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Porc épique. Nouvelle.
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Swann
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
Page 1 sur 1
Porc épique. Nouvelle.
Pas tout neuf, mais je crois que je ne l'ai jamais posté ici.
(paru dans le recueil :Fenêtre sur courts.)
http://www.polarnoir.fr/livre.php?livre=liv432
(paru dans le recueil :Fenêtre sur courts.)
http://www.polarnoir.fr/livre.php?livre=liv432
Porc épique.
Philibert Dracetti a poussé la porte, un sale jour de novembre. Une poussée parfaite, énergique et conquérante. C’est tout juste s’il a frissonné en fendant l’allée qui mène à l’estrade. Son regard, un soleil rasant, aveugle et soumet aussitôt ceux qui s’aventurent à le croiser. Je songe au justicier qui fait claquer les battants du saloon, celui dont la première pensée matinale est de considérer qu’il y a une crapule de trop dans la ville. Un rapide sondage des collègues me laisse entendre qu’il a séduit les femmes et emporté le concours de celui qui pisse le plus loin avec les hommes. Du grand art ! On doit sûrement étudier cela quelque part, dans une école de dirigeants, mais peut-être ai-je simplement besoin de me rassurer en imaginant que tout ce qui m’est inaccessible peut s’apprendre.
On se les gèle sévère dans la salle de réunion : les radiateurs sont en panne. Chacun le sait, mais personne ne s’en est occupé pendant la grève. C’est arrivé la veille de la fermeture de la boîte, comme si les murs pouvaient réagir organiquement à la menace de délocalisation. Nous avons sollicité le délégué syndical, mais les événements s’enchaînant, le souci du confort s’est dilué dans l’ombre grandissante de la rumeur de licenciement. L’heure était au choix de sa cellule, communiste ou de reclassement ? Maintenant que l’entreprise Savinon a trouvé un repreneur, l’avarie se révèle de taille et, au regard de la concentration de doudounes, la salle ressemble à un restaurant d’altitude bondé, l’odeur de graillon en moins.
C’est par là qu’il a commencé en se frottant les mains. Les plastiques Savinon n’avaient que trop souffert de la frilosité de leurs décideurs ; il était temps d’insuffler du dynamisme et de la chaleur. Le moment était venu de s’extraire de la banquise, de fendre les océans, d’imposer nos produits outre-Atlantique. Evidemment, nous devions nous sentir personnellement concernés, tous à nos postes, pour participer à cette aventure économique de grande ampleur…
Certains suivent ses métaphores maritimes et leurs yeux brillants me laissent songeur. Peut-être ont-ils déjà décidé de s’approvisionner en vitamine C pour se prémunir du scorbut ? Philibert Dracetti se dégage du pupitre. Il ôte sa veste avec cérémonie, la dépose sur une chaise et nous demande de l’accompagner dans cette démarche symbolique qui doit marquer le nouveau départ des établissements Savinon. Je suis l’un des derniers à me débarrasser de ma doudoune en rougissant de honte. Un concert de reniflements et de toux est couvert par la promesse de résoudre le problème du chauffage sous quarante-huit heures, puis par une salve d’applaudissements. Au terme de cette réunion, j’ai l’impression qu’on a effectivement embarqué au long cours, mais à fond de cale, des fers aux pieds, et une rame à la main.
Je l’ai immédiatement détesté dans son costume de sauveur providentiel. Il s’est glissé dedans avec bien trop d’aisance. Cela a suscité un bref débat au bar du stade. Cependant, de l’avis général, il fallait jouer le jeu, et l’on m’a donné tort de pinailler ainsi. Savinon n’allait pas en Asie et c’était bien là l’essentiel. J’ai essayé de trouver d’autres sons de cloches, mais mon insistance n’induisant que rejet et évitement, j’ai cessé d’aborder le sujet et décidé de consigner les manquements de Dracetti dans un cahier.
Il se révèle coriace, direct avec les hommes, mielleux avec les femmes, capable de faire apparaître furtivement le spectre du chômage pour mieux imposer sa vision de l’entreprise. Il communique, par ailleurs, sur la moindre amélioration de notre cadre de travail, multiplie les opérations symboliques, peu coûteuses mais tangibles. Le syndicat se laisse prendre à ses exigences de souplesse, d’amplitude et d’adaptation aux nouveaux marchés. Je me suis rapidement retrouvé seul à la cafétéria. Je préfère cela à la compagnie d’un disciple fraîchement converti au « Dracettisme. » Je perçois leurs dialogues sur l’augmentation qualitative et quantitative du contenu de nos assiettes depuis le changement de direction et ça m’acidifie déjà suffisamment l’estomac.
