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Prince téméraire (suite)
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Prince téméraire (suite)
Heureux d’avoir débarrassé la montagne de ses créatures malfaisantes, le jeune homme reprit
allégrement le chemin du château. Les brebis qui le précédaient n’avançaient guère vite, si bien qu’il se retrouva plusieurs fois au milieu du troupeau, l’envie lui prit alors de jouer à saute-mouton ; si quelqu’un avait été là, pour l’observer, il aurait vu le berger tel un pantin danser et bondir au-dessus des brebis. La scène était drôle, mais il était seul dans la montagne ; il pouvait donc donner libre cours à sa joie, sans crainte des regards moqueurs.
Dès que le troupeau fut à l’abri dans la bergerie, le garçon se précipita dans les appartements de son père adoptif. Il lui tendit un fruit et lui demanda de le manger sans poser de question. Comme par miracle, au fur et à mesure que le roi savourait les quartiers d’orange, la vue de son œil gauche devenait plus nette.
- Maintenant cher père, dit le garçon, je peux vous donner une deuxième orange, en la mangeant votre œil droit sera également guéri, mais, s’il vous plaît, en échange, donnez- moi les deux clés qui sont encore accrochées à votre ceinture !
Tout au bonheur de recouvrer une vision parfaite, le vieil homme n’hésita pas à céder les clefs à son sauveur. En tendant son trousseau il souriait, mais ne dit rien, seul son regard tout neuf lançait un clin d’œil malicieux au jeune homme.
Ainsi s’ouvrirent les deux dernières portes !
Et que contenaient-elles ?
Des fontaines…des fontaines d’eau vive et précieuse…des fontaines protégées par des animaux fantastiques.
Dans la onzième salle, la source qui jaillissait était de couleur or, à côté d’elle se reposait un cheval ailé. Le jeune homme éprouva le besoin de se rafraîchir, il se pencha, s’immergea la tête, le buste, il ne s’aperçut pas que de la tête à la taille, sa peau était devenue d’Or.
Dans la dernière salle, un âne doux et majestueux, aux ailes déployées, se tenait devant une fontaine où coulait une eau argentée. Cette fois encore, le jeune homme ne put s’empêcher d’entrer en contact avec l’eau de cette précieuse fontaine, il y trempa les pieds, les pieds et les jambes, jusqu’à la taille ; c’est ainsi que de la taille aux orteils il devint d’argent, mais notre Apollon ne le remarqua même pas !
À partir de ce jour, le château n’eut plus de secret pour le jeune homme, il lui suffisait d’y vivre heureux et c’est ce qu’il fit. Chaque jour il se rendait utile, le travail ne manquait pas, car beaucoup de tâches avaient été négligées durant des années ; le Roi était vieux et peu habile de ses mains. Mis à part le personnel de cuisine et de chambre, aucun artisan n’habitait au château. Le jeune homme était courageux et il mit du cœur à l’ouvrage, sa vie dans la ferme de ses parents l’avait entraîné à bien plus durs travaux ! Parfois il s’accordait une journée de repos, alors il prenait son bâton de berger et sortait le troupeau. Avec les bêtes il s’enivrait de l’air des alpages. La vie s’écoulait donc tranquille et laborieuse auprès d’un père adoptif juste et attentionné. Le roi était un homme plein de connaissances et il aimait, lors des longues soirées au château, les partager avec ce fils providentiel venu de la vallée.
Malgré tout, cette vie privilégiée ne suffit bientôt plus au jeune homme. Il aurait tant souhaité rencontrer d’autres personnes, et il commença à rêver d’une ville.
- Comme l’animation d’une ville doit être passionnante, comparée à l’ennui d’une vie où le calme règne sur un royaume sans sujets ! Soupirait le jeune homme.
Encore une fois il ressentait la nécessité du départ ! Le Roi accepterait-il que son protégé lui échappe ?
Le jeune homme n’osa pas le lui demander. Au bout de plusieurs jours de doute, il décida de partir sans en informer son protecteur.
Un matin donc, au lever du soleil, le berger se rendit près de la fontaine d’or où l’attendait le cheval qui était devenu son confident, il lui fit part de sa décision de quitter sur le champ le château. Le cheval se cabra de joie et dit dans un hennissement.
- Je pars avec toi, j’en ai assez d’être une gargouille de fontaine, de brimer mon élan, de faire comme si j’ignorais avoir des ailes ! Je connais le parcours qui mène à la ville où se trouvent les habitants du royaume, ce château n’est qu’un refuge où le Roi a choisi de s’isoler.
Mais je dois te dire que le Roi ne nous laissera pas partir facilement, il ne comprendra pas cette fuite, il enfourchera l’âne pour te rejoindre, et cet animal est bien plus rapide que moi…
- Que faut-il faire alors pour réussir à nous enfuir ?
- Ignores-tu que lorsque tu veux aller de l’avant rien ni personne ne peut t’en empêcher, et que l’objet le plus insignifiant devient l’instrument magique qui soulève l’obstacle lorsqu’ il se présente !
- Un objet magique ? Je n’en connais pas !
- Il t’en faudra trois. Prends au hasard, une étrille, une poignée de paille et une cravache…ça fera l’affaire !
Le jeune homme ne se posa pas de questions, le cheval son ami était digne de confiance, d’ailleurs, bien des aventures lui avaient appris à composer avec les caprices du destin… Alors il se hâta de réunir les trois objets magiques, puis il sauta sur son destrier qui s’envola aussitôt.
