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La nuit aux Sardinaux

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La nuit aux Sardinaux Empty La nuit aux Sardinaux

Message  Dam Mar 21 Déc - 0:28

            Ceci expliquant peut-être cela, le soir, on avait prévu avec Les Paul (famille de ma mère), de jouer les saynètes aux Sardinaux - “ma pointe sauvage” ; Cam en était toute retournée, je ne sais pour quelle raison obscure, enfin bref, passons.
 
(Paul, le père (P.D.G. des agences d’intérim), tenait bien secrètes les adresses pour son B.T.S. (en alternance), et elle ne pouvait comprendre cela, à moins d’amertume (on dira comme ça) ; à moins... de jalousie aussi - complexe de jeunesse - pour ces deux belles plantes, qu’étaient mes cousines, et leurs petites soeurs (Justine et Candice), adorables... avec moi, stop.)
 
            ... Après quelques bonnes péripéties dont je vous ferai grâce (pardon), c’est qu’il faisait noir.. pour écrire - et puis, j’étais occupé pour ces belles de nuit - merguez poulet, et compagnie - je décidai de passer seul la nuit, ici, sur la pointe sauvage...


*
 
- Mortes-eaux -
(le pis de l’aventure)
 
            J’ai dit “Adieu” à tout le monde, et les regardant partir (avec leurs clous), les ai salués de loin. Puis, j’ai ranimé un peu le feu en sortant le sable qu’ils avaient jeté dessus pour l’étouffer, me suis grillé une roulée avec un tison et j’ai attendu comme ça - cinq six minutes - face à la nuit et fixant la mer ; cinq six minutes, c’était le temps qu’ils mettraient pour rejoindre les voitures, ranger les affaires, mettre le clou au coffre, et partir.
            Ma lampe était plutôt effilée jaune et puissante. On l’appellera lampe-pinceau.
            Pendant qu’ils mettaient leur ceinture, j’enfilais ma combinaison ; et quand ils démarrèrent avec clignotant gauche, j’avais bouclé ma ceinture de plomb, allumé ma torche et prenais la mer.
          
            En glissant dans l’eau, un hélicoptère passa - à deux heures - du matin ? - c’était plus fort que moi, et j’imaginais ceci entre deux eaux :  << É. . Écoutez monsieur - en fermant les volets ce soir, j’ai senti. . - et dieu sait si je m’y connais, malheureusement ; j’ai changé trois fois de maisons dans ma vie à cause des feux ! Alors, je ne sais pas si c’est un feu de camp  (ni où ni comment), mais je vous serais bien aise de vous en assurer. >>
            - Où êtes-vous, madame ?
            << Au “Cap au Vent”.
            - Non. Je veux dire, où habitez-vous ?
            << Au “Cap au Vent”, à la pointe des Sardinaux.
          Elle y tient à sa maison ! - Bien, on va faire le nécessaire - soyez bien rassurée, madame.
            << Merci. >>
            L’agent de la sécurité raccrocha le premier.
 
(à ses techniciens)
            - Rien à signaler du côté des Sardinaux ?
            - Non ! Disent-ils, tous en coeur en se moquant, puis chantant :
“ C’est un feu d’camp. . .
Sauvage, comme dans l’temps
Avec des enfants,
Et puis des parents. . . ”
 
            << Encore une folle-dingue, merci ! >>
(puis se tournant vers les techni-moqueurs)
            << ... Les gars, ça va - Merci !!! >>

            Mes doigts caressèrent le corps chaud et lisse de la lampe-pinceau.
            De temps à autre, je regardais le ciel pour me diriger - un chapelet d’étoiles comme un tir groupé - juste à ce moment-là, le tonnerre gronda.
            J’entendais une voix qui disait, insistante : << Sois prudent, sois prudent. . . >> sans cesse et sans savoir pourquoi ?  J’essayais de me faire une raison - << Sûr qu’ils vont parler de moi à la maison ! >>                                       
            (Mère sur son lit : ) - “ Chéri, ça se couvre ; ça m’ennuie pour Dam. . . Et s’il pleuvait ! ”      
            (Père, plongé dans son livre : ) - “ Eh bien. . qu’est-ce que tu veux qu’j’te dise ?! ”
(et Cam sur sa couche : ) - “ Quand-même, il est courageux. Bien courageux, bien. . . (elle ronfle)
 
            Voilà à quoi je pensais, et dans quelle atmosphère sentimentale étrange j’étais dans le premier quart-d’heure de ma plongée en eau rase. Je dis bien “le premier quart-d’heure” car, à partir de là (peut-être parce que je ne pensais plus, ou encore étais-je libre et inconscient) - Donc, dis-je, à partir de maintenant, accrochez-vous, c’est burlesque !
 