Quelques mois plus tard, les établissements Savinon reposent sur des rails solides, les emplois sont, comme convenu, préservés et Philibert Dracetti se pavane d’un bureau à l’autre, rasé de frais, les manches retroussées et la cravate sur l’épaule. Ma conviction reste intacte, tout autant que mon cahier de doléances. Mon manque d’adhésion a fini par lui venir aux oreilles. Il critique ma lenteur avec légèreté, plaisante volontiers sur mes origines suisses et, tandis que les collègues en profitent pour s’accorder une pause timidement humoristique, son regard me cingle mieux qu’un fouet. L’un de ses informateurs, sans doute plus éloquent et plus zélé que les autres, a finalement conduit Dracetti à m’humilier à la cafétéria devant un auditoire totalement acquis à sa cause. Sous prétexte de féliciter l’ensemble du personnel pour son sérieux et son engagement à la réussite de l’entreprise, il a déploré la présence d’esprits chagrins et leur a consacré la quasi-totalité de son discours. Il les a comparés, sans les nommer, à des porcs. Comme eux, ils savaient profiter goulûment de ce qu’on leur offrait ; comme eux, une étrange particularité anatomique les empêchait de lever suffisamment la tête pour apercevoir le ciel. Il a déclaré qu’une entreprise ambitieuse se devait d’être relayée par un personnel fier de contribuer à sa réussite. Les porcs pouvaient aller remuer un autre sol.
Je ne dis rien. Je replonge simplement mon groin dans l’assiette et fusille d’un regard en biais, une poignée de collègues qui me toisent ostensiblement. J’espère seulement que le pluriel employé rend compte d’une certaine réalité.
Le soir même, je consigne méticuleusement l’incident dans mon cahier de doléances. Je le relis une bonne vingtaine de fois, mécaniquement, comme un boxeur qui s’acharne sur un sac de frappe. J’ai tort de penser que la répétition atténue la colère : celle-ci revient se ficher entre les lignes, avec une précision arithmétique. Je pose la retenue et m’enfile quelques bières tièdes rescapées de l’été, en guise d’anesthésiant local. Puis je laisse venir à moi la haine. La phase contemplative s’achève. Je vais lui nuire, à mon tour, je vais le faire dégringoler de son piédestal à grands coups de pompes dans le derche. Je m’endors au milieu de la nuit, finalement satisfait par la fixation de mon objectif.
Mes investigations ont dépassé le cadre de l’entreprise. J’ai choisi de me mettre au régime sandwich et pomme. On a interprété mon intention de ne plus reparaître à la cafétéria comme un acte de désertion et cela m’a arrangé : j’ai pu, à loisir, piller les informations nécessaires à mon enquête. Je connais, mieux que la secrétaire de direction, l’emploi du temps de Dracetti, ses habitudes, ses impératifs familiaux. J’ai passé mes week-ends en planque, persuadé qu’un ambitieux tel que lui ne devait pas se satisfaire de la vie de « monsieur tout le monde. » C’était une période grisante durant laquelle, envahi par un souffle épique et drapé dans mon honneur bafoué, je me suis imaginé une parenté avec Edmond Dantès. J’accomplissais ma tâche quotidienne en riant sous cape dès que Dracetti pointait son nez.
En façade, nos rapports sont redevenus sobres et professionnels. Ses moqueries ont cessé peu après l’épisode de la cafétéria. Mon apparente soumission l’a peut-être convaincu de passer à autre chose. J’ai obtenu quelques résultats encourageants à force de persévérance. Ainsi, je sais que Dracetti possède un pied-à-terre, et qu’il s’y rend régulièrement en fin de journée, avant de réintégrer son domicile familial. Une discrète enquête de voisinage m’a révélé, par la suite, que l’appartement n’est pas habité et sert de garde-meubles à un industriel du plastique. Il m’a fallu abandonner la perspective, pourtant séduisante, de le surprendre en position scabreuse, pris en étau par des cuisses illégitimes et luisantes. Mon informatrice, qui a saisi l’expression déçue de mon visage, s’est stupidement mise en tête de démarcher l’étage à ma place et j’ai eu toutes les peines du monde à contenir son élan. J’ai finalement prétexté une urgence et me suis éclipsé en frissonnant dans l’ascenseur.