Par quel mystère le vieux roi fut-il arraché à son sommeil ? Je ne saurais vous le dire, en tout cas il se précipita en pyjama vers la salle à la fontaine d’argent, il sauta sur son âne et engagea la poursuite. Le bourricot fusait à une telle vitesse qu’il ne tarda pas à rattraper les fuyards.
- Jette l’étrille, vite ! dit le cheval.
Dés que l’étrille atteignit le sol, une forêt d’épineux surgit devant l’âne, barrant la route au vieil homme. L’âne malgré les coups d’éperon préféra ne pas déchirer sa robe, il entreprit de contourner l’obstacle, et de redoubler d’ardeur pour finalement arriver à la hauteur des deux amis.
- La paille, jette la maintenant ! Ordonna le cheval.
Les brins de pailles dans leur chute étincelaient au soleil comme des aiguilles d’or, arrivés au sol ils se transformèrent en pieux qui s’enfoncèrent profondément dans la terre et se mirent à pousser comme des bambous, atteignant une hauteur phénoménale. Une nouvelle fois le Roi dut contourner l’obstacle, pour mieux dévorer ensuite la distance qui le séparait du cheval et de son cavalier. Il arriva bientôt à leur niveau, il n’avait plus qu’à tendre le bras pour atteindre le jeune homme qui crut ses rêves anéantis.
- Fouette, fouette l’air avec la cravache ! Intima le cheval.
Avant que la main du vieil homme ne l’attrape, le garçon donna un vif coup de cravache dans le vide, et entre le roi et lui un large torrent, venu de nulle part, vint les séparer. Il s’étirait du Nord au Sud, et son flot était si impétueux que le roi comprit qu’il ne pourrait le traverser.
- Arrête-toi mon enfant, tu n’as rien à craindre de moi, ne pars pas sans m’écouter, il y a quelque chose que tu ignores et que tu dois savoir !
Le jeune homme ralentit sa monture.
- Que dois-je savoir ?
- Regarde-toi dans l’eau mon enfant ; tu verras que tu es devenu un être d’or et d’argent de la tête aux pieds. Couvre-toi si tu ne veux pas attirer la curiosité ou susciter la convoitise. Sois prudent, sinon il t’arrivera de grands malheurs en ville.
Après avoir prononcé ces paroles, le vieil homme solitaire fit demi- tour et repartit en direction de son palais.
Le jeune homme descendit de cheval, s’approcha du torrent dont le flux s’était calmé…Il coulait maintenant comme un fleuve, dans le miroir de l’eau il vit son reflet, aussi terrible que beau ; il ressemblait à une statue précieuse – le vieil homme n’avait pas menti !
Il fallait cacher cette silhouette trop clinquante ! Comment ?
Le garçon désemparé regarda autour de lui, c’est alors qu’apparut un mendiant qui accepta de céder ses vieux vêtements rapiécés en échange de l’habit de brocard d’or souple du jeune homme. Ainsi vêtu de ces frusques, qui fort heureusement étaient agrémentées d’une capuche, le jeune homme sembla perdre tout son éclat. Il jeta un rapide coup d’œil dans l’eau du fleuve et, satisfait par son apparence, il se sentit prêt à reprendre la route.
(à suivre)
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Prince téméraire (suite)
Encore un texte totalement délaissé tiré de l'enfer par
Nilo, partage le pactole.
Le Printemps de la Prose
Et un texte (que sans doute sa longueur rébarbative a éloigné des lecteurs) qui le mérite amplement.Nilo, partage le pactole.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Prince téméraire (suite)
Merci d'avoir lu Nilo.
Je vais mettre la suite du conte dans le prolongement de ce fil, en fait c'est ce que j'aurais du faire depuis le début...je ne sais pas où se promène le début de l'histoire.
Je rajouterai petit à petit les chapitres, si l'histoire intéresse quelques lecteurs.
Je ne sais pas encore à quel tranche d'âge elle peut s'adresser.
Je vais mettre la suite du conte dans le prolongement de ce fil, en fait c'est ce que j'aurais du faire depuis le début...je ne sais pas où se promène le début de l'histoire.
Je rajouterai petit à petit les chapitres, si l'histoire intéresse quelques lecteurs.
Je ne sais pas encore à quel tranche d'âge elle peut s'adresser.
Dernière édition par Carmen P. le Sam 9 Avr - 9:37, édité 1 fois
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Prince téméraire (suite)
Le voyage dura quelques jours ; des chevauchées entrecoupées de nuits à la belle étoile…enfin, après une halte particulièrement éprouvante à cause de la faim, qui toute la nuit lui tenailla le ventre, il décida qu’il était temps pour lui maintenant de choisir son futur lieu de vie. Une ville attira fortement son regard ; une ville fortifiée posée dans une vallée d’ocre, elle semblait enluminée par la magie du soleil couchant. Le cavalier demanda à son cheval ailé de s’approcher, de survoler discrètement la citadelle… il remarqua un parc magnifique où régnaient des arbres plus que centenaires ; c’est là qu’il demanda à son cheval de le déposer. Au milieu des arbres sentinelles se dressait un manoir, au dessus de la porte principale, le jeune homme reconnut les armoiries de son père adoptif.
Ainsi, il se trouvait une nouvelle fois sur les terres de son beau-père !
Se pourrait-il que la fille du roi habite en ce lieu ?
Le vieil homme lui avait souvent parlé de sa fille, dont il vantait les qualités et la beauté. Elle n’aimait pas l’isolement du château où vivait son père et préférait la vallée de xxxxx
Le jeune homme se sentit en sécurité, il décida de rester ici et renvoya son cheval.