(on prendra “il” pour le récit qui suit)
             - Qui suit ?
           “ Personne ! tu n’as pas encore commencé. . .”
             - C’est bon, vous suivez, très bien ! Alors on y va. >>
 
            Il ne devait plus être très loin d’un point dont il s’était maladroitement éloigné à cause de la nuit ; il avait suivi le courant (des pensées) et, sa plaie au tibias lui tirant atrocement sous la combinaison, l’avait contraint à ne pas plier les jambes (seulement pour éviter les récifs) ; dans la nuit, avec sa blessure sanguinnoçante, il s’était égaré, éloigné au lieu de se rapprocher. C’était pas tout à fait la nuit, donc, mais pas tout à fait un hasard non plus - une fatalité - cette attirance pour la mer en toute circonstance et, qui plus est, quand l’occasion se présente.
Enfin bref, passons.
            Il ne devait plus être très très loin maintenant.
Quand il leva sur l’eau sa tête cagoulée, il était tout près du rocher “zéro” - un simulacre de digue subulée (armada de rochers plats et pointus à perte de vue), cassés comme la mâchoire mastoc d’un grand monstre préhistorique ; il crut voir. . . non !
          Comme c’est étrange . . un loup ?
            Ce qu’il avait pris pour un poisson brillant dans le faisceau de la lampe torche, n’était autre que. . . Non ? c’est pas dieu possible !
            Une peur soudaine et terrible l’envahit. Il crispa ses doigts sur le corps froid et pâle de sa lampe-torche, puis il releva doucement la tête et fixa avec étonnement (mais un étonnement plutôt grave), la lame luisante d’une hache qu’une masse sombre et trapue brandissait à bout de bras, menaçante, sous la pleine lune. . .
            Il essaya de se raisonner - << Comme c’est étrange ; peut-être est-ce l’extraterrestre évoqué tout à l’heure autour du feu de camp, ou encore mieux l’indien qui dansait avec son clou mirliton en chantant un “T. D.”, ou tout simplement l’abominable homme des mers ? >>. C’est alors qu’une lame plus forte lui décalotte la cagoule. Vite, il porte une main libre (la gauche), pour voir . . rumine quelque chose - << M. . . Tout est à sa place, c’est bon - mais alors, quel massage anti-chute sûrefficace s’il ne me scalpe. . tout à fait !!! >>
            Il essaya de se raisonner encore - << C’est fou ! En admettant que tout ceci est le fruit délicieux de mon imagination délavée après l’effort insensé que j’ai dû fournir pour arriver jusque là - contre le courant et sous les vagues. >> Soudain, son masque buta sur un énorme noyau ovoïde de pastèque désintégrée, et cela eut bon dos de l’énerver carrément.
            De rage, il fendit la mer de son harpon vengeur.
À la suite de cette action, et sans le vouloir, il embrocha une seiche folle qu’il mit un temps fou à dégager des ficelles, décalotter et enfiler à son accroche-poissons. Un véritable exercice de style  ! << C’est bien fait - et en plus, tu ne pourras même pas me mordre à travers ma combi-  naison ! >>
Quand il se sentit mieux enfin, après quelque vague méditation écumante (sur lui-même), il prit son courage à deux palmes et releva promptement la tête...
            << Eh bien, pensa-t-il, ça va pas, moi !
... Il est temps de rentrer, je crois ! >>
 
 
*
 
(Le retour)
 