J’ai par ailleurs établi que Dracetti est rarement dans son bureau, une fois les employés partis. Armé de jumelles, et sous des angles différents, je ne perçois aucune activité, ni aucune lumière en provenance de l’usine Savinon. Ces quelques minutes, qui n’excédent jamais la demi-heure, continuent de me tenir en haleine. Mon cahier de doléances s’est transformé en fourre-tout, en réceptacle indulgent des idées saugrenues qui me titillent le cortex pendant les planques. Je le feuillette au lit avant de m’endormir, mais j’ai beau secouer les éléments, ils ne s’emboîtent pas. L’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il possède effectivement un appartement servant de débarras et, accessoirement, de sas de décompression pour y fumer un cigare ou boire un verre en toute quiétude. L’extinction des lumières, quant à elle, peut être expliquée par une présence plus ou moins prolongée aux toilettes. Certains parviennent à s’y concentrer mieux que partout ailleurs.
Je suis sur le point de renoncer, un dossier à la main, quand Simone Mirfaille m’arrête en chemin pour m’avertir de l’absence de monsieur Dracetti. Un voyage de deux jours à Genève. Elle me rappelle mon retard, mais consent à me laisser entrer pour déposer mon rapport comptable. Celle-là aussi mérite qu’on s’intéresse à elle. Combien de fois a t-elle creusé les joues pour justifier sa présence à ce poste ? En glissant sur le bureau abondamment ciré, le dossier a emporté un stylo dans sa chute. C’est en voulant ramasser le tout, que mon cœur s’est emballé brusquement. Un jeu de clés brille au fond de la poche de sa veste étendue sur la chaise. Je le serre pour limiter le bruit et le dissimule, avant d’être rattrapé par un conflit intérieur. La journée s’étire mollement. Je trompe l’attente en m’astreignant à des tâches rébarbatives qui ne parviennent pas complètement à abaisser ma tension.
Dix-sept heures. En l’absence du patron, mes collègues ont pris un peu d’avance et je suis seul dans le bureau, à soupeser le jeu de clés. Je me laisse encore l’illusion du choix, mais au fond, la décision est prise et c’est la peur au ventre que je sors enfin des établissements Savinon. Quelques minutes plus tard, je gare mon véhicule, en face de l’immeuble de Dracetti. En traversant le hall, mon cœur joue au jokari contre la cage thoracique. J’accélère le pas. Dans l’ascenseur, je prie pour ne pas croiser sa voisine de palier. Je décide de longer son mur autant que possible et de n’entrer dans le champ de vision de son judas qu’au dernier moment. Après deux échecs, ma vessie menace de rendre l’âme et quand la serrure finit par répondre au mouvement de clé, je bondis à l’intérieur, en nage et le souffle coupé.
Merde ! Des meubles !
Je pars me soulager aux toilettes. Il y a une pile de revues d’électronique et de vidéo. Je suis absorbé par la tâche ingrate consistant à évacuer la dernière goutte, quand le modèle du puzzle m’apparaît. Les éléments s’imbriquent parfaitement. Je file dans le salon, fouille un peu partout, au hasard, avant de tomber sur des caisses datées et numérotées. Je sais ce que vais visionner avant même d’introduire la cassette dans l’appareil et j’en salive d’impatience.
J’attends le milieu de la nuit pour repartir, et maudis l’éclairage automatique du couloir au passage. Je fonce jusqu’à mon domicile, ivre de bonheur et d’adrénaline. Je le tiens, l’enculé, je le tiens ! J’ai prélevé quelques échantillons dans sa collection. Trois points d’exclamation suivent la date de la cassette N°11 et je comprends rapidement leur signification. Après quelques dizaines de passages convenus dont l’intérêt se limite à la comparaison des lingeries, des méthodes d’essuyage et de curage de nez, je tombe sur cette chère Simone Mirfaille. En faisant glisser ses vêtements sur ses chevilles, elle offre le parfait arrondi de ses fesses à la caméra. Puis, cherchant dans son sac, elle sort ce que je prends, dans un premier temps, pour du rouge à lèvres. Les images qui suivent me prouvent qu’il est destiné à un autre usage. Un mauvais bonheur m’irradie…
Ce matin, je suis parvenu à rendre les clés à temps en apportant un autre dossier sur le bureau de Dracetti. J’ai eu du mal à contenir à la fois mon rire et mon trouble en croisant Simone Mirfaille, taraudé par l’envie de lui demander la marque de son rouge à lèvres. J’ai passé le reste de la journée à échafauder un plan d’attaque. En fait de porc, il se pose là ! Dissimuler des caméras dans les toilettes des femmes ! Je vais le saigner comme il le mérite et m’offrir de sacrés extra grâce à cela. Tout à ma rêverie, je ne me rends pas immédiatement compte de sa présence, et sa tape sur l’épaule me fait sursauter. Non, non, il ne me réveille pas. Je soutiens son air moqueur avec intensité en pensant qu’il va bientôt prier pour que cesse son cauchemar.