- Reprends ta liberté, lui dit-il, va où bon te semble. Je garderai de toi ces quelques poils et, lorsque j’aurai besoin de ton aide, je t’appellerai.
Il faisait déjà nuit, le jeune homme se pelotonna sous un buisson et s’endormit.
Le lendemain matin des exclamations le réveillèrent :
- Un vagabond ! Un vagabond tapi dans le jardin du Roi ! Sors de là, montre-toi !
Le garçon sortit de sa couchette de fortune. Devant lui se tenait un homme, une bêche à la main, il était vêtu d’un tablier de jardinier, à ses pieds, des sabots. L’homme avait pour tâche d’entretenir le domaine, il s’en acquittait fort bien ; la végétation, magnifique dans ce jardin, appréciait ses soins. Des curieux il en avait vus, car nombreux étaient ceux qui voulaient admirer son parc, mais jamais il n’avait vu quelqu’un oser venir s’installer sous son Oranger du Mexique – d’où son courroux !
Le jeune homme dégagea légèrement sa capuche, laissant voir sa chevelure d’or et ses yeux incandescents…le jardinier, lorsqu’il aperçut le visage du jeune homme, laissa tomber sa bêche, il resta un instant sans voix, puis il se mit à rire, d’un rire sonore et franc.
- Ha, ha, ha, une tête d’angelot et des habits de mendiant ! Ha, ha, ha…une peau aussi lisse que celle d’un enfant et des yeux de fauve en furie…n’aie crainte, je ne te mettrai pas en cage !
- Excusez-moi, Monsieur, si je vous ai effrayé. Ne vous fiez pas à mes vêtements, et surtout, surtout, ne me chassez pas. J’implore votre aide ! Comme vous le voyez, vous n’avez rien à craindre de moi. Prenez-moi à votre service en échange de nourriture ; je peux me contenter d’une bouchée de pain, de quelques fruits et d’un peu d’eau. Je risque de mourir de faim si je ne m’alimente pas maintenant.
Le jardinier était un homme de cœur, il consentit à garder le jeune homme, il le surnomma « Angel », en souvenir de la première impression qu’il avait eu en le voyant.
Angel devint donc le commis du jardinier, avec lui, toute la journée il bêchait, sarclait, émondait, arrosait…La nuit il dormait dans une cabane qu’il avait construite entre les branches d’un cèdre, il aimait le contact avec la nature, le parfum de la végétation endormie…il aimait aussi la vue qu’il avait du château !
Parfois le soir, dans l’encadrement d’une fenêtre, il apercevait la fille du roi ; elle admirait le parc et regardait les étoiles avant de s’endormir. De sa cabane, Angel l’observait…et il se surprenait à rêver.
Un soir, alors qu’il contemplait en silence la jeune fille, il eu le désir d’être vu en retour, il ne pouvait plus continuer à être les yeux de la nuit, un observateur de l’ombre. Il fallait que la princesse le voie tel qu’il était vraiment. Le matin même, ils s’étaient croisés au détour d’une allée, mais la jeune fille n’avait pas daigné lever les yeux sur un jardinier vêtu de guenilles ; Angel en avait été attristé pour la journée.
Au crépuscule le jeune homme alluma une lampe, il brûla à sa flamme un des poils du cheval ailé. Aussitôt son ami se matérialisa. Angel ôta ses vêtements de misère, il sauta sur l’échine de l’animal fantastique et se mit à galoper sur la pelouse.
La princesse était à sa fenêtre. Quel ne fut pas son étonnement de voir apparaître sous les rayons lunaires, un bel homme resplendissant de lumière et chevauchant Pégase ! Elle se demanda si elle ne rêvait pas, mais quand elle vit le jeune homme se diriger vers la cabane du vagabond et disparaître dans l’ombre du cèdre ; elle sut, à ce moment précis, qui il était.
Le lendemain matin lorsque le jardinier du Roi vit ses plates-bandes et sa Roseraie saccagés, il explosa d’une colère inhabituelle. Rouge d’indignation, il accusa son commis d’avoir manqué de vigilance. De sa cabane, n’était-il pas aux premières loges pour surprendre le misérable qui avait massacré les parterres !
- Chenapan, est-ce ainsi que tu surveilles le jardin, les fleurs sont écrasées comme si un cheval les avait piétinées ! N’as-tu donc rien entendu ?
- Un cavalier est venu, Monsieur, mais je n’ai rien pu faire, il est passé tel l’éclair.
La princesse, qui avait entendu les cris, s’approcha. Non qu’elle s’intéressait aux querelles des jardiniers, mais elle trouva l’occasion idéale de rencontrer le commis qu’elle n’avait jamais regardé de jour.
- Pourquoi accusez-vous votre commis ? Si vous avez subi des dommages, prenez cette bourse, achetez les plans dont vous avez besoin pour refaire vos platebandes et gardez le reste de l’argent pour vous.
Le jardinier retrouva son calme, la bourse semblait bien pleine, il pourrait réparer les dégâts et réaliser un bénéfice. Finalement, cette mésaventure, à première vue contrariante, lui sera profitable.
Ainsi, il se trouvait une nouvelle fois sur les terres de son beau-père !
Se pourrait-il que la fille du roi habite en ce lieu ?
Le vieil homme lui avait souvent parlé de sa fille, dont il vantait les qualités et la beauté. Elle n’aimait pas l’isolement du château où vivait son père et préférait la vallée de xxxxx
Le jeune homme se sentit en sécurité, il décida de rester ici et renvoya son cheval.
