Le bossu.

Voilà, nous sommes nuit, et mes yeux sont ouverts.
Les phrases mélangées sont devenues des vers
Que je couche - c’est là mon unique sanglot.
Elle disait : - Dis-moi ! Mais je n’ai pas les mots.

Dans ce demi-réveil, les larmes sont amères ;
Et la nuit couvre bien les amours qu’on enterre.
J’ai chaud, je suis glacé, mes rêves sont atroces...
Enfant lépreux, bossu hilare sous la bosse.

Voilà, mes jolis mots, mes éminences grises,
Le voilà, l’enfant-roi qui engendre, qui brise,
Qui règne pour le temps que la vie s’en amuse,
Il accuse si fort, et c’est lui qu’il accuse.

Je reste là, baigné des larmes ridicules ;
Les mots ne savent pas chanter au crépuscule,
Quand elle vous oublie, dans la chaleur humaine.
L’esprit abandonné a des rires qui traînent.

Tu vois qu’ils ont raison, les redresseurs de torts,
Qui disaient de mes mots qu’ils sont bons pour les porcs,
Bons à jeter ! Bons à brûler ! Finalement,
Je n’ai pas su chanter notre mort dignement.

Les autres, les voyeurs, il faut bien vous le dire ;
Le tissu de la vie - naître, vivre, mourir,
Est la supercherie bien rodée du bonheur.
Un jour, vous admettrez qu’il n’est jamais à l’heure.


Z 24 05 10

La poèsie est souvent là pour nous permettre de dire justement ce que l'on ne sait pas autrement..
et la garce! elle parle souvent mieux dans la douleur, dans la souffrance, nos maux la sublime!
C'est vrai qu'on pourrait lui en vouloir, si elle n'était une partie de nous-mêmes mais après tout, elle ne fait que rendre transparent ,l'opacité des coeurs lourds.

Oui c'est dit dignement Z, bien plus que cela même.

Lalou Indéboulonable 4 ever

Alors voilà ce que j'en pense : la mort est une escroquerie, on est toujours pris de court.
Je ne vais pas faire de philosophie, seulement dire pour te rassurer que c'est normal et que l'inverse serait bizarre sinon étrange, bien louche.

Tu laisses entendre que tu te cacherais derrière un mur d'illusion pour fuir certaines choses que tu ne serais pas en mesure d'assumer naturellement, lâcheté et fuite. Non. Ce qui était peut-être vrai hier ne l'est plus aujourd'hui. Tu as réparé, même si c'est trop tard, car tu y tenais, c'est bien. C'est tout ce que je retiens.

... Et toujours de fort belle manière!

Dam.

Il y a certaines plumes que l'on suit...on s'y accroche...on les attend...

Et tu en fais partie Zlatko.

Encore un très beau poème aux émotions intenses.

Sylvie

"Il accuse si fort, et c'est lui qu'il accuse".
...et puis d'autres passages encore.

Des élans dans cette complainte, et des vérités amères qui font pousser le talent aussi.

Un bossu plein de charme que l'on relit avec bien du plaisir.

Je n'étais pas encore passé par ici.
Je me demande bien pourquoi.
Enfin, n'ayant pas de réponse autre que toute faite je vais me contenter de dire que j'ai eu tort parce que ce texte mérite qu'on s'y attarde, qu'on le lise et relise.

Nilo, Monseigneur.