Je ne passerai plus les ponts vers l'autre rive

Je ne passerai plus les ponts vers l'autre rive


Enfin débarrassé des vieilles certitudes
J'irai sur des chemins vivre ma solitude
Et je prendrai au vent son souffle délétère
Pour habiller les fleurs de parfums mortifères.

Il ne restera plus au sol de mes jachères
Que des flaques boueuses entourées de mystères,
Qui seront paysages aux heures poétiques,
Ou rives de l'enfer, repoussantes et mythiques.

Je ne passerai plus les ponts vers l'autre rive
Et me contenterai de glisser ma dérive
Au gré de ces courants qui m'éloignent du port
Roulant sous leurs galets tant de pépites d'or.

J'écouterai les litanies de mes douleurs
Posées sur des portées arrondies de mineurs
Que chanteront pour moi, venues du fond des âges,
Les âmes de manants apostats et sauvages.

Mes mots se seront tus, mes amours seront mortes,
Je verrai de mes yeux, alignés en cohortes
Les rêves les plus fous de mes ans de jeunesse
Devenus vérités de ma courte vieillesse.

Et je prendrai le temps, enfin, théologique,
De relire Saint Paul à l'ombre des portiques
Sur les routes qui mènent, au long du temps qui passe,
De blasphème en prière aux portes de Damas.

Nilo.

J’aime beaucoup ce poème – des adieux aux

« rêves les plus fous de la jeunesse
devenus vérité de ma courte vieillesse »… ?

ou peut être des résolutions pour marcher d’un pied ferme dans le présent ?
Bon courage !
Solweig

"Je ne passerai plus les ponts sur l'autre rive "
Combien de fois me le suis-je dit ?

Encore un agréable moment de lecture !
H.

de puissantes et belles formules...un "à venir" qui n'est pas present.

L'avenir est lourd du poids du passé.

Nilo, Dieu me garde.

Superbe Nilo.

Dam.

Dans le temps: le temps du temps...

Je pourrais me penser à l'été de ma vie et pour autant ressentir cet automne que tu nous "chantes"... ça me parle, en somme...

Tof' en novembre.

Un poème fort bien mené mais si j'ai une chose à dire...ceci étant mon avis bien entendu...je n'aurais pas mis le dernier paragraphe car la chute de celui d'avant était une très belle étoile.

Sylvie

A voir Sylvie.
peut-être inverser l'avant dernier et le dernier. je vais y penser.

Nilo, n'a pas dit son dernier mot.

Moi je tenais à dire que j'ai beaucoup aimé ce texte, il a de grandes allures de saine fierté, et une mélancolie sous-jacente presque ignoré par cet orgueil mais que l'on ressent quand même.

Un grand bonheur de te lire ! Surtout dans ces alexandrins que j'aime tant, surtout sous ta plume. Ta sagesse n'est pas en croquettes et je l'entends.

Z.

Ton magnifique poème m'a fait penser à un autre poème d'Apollinaire. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, sans doutes les rives et les ponts...
Touchée par ce temps qui passe et que tu décris si bien.

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Je t'ai suivie Sylvie, et inversé les deux dernières strophes.
Encore merci à toutes et tous.

Nilo, a passé le milieu du gué.

Oui sous les ponts et les portes flottent sans fin nos vieux rêves... Attention de ne pas les abimer...Merci de si bien l'écrire. Douce et touchante lecture.

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Troisième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant sans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.