En rentrant du boulot, j’ai acheté un assortiment conséquent de journaux et passé ma soirée à rédiger une sordide lettre de maître chanteur, mais en apercevant, au petit matin, les voitures de police sur le parking de l’usine, je comprends que l’air ne prend pas la tournure que j’ai souhaitée. Dracetti est mort. Il s’est jeté par la fenêtre. Le personnel féminin, outré, vient d’être mis au courant de la présence des caméras. Simone Mirfaille n’en mène pas large et tente, par des regards en biais, de déceler si ses petits plaisirs solitaires ont fait le tour du commissariat. J’apprends plus tard que le suicide n’est qu’une des pistes envisagées. Une voisine a aperçu un rôdeur, à deux reprises, dans l’immeuble et des empreintes inconnues ont été prélevées dans l’appartement.
Au terme de cette journée éprouvante, je suis surpris de pouvoir me faufiler entre les mailles du filet. Je passe vingt minutes à quarante à l’heure, l’œil rivé sur le rétroviseur. Personne ne me suit. Je peste contre ce connard de Dracetti ! Il a sans doute décelé l’intrusion, a senti le vernis lisse craqueler, avant de paniquer et de voir son univers se rétrécir aux dimensions de la fenêtre. En crevant comme une baudruche, il m’a plongé dans une sacrée merde. Les empreintes, ça prendra sûrement du temps, mais avec la chance que j’ai, il se peut que la voisine de Dracetti soit une ex-étudiante aux beaux-arts, décidée à me croquer de face et de profil. Je fais un saut au supermarché pour remplir mon Caddie des denrées les plus chères, et des meilleurs vins. C’est peut-être la dernière fois que je vais choisir ma bouffe avant un moment. Après quoi, je me repasse les cassettes devant un plateau télé de luxe. Rien n’égale cependant la performance de Simone Mirfaille. La perfection dans l’abandon, la pureté des formes. Je viens de brûler la lettre de chantage. Ma décision est prise. Cuit pour cuit, autant faire preuve de bonne volonté en allant aux devants des flics. Dès demain, j’irai raconter cette histoire en l’accommodant à ma sauce. Je forcerai les traits et n’hésiterai pas à m’humilier : le pitoyable, ça sonne toujours juste. J’espère qu’on me croira.
Pour l’heure, je vais trouver un endroit sûr pour les cassettes. Je ne peux me résoudre à les abandonner. Elles représentent les fruits de mon travail. Je pense à buffet froid « vous avez une gueule de comptable… Je suis comptable » L’idée qui me trotte dans la tête est moche et mesquine mais elle reste plantée là et s’impose. D’un côté, ma misère sexuelle, de l’autre, les fesses de Simone Mirfaille. Quand tout sera calmé, j’aborderai le sujet du rouge à lèvres avec elle. Je ferai ça en douceur, sans précipitation, pour éviter de connaître le même désagrément qu’avec Dracetti. A défaut d’être un bon maître chanteur, si tout va bien, je pourrai bientôt faire danser Simone au creux de ma main...
On se les gèle sévère dans la salle de réunion : les radiateurs sont en panne. Chacun le sait, mais personne ne s’en est occupé pendant la grève. C’est arrivé la veille de la fermeture de la boîte, comme si les murs pouvaient réagir organiquement à la menace de délocalisation. Nous avons sollicité le délégué syndical, mais les événements s’enchaînant, le souci du confort s’est dilué dans l’ombre grandissante de la rumeur de licenciement. L’heure était au choix de sa cellule, communiste ou de reclassement ? Maintenant que l’entreprise Savinon a trouvé un repreneur, l’avarie se révèle de taille et, au regard de la concentration de doudounes, la salle ressemble à un restaurant d’altitude bondé, l’odeur de graillon en moins.
C’est par là qu’il a commencé en se frottant les mains. Les plastiques Savinon n’avaient que trop souffert de la frilosité de leurs décideurs ; il était temps d’insuffler du dynamisme et de la chaleur. Le moment était venu de s’extraire de la banquise, de fendre les océans, d’imposer nos produits outre-Atlantique. Evidemment, nous devions nous sentir personnellement concernés, tous à nos postes, pour participer à cette aventure économique de grande ampleur…
Certains suivent ses métaphores maritimes et leurs yeux brillants me laissent songeur. Peut-être ont-ils déjà décidé de s’approvisionner en vitamine C pour se prémunir du scorbut ? Philibert Dracetti se dégage du pupitre. Il ôte sa veste avec cérémonie, la dépose sur une chaise et nous demande de l’accompagner dans cette démarche symbolique qui doit marquer le nouveau départ des établissements Savinon. Je suis l’un des derniers à me débarrasser de ma doudoune en rougissant de honte. Un concert de reniflements et de toux est couvert par la promesse de résoudre le problème du chauffage sous quarante-huit heures, puis par une salve d’applaudissements. Au terme de cette réunion, j’ai l’impression qu’on a effectivement embarqué au long cours, mais à fond de cale, des fers aux pieds, et une rame à la main.
