
- Bon, dit l’enfant, je vais te laisser parce que je dois rentrer avant que ma mère ne s’inquiète.
Je penserai à toi cette nuit !
Vient la nuit et Killian rêve. Alors que le vent souffle dehors, il voit en songe ce qu’il ne peut imaginer de jour ; une grande sculpture florale avance longue et légère sur ses jambes de feuille qui effleurent à peine l'océan, en couronne autour de sa tâte ondulent des pétales colorés ; la Fleur qui marche !
Au matin Killian se réveille joyeux, il a fait un beau rêve, il devine que l'éolienne perdue a réussi à trouver un lieu en pleine mer, où une famille d'éoliennes offre ses bras dans l'air immense, pour mieux saisir le force des vents et apporter chaleur aux hommes.
Quand il ferme les yeux, il voit les éoliennes sur la mer ; comme dans son rêve elles ressemblent à des fleurs aux corolles tournoyantes.
L’éolienne vit maintenant dans un parc offshore, elle a emporté avec elle le rire de l’enfant. Un rire qui tinte là où seuls les astres et les poissons peuvent l’entendre. Il se propage jusque dans le froufrou irisé de la lumière des étoiles dans le sillage des nageoires argentées des êtres aquatiques.
Fin
Dernière édition par Carmen P. le Lun 1 Mar - 9:25, édité 12 fois
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Killian et la fleur du vent
Une belle histoire entre Spielberg et Prokofiev, jolie virée sur les routes parallèles du rêve. Sans peur et sans reproche, juste ceci, si je peux me permettre : ce n'est pas parce que tu t'adresses aux enfants que le vocabulaire doit être "simplifié", ainsi que la syntaxe... L'exercice est difficile, donc bravo. Le mieux, me semble-t-il, serait de laisser vagabonder son imagination en tout et pour tout.
"Et si on a raté, on repasse en blanc".
Tu sais, la vérité dans la bouche des enfants."
Dam c'est pas moi qui l'dis.
"Et si on a raté, on repasse en blanc".
Tu sais, la vérité dans la bouche des enfants."
Dam c'est pas moi qui l'dis.
Re: Killian et la fleur du vent
Merci pour ta lecture Dam.
Tu as reconnu le clin d'oeil à Prokofiev. je pense que certaines allusions peuvent ouvrir des pistes aux enseignants qui veulent faire des parallèles avec d'autres oeuvres.
Demain (si j'ai le temps de poursuivre) il devrait y avoir une allusion à une sculpture connue.
Je me refuse à simplifier mon vocabulaire, on a fait travailler les enfants avec des textes d'une pauvreté catastrophique il y a une trentaine d'années. L. Lentin était alors une référence en matière de pratique de la langue, j'en frémis encore.
C'est vraiment pour les enfants que je souhaite écrire maintenant que je ne travaille plus avec eux.
Tu as reconnu le clin d'oeil à Prokofiev. je pense que certaines allusions peuvent ouvrir des pistes aux enseignants qui veulent faire des parallèles avec d'autres oeuvres.
Demain (si j'ai le temps de poursuivre) il devrait y avoir une allusion à une sculpture connue.
Je me refuse à simplifier mon vocabulaire, on a fait travailler les enfants avec des textes d'une pauvreté catastrophique il y a une trentaine d'années. L. Lentin était alors une référence en matière de pratique de la langue, j'en frémis encore.
C'est vraiment pour les enfants que je souhaite écrire maintenant que je ne travaille plus avec eux.
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Killian et la fleur du vent
Voilà, écriture terminée.
J'aurai encore une ou deux petites choses à modifier.
J'ai pensé à plusieurs titres, mais je n'ai pas arrêté mon choix.
- Les bras du vent
- Les pales sous le vent
-....
Rectif du 1er mars : le titre sera "Killian et la fleur du vent"
J'aurai encore une ou deux petites choses à modifier.
J'ai pensé à plusieurs titres, mais je n'ai pas arrêté mon choix.
- Les bras du vent
- Les pales sous le vent
-....
