L'Entrée en matière

L’ordinateur mettait un certain temps à s’ouvrir, comme une fleur qui retarde son éclosion au maximum, synonyme de mort.
- Y’a tout ça sur ton écran, disait la fille, c’est fou ! “et en couleur en plus”, pensait-elle, radieuse, comme la fleur.
- Eh oui, dus-je répondre, eh oui, deux fois.
C’était la première fois que j’ouvrais mon outil de travail dans ces conditions ; nombre de filles à ce jour avait déjà profité de la chose, mais jamais dans un but de travail : toujours par curiosité. Là, ce soir, il y avait bien la curiosité mais pas seulement ; la différence, c’est qu’on allait écrire d’abord et lire ensuite. Une aventure prometteuse qui, si la patience était au rendez-vous, devait conduire en des terres inconnues et inexplorées, vierges de toutes aspérités humaines et matérielles. La chance voulait que... et la chance nous sourit, comme la fleur. Il fallait créer pour ne pas tomber, perdre les pétales ! Mais déjà nous buttions sur les mots de notre suite... je lui dis : C’est normal, il faut mériter ce départ ; si c’était trop facile, on ne verrait pas grand chose et l’aventure finirait bien vite.
Elle me regarda sans trop savoir si ça valait bien la peine... car elle percevait déjà la difficulté. Si je ne tiens pas mes engagements maintenant, ça va être une déception nouvelle... mince ! je ne me doutais pas que ça serait si difficile ! Mais bon : je dirais que pour une entrée en matière, c’est déjà pas si mal. Demain, il fera jour.
 
*

Le lendemain, il faisait bien jour, mais sa nuit fut tellement agitée de rêve en cauchemar qu’elle ne le ressentit pas banal, le jour nouveau. Force était de constater que ça ne lui était pas arrivée depuis longtemps. Elle était à la fois contente et fatiguée, épuisée, soulagée. Elle prit le parti de voir le bon et ne pas se recoucher. Une voix lointaine mais présente lui rappelait sa nuit, méandres de rêves et cauchemars - “tout est trop petit, les draps, le lit, la forme, la vie, j’entasse trop (c’était ça son cauchemar ! Je veux voyager grand, libre, l’air, espace infini de paysages inexplorés...”
La journée, elle n’eut pas le temps de la voir passer. Le soir, prisonnière encore d’une sorte de brume laiteuse claire, elle décolla sans trop de difficulté.
Elle revit son rêve et les cauchemars de la nuit passée ; elle comprit que sous les crises et les tensions, les situations inextricables, il y avait quelque chose de caché, prisonnier, interdit de voler. Elle se dit à elle-même : “ Eh bien, moi qui croyais avoir mené une vie de bout en train sans perdre mon temps... c’est que je voulais être une femme moderne, à l’image des stars, mariée-séparée-comblée..., et je vois trop bien où ça m’a conduit. Cet essai de la veille au soir, ça a pris, comme le ciment dans les joints de pierres, et maintenant je ne vois plus les choses pareil ; c’est un fait que je voulais du changement, mais j’ai entrevu le moyen de provoquer ce changement ; c’est tout à mon honneur pour le plaisir et bien de tous. Mais les autres, je m’en fous, je me servirai d’eux, c’est tout. Voilà tout. Et tu crois que ça va se passer comme ça aussi facilement ? - J’ai dit que je me servirai d’eux, pas que je les ignorerai. J’ai assez à m’occuper de moi maintenant pour me soucier de contenter Pierre ou Paul (quelle chance qu’il ne s’appelle pas comme ça !) Et puis de toute façon, il est parti, je suis seule et...

Dam, à suivre...

Une écriture végétale donc...à suivre!

Dans ce premier passage...puisqu'il y a une suite, tu sais ce que je voyais?

Deux personnages qui ne faisaient qu'un.
Ca parait étrange mais j'avais, au cours de ma lecture, l'impression que tu te parlais à toi même. Peut être que c'est parce que je le fais moi même !?

Du rêve au cauchemar le pas est court mais y a toujours moyen d'analyser le tout et au final, tout redevient tranquille.

... à suivre

Sylvie