Des rêves de môme

À quand remonte. Ton dernier poème
je veux dire. De ceux qui. Éternisent la nuit,
qui l'essoufflent. Qui font des pacotilles.
Des rêves de môme

ouais, des rêves. De môme. Aventuriers modernes
toujours modernes. Pacifiques et survoltés
des sacs pleins. De trucs qui servent à rien
ou qui servent. Pour tout. Des branches fendillées
en forme d'épée. Ou de pirate. Des coquillages
dans lesquels on entre. Écouter les vagues
qui cassent les plages. Avec ces eaux froides
en slip de bain. Même pas peur. Même pas froid
et puis des cailloux. Pleins de cailloux
aux couleurs ternes. Mais on s'en fout
c'est des diamants. Des émeraudes. Tous ces bijoux
on dit, je ferai un collier. Entre deux pierres
un coquillage. Et puis le canif, volé, caché
faudrait voir à. Ce que ça ne se sache pas
on ne sait pas quoi couper. Alors on fend l'herbe
on écrit son nom. Sur les troncs lassés
de gravures. On plante la lame dans la terre
jeté en l'air entre les jambes. Le canif
est une boussole. Qui n'indique ni le nord
ni le sud. Ni rien. Juste qu'elle vibre quand elle
s'enfonce dans la terre meuble. Ils courent
dans les ruisseaux. Jetant des pierres plates
si je réussis trois rebonds. Et maintenant
si j'en fais quatre. Cinq. On ne compte plus
on en fait toujours plus. Jusqu'à l'instant fatidique
où on ne trouve plus. De pierres plates
alors ils lancent des rondes. Des anguleuses
qui s'écrasent dans l'eau. Sans faire un seul ricochet
ils pissent contre le tronc des arbres. Juste sous
leurs prénoms fraîchement. Gravés. C'est pas facile
d'écrire quelque chose. Dans la terre. Ils coursent
des lapins imaginaires. Des loutres qui n'existent
que dans les livres d'aventure. Dis papa
tu m'apprendras à faire du feu. On réunit
des brindilles et du papier journal. En tas
On fait un cercle de cailloux. Mais ils n'ont pas trouvé
les allumettes. Alors, ils s'usent les doigts
à frotter des pierres. Et quand apparaît une étincelle
c'est leurs yeux qui brillent. Qui percent le vent
ils se souviennent. De Jack London. Yakari. Et des récits
de trappeurs. Tiens, on va se faire des bonnets
avec des fougères. Tant pis si ça gratte
on est des trappeurs. Des sioux. Si on savait faire le feu
on écrirait des mots. Avec la fumée. Souffler dessus
pour que les mots entrent. Dans la maison
dans les bras de leur mère. Ils croisent les doigts
pour que la nuit. Ne vienne pas trop tôt. Que le soleil
reste là. Suspendu dans le vide. Au centre du ciel
ils sortent des gamelles. On ne sait jamais. Peut-être
qu'avec le canif. On arrivera à toucher un écureuil
ils imaginent déjà. L'odeur de la viande. Dorée
comme sur les grilles du barbecue. Mais ils apprennent
vite. Que le soleil finit toujours. Par se coucher
et les laisse là. Pantelant. Épuisés. Comme des aventuriers
épris du monde. Qu'ils finiront bien par découvrir
le jour où. Ils sauront faire du feu

Que c'est bon à lire quand on oublie cette ponctuation volontairement cassante, volontairement déstructurante. Quand on le lit comme on se raconterait nos souvenir d'enfance.

Nilo, chasse au trésor.

On disait qu'on était des sioux et qu'on était invincibles.
On disait qu'on avait la plume pour le dire.
on disait qu'on était poètes?

les mots qui explosent dès qu'ils sont lus. Un brin d'Olivier Adam dans ta plume? ;-)