- Reprends ta liberté, lui dit-il, va où bon te semble. Je garderai de toi ces quelques poils et, lorsque j’aurai besoin de ton aide, je t’appellerai.
Il faisait déjà nuit, le jeune homme se pelotonna sous un buisson et s’endormit.
Le lendemain matin des exclamations le réveillèrent :
- Un vagabond ! Un vagabond tapi dans le jardin du Roi ! Sors de là, montre-toi !
Le garçon sortit de sa couchette de fortune. Devant lui se tenait un homme, une bêche à la main, il était vêtu d’un tablier de jardinier, à ses pieds, des sabots. L’homme avait pour tâche d’entretenir le domaine, il s’en acquittait fort bien ; la végétation, magnifique dans ce jardin, appréciait ses soins. Des curieux il en avait vus, car nombreux étaient ceux qui voulaient admirer son parc, mais jamais il n’avait vu quelqu’un oser venir s’installer sous son Oranger du Mexique – d’où son courroux !
Le jeune homme dégagea légèrement sa capuche, laissant voir sa chevelure d’or et ses yeux incandescents…le jardinier, lorsqu’il aperçut le visage du jeune homme, laissa tomber sa bêche, il resta un instant sans voix, puis il se mit à rire, d’un rire sonore et franc.
- Ha, ha, ha, une tête d’angelot et des habits de mendiant ! Ha, ha, ha…une peau aussi lisse que celle d’un enfant et des yeux de fauve en furie…n’aie crainte, je ne te mettrai pas en cage !
- Excusez-moi, Monsieur, si je vous ai effrayé. Ne vous fiez pas à mes vêtements, et surtout, surtout, ne me chassez pas. J’implore votre aide ! Comme vous le voyez, vous n’avez rien à craindre de moi. Prenez-moi à votre service en échange de nourriture ; je peux me contenter d’une bouchée de pain, de quelques fruits et d’un peu d’eau. Je risque de mourir de faim si je ne m’alimente pas maintenant.
Le jardinier était un homme de cœur, il consentit à garder le jeune homme, il le surnomma « Angel », en souvenir de la première impression qu’il avait eu en le voyant.
Angel devint donc le commis du jardinier, avec lui, toute la journée il bêchait, sarclait, émondait, arrosait…La nuit il dormait dans une cabane qu’il avait construite entre les branches d’un cèdre, il aimait le contact avec la nature, le parfum de la végétation endormie…il aimait aussi la vue qu’il avait du château !
Parfois le soir, dans l’encadrement d’une fenêtre, il apercevait la fille du roi ; elle admirait le parc et regardait les étoiles avant de s’endormir. De sa cabane, Angel l’observait…et il se surprenait à rêver.
Un soir, alors qu’il contemplait en silence la jeune fille, il eu le désir d’être vu en retour, il ne pouvait plus continuer à être les yeux de la nuit, un observateur de l’ombre. Il fallait que la princesse le voie tel qu’il était vraiment. Le matin même, ils s’étaient croisés au détour d’une allée, mais la jeune fille n’avait pas daigné lever les yeux sur un jardinier vêtu de guenilles ; Angel en avait été attristé pour la journée.
Au crépuscule le jeune homme alluma une lampe, il brûla à sa flamme un des poils du cheval ailé. Aussitôt son ami se matérialisa. Angel ôta ses vêtements de misère, il sauta sur l’échine de l’animal fantastique et se mit à galoper sur la pelouse.
La princesse était à sa fenêtre. Quel ne fut pas son étonnement de voir apparaître sous les rayons lunaires, un bel homme resplendissant de lumière et chevauchant Pégase ! Elle se demanda si elle ne rêvait pas, mais quand elle vit le jeune homme se diriger vers la cabane du vagabond et disparaître dans l’ombre du cèdre ; elle sut, à ce moment précis, qui il était.
Le lendemain matin lorsque le jardinier du Roi vit ses plates-bandes et sa Roseraie saccagés, il explosa d’une colère inhabituelle. Rouge d’indignation, il accusa son commis d’avoir manqué de vigilance. De sa cabane, n’était-il pas aux premières loges pour surprendre le misérable qui avait massacré les parterres !
- Chenapan, est-ce ainsi que tu surveilles le jardin, les fleurs sont écrasées comme si un cheval les avait piétinées ! N’as-tu donc rien entendu ?
- Un cavalier est venu, Monsieur, mais je n’ai rien pu faire, il est passé tel l’éclair.
La princesse, qui avait entendu les cris, s’approcha. Non qu’elle s’intéressait aux querelles des jardiniers, mais elle trouva l’occasion idéale de rencontrer le commis qu’elle n’avait jamais regardé de jour.
- Pourquoi accusez-vous votre commis ? Si vous avez subi des dommages, prenez cette bourse, achetez les plans dont vous avez besoin pour refaire vos platebandes et gardez le reste de l’argent pour vous.
Le jardinier retrouva son calme, la bourse semblait bien pleine, il pourrait réparer les dégâts et réaliser un bénéfice. Finalement, cette mésaventure, à première vue contrariante, lui sera profitable.
à suivre
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Prince téméraire (suite)
j'ai lu avec plaisir l'histoire de ce Prince d'or et d'argent. Même prise in medias res (j'y arrive par le Printemps de la Prose et ne connais donc pas le début du conte), j'ai trouvé l'histoire attachante et très agréable à lire, car bien écrite.
