Regarde, ici autant de moins de toi

solweig Dim 9 Jan - 22:23

Regarde, ici autant de moins de toi

Paris l’a dévorée et ensuite rendue.
Elle était heureuse. Le témoin de sa propre bonté.
A chaque instant les chambres inertes changeraient leur toilette,
rectifieraient leur maquillage.

Elle ne comptait pas d’hivers. Sachant que nous partirons tous.
La mort prenait d’abord les autres, promettant le bus suivant :
des lundis somnolents ou des vacances ratées.
Elle plongeait certains entre eux dans la peur pour peu de temps,
tâtait leurs lombaires douloureuses et la peau vieillie.

Elle triait les gouttes de pluie,
construisait des torrents. Et nous ? L’angoisse nous étouffait :
que le suivant sera pour nous, que l’odeur d’aiguilles de pin
ne nous émerveillera plus. Rêvant d’avoir quelques années de moins
et de toucher encore une fois un visage très lisse.

Roseline-and-the-Moon Dim 9 Jan - 23:23

J'aime cette écriture désabusée et énigmatique.
Si je me souviens bien le dernier poème que j'ai lu m'avait aussi beaucoup séduit;et ce thème de la mort ou de l'effacement de soi était déjà au rendez vous...Vous sublimez à merveille vos angoisses!

Lalou Lun 10 Jan - 8:43

Oui j'aime aussi ton écriture simple et puissante qui toujours parle à l'ensemble de mes sens;

Sylvie Lun 10 Jan - 10:55

Construit avec des mots et des images qui me donneront toujours cet espèce de frisson que je ne cherche pas à traduire...juste que je savoure en silence.

Sylvie