Mon enfance a coulé entre des grains de sable

Mon enfance a coulé entre des grains de sable


Mon enfance a coulé
Entre des grains de sable,
Epuisée de soleil,
De vent, de beau, de rien,
Et de grandes idées.

Aux côtés d'enfants noirs
Pas encore assoiffés
Mais qui marchaient déjà
Au pas lent des lenteurs,
Des grandes sécheresses,
Des récoltes ruinées
Et des coups de machette.

A l'ombre des peaux noires
J'ai vu mûrir la peur
De voir venir la faim.
J'ai entendu siffler
Les balles des mitrailles
Et les cris de douleur
Qui montaient des cachots.

J'ai entendu hurler
Les mots de la misère
Aux consonnes absentes
Quand se cognaient aux murs
Des portes du désert
Les appels au secours.

Et le vent qui tendait
Ses lignes de souffrance
En dunes imprenables
Et mirages d'encens
Au long de jours brûlants
Et de nuits bien trop froides
Qui creusaient de gerçures
Les rides sous les yeux.

Les larmes n'étaient plus
Qu'amères et de détresse.

Et bien trop sèches aussi !

Elles avaient déjà
Comme un arrière goût
De camp de réfugiés
Et de bonne conscience.

"Ils étaient vingt et cent,
Ils étaient des milliers…"

Et ils sont des millions
Et tous vêtus de noir
Ou du gris de l'absence.
Ce gris de loin de nous
Qu'on console d'aumônes
Arrosées d'eau saumâtre.

Quand il reste de l'eau !

Les larmes d'Occident
Me sortent par les yeux.
Ne venez surtout pas
Me parler de vos pleurs.

Mon enfance a coulé
Entre des grains de sable.
Je n'ai pas oublié.


Nilo.

Pas un grain de trop.

Tu nous ouvres les portes de ton avant pour qu'après on sache

Dam n'oubliera pas.

C'est sombre, mais admirable.

ça c'est de l'amour!

Elle est parfois si présente que je pense que certains grains l'ont retenue....

H.

J'étais déjà passé par là...

Beaucoup de dignité dans ton texte,
et toujours la poésie.

Il y a de la place, vous pouvez passer et repasser, vos traces restent.

Nilo, à l'ombre des dromadaires.

Entre les grains de sable, je ne sais pas quoi dire.
Etre témoin de la souffrance dans son enfance est inconcevable.
Une seule réponse face à tous les visages de la souffrance ; l'amour. Il transparaît dans cet écrit.