Je ne peux m'empêcher de penser que son ambition et son intranquillité perdront ce Prince...téméraire, et sa princesse qui ne se fie qu'aux apparences clinquantes, mais je me trompe peut-être...j'essaierai de trouver la suite sur Macadam, si elle existe déjà, ou je l'attendrai.
Je ne peux m'empêcher de penser que son ambition et son intranquillité perdront ce Prince...téméraire, et sa princesse qui ne se fie qu'aux apparences clinquantes, mais je me trompe peut-être...j'essaierai de trouver la suite sur Macadam, si elle existe déjà, ou je l'attendrai.
Re: Prince téméraire (suite)
Voilà où tu pourras lire ce qui précédait :
http://www.macadam-forum.net/t3146-prince-temeraire-suite
et le tout début (lire la fin du fil où se trouve la version à retenir) :
http://www.macadam-forum.net/t3059-prince-temeraire
http://www.macadam-forum.net/t3146-prince-temeraire-suite
et le tout début (lire la fin du fil où se trouve la version à retenir) :
http://www.macadam-forum.net/t3059-prince-temeraire
Carmen P.- MacadAccro
- Messages : 1525
Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Prince téméraire (suite)
merci beaucoup pour les liens ! Je vais aller lire ça dès que possible.
A bientôt !
A bientôt !
Re: Prince téméraire (suite)
J'étais passée à côté de cette histoire, et c'est bien dommage, car elle est vraiment jolie! Je reviendrai sans doute lire le reste....
Sasvata
Sasvata
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: Prince téméraire (suite)
Les cavaliers firent demi tour, ils ne remarquèrent pas le cheval ailé quand celui-ci passa au-dessus de leurs têtes.
Angel rejoignit le champ des batraciens où l’attendait son vieux cheval, il enfila ses vêtements devenus raides comme du carton, car la boue en séchant en avait resserré désagréablement les fibres, puis il attendit que les cavaliers arrivent à son niveau.
Quand les chevaliers virent le jardinier dans la même fâcheuse posture qu’à l’allé, ils se moquèrent de lui sans vergogne.
L’infortune rencontre rarement la pitié sur sa route ! Ah, les beaux seigneurs qu’ils croyaient être !
La joie des Seigneurs, si peu scrupuleux, fut bien éphémère. Lorsqu’ils versèrent, sûrs d’eux, le lait dans les yeux du roi, au lieu de ressentir le soulagement attendu, celui-ci poussa un cri de douleur ; le lait de phacochère lui brûlait horriblement les yeux. Le guérisseur affirma qu’il ne pouvait s’agir de lait de gazelle, et les chevaliers durent s’expliquer. Ils reconnurent avoir acheté le lait en cours de route, mais passèrent les détails de leur transaction. Ce manquement à leur mission n’était pas pour rehausser leur prestige, même aux yeux d’un Roi aveugle.
La princesse intervint une nouvelle fois auprès de son père, elle le pria d’accepter d’utiliser le lait que son mari avait rapporté.
- Que me racontes-tu là ? s’exclama le roi. Mes plus fidèles amis sont allés au bout du monde et n’ont pas trouvé de lait De gazelle, comment veux-tu que ton mari, qui n’a réussi qu’à s’embourber au champ des batraciens, puisse posséder mon remède ?
- Vous pouvez toujours essayer, père, insista la jeune femme. Que risquez-vous ?
- Ah fille entêtée, apporte- moi ce lait ! Je doute qu’il me soigne… nous verrons bien ce qui arrivera.
La princesse sortit de sa poche le précieux flacon, le réchauffa dans ses mains avant de faire couler quelques gouttes dans chacun des yeux souffrants de son père. À la surprise de tous, et malgré ses doutes le roi recouvrit la vue.
- Ma fille, tu es ma bénédiction, s’écria-t-il, tu m’as rendu la vue !
Je ne saurais supporter plus longtemps de te voir vivre dans une cabane. Retourne dans tes appartements avec ton mari, mais arrange-toi pour que jamais il ne paraisse devant moi quand je serai au château ! Je ne suis pas encore convaincu de son honnêteté.
Quelques temps plus tard, une guerre éclata. Le roi rassembla ses armées et confia la direction des combats à un vaillant Seigneur. Lui-même était trop âgé pour participer à ce conflit, il le regrettait, car rester dans un camp retranché n’était pas digne d’un monarque ! Il songea avec tristesse au fils adoptif qu’il avait perdu…comme cet enfant généreux aurait bien défendu les intérêts du Royaume !
Sa fille arriva, et coupa court à ses pensées nostalgiques.
- Père, permettez à mon époux de partir au combat. Donnez-lui un cheval !
Le roi accepta sans discuter, cette fois-ci, il exigea seulement qu’Angel reste à l’écart des autres chevaliers.
Alors que tous se préparaient, le jeune homme prit de l’avance sur la cavalerie. Au lieu dit du Champ des batraciens il fit semblant de s’embourber.
Lorsque le Roi vit son gendre dans une posture aussi ridicule, il passa son chemin en feignant de ne rien voir, mais il entendit les rires malveillants de ses hommes qui contemplaient la scène ; le roi en souffrit, il se sentit personnellement humilié. Comment ceux qui représentaient sa cour pouvaient-ils être si arrogants ?
La bataille qui s’engagea un peu plus tard fut terrible. De loin, le Roi comprit que ses hommes allaient perdre le combat, que la déroute était imminente, quand, surgit de nulle part un homme mi-or, mi-argent, il montait un coursier ailé et étincelait sous le soleil. Son sabre s’abattait avec une énergie surhumaine ; les ennemis, devant une telle apparition, furent pris de panique et ne tardèrent pas à battre en retraite.