Je l’ai immédiatement détesté dans son costume de sauveur providentiel. Il s’est glissé dedans avec bien trop d’aisance. Cela a suscité un bref débat au bar du stade. Cependant, de l’avis général, il fallait jouer le jeu, et l’on m’a donné tort de pinailler ainsi. Savinon n’allait pas en Asie et c’était bien là l’essentiel. J’ai essayé de trouver d’autres sons de cloches, mais mon insistance n’induisant que rejet et évitement, j’ai cessé d’aborder le sujet et décidé de consigner les manquements de Dracetti dans un cahier.
Il se révèle coriace, direct avec les hommes, mielleux avec les femmes, capable de faire apparaître furtivement le spectre du chômage pour mieux imposer sa vision de l’entreprise. Il communique, par ailleurs, sur la moindre amélioration de notre cadre de travail, multiplie les opérations symboliques, peu coûteuses mais tangibles. Le syndicat se laisse prendre à ses exigences de souplesse, d’amplitude et d’adaptation aux nouveaux marchés. Je me suis rapidement retrouvé seul à la cafétéria. Je préfère cela à la compagnie d’un disciple fraîchement converti au « Dracettisme. » Je perçois leurs dialogues sur l’augmentation qualitative et quantitative du contenu de nos assiettes depuis le changement de direction et ça m’acidifie déjà suffisamment l’estomac.
Quelques mois plus tard, les établissements Savinon reposent sur des rails solides, les emplois sont, comme convenu, préservés et Philibert Dracetti se pavane d’un bureau à l’autre, rasé de frais, les manches retroussées et la cravate sur l’épaule. Ma conviction reste intacte, tout autant que mon cahier de doléances. Mon manque d’adhésion a fini par lui venir aux oreilles. Il critique ma lenteur avec légèreté, plaisante volontiers sur mes origines suisses et, tandis que les collègues en profitent pour s’accorder une pause timidement humoristique, son regard me cingle mieux qu’un fouet. L’un de ses informateurs, sans doute plus éloquent et plus zélé que les autres, a finalement conduit Dracetti à m’humilier à la cafétéria devant un auditoire totalement acquis à sa cause. Sous prétexte de féliciter l’ensemble du personnel pour son sérieux et son engagement à la réussite de l’entreprise, il a déploré la présence d’esprits chagrins et leur a consacré la quasi-totalité de son discours. Il les a comparés, sans les nommer, à des porcs. Comme eux, ils savaient profiter goulûment de ce qu’on leur offrait ; comme eux, une étrange particularité anatomique les empêchait de lever suffisamment la tête pour apercevoir le ciel. Il a déclaré qu’une entreprise ambitieuse se devait d’être relayée par un personnel fier de contribuer à sa réussite. Les porcs pouvaient aller remuer un autre sol.
Je ne dis rien. Je replonge simplement mon groin dans l’assiette et fusille d’un regard en biais, une poignée de collègues qui me toisent ostensiblement. J’espère seulement que le pluriel employé rend compte d’une certaine réalité.
Le soir même, je consigne méticuleusement l’incident dans mon cahier de doléances. Je le relis une bonne vingtaine de fois, mécaniquement, comme un boxeur qui s’acharne sur un sac de frappe. J’ai tort de penser que la répétition atténue la colère : celle-ci revient se ficher entre les lignes, avec une précision arithmétique. Je pose la retenue et m’enfile quelques bières tièdes rescapées de l’été, en guise d’anesthésiant local. Puis je laisse venir à moi la haine. La phase contemplative s’achève. Je vais lui nuire, à mon tour, je vais le faire dégringoler de son piédestal à grands coups de pompes dans le derche. Je m’endors au milieu de la nuit, finalement satisfait par la fixation de mon objectif.