            Quand vous êtes en mer, s’il y a une règle qu’il faut respecter, c’est bien celle de toujours revenir au point “zéro” d’où vous êtes partis - pas question de rejoindre le rivage au point éloigné et incertain (de nuit comme de jour) pour gagner votre gîte à pinces ; cet ordre qu’il faut respecter comme un commandement, ou bien vous êtes banni en quelque sorte de la race des plongeurs et qui sait, alors, ce qui peut vous arriver de pire. Ici, par exemple, je savais que j’aurais plus de mal en rentrant par la côte rocheuse, et que les vagues m’en empêcheraient de toute façon - vous voyez bien. Mais gare ! ça n’est pas pour ça que vous êtes sauvés et que tout danger est écarté. Car il y a ceci à savoir aussi : tant que vous êtes dans l’eau, vous êtes soumis à beaucoup plus fort que vous, qui que vous soyez - titan ou chétif - vous êtes en “crise” si vous mentez aux règles - La mer, elle, ne vous ratera pas.
          C’est alors que je pensais à mon rendez-vous du jour avec la Dame de Grasse ; à l’instant même de cette fuite rêveuse, je vis un loup énorme qui nageait à deux brasses.
Je savais que le loup est un animal curieux - au sens propre du terme - c’est à dire que si vous le manquez - après l’avoir fait fuir, il revient vous voir d’encore plus près - plus près que jamais. Mais je savais aussi qu’il ne fallait pas penser de la sorte, car sa curiosité n’était pas sans raison - il vous comprenait. . mieux encore lisait-il dans vos pensées guerrières - il fallait donc le surprendre avant tout.
Exemple : (Bien que je pensais tout ceci en un éclair, il aurait sitôt compris ce que je concoctais et aurait calté sans crier garde !) En somme, en mer, il ne faut pas trop penser ; c’est pour ça que j’aimais cette pratique de la chasse. Mais là, je ne pensais qu’à la Dame de Grasse et c’est tout, alors. . .
            Alors quoi !
            “ Les exemples viennent à l’appui des règles ” : Alors, je prends la direction de sa fuite présumée (comme si je ne le remarquais pas), et quand je suis face à lui (s’il est toujours là), je me laisse couler au fond doucement en le regardant bien droit dans les yeux - il me regarde, curieux. . j’approche, il approche. . et toc ! - planté le loup - en haut du dos - pour qu’il ne se déchire pas.
            La prise est belle. Deux kilos au moins et quelques grammes d’appui pour ma gouverne - bonne conduite, bonne prise.
            Alors ? Un fusil à deux coups ?...

Penses-tu ! Deux coups pour rien ; un seul suffisait - suffit de savoir y faire !
            Et puis quoi encore ?...
            Je rase les rochers pour aller plus vite ; pris dans le tourbillon de la vague, je fais trois têtes à palme et je suis sur le sable. . . Le loup à ma ceinture en était tout retourné !


*

(Sur la plage)
 
            Le récit de la plage est plus banal et je vous en ferai grâce à deux ou trois points près.
Le premier, c’est que j’avais chaud, curieusement, ce qui ne m’empêcha pas de ranimer le feu de trois pommes de pins.
Le second point est que le ciel s’étant couvert sous la poussée du vent d’Est, je craignais le pire qu’il ne se mette à pleuvoir.
Le troisième enfin : je m’habillais vite pour écrire l’histoire qui bourdonnait à mes oreilles depuis une bonne heure. Cette histoire vécue qu’il faut écrire - il faut s’en souvenir pour qu’on s’en souvienne - c’est normal.
Alors, commençons, si vous le voulez bien, par le commencement.
            “ Mais tu as déjà commencé !
            - Oui, c’est juste - mais si mal écrit que je ne puis me relire !
           “ Essaie quand même. . .
            - Oh non ! C’est de l’histoire passée - voici la présente.
          “ Tu crois que ça va être mieux ?
Je sais pas. . on verra bien.

            Le simple fait de savoir qu’ils ne m’avaient laissé que des chips salées à manger... le seul aliment capable d’assoiffer un chameau en plein désert !... Eh bien, ceci dit, j’aime encore mieux grelotter auprès du feu (car j’avais froid maintenant), et rester seul avec lui, sa lumière légitime et méritée pour écrire pas trop mal - honnête, non ?
Pour l’heure, c’était pire que tout et mieux que rien : ma page blanche était glacée et je tremblais de froid -  j’avançais néanmoins  comme il faut mon récit, en écrivant serré serré pour me prémunir contre la panne de feuille (cale sèche), ou pire pour vous lecteur, contre tout roman fleuve (ou roman-songe, gros mensonge), injuste et illégitime - quoi, honnête !!!
 
            Au point “zéro” où j’en étais, c’était moins important de rentrer entier pour manger le loup, que d’écrire ceci : Je jette mes cache-misère sur le tamaris sauvage (qui n’est plus qu’un squelette calciné de bois noir à cette époque) et, sortant mes feuilles du sac, j’écris encore ceci. . .
          Fait, je souffrais - Aïe ! plutôt que ne soufflais. Des coupures aux extrémités - doigts et pieds - si bien que je ne sentais même plus ma plaie au tibia gauche
. . . J’étais bien arrangé !
            Enfin, ne pouvant rien y faire, je fis les yeux doux au poisson - énorme - qui reposait devant sur un petit tas d’algues séchées ; je n’étais pas à genoux, mais je fis malgré tout une prière pour la bête - une prière simple : << merci la bête. . merci ! >> il eut un dernier sursaut “battement de queue” puis, il ferma les yeux : << t’es entre bonnes dents, je lui dis. . bonne nuit >>. Je l’aurais bien fait griller de suite sur la braise mais je n’avais pas faim ; alors, je le regardais une dernière fois luire à la lune et je m’allongeai... je me relève aussitôt !
 