Angel, qui se sortit du combat sans une égratignure, n’hésita pas à se couper le bout d’un doigt, puis il galopa en direction des troupes du roi. On remarqua que le brillant chevalier était légèrement blessé, alors le souverain offrit pour bandage le carré de soie blanche brodé à ses initiales qu’il portait autour de son cou.
Il souhaita parler au chevalier providentiel, mais celui-ci s’était déjà envolé.
Sur le chemin du retour, l’armée Royale dut repasser par le champ des batraciens. Devinez qui ils virent ? Angel, habillé tel un gueux et toujours enlisé dans le marécage maudit…
Le roi était consterné, il pensa :
- Qu’ai-je fait à Dieu pour qu’il m’afflige d’un tel gendre ! Pourquoi ne s’est-il pas sorti de cette situation embarrassante avant notre passage ?
(à suivre)
Angel rejoignit le champ des batraciens où l’attendait son vieux cheval, il enfila ses vêtements devenus raides comme du carton, car la boue en séchant en avait resserré désagréablement les fibres, puis il attendit que les cavaliers arrivent à son niveau.
Quand les chevaliers virent le jardinier dans la même fâcheuse posture qu’à l’allé, ils se moquèrent de lui sans vergogne.
L’infortune rencontre rarement la pitié sur sa route ! Ah, les beaux seigneurs qu’ils croyaient être !
La joie des Seigneurs, si peu scrupuleux, fut bien éphémère. Lorsqu’ils versèrent, sûrs d’eux, le lait dans les yeux du roi, au lieu de ressentir le soulagement attendu, celui-ci poussa un cri de douleur ; le lait de phacochère lui brûlait horriblement les yeux. Le guérisseur affirma qu’il ne pouvait s’agir de lait de gazelle, et les chevaliers durent s’expliquer. Ils reconnurent avoir acheté le lait en cours de route, mais passèrent les détails de leur transaction. Ce manquement à leur mission n’était pas pour rehausser leur prestige, même aux yeux d’un Roi aveugle.
La princesse intervint une nouvelle fois auprès de son père, elle le pria d’accepter d’utiliser le lait que son mari avait rapporté.
- Que me racontes-tu là ? s’exclama le roi. Mes plus fidèles amis sont allés au bout du monde et n’ont pas trouvé de lait De gazelle, comment veux-tu que ton mari, qui n’a réussi qu’à s’embourber au champ des batraciens, puisse posséder mon remède ?
- Vous pouvez toujours essayer, père, insista la jeune femme. Que risquez-vous ?
- Ah fille entêtée, apporte- moi ce lait ! Je doute qu’il me soigne… nous verrons bien ce qui arrivera.
La princesse sortit de sa poche le précieux flacon, le réchauffa dans ses mains avant de faire couler quelques gouttes dans chacun des yeux souffrants de son père. À la surprise de tous, et malgré ses doutes le roi recouvrit la vue.
- Ma fille, tu es ma bénédiction, s’écria-t-il, tu m’as rendu la vue !
Je ne saurais supporter plus longtemps de te voir vivre dans une cabane. Retourne dans tes appartements avec ton mari, mais arrange-toi pour que jamais il ne paraisse devant moi quand je serai au château ! Je ne suis pas encore convaincu de son honnêteté.
Quelques temps plus tard, une guerre éclata. Le roi rassembla ses armées et confia la direction des combats à un vaillant Seigneur. Lui-même était trop âgé pour participer à ce conflit, il le regrettait, car rester dans un camp retranché n’était pas digne d’un monarque ! Il songea avec tristesse au fils adoptif qu’il avait perdu…comme cet enfant généreux aurait bien défendu les intérêts du Royaume !
Sa fille arriva, et coupa court à ses pensées nostalgiques.
- Père, permettez à mon époux de partir au combat. Donnez-lui un cheval !
Le roi accepta sans discuter, cette fois-ci, il exigea seulement qu’Angel reste à l’écart des autres chevaliers.
Alors que tous se préparaient, le jeune homme prit de l’avance sur la cavalerie. Au lieu dit du Champ des batraciens il fit semblant de s’embourber.
Lorsque le Roi vit son gendre dans une posture aussi ridicule, il passa son chemin en feignant de ne rien voir, mais il entendit les rires malveillants de ses hommes qui contemplaient la scène ; le roi en souffrit, il se sentit personnellement humilié. Comment ceux qui représentaient sa cour pouvaient-ils être si arrogants ?
La bataille qui s’engagea un peu plus tard fut terrible. De loin, le Roi comprit que ses hommes allaient perdre le combat, que la déroute était imminente, quand, surgit de nulle part un homme mi-or, mi-argent, il montait un coursier ailé et étincelait sous le soleil. Son sabre s’abattait avec une énergie surhumaine ; les ennemis, devant une telle apparition, furent pris de panique et ne tardèrent pas à battre en retraite.
Angel, qui se sortit du combat sans une égratignure, n’hésita pas à se couper le bout d’un doigt, puis il galopa en direction des troupes du roi. On remarqua que le brillant chevalier était légèrement blessé, alors le souverain offrit pour bandage le carré de soie blanche brodé à ses initiales qu’il portait autour de son cou.
Il souhaita parler au chevalier providentiel, mais celui-ci s’était déjà envolé.
