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La chute
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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La chute
Je viens de faire le pas, un pas lourd et léger à la fois, le dernier pas, et je chute. Je courrais après une balle, maudite balle, quand les rôles se sont inversés. M'a-t-elle rattrapé ? Je le crois bien. C'est vrai qu'ici tout tourne en rond, la terre et les hommes, le fric, le cannabis, les flingues et les balles.
C'est étrange, la chute me paraît lente, étonnement lente. Peut-être suis je déjà mort ? Ou pas encore ? Peut-être me laisse-t-on encore un peu de temps pour parler de ce lieu que j'ai tant aimé, ma cité. Juste assez de temps pour que la sagesse vienne enfin se reposer dans les bras forts de la vanité. Juste assez de temps pour ranimer une flamme qui n'a jamais existé.
Une balle, un coin de rue, et je chute. Je chute là où je me suis élevé. Oui, j'ai grandi en ce lieu qu'on appelle banlieue, avec ses immeubles à perte de rêves, images fractales qui s'étendent a l'infini, personne ici n'en connait les frontières. Les barres enfantent des barres pour former des cités, les cités enfantent des cités pour former Les Cités, et ainsi de suite... A l'infini, les barres se multiplient et nous étouffent. Partout, elles alimentent leurs mômes pour mieux s'en nourrir après. La cité est une prison de Cobalt assassine. Ses chemins cahotiques sont des chemins de travers qui mènent vers d'autres chemins de travers. Mais elle nous protège aussi. Nos chaînes sont nos boucliers. Et je les aime. Je chute, mais j'ai compris, j'ai enfin compris. La cité pousse dans mon cœur.
La chute est lente, je la savoure. A la météo de la vie, on ne m'a annoncé que des tempêtes et voici la dernière. Lorsque l'hiver se termine ici, il n'est pas suivi d'un printemps, ni d'un été, ni même d'un automne d'ailleurs. Non... Lorsque l'hiver se termine ici, c'est pour mieux laisser sa place à un nouvel hiver, plus froid et plus dur encore. Alors vient l'heure du grand festin, car l'homme se tient droit dans le froid. Nous allumons le grand feu pour que nos chaînes se resserrent. Et l'on s'aime plus fort. Vous devriez venir voir quelquefois, on ne vous voit jamais ici.
La chute est longue, elle devient agréable. Autrefois, j'ai entendu parler d'un lieu qu'on appelle hédonisme. Des gens y vivent tous dans des grandes maisons. Ils ont construit des cheminées, un grand jardin, un grenier. Et sous les escaliers, il n'y a pas dix mille autres escaliers, mais des soupentes où les jeunes gens se cachent pour lire des romans érotiques. Maman dit que c'est là le paradis. Mais elle dit aussi que les habitants du paradis ne sont pas au courant et pensent qu'il y a un autre paradis encore plus beau et plus loin. C'est peut-être chez vous, le paradis... Est-ce là que je me rends maintenant ? Il paraît qu'il y en a qui se sont échappés.
Je ne chute plus et je vois. Je vois maintenant. Je vois tout autour de moi les murs blancs qui s'élèvent et qui touchent le ciel. Je les entends, ils chantent une mélodie qui fuit sa partition, une partition sans clef de sol, une partition sans ligne, une partition où les notes s'effondrent et s'écrasent sur le sol en silence. Une autre balle rebondit. Un autre enfant court après la balle. Je pose une main sur mon ventre et je ferme les yeux. Je ne serai pas le criquet qui sait voler et sauter. Je ne serai pas l'étoile filante qui disparaît dans la nuit. Je ne serai pas le Phénix qui renait de ses cendres. Je ne serai rien, pas même un grain de poussière parmi la poussière. Non. Je ne serai rien, car je n'existe pas.
Ce texte a été écrit pour "Le jeu des mots..tion" : composer un texte avec 15 mots imposés. Il y a une quinzaine de beaux textes réalisés par les auteurs ayant participé au jeu. Vous pouvez les retrouver ici : .Les auteurs du magazine l'exprit de la lettre
C'est étrange, la chute me paraît lente, étonnement lente. Peut-être suis je déjà mort ? Ou pas encore ? Peut-être me laisse-t-on encore un peu de temps pour parler de ce lieu que j'ai tant aimé, ma cité. Juste assez de temps pour que la sagesse vienne enfin se reposer dans les bras forts de la vanité. Juste assez de temps pour ranimer une flamme qui n'a jamais existé.
Une balle, un coin de rue, et je chute. Je chute là où je me suis élevé. Oui, j'ai grandi en ce lieu qu'on appelle banlieue, avec ses immeubles à perte de rêves, images fractales qui s'étendent a l'infini, personne ici n'en connait les frontières. Les barres enfantent des barres pour former des cités, les cités enfantent des cités pour former Les Cités, et ainsi de suite... A l'infini, les barres se multiplient et nous étouffent. Partout, elles alimentent leurs mômes pour mieux s'en nourrir après. La cité est une prison de Cobalt assassine. Ses chemins cahotiques sont des chemins de travers qui mènent vers d'autres chemins de travers. Mais elle nous protège aussi. Nos chaînes sont nos boucliers. Et je les aime. Je chute, mais j'ai compris, j'ai enfin compris. La cité pousse dans mon cœur.