            Avec la palme “Dame Blanche”, je creuse mon gîte, puis, je pose une joue délicatement pour ne pas réveiller les fourmis et les insectes piqueurs ; quelques minutes plus tard, je dormais. Je me réveille. . . allongé sur le dos, j’essaie encore. En vain. Je ferme les yeux, les rouvre aussitôt par crainte du croissant d’hâche luisant de mon fantôme - qu’il ne s’abatte sur moi furieusement.
Peu avant, j’avais lu dans les journaux à la rubrique “Faits d’été” - << Drame de vacances : série d’assassinats sauvages sur les plages de France... >> - Alors, vous pensez si j’avais les foies !!!
           ... Une mouette qui crie dans mon dos, ou une vague plus grosse que les autres sur un rocher plus haut, et toc - immanquablement je tressaute !  me retourne... j’ai peur.
Allongé sur ma serviette humide, les yeux grands-ouverts, je regarde le ciel et j’ai une pensée pour le rat chétif empaillé des crèches pour qu’il fasse qu’il ne pleuve pas - je reçois quelques gouttes acides juste à ce moment-là ! j’arrête de prier, ça s’arrête : Miracle !
            À présent, j’étais allongé sur le ventre pour écrire sur mon oreiller “feuille de papier”, mon histoire rouge sur bleu ! avec un caillou qui me perfore le bas du dos - un peu plus bas - vous voyez ?
            J’en profite en me retournant pour vider le sable de mon lit, dans le feu (j’espère bien que vous n’en faites pas autant de votre confort affable !) - ça fait un message dans le ciel avec la fumée :
 
 
ViVe  MOi...
   VIve  Mo...
   ViVe m... 
  VIVE...
 Vie...
 Vi...
V...

(comme victoire)
 
            << Je suis sauvé ! >>
            Puis, je m’étends sur ma serviette “couche-dure”, j’ai toujours froid.
“ Ranime le feu. . .
            - J’étouffe et tousse. Non, ça va pas r’mettre ça !!!
Belle inconnue, j’ai deviné que c’était toi.
Ou peut-être cet autre toi ? ne sais plus quoi faire pour être plus mal...
“ Arrête de bouger.
- J’ai soif. Très soif !
... Le feu m’enfume et m’emmerde mais...
“ Il t’éclaire ?
- Oui. Je pisse dedans, et prie pour...
Il tombe des gouttes : je suis sauvé ! plus étanche depuis trop longtemps - j’ai plus d’eau en moi - je bois... c’est acide ; j’ai des mirages surprenants : les étoiles étincellent (mirabelle-fine), dans le ciel, et mirent. . me visent. . (point pis de mire) - du cran ! Non. Elles s’admirent briller : mirifique ! - me narguent (mire-oeufs), m’irritent : suis presque chaud, sauf. . sauve qui peut... sauf qu’il pleut  - merde ! C’est assez !!! >>
 
            Au pis aller, j’étais certainement le plus heureux des touristes.
“ Touriste ou risque-tout ?
- À tout risque... Non. C’est pas vrai : y’a pas cinq minutes, il pleuvait des cordes et maintenant il fait beau !
“ Les giboulées ? 
- Non. Ma parole ; on n’est pas en mars, mais Sur Mars !
“ Des martiennes, les étoiles ?
- Oui. Des martiennes, parfaitement.
De partout et de nulle part, elles viennent du néant.
“ Et que font-elles. . .
- Elles ne font rien ; me donnent des idées noires, c’est tout
“ . . . accablé sans ficelle - l’atonie atomique - te rend impuissant, même incapable d’écrire ce délire ; coulé parce que submergé - inondé des lumières de ces belles suborneuses - L’atrabile qui t’arrache les tripes. Bave noire et bulbeuse sur le sable rachidien, à côté, ton poisson qui luit . . est parti ailleurs, dans les contrées (connes) sublunaires de ses rêves ; perception subliminale : il aura bientôt rejoint ces maîtresses - la nouvelle figure céleste sera “le suaire” ; alors, excédé par ce fourbe, et jaloux. . .
            Mon mal est désormais une crise d’idées subintrantes - des idées ?... décédé du délire : rêve de l’agape avec mes consanguins - j’ai pas ma cape ! Suis l’apache qui sommeille en toi ; te hante, sa tente - trépigne du stylo, mon stylet.. fait florès : opération d’âme (ou Dam) ouverte et fumante, démente ! Des étincelles ? Siffle-piège, impossible flirt - elles m’appâtent . . imprenable Mirador galactique : piège !!! les salopes !...
 