Sur le chemin du retour, l’armée Royale dut repasser par le champ des batraciens. Devinez qui ils virent ? Angel, habillé tel un gueux et toujours enlisé dans le marécage maudit…
Le roi était consterné, il pensa :
- Qu’ai-je fait à Dieu pour qu’il m’afflige d’un tel gendre ! Pourquoi ne s’est-il pas sorti de cette situation embarrassante avant notre passage ?
(à suivre)
Carmen P.- MacadAccro
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Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Prince téméraire (suite)
Prince téméraire (suite et fin)
De retour au palais, le roi fit organiser une grande fête pour célébrer la victoire. Tous les nobles du royaume furent conviés. La Princesse intercéda auprès du roi pour que son mari reçoive lui aussi une invitation. Ce ne fut pas chose facile que d’obtenir une telle faveur ; le Roi étant encore sous le coup du vif sentiment d’humiliation qu’il avait ressenti en voyant son gendre se ridiculiser aux yeux de tous. De guerre lasse le Roi néanmoins céda. Il dit d’une voix résignée :
- Qu’il vienne, ma fille, mais qu’il soit discret et reste en bout de tablée.
Lorsque les Beaux Seigneurs arrivèrent, chacun prit la place que son rang lui assignait, et Angel s’assit comme il le lui avait été recommandé en dernier et sur le siège le plus éloigné.
Au cours du repas les serviteurs apportèrent des rince-doigts, et se gardèrent de servir le malheureux chevalier qui dut tirer de sa poche le carré de soie cousu de fils d’or, que le roi lui avait donné après le combat.
Le geste du jeune homme ne passa pas inaperçu, car le Roi surveillait cet invité indésirable du coin de l’œil. Le Roi, malgré sa rancune, ne put feindre d’ignorer plus longtemps son gendre, il lui adressa enfin la parole :
- Où as-tu trouvé cette étoffe ?
- Seigneur, c’est vous qui me l’avez fait apporté lorsque j’ai été blessé durant le combat. répondit Angel.
- Serait-ce toi le héros qui nous a épargné une cuisante défaite ? s’exclama le Roi. Sa voix partagée entre l’incrédulité et la joie sortie érayée de sa gorge.
Le jeune homme ne répondit pas, il se contenta de se redresser, il montra à tous un crin de son cheval ailé, l’enflamma et l’animal surgit aussitôt devant la salle interloquée. Le jeune homme enfourcha l’animal, ses vieux habits se détachèrent en lambeaux de sa silhouette et il apparut dans sa splendeur solaire.
Un murmure d’admiration s’éleva et gonfla comme une vague. Quand le calme revint, le jeune homme prit la parole :
- Seigneur, je suis votre humble serviteur, et votre dévoué fils, jamais je ne vous ai déshonoré, même si les apparences ont pu vous le laisser croire. Vos seigneurs ne vous servent pas comme ils le prétendent, d’ailleurs ils portent votre sceau sur leurs cuisses. C’est moi qui les ai marqués lorsqu’ils ont pris, pour ménager les efforts qu’ils devaient à leur Roi, du lait de sanglier au lieu d’aller au bout de leur mission en vous rapportant le remède dont vous aviez besoin.
Le Roi fit vérifier les dires de son gendre. Il avait dit vrai ; chaque chevalier portait l’empreinte du sceau du Roi, que seule sa fille détenait ; il lui avait remis, quand elle avait choisi de vivre dans la vallée, une bague où figuraient les armoiries de la famille !
Le roi reconnut tout à coup le jeune homme qui par deux fois lui avait permis de retrouver la vue. Trois fois même, car le Roi prit conscience, en son cœur, qu’une cécité mentale lui avait interdit d’imaginer un seul instant, que ce jeune homme, qui avait trouvé refuge dans le parc du château de la ville, puisse être le fils qu’il avait protégé dans sa forteresse des hauteurs.
Les erreurs passées ne se rattrapent pas, il suffit de changer d’attitude pour qu’elles soient annulées. Dans sa sagesse le Roi donna immédiatement une place d’honneur à son gendre. Les autres Seigneurs, confus, durent s’asseoir un peu plus loin du Roi et descendre encore plus bas dans son estime.
Angel, dont la valeur était maintenant reconnue dans tout le Royaume, put mener la vie à laquelle il se préparait depuis son plus jeune âge.
Il n’oublia pas ses parents de sang. Il les fit venir auprès de lui afin qu’ils mènent enfin une vie confortable. Dans le parc du château, à l’emplacement de sa cabane, il fit construire un pavillon où ses parents vécurent heureux jusqu’à la fin de leur vie.
Le vieux Roi, quant à lui, préféra rejoindre ses montagnes où, loin des intrigues de la cour qui le fatiguaient, il pouvait savourer de paisibles journées. Il ne se sentait plus isolé ni inquiet ; son royaume était en de bonnes mains et le couple princier venait souvent lui rendre visite grâce au cheval ailé.
Quand le vieux Roi mourut, Angel lui succéda sur le trône. Je vous laisse imaginer ce que fut son règne.
Depuis, il existe une ville où chaque homme réussit à vivre heureux, exerçant le métier qui lui convient le mieux, tout en ayant suffisamment de temps libre à consacrer à ses amis et à sa famille. Si un étranger parvient à pénétrer dans la citadelle il y est reçu comme un prince. L’accueil ici est si chaleureux qu’une fois ce lieu découvert on n’éprouve plus le besoin de partir. Les hommes vivent détachés de tout souci lié aux apparences et ignorent la défiance car leur gentillesse jamais n’est méprisée. Seul un cœur joyeux et bien intentionné peut traverser les brumes de l’ignorance et découvrir ce royaume merveilleux.