Mes investigations ont dépassé le cadre de l’entreprise. J’ai choisi de me mettre au régime sandwich et pomme. On a interprété mon intention de ne plus reparaître à la cafétéria comme un acte de désertion et cela m’a arrangé : j’ai pu, à loisir, piller les informations nécessaires à mon enquête. Je connais, mieux que la secrétaire de direction, l’emploi du temps de Dracetti, ses habitudes, ses impératifs familiaux. J’ai passé mes week-ends en planque, persuadé qu’un ambitieux tel que lui ne devait pas se satisfaire de la vie de « monsieur tout le monde. » C’était une période grisante durant laquelle, envahi par un souffle épique et drapé dans mon honneur bafoué, je me suis imaginé une parenté avec Edmond Dantès. J’accomplissais ma tâche quotidienne en riant sous cape dès que Dracetti pointait son nez.
En façade, nos rapports sont redevenus sobres et professionnels. Ses moqueries ont cessé peu après l’épisode de la cafétéria. Mon apparente soumission l’a peut-être convaincu de passer à autre chose. J’ai obtenu quelques résultats encourageants à force de persévérance. Ainsi, je sais que Dracetti possède un pied-à-terre, et qu’il s’y rend régulièrement en fin de journée, avant de réintégrer son domicile familial. Une discrète enquête de voisinage m’a révélé, par la suite, que l’appartement n’est pas habité et sert de garde-meubles à un industriel du plastique. Il m’a fallu abandonner la perspective, pourtant séduisante, de le surprendre en position scabreuse, pris en étau par des cuisses illégitimes et luisantes. Mon informatrice, qui a saisi l’expression déçue de mon visage, s’est stupidement mise en tête de démarcher l’étage à ma place et j’ai eu toutes les peines du monde à contenir son élan. J’ai finalement prétexté une urgence et me suis éclipsé en frissonnant dans l’ascenseur.
J’ai par ailleurs établi que Dracetti est rarement dans son bureau, une fois les employés partis. Armé de jumelles, et sous des angles différents, je ne perçois aucune activité, ni aucune lumière en provenance de l’usine Savinon. Ces quelques minutes, qui n’excédent jamais la demi-heure, continuent de me tenir en haleine. Mon cahier de doléances s’est transformé en fourre-tout, en réceptacle indulgent des idées saugrenues qui me titillent le cortex pendant les planques. Je le feuillette au lit avant de m’endormir, mais j’ai beau secouer les éléments, ils ne s’emboîtent pas. L’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il possède effectivement un appartement servant de débarras et, accessoirement, de sas de décompression pour y fumer un cigare ou boire un verre en toute quiétude. L’extinction des lumières, quant à elle, peut être expliquée par une présence plus ou moins prolongée aux toilettes. Certains parviennent à s’y concentrer mieux que partout ailleurs.
Je suis sur le point de renoncer, un dossier à la main, quand Simone Mirfaille m’arrête en chemin pour m’avertir de l’absence de monsieur Dracetti. Un voyage de deux jours à Genève. Elle me rappelle mon retard, mais consent à me laisser entrer pour déposer mon rapport comptable. Celle-là aussi mérite qu’on s’intéresse à elle. Combien de fois a t-elle creusé les joues pour justifier sa présence à ce poste ? En glissant sur le bureau abondamment ciré, le dossier a emporté un stylo dans sa chute. C’est en voulant ramasser le tout, que mon cœur s’est emballé brusquement. Un jeu de clés brille au fond de la poche de sa veste étendue sur la chaise. Je le serre pour limiter le bruit et le dissimule, avant d’être rattrapé par un conflit intérieur. La journée s’étire mollement. Je trompe l’attente en m’astreignant à des tâches rébarbatives qui ne parviennent pas complètement à abaisser ma tension.
Dix-sept heures. En l’absence du patron, mes collègues ont pris un peu d’avance et je suis seul dans le bureau, à soupeser le jeu de clés. Je me laisse encore l’illusion du choix, mais au fond, la décision est prise et c’est la peur au ventre que je sors enfin des établissements Savinon. Quelques minutes plus tard, je gare mon véhicule, en face de l’immeuble de Dracetti. En traversant le hall, mon cœur joue au jokari contre la cage thoracique. J’accélère le pas. Dans l’ascenseur, je prie pour ne pas croiser sa voisine de palier. Je décide de longer son mur autant que possible et de n’entrer dans le champ de vision de son judas qu’au dernier moment. Après deux échecs, ma vessie menace de rendre l’âme et quand la serrure finit par répondre au mouvement de clé, je bondis à l’intérieur, en nage et le souffle coupé.
Merde ! Des meubles !
Je pars me soulager aux toilettes. Il y a une pile de revues d’électronique et de vidéo. Je suis absorbé par la tâche ingrate consistant à évacuer la dernière goutte, quand le modèle du puzzle m’apparaît. Les éléments s’imbriquent parfaitement. Je file dans le salon, fouille un peu partout, au hasard, avant de tomber sur des caisses datées et numérotées. Je sais ce que vais visionner avant même d’introduire la cassette dans l’appareil et j’en salive d’impatience.