La chute est lente, je la savoure. A la météo de la vie, on ne m'a annoncé que des tempêtes et voici la dernière. Lorsque l'hiver se termine ici, il n'est pas suivi d'un printemps, ni d'un été, ni même d'un automne d'ailleurs. Non... Lorsque l'hiver se termine ici, c'est pour mieux laisser sa place à un nouvel hiver, plus froid et plus dur encore. Alors vient l'heure du grand festin, car l'homme se tient droit dans le froid. Nous allumons le grand feu pour que nos chaînes se resserrent. Et l'on s'aime plus fort. Vous devriez venir voir quelquefois, on ne vous voit jamais ici.
La chute est longue, elle devient agréable. Autrefois, j'ai entendu parler d'un lieu qu'on appelle hédonisme. Des gens y vivent tous dans des grandes maisons. Ils ont construit des cheminées, un grand jardin, un grenier. Et sous les escaliers, il n'y a pas dix mille autres escaliers, mais des soupentes où les jeunes gens se cachent pour lire des romans érotiques. Maman dit que c'est là le paradis. Mais elle dit aussi que les habitants du paradis ne sont pas au courant et pensent qu'il y a un autre paradis encore plus beau et plus loin. C'est peut-être chez vous, le paradis... Est-ce là que je me rends maintenant ? Il paraît qu'il y en a qui se sont échappés.
Je ne chute plus et je vois. Je vois maintenant. Je vois tout autour de moi les murs blancs qui s'élèvent et qui touchent le ciel. Je les entends, ils chantent une mélodie qui fuit sa partition, une partition sans clef de sol, une partition sans ligne, une partition où les notes s'effondrent et s'écrasent sur le sol en silence. Une autre balle rebondit. Un autre enfant court après la balle. Je pose une main sur mon ventre et je ferme les yeux. Je ne serai pas le criquet qui sait voler et sauter. Je ne serai pas l'étoile filante qui disparaît dans la nuit. Je ne serai pas le Phénix qui renait de ses cendres. Je ne serai rien, pas même un grain de poussière parmi la poussière. Non. Je ne serai rien, car je n'existe pas.
Ce texte a été écrit pour "Le jeu des mots..tion" : composer un texte avec 15 mots imposés. Il y a une quinzaine de beaux textes réalisés par les auteurs ayant participé au jeu. Vous pouvez les retrouver ici : .Les auteurs du magazine l'exprit de la lettre
Re: La chute
J'ai aimé ça.
Pas à la folie, mais j'ai aimé quand même.
Et surtout j'ai aimé ces
immeubles à perte de rêves
Ah oui, ça je l'ai vraiment aimé.
Nilo, l'herbe est sans doute plus verte ailleurs.
Pas à la folie, mais j'ai aimé quand même.
Et surtout j'ai aimé ces
immeubles à perte de rêves
Ah oui, ça je l'ai vraiment aimé.
Nilo, l'herbe est sans doute plus verte ailleurs.
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: La chute
attiré par le titre. J'avais aussi écrit une nouvelle intitulée "la chute", mais rien à voir avec ce texte évidemment. D'accord avec Nilo. Il y a quelques bonnes pépites (mais aussi parfois, je trouve, la volonté de trop en faire)
_________________
"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Re: La chute
Et bing un coup dans le mur.
Je me suis surtout laissée porter par un texte qui vogue entre l'onirisme et la poésie, avec quelques passages qui nous ancrent dans la réalité brute... Un texte qui recèle quelques belles surprises, quelques échappées lyriques qui m'ont plu.
D'un style parfois inégal cependant, tout n'est pas au même niveau, mais l'exercice imposé débouché sur quelque chose d'agréable à lire.
Je me suis surtout laissée porter par un texte qui vogue entre l'onirisme et la poésie, avec quelques passages qui nous ancrent dans la réalité brute... Un texte qui recèle quelques belles surprises, quelques échappées lyriques qui m'ont plu.
D'un style parfois inégal cependant, tout n'est pas au même niveau, mais l'exercice imposé débouché sur quelque chose d'agréable à lire.
j'aime
J'ai lu d'un trait ta nouvelle que je trouve authentique, très bien écrite...surtout avec des mots imposés, j'ai vraiment aimé! La chute, le titre est alléchant, je n'en suis pas déçue, au contraire.
Laetitia- MacaDeb
- Messages : 22
Date d'inscription : 26/08/2010
Age : 41
Localisation : Lille
Re: La chute
Le Concours Mur à Dédé fait ressortir des vieux trucs. Il y a du bon, du moins bon (pas vraiment de mauvais parce qu'on n'a pas ça sur Macadam), et il y a des trucs complètement oubliés qui méritent un dépoussiérage.
Nilo, dites nous ce que vous en pensez...
Nilo, dites nous ce que vous en pensez...
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