FIN
De retour au palais, le roi fit organiser une grande fête pour célébrer la victoire. Tous les nobles du royaume furent conviés. La Princesse intercéda auprès du roi pour que son mari reçoive lui aussi une invitation. Ce ne fut pas chose facile que d’obtenir une telle faveur ; le Roi étant encore sous le coup du vif sentiment d’humiliation qu’il avait ressenti en voyant son gendre se ridiculiser aux yeux de tous. De guerre lasse le Roi néanmoins céda. Il dit d’une voix résignée :
- Qu’il vienne, ma fille, mais qu’il soit discret et reste en bout de tablée.
Lorsque les Beaux Seigneurs arrivèrent, chacun prit la place que son rang lui assignait, et Angel s’assit comme il le lui avait été recommandé en dernier et sur le siège le plus éloigné.
Au cours du repas les serviteurs apportèrent des rince-doigts, et se gardèrent de servir le malheureux chevalier qui dut tirer de sa poche le carré de soie cousu de fils d’or, que le roi lui avait donné après le combat.
Le geste du jeune homme ne passa pas inaperçu, car le Roi surveillait cet invité indésirable du coin de l’œil. Le Roi, malgré sa rancune, ne put feindre d’ignorer plus longtemps son gendre, il lui adressa enfin la parole :
- Où as-tu trouvé cette étoffe ?
- Seigneur, c’est vous qui me l’avez fait apporté lorsque j’ai été blessé durant le combat. répondit Angel.
- Serait-ce toi le héros qui nous a épargné une cuisante défaite ? s’exclama le Roi. Sa voix partagée entre l’incrédulité et la joie sortie érayée de sa gorge.
Le jeune homme ne répondit pas, il se contenta de se redresser, il montra à tous un crin de son cheval ailé, l’enflamma et l’animal surgit aussitôt devant la salle interloquée. Le jeune homme enfourcha l’animal, ses vieux habits se détachèrent en lambeaux de sa silhouette et il apparut dans sa splendeur solaire.
Un murmure d’admiration s’éleva et gonfla comme une vague. Quand le calme revint, le jeune homme prit la parole :
- Seigneur, je suis votre humble serviteur, et votre dévoué fils, jamais je ne vous ai déshonoré, même si les apparences ont pu vous le laisser croire. Vos seigneurs ne vous servent pas comme ils le prétendent, d’ailleurs ils portent votre sceau sur leurs cuisses. C’est moi qui les ai marqués lorsqu’ils ont pris, pour ménager les efforts qu’ils devaient à leur Roi, du lait de sanglier au lieu d’aller au bout de leur mission en vous rapportant le remède dont vous aviez besoin.
Le Roi fit vérifier les dires de son gendre. Il avait dit vrai ; chaque chevalier portait l’empreinte du sceau du Roi, que seule sa fille détenait ; il lui avait remis, quand elle avait choisi de vivre dans la vallée, une bague où figuraient les armoiries de la famille !
Le roi reconnut tout à coup le jeune homme qui par deux fois lui avait permis de retrouver la vue. Trois fois même, car le Roi prit conscience, en son cœur, qu’une cécité mentale lui avait interdit d’imaginer un seul instant, que ce jeune homme, qui avait trouvé refuge dans le parc du château de la ville, puisse être le fils qu’il avait protégé dans sa forteresse des hauteurs.
Les erreurs passées ne se rattrapent pas, il suffit de changer d’attitude pour qu’elles soient annulées. Dans sa sagesse le Roi donna immédiatement une place d’honneur à son gendre. Les autres Seigneurs, confus, durent s’asseoir un peu plus loin du Roi et descendre encore plus bas dans son estime.
Angel, dont la valeur était maintenant reconnue dans tout le Royaume, put mener la vie à laquelle il se préparait depuis son plus jeune âge.
Il n’oublia pas ses parents de sang. Il les fit venir auprès de lui afin qu’ils mènent enfin une vie confortable. Dans le parc du château, à l’emplacement de sa cabane, il fit construire un pavillon où ses parents vécurent heureux jusqu’à la fin de leur vie.
Le vieux Roi, quant à lui, préféra rejoindre ses montagnes où, loin des intrigues de la cour qui le fatiguaient, il pouvait savourer de paisibles journées. Il ne se sentait plus isolé ni inquiet ; son royaume était en de bonnes mains et le couple princier venait souvent lui rendre visite grâce au cheval ailé.
Quand le vieux Roi mourut, Angel lui succéda sur le trône. Je vous laisse imaginer ce que fut son règne.
Depuis, il existe une ville où chaque homme réussit à vivre heureux, exerçant le métier qui lui convient le mieux, tout en ayant suffisamment de temps libre à consacrer à ses amis et à sa famille. Si un étranger parvient à pénétrer dans la citadelle il y est reçu comme un prince. L’accueil ici est si chaleureux qu’une fois ce lieu découvert on n’éprouve plus le besoin de partir. Les hommes vivent détachés de tout souci lié aux apparences et ignorent la défiance car leur gentillesse jamais n’est méprisée. Seul un cœur joyeux et bien intentionné peut traverser les brumes de l’ignorance et découvrir ce royaume merveilleux.
FIN
Carmen P.- MacadAccro
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Date d'inscription : 18/11/2009
Re: Prince téméraire (suite)
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Six-septième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
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Date d'inscription : 04/09/2009
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