            La mer m’a subrogé tueur ; amère destinée pour le chasseur d’élite que je fus - destin injuste pour cet exploit sublime - mais la mer est plus forte, vous saviez ? Même après, même (m’aime) toujours, et à jamais son “fou”, oui “son fou”! >>
 
           “ La mer, c’est pas pour toi, alors ?!
... Pour,

Enfoncer ton âme d’avantage dans le noir
Tel un pieux qu’on veut extraire
De ses chairs sous les draps dans le noir
Car tes draps sont l’écume dans le miroir
Colle à toi, sexe contraire
Mon Amour, je tente un échattatoire
Guili-guili sur la voûte plantaire
Berné, j’éternue, pauvre-poivre
Et récolte un affreux molard !

 
            - Non alors ! pas pour moi. Pour toi - lecteur - je te la livre noir sur blanc  pour ta gouverne : “gel aseptique” - fais-en ce que tu voudras. Tu es libre maintenant avec ces mises en garde, et tu as de la chance, toi ! profites-en...
“ Trop tard, je dors ...
 - Tu dors ? tans pis.
Je vais tâcher d’en faire autant. Demain, à quinze heures, j’ai rendez-vous avec la Dame de Grasse... Je ramasse un morceau calciné de liège arraché au chêne (du même nom), par les incendies, échoué là sur la grève sauvage ; d’un coup je le romps (comme du pain), et je regarde la coupe : c’est rose saumon exactement. J’en deviens songeur - Comment un quelconque morceau d’arbre tout noir peut-il être rose-chair suave à l’intérieur ? C’est magnirifique - le renifle : Ambrosiaque ! Parousie !!! - j’en perds mon latin, Coquine subérine - mais te dis ceci : Si tu as une panne d’I.D., sers-toi du liège cru, à ton souper - ce pain trompeur et trop pur : c’est l’ambroisie  des anciens, le nectar des modernes. >>
 
À toi, l’écrivain.
 
          ... Et pour toi, mon lecteur songeur, qui rêve de sommeil, je te conseille d’éteindre bien vite. Clic ! n’avais-je pas raison... 
Vingt quatre heures de routine pour ta suite - tu vois, moi, je suis toujours là, fidèle au poste, à servir le rosse que tu es - mais je dois me taire, si tu es toujours là - petit inconscient ! tu n’y penses...
            À dix heures demain, on doit venir me chercher - 10. . 11 - 12. une, deux - faudrait que je dorme un peu ; la lune est déjà loin et basse sur l’horizon, je me dis qu’il pouvait bien être 4 heures au moins. Je posai une joue sur les feuilles pourpres de mon histoire chaudement menée, rondement bien, ç’en était presque moelleux.
            - Agréable, sacrédiable ! arrête-moi si je me plante !!!
(silence)
            ... Maintenant, j’entends l’air faire la mer dans le creux de ma main, comme dans les gros coquillages “strombes” sur la cheminée du salon. Le feu crépite, infernal, survivant, superbe. Ça semble pouvoir durer toujours...


*

Des sculptures ?...
“Larme batavique”
 
            Maintenant, il fait jour, et je me rappelle mieux encore les péripéties de la veille que la nuit avait digérées et rendues nickelles ; je tripatouille dans mon sac à la recherche de mes feuilles lorsque mes doigts humides collent une de ces chips “Covi”- machinalement je l’avale. Ces “graveleuses” mordorées allaient me donner la gravelle !!! me reprend l’atrabile torpeur... merde !
           
Faut qu’j’écrive, vite !