J’attends le milieu de la nuit pour repartir, et maudis l’éclairage automatique du couloir au passage. Je fonce jusqu’à mon domicile, ivre de bonheur et d’adrénaline. Je le tiens, l’enculé, je le tiens ! J’ai prélevé quelques échantillons dans sa collection. Trois points d’exclamation suivent la date de la cassette N°11 et je comprends rapidement leur signification. Après quelques dizaines de passages convenus dont l’intérêt se limite à la comparaison des lingeries, des méthodes d’essuyage et de curage de nez, je tombe sur cette chère Simone Mirfaille. En faisant glisser ses vêtements sur ses chevilles, elle offre le parfait arrondi de ses fesses à la caméra. Puis, cherchant dans son sac, elle sort ce que je prends, dans un premier temps, pour du rouge à lèvres. Les images qui suivent me prouvent qu’il est destiné à un autre usage. Un mauvais bonheur m’irradie…
Ce matin, je suis parvenu à rendre les clés à temps en apportant un autre dossier sur le bureau de Dracetti. J’ai eu du mal à contenir à la fois mon rire et mon trouble en croisant Simone Mirfaille, taraudé par l’envie de lui demander la marque de son rouge à lèvres. J’ai passé le reste de la journée à échafauder un plan d’attaque. En fait de porc, il se pose là ! Dissimuler des caméras dans les toilettes des femmes ! Je vais le saigner comme il le mérite et m’offrir de sacrés extra grâce à cela. Tout à ma rêverie, je ne me rends pas immédiatement compte de sa présence, et sa tape sur l’épaule me fait sursauter. Non, non, il ne me réveille pas. Je soutiens son air moqueur avec intensité en pensant qu’il va bientôt prier pour que cesse son cauchemar.
En rentrant du boulot, j’ai acheté un assortiment conséquent de journaux et passé ma soirée à rédiger une sordide lettre de maître chanteur, mais en apercevant, au petit matin, les voitures de police sur le parking de l’usine, je comprends que l’air ne prend pas la tournure que j’ai souhaitée. Dracetti est mort. Il s’est jeté par la fenêtre. Le personnel féminin, outré, vient d’être mis au courant de la présence des caméras. Simone Mirfaille n’en mène pas large et tente, par des regards en biais, de déceler si ses petits plaisirs solitaires ont fait le tour du commissariat. J’apprends plus tard que le suicide n’est qu’une des pistes envisagées. Une voisine a aperçu un rôdeur, à deux reprises, dans l’immeuble et des empreintes inconnues ont été prélevées dans l’appartement.
Au terme de cette journée éprouvante, je suis surpris de pouvoir me faufiler entre les mailles du filet. Je passe vingt minutes à quarante à l’heure, l’œil rivé sur le rétroviseur. Personne ne me suit. Je peste contre ce connard de Dracetti ! Il a sans doute décelé l’intrusion, a senti le vernis lisse craqueler, avant de paniquer et de voir son univers se rétrécir aux dimensions de la fenêtre. En crevant comme une baudruche, il m’a plongé dans une sacrée merde. Les empreintes, ça prendra sûrement du temps, mais avec la chance que j’ai, il se peut que la voisine de Dracetti soit une ex-étudiante aux beaux-arts, décidée à me croquer de face et de profil. Je fais un saut au supermarché pour remplir mon Caddie des denrées les plus chères, et des meilleurs vins. C’est peut-être la dernière fois que je vais choisir ma bouffe avant un moment. Après quoi, je me repasse les cassettes devant un plateau télé de luxe. Rien n’égale cependant la performance de Simone Mirfaille. La perfection dans l’abandon, la pureté des formes. Je viens de brûler la lettre de chantage. Ma décision est prise. Cuit pour cuit, autant faire preuve de bonne volonté en allant aux devants des flics. Dès demain, j’irai raconter cette histoire en l’accommodant à ma sauce. Je forcerai les traits et n’hésiterai pas à m’humilier : le pitoyable, ça sonne toujours juste. J’espère qu’on me croira.
