Demande à la poussière

Je regarde son corps, et la neige à travers la vitre
je lui lis Demande à la poussière
parfois elle me demande de répéter un paragraphe
parfois juste un mot, ses yeux alors s'apaisent
et son corps dépose une odeur étrange sur le lit

on a commencé ce jeu, qui en fait n'en est pas un
il y a si longtemps que je ne me souviens pas du début du livre
l'histoire est hachée mais on s'en moque
la lune tombe juste à travers la vitre de la chambre
à cette heure de la nuit où je commence la lecture

ce soir, la lune est extravagante, ses rayons explosent
sur son corps, ses seins resplendissent, ils se gonflent
comme si des merveilles allaient s'en échapper
je crois qu'il parle de l'Italie, du passé de ses parents
j'ai du mal à me concentrer sur le texte, ses seins m'accaparent
je lui dit, elle me dit de continuer, sinon je me rhabille
quand nous sommes ensemble elle est toujours nue
et extrêmement belle, de cette beauté qui échappe aux canons

la chambre n'est éclairée que de la lune et d'une lampe de chevet
je suis obligé, parfois, de me pencher tout près du livre
pour en saisir le sens des phrases, il m'arrive, lorsqu'elle tourne la tête
d'orienter le faisceau de la lampe sur son corps nu
alors j'observe minutieusement ses seins et sa peau
je sens une chaleur m'irradier, et ça me gêne un peu

je lis doucement, comme pour faire s'éterniser les heures
jamais elle ne me dit d'accélérer le rythme,
nous savons bien que le temps nous manquera un jour
que nous nous rappellerons ces moments d'intimité
entre deux chapitre, je pense à cette chance que j'ai
d'être avec elle, et de lui lire Demande à la poussière

j'ai essayé une fois de revenir en arrière, lui lire
des passages que nous avions déjà parcourus
mais elle se souvient parfaitement de ces passages
alors elle me dit timidement de reprendre où on en était
je voudrais lui dire que la dernière page m'effraye
que j'aime ces moments intimes, que je l'aime nue
allongée sur mon lit, avec la lune qui l'illumine
mais je ne lui dit rien, je continue de lire

elle ne me voit pas, je suis un lecteur invisible
dans son monde aveugle peuplé de l'histoire de l'écrivain
mon regard caresse sa peau fragile, un œil fraudeur
d'enfant en quête d'un corps inaccessible
pourtant, quand je referme le livre, elle me tend ce corps fragile
je l'aime alors de tous les cœurs du monde
et j'aime à imaginer que nos cœurs battent de la même intensité

quand viendra le soir de la dernière page,
elle recouvrira son corps de ses vêtements de noce
et sortira de ma chambre comme elle y a pénétré
et je ne ferai rien pour la retenir

Encore un nouveau genre de texte où l'amour se bat avec l'artiste et d'ailleurs, j'ai presque envie de dire que le trouble s'est glissé jusqu'au coeur du poème en + de celui du poète

Pour ceci:


"je l'aime alors de tous les cœurs du monde
et j'aime à imaginer que nos cœurs battent de la même intensité"

et ceci :


"j'ai du mal à me concentrer sur le texte, ses seins m'accaparent
je lui dit" ( diS)

".....entre deux chapitre" ( chapitreS)

Il est vrai que lorsqu'on est avec un poète, on rêve très souvent de lire ceci de lui...de se baigner dans ses mots pour s'y reconnaitre et sentir comme une chaleur envahir son corps.

Ce n'est pas mon préféré de toi...Je dois l'avouer mais d'un autre côté, je suis contente de voir qu'elle le lit et rien que ça m'apporte un certain plaisir et puis je me dis aussi que tu es un auteur qui montre à quel point tu es capable de rentrer dans un sujet en y déployant une force qui n'est pas aussi simple que ça a gérer.

Un " je t'aime" s'est faufilé au travers des images.

Sylvie

Et bien moi je l'aime bien ce LC là.
Mais je le lui ai déjà dit.

Nilo, bis repetita.

Je n'aime pas tes derniers textes mais je t'aime bien quand même.

Contrairement à Lol j'aime tes derniers textes et je le dis, comme tout ce que tu as fait auparavant, ton chemin est cohérent, de John Fante aux autres ou des autres à John Fante il y a l'amour comme fil conducteur et moi ça me va.

oui et te l'ai déjà dit aussi..
j'aime !

et celui la encore

heureux ceux ou celles qui découvrent "ask the dust... " Un titre à rendre jaloux des générations d'écrivains...

Le lecteur attentif au moment, aux courbes nimbées de soleil, à l'écho de l'amour, sort des lignes de Fante pour sniffer son bonheur... Pas grave, il y retournera plus tard, avec l'éclairage de ce souvenir affectif...

Très beau texte LC et l'écriture apaisée te va très bien, je préfère celui-ci au précédent, je trouve que la poésie y est plus présente.Dans les deux l'honnêteté est palpable et l'amour aussi.