- Chevroteuse de charme -
 
            Sur les rochers, avec la petite qui courait devant (toujours devant), je pouvais bien l’appeler - lui dire : “viens, regarde ce que j’ai trouvé”, elle continuait imperturbable, sa fuite sur les rochers luisants et tranchants au couchant.
            - C’est dingue, s’exclama-t-elle quand je l’ai rejointe - t’as vu toutes les douilles de chevrotine sur la grève. . . (elle parlait comme ça la petite)
            - Oui, je lui réponds. C’est pas seulement ce qu’on croit, toutes ces cartouches - plutôt des balles perdues !
            - Comment ça ?
          - Ça serait trop long à t’expliquer. . en outre, je veux bien te raconter une histoire. . . (et je lui racontais mon Amour au couchant)
 
            La petite m’écoutait avec toute l’attention d’un adulte, mieux encore elle me posait des questions surprenantes, inattendues dont voici quelque exemple :
            - “ Catherine. . elle était comment ?
            - Belle. Très belle.
            - Ses cheveux châtains ?
            - Oui. Châtain-clair. . . (comment elle sait cela !)
            - Elle était pas très grande ?
            - Non, pas bien. . (mais ! ah, je venais de comprendre : elle s’identifiait à Catherine, se voyait à travers elle.)
            - Tu sais, lui dis-je, tu es aussi belle qu’elle ! tu es plus belle même.
... Tu viens ; on va voir les parents ?
            - Oui.
            Elle fit le chemin du retour avec la même fougue que tout à l’heure (et que toujours) ; j’avais du mal à la suivre, ne pouvant pas trop courir à cause de la blessure “bouffissure” qui me tiraillait. Quand nous arrivâmes au campement, tout le monde était occupé à parler et manger et. . .
            - “ On peut faire le feu, dis-je, si vous le voulez bien ?
            Je tirais dans le foyer cerné de pierres (que la petite m’avait aidé à poser), quelques grosses bûche-racines archi sèches que les Cavaliers de Mai avait échouées sur la grève. Pas Morts-bois du tout et pesant cent kilos au-moins ! je me les étais coltinées seul, à bout de bras sur plus d’un kilomètre...
            - “ Le suage sera rouge-sang !
            - “ C’est quoi “le suage”, me demande la petite.
            Je me tournai alors vers Paul, son père, pour qu’il me seconde avec emphase :
            - “Non, je t’en prie - vas-y.”
            - Le suage, dis-je... (consultez l’ dico.)
            La pleine lune éclairait comme en plein jour. J’eus aucun mal à faire prendre le feu - en dépit des recommandations du père - je suivais mon instinct et c’était parfait.
            La petite bien intentionnée faisait le service à tout le monde. Quand mon tour arriva, elle me demanda en changeant quelque peu sa formule : “ Et c’est quoi que tu préfères manger, toi ?”
            - Moi ? Tu veux qu’j’te dise. . un bon loup grillé.
            - Bah !...
            - Ah ah (je rigole) - Mais non, c’est pas ce que tu crois ! la bête à poils ras qui mange les Grands-mères. Un loup, vois-tu, c’est dans la mer, un poisson...
Oui, dit-elle un peu énervée (je riais toujours) - Mais y’a pas d’poisson ici. Y’a des chips, du poulet... Elle faisait de grands gestes des bras des mains et des pieds (de nez), pour montrer l’opulence de ce repas improvisé ; comme elle attendait toujours ma réponse, j’arrête de rire un instant et lui commande : “ Vous faîtes les merguez grillées ? ”
- Mais, mais... Y’a pas d’merguaise je vous dis, monsieur ! Y’a des... (et comme elle allait refaire l’inventaire depuis le début, je la coupe pour dire : ) “ Je veux bien des lêcheries ”.
- Maman. Dam, il arrête pas de me dire des bêtises
“ C’est pas des bêtises, je veux des lêcheries...
“ Dam, sois gentil avec Justine...” 
- Alors, me cria-t-elle : qu’est-ce que tu veux enfin !
- Moi rien ; mais tu sais au moins ce que c’est “des lêcheries” ?  
- Non...
- Eh bien, dis-moi, t’en auras appris des choses ce soir !
- Oui mais moi, j’veux pas apprendre, j’suis en vacances. Je veux que ça soit toi qui apprennes... >>
            Elle s’était maintenant calmée, mais pas moi - “ En attendant, tu m’auras bien fait rire avec ton loup ! (je ris encore)
Elle me regarde de l’air de dire.. et dit : “ Mais arrête de rire. Oh ! Tu m’énerves toi ! ”
           J’ai dû partir faire un tour pour me calmer derrière les taillis. Mais allez savoir ce qui se passe dans la tête des enfants ; elle s’est levée pour m’accompagner. Je lui ai dit alors que ça n’était pas à cause d’elle que je riais ainsi, mais à cause de la bête, bêtement - qu’un jour elle comprendrait, quand elle sera plus grande - sûr qu’elle aura le sourire en lisant ces phrases. Un beau jour sans pleine lune...
 
