Tu tiens entre tes mains les lames d'un tarot

Nilo Mar 21 Déc - 17:09

Tu tiens entre tes mains les lames d'un tarot

Tu couches dans mon lit et siffles mon Margaux
Mais jamais tu ne poses un sou sur le comptoir
Des bistrots où je tue le temps que tu me laisses
En buvant du pinard qui se veut vin de messe
A regarder pleurer et mouiller leur mouchoir
Ceux qui toujours se noient au fond d'un verre d'eau.

Depuis bientôt quinze ans tu partages mon lit
Que tu quittes au matin comme un champ de bataille
Pour aller retrouver des amants de ton âge
Prêts à te rejoindre avec armes et bagages
Pour te faire oublier à d'autres feux de paille
Les incendies éteints au flot des avanies.

Il sera toujours temps de se dire au-revoir
Quand tu auras choisi, enfin, de me quitter
Pour un autre plus jeune ou plus vieux, je ne sais,
A qui tu donneras bien plus que je n'avais ;
Des minutes, des jours, des mois et des années.
Mais pour l'heure ce n'est encore qu'un bonsoir.

Car ce soir tu es là, assise à mes côtés
A parler de la vie, évoquant en deux mots
La mienne un peu bien sûr, et puis celle de ceux
Que tu m'as enlevés, puisque maître du jeu
Tu tiens entre tes mains les lames d'un tarot
Dont tu n'ignores pas qu'elles sont biseautées.

Je voudrais arriver une fois à bon port
Et poser sur le quai mes souvenirs d'encens,
M'enivrer de ces vins qu'on sert aux matelots
Et avant d'embarquer sur mon dernier bateau
Pouvoir fermer les yeux sans craindre pour autant
Que mon prochain sommeil ne ressemble à la mort.

Nilo.

Sylvie Mer 22 Déc - 5:55

Il y a matière à réfléchir sur ce poème aux couleurs bien précises.

Mais sur le sentiment qui s'en dégage, là, aucun doute, on ne peut pas se tromper.

La mélodie est aussi présente comme dans chacun de tes textes et c'est bien souvent la que je m'arrête, jalouse de ne savoir compter.

Une chose est sure, c'est qu'en cette fin d'année, j'aurais encore lu du beau et bien cadencé qui sera certainement encore plus apprécié par les compteurs de pieds.

Sylvie