Pour l’heure, je vais trouver un endroit sûr pour les cassettes. Je ne peux me résoudre à les abandonner. Elles représentent les fruits de mon travail. Je pense à buffet froid « vous avez une gueule de comptable… Je suis comptable » L’idée qui me trotte dans la tête est moche et mesquine mais elle reste plantée là et s’impose. D’un côté, ma misère sexuelle, de l’autre, les fesses de Simone Mirfaille. Quand tout sera calmé, j’aborderai le sujet du rouge à lèvres avec elle. Je ferai ça en douceur, sans précipitation, pour éviter de connaître le même désagrément qu’avec Dracetti. A défaut d’être un bon maître chanteur, si tout va bien, je pourrai bientôt faire danser Simone au creux de ma main...
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"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Re: Porc épique. Nouvelle.
Passionnant et bien écrit pour tenir en haleine.
Put...dommage que le type soit mort car j'aurais bien voulu savoir comment il aurait réagi à la lecture de la lettre moi !
Y a juste un truc au début que j'ai relevé et auquel j'ai "souri" :
"celui qui pisse le plus loin avec les hommes."
Oui avec les hommes mais était il indispensable de le préciser car "avec les femmes" il aurait gagné sans problème
Contente de t'avoir lu
Sylvie
Put...dommage que le type soit mort car j'aurais bien voulu savoir comment il aurait réagi à la lecture de la lettre moi !
Y a juste un truc au début que j'ai relevé et auquel j'ai "souri" :
"celui qui pisse le plus loin avec les hommes."
Oui avec les hommes mais était il indispensable de le préciser car "avec les femmes" il aurait gagné sans problème
Contente de t'avoir lu
Sylvie
Re: Porc épique. Nouvelle.
Encore du bon Vivant !
On ne s'ennuie pas mais il est vrai que tu ne nous as pas habitué à l'ennui, donc pas de surprise sur ce point.
Quelle histoire ! Ce Dracetti est un odieux personnage. Mais enfin, il fallait bien qu'il ait une faille. Et quelle [Mir]faille !
Nilo, reprise en douceur.
On ne s'ennuie pas mais il est vrai que tu ne nous as pas habitué à l'ennui, donc pas de surprise sur ce point.
Quelle histoire ! Ce Dracetti est un odieux personnage. Mais enfin, il fallait bien qu'il ait une faille. Et quelle [Mir]faille !
Nilo, reprise en douceur.
Dernière édition par Nilo le Sam 16 Oct - 9:40, édité 2 fois
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... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Porc épique. Nouvelle.
Merci vous deux... content d'avoir été lu aussi
@Sylvie... pour les hommes... afin de faire un balancier avec les femmes ensuite... enfin, j'me comprends
@ Nilo . Vivant est amoché aujourd'hui et sans doute pour les semaines qui viennent. merci J'ai pris garde de préciser au boulot que c'était purement fictif car y a un exemplaire du recueil dans la bibliothèque de l'institution...
@Sylvie... pour les hommes... afin de faire un balancier avec les femmes ensuite... enfin, j'me comprends
@ Nilo . Vivant est amoché aujourd'hui et sans doute pour les semaines qui viennent. merci J'ai pris garde de préciser au boulot que c'était purement fictif car y a un exemplaire du recueil dans la bibliothèque de l'institution...
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"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Re: Porc épique. Nouvelle.
Toujours aussi captivant...
Swann,
Bon courage à toi ...
Swann,
Bon courage à toi ...
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
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Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Porc épique. Nouvelle.
Moi qui ne suis pas du style à aimer les nouvelles, en voila en core une que j'ai lu avec grand plaisir !
T'es un as vivant !
T'es un as vivant !
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LaLou
Re: Porc épique. Nouvelle.
Merci Swann & Lalou...
un as ? the ace of spades alors !!
https://www.youtube.com/watch?v=9e5cqe_JE0Q
un as ? the ace of spades alors !!
https://www.youtube.com/watch?v=9e5cqe_JE0Q
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"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Re: Porc épique. Nouvelle.
Ca fait drôle de lire quelque chose qui tient si bien la route ; j'aime Georges Simenon autant que Dard, alors autant dire que je ne suis pas déçu ici, question rigueur et cocasseries.
Dam.
Dam.
Re: Porc épique. Nouvelle.
J'sais pas quoi faire de ce genre de compliments... sinon retourner écrire et mettre les refus des "gros" éditeurs de l'autre côté de la balance pour mon roman...
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"Chaque pensée devrait rappeler la ruine d'un sourire." Cioran.
Re: Porc épique. Nouvelle.
Ha ! J'y suis passé aussi, et quand tu vois ce qu'ils publient, et leurs critères de choix, franchement, ça me fait doucement marrer.
Dam, il y en a d'autres.
Dam, il y en a d'autres.
Re: Porc épique. Nouvelle.
Réaliste à souhait cette histoire !
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Porc épique. Nouvelle.
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Huitième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
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Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
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