 
*

Le clou
(de l’histoire)

            Un peu plus tard, quand nous eûmes mangé le poulet et les merguez rôtis sur la pierre ardente... " Tu parles pas des danses-apache de Paul et leurs filles autour du feu !...
- Non, mais oui ! voilà qui est fait. »
Plus tard, donc, et comme la Grand-mère se fatiguait - il était bientôt question de rentrer - les Hommes eurent la bonne idée de jouer avec le feu ; les grosses racines ayant rendu l’âme (et sans trop de fumée s’il vous plaît), nous décidions de faire son sort à un gros morceau de carène de navire qui aurait fait une merveilleuse déco d’intérieur pour “villa à louer 5 chambres”
          - “T’as vu, Marc, s’écria Paul - c’est un clou ! ”
          Il essaya obstinément de l’extraire en sautant sur la carène en squelette... jusqu’à faire fondre l’avant de ses chaussures bateau - “ Ça-y-est ! Regarde . . il est beau, hein ? Vite ! Faut l’mettre dans l’eau... (la Grand-mère avait du soucis à se faire ; elle préféra disparaître sous les nattes !) - On l’a perdu ! m. . . Marc, il est où le clou ? - Mais il est là, regarde, juste à tes pieds. Tu ne le vois pas ? - “ Non. ” (Il avait ôté ses lunettes pour cette opération de survie !)
“ Ça y est, on l’a ! Le bougre. . . ”
 
            Voilà. À présent, je peux parler des “danses apache...” Pour fêter l’événement que représentait pour eux cette nuit à la “pleine lune” - ils improvisèrent, Paul en tête (Paul position), une véritable “cérémonie de clôture” autour du feu... avec quelques roseaux en guise de diaule, dans lesquels ils soufflaient en imitant les anciens - un péan désaccordé plutôt ringard - je ne tardai pas à aller jouer des flûtes ailleurs, derrière le taillis.
           " Tu ne parles pas non plus des sculptures en verre de canettes fondues qui passionnaient les grandes et intriguaient les petites. . .
- Non ; ceci mériterait bien un p’tit texte, pourtant, mais non. Seulement ceci - << Tu envoies ça à Beaubourg, pour le troisième étage - avec comme titre “ Sardinaux fareneïght 25 cl.”, sûr qu’il vont t’exposer ! >>
 
            ... Et puis si, tant qu’j’y suis, un p’tit bonus affable...
 
*


Le primat de verre
 

            Quand ils crurent bon enfin de sortir des braises ces sculptures priapiques, ils s’approchèrent toutes et tous de Laurence, l’aînée des quatre filles qui, armée d’un tison envoya cet ouvrage primatial à la baille - grosse fumée . . mille morceaux - ce plâtras de verre sans queue ni tête arracha des larmes “bataviques” aux petites et des seaux-de-rires à Laurence, ce qui donna bientôt à tout le monde (sauf à Grand Mère qui dormait toujours sous les nattes), le fou rire hystérique que vous imaginez. Il était temps de rentrer...
 
            Avant de partir, les petites voudront bien elles aussi leur “clou” et je leur en donnerai un plus p’tit (extrait sans mal du tronc-squelette aux abois), puis à chacune un gros bisou pour les consoler du départ sur leur p’tit front poli...
 
*

 
            Quand je me levai pour demander l’heure à une fille qui se faisait dorer (seule), sous un parasol rouge, je tombai nez à nez avec Père qui venait me chercher.
           

(sur la grève)
 
            Pas grand chose.
            Après les “bonjours” de politesse, je lui demande l’heure : << dix heures. >> Il m’aide à éteindre le feu avec du sable - je le sentais nerveux, tendu. Qu’est-ce qu’il y a, je lui demande ? - Oh rien, il répond - y’avait des flics, tout à l’heure, sur le bord de la route... tu as planqué ta lampe ? - Oui, je dis. Elle est dans le sac à dos. Je lui ai montré la lampe, la seiche au passage (cale sèche décalottée), le loup (bouche bée), et nous sommes partis.


(Dans la voiture)
 
            . . . Rien.
            Je pensais... << Venus vaincus des contrées aréiques... Tout risque pour le touriste, de pommer son chien dans la foule affairée et d’hurler à sa place, son nom, dans le vide... pour le retrouver. Vain ! Vil et vain, ce vilain, d’ailleurs et de nulle part ; et si ce n’est son chien, c’est sa raison qui calte - il hurle doublement... à la mort.
            ... Et l’aimant terre sa peine...


(au P’tit Paradis)
            J’ai dit “Bonjour” à tout le monde (mère et Cam) qui m’attendaient de pied ferme au salon ; j’ai déjeuné rapidement et suis allé me pioncer.
 

