Songes noirs

Songes noirs


Tandis que je songeais à vous
En tressant mes cheveux fanés
J’eus un regard vers ma psyché
Où se dessinait, un peu flou

Le reliquat de mon visage.
J’y vis passer, ainsi qu’une ombre
Des expressions froides et sombres
Et, reflets sur mon paysage

Des oiseaux blessés dans mes yeux
Une ravine sur mon front
Disant des ans ce fier affront
Qu’à l’orée du monde des vieux

Je m’apprêtais à essuyer.
Et vous ? Qu’étiez-vous devenu ?
Je ne vous ai pas retenu
Et nulle larme n’a coulé

Lorsque vous me dîtes adieu
Un autre jour, déjà lointain
Me recommandant un prochain
Un autre amant, en d’autres lieux.

J’accusai ma première ride
À peine un bien faible frisson.
Je perçus comme un abandon
Un effroi, une terre aride.

Tandis que je songeais à vous
En tout endroit, à tout moment
J’eus dans la bouche un goût de sang
Qui jaillirait de votre cou

Quand le couteau, là, dans mes mains
Trancherait soudain l’amertume
De vagues liaisons qu’écume
Le désert de mes lendemains.


*


Messaline, 2010