Dans ce rade

C’était un rade où j’atterris un jour de gloire, après que la mer en furie eut écumé toute la raison de l’histoire
Eut rencardé les plus urgentes omissions

Rires amers

Impudentes noyades

Le pire qui transpire…

Après que se soient échoués les gros paquets de goémon, dégueulasseries sur les plages
Où ne nagent plus que les paumés sans poumon
Poètes attardés
Invalides notoires
Errant très tard le soir
À déclamer les silhouettes de leurs mots à la galerie de passage

Un chien errant

Une mouette

Une muette

Un albatros lorsque le vent est de la fête

Et les poteaux de démâtage
Les oripeaux sur ossements qui bravent le crachin frileux à toute heure du petit matin

Les miséreux et les marins à quai…

C’est dans ce rade que j’échoue
Suis grise à grimper sur la table
Entreprise jusques à bout

… et les laquais inévitables…

… ensuite ma mémoire faille

C’est la mer qui me fait défaut
Et, la fuite du temps aidant

Je ne puis, si vaille que vaille

… Restaurer le fil du tricot…