*

            En tombant mon jean, je sens un truc dur dans la poche de fesse (disons de derrière) et je trouve ces feuilles pliées en croix - quand je faisais cela, c’était pour les mettre de côté (plié pesé payé envoyé), mais je n’avais aucune idée de ce qu’elles contenaient. En les ouvrant, une brindille en tomba, ça me remémora toute la scène.
...  J’écrivais ceci à l’ombre des taillis pour me calmer avant l’arrivée de la petite...


*

« Chevroteuse de charme »

J’écrivis, vit.. vite - jet qui vit - qui ? Géquivit : nouveau personnage.
 
- Ça jette ! -
 
            Géquivit et ’Quijette sont dans une cagette, ils dorment.
’Quijette (on dira sa soeur), se réveilla la première ; elle dérangea Géqui’ en le heurtant d’un coude pointu - aussi pointu qu’inattendu - douloureux réveil pour Géqui’ qui grogna des cra-cras (peau douce) au derrière de cette dernière, indifférente comme devant.
            Puis, il s’extirpa du carton-plage cuivré au levant ; il lorgnait un granulome arrondi sur le derrière joufflu de sa jumelle...
            - Tu arrêtes de me lorgner comme ça, dit Quigette, promptement.
            - Mais je ne te regarde pas toi, dit Géqui, rieur - je regarde...
            Avec sa plume-vit, plus vite, il traçait des raies dans le sable. La jumelle eut toutes les peines du monde à se retourner pour voir...
            C’est alors qu’une tierce personne arriva.
C’était une fille plutôt mignonne ; Quijette s’approcha d’elle aussitôt pour lui dire bonjour mais elle refréna son geste aussi vite en disant : “ Non. C’est pas toi que je veux. C’est lui.”
         Géqui, qui était toujours occupé à tracer ses raies dans le sable se retourna, intrigué par tout ce remu-ménage : “ que se passe-t-il donc, lança-t-il à 9 heures. ” Elle faisait le 69 déjà, se trémoussant du derrière sur le ventre tendu du garçon - qui se laissa faire sans tortiller. Puis il roula bientôt sur le sein éthique, ses lèvres, sa bouche, sa langue. Il en avait vraiment l’eau à la bouche ! se laissa glisser plus bas, tel une vague sur la grève - Bagatelle !  Il ressentit bientôt l’extase d’une sirène promise à la dégustation fine - diable ! le gratin !!!
            ... Aimant aussi les caresses dans le sillon de ses côtes et du reste de son corps divin - promis - offert (au fer) au pal supplicier. Agrippée de toutes ses forces au grape-fruit (pamplemousse qui mousse) - le grabuge était un vrai clairon.
            Un navire de la marine croisa au large, immense et gris ; Géqui le regarda distraitement passer en tirant son képi. Gênée, la fille se retournait, pivotant sur le pieu, offrant ses flancs à ses lèvres pantelantes, en couinant - se tordait sous la pression de ce doigt de fer qui tournait dans son t du c, comme un vérin - la virure du navire en tombe à la baille. Tout le monde s’affaire sur le pont et... Elle vrilla un peu sur son pompon rouge-sang pour prendre le large : “ Ah ! s’écria-t-elle - Les Gars de la Marine ! - la frilouque loufoque ! Ahahahao ”
            Comme ça commençait juste à délirer, ’Quigette s’avança : “ Et moi, et...” alors, de rage, elle saisit l’inconnue sirène (si reine !) par les côtes flottantes (codales et dorsales) et soudain, au dernier coup de sifflet, elle arracha le tire jet de Géqui aux anges - elle appuya sa frimousse sur son ventre en exergue - « À moi maintenant - à moi ! »
            La pauvre jumelle, elle ne savait plus où donner de la tête devant cette dépravation du tonnerre...
            - Ovibos ! s’écria-t-il, laisse-nous tranquille ! " À moi ! À moi..."
            L’autre se retira enfin (mais pas bouche bée), car elle insultait Quigette sans ménagement ; celle-ci ne tarda pas à pleurer.
 

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La nuit aux Sardinaux Empty Re: La nuit aux Sardinaux

Message  Dédé Mar 6 Sep - 16:44

Dans le cadre de Mon Concours pour moi tout seul j'ai décidé de pas me poser de questions, et tant pis si ça va pas faire ressortir que des trucs brillants...
Mais on sait jamais, peut-être que des perles ont échappé à l'œil acéré des promeneurs du Macadam.

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