Rectif du 1er mars : le titre sera "Killian et la fleur du vent"
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Killian et la fleur du vent
De la poésie en dentelle !
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Killian et la fleur du vent
L’éolienne vit maintenant dans un parc offshore, elle a emporté avec elle le rire de l’enfant.
L'enfant retrouvera son rire, que lui rapportera le vent.
Nilo, mistral gagnant.
L'enfant retrouvera son rire, que lui rapportera le vent.
Nilo, mistral gagnant.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Killian et la fleur du vent
C'est joliment amené! De la poésie toute douce... ^^
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Killian et la fleur du vent
Cette histoire, je l'ai encore modifiée afin que l'enfant devienne plus actif (pour qu'il ne soit pas que témoin).
Merci de l'avoir lue...si vous saviez combien j'aimerais la voir sous forme d'album jeunesse !
Merci de l'avoir lue...si vous saviez combien j'aimerais la voir sous forme d'album jeunesse !
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Killian et la fleur du vent
une belle écriture, que je continue de découvrir grâce au Printemps de la Prose, après le "Prince téméraire" que j'ai beaucoup aimé aussi.
On se laisse porter jusqu'au bout par ton récit, qui contente à mon avis très bien l'adulte aussi, s'il prend le temps de lire.
De petites perles en plus, comme celle-ci : "ils regardent juste par la fenêtre le vent leur raconter des histoires" ou encore ce chemin que tracent les gouttes de pluie dans le ciel et que le nuage emprunte...
On se laisse porter jusqu'au bout par ton récit, qui contente à mon avis très bien l'adulte aussi, s'il prend le temps de lire.
De petites perles en plus, comme celle-ci : "ils regardent juste par la fenêtre le vent leur raconter des histoires" ou encore ce chemin que tracent les gouttes de pluie dans le ciel et que le nuage emprunte...
Re: Killian et la fleur du vent
Merci Do you BnF.
Je me suis demandé si je ne devais pas changer le titre de cette histoire...
Je n'ai toujours pas de réponse positive ; ce genre d'histoire poétique ne correspond pas à ce que les éditeurs recherchent.
Prince téméraire n'est pas terminé, et doit encore être relu pour que j'en affine l'écriture.
Je voulais lancer "Killian et la fleur des vents" avant de proposer "Prince téméraire", mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite.
[je souhaite avoir des livres qui soient pour moi des outils attrayants pour intervenir - bénévolement - dans les classes qui le souhaitent (dans mon canton), et sensibiliser les élèves à la poésie, aux Arts Plastiques.]
Merci encore de m'avoir lue.
Carmen
Je me suis demandé si je ne devais pas changer le titre de cette histoire...
Je n'ai toujours pas de réponse positive ; ce genre d'histoire poétique ne correspond pas à ce que les éditeurs recherchent.
Prince téméraire n'est pas terminé, et doit encore être relu pour que j'en affine l'écriture.
Je voulais lancer "Killian et la fleur des vents" avant de proposer "Prince téméraire", mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite.
[je souhaite avoir des livres qui soient pour moi des outils attrayants pour intervenir - bénévolement - dans les classes qui le souhaitent (dans mon canton), et sensibiliser les élèves à la poésie, aux Arts Plastiques.]
Merci encore de m'avoir lue.
Carmen
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Killian et la fleur du vent
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Troisième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant sans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant sans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hier à 9:34 par Io Kanaan
» Ondin bizarre
Mar 26 Nov - 8:55 par Io Kanaan
» Manoir-forteresse
Lun 25 Nov - 9:01 par Io Kanaan
» Grandeur d’un ambipachyderme
Dim 24 Nov - 9:30 par Io Kanaan
» Marin d’eau douce
Sam 23 Nov - 8:56 par Io Kanaan
» Planète anodine
Jeu 21 Nov - 9:46 par Io Kanaan
» Monstre vert
Mer 20 Nov - 9:07 par Io Kanaan
» Lézard vaillant
Lun 18 Nov - 9:50 par Io Kanaan
» Branche fossile
Dim 17 Nov - 9:05 par Io Kanaan