Les évadés.

‘ Oh mène-moi encore aux paysages blancs
Où s’envolent les vers, quand ils ne pensent pas
Et ce corps me renie - cloîtré, je me débats
A ses jambes de plomb, au poids mort de son sang

Comment ferais-je mieux que ces arpenteurs fous
Qui traçaient, sans licol, les frontières du ciel?
Il ne suffira pas d’éclairer le tunnel
Mais bien d’en jaillir - né ! Je t’écris d’en-dessous

Où les corps mélangés s’entassent, pyramides
Et crèvent de n’avoir de souffle que le râle
J’ai vu des mains nouées - jointures de métal
Qui soudaient, dans le feu, des amours invalides

J’ai vu le dernier mot fermer le réceptacle
Hideux des souvenirs, où la colère grouille
J’ai vu l’homme pleurer au masque de gargouille
Qu’il traîne - donnez-lui la clef de son miracle ! ’


Bientôt, nous étions deux - tu plantais dans la terre
Les ongles de mes mots vers la porte-mirage
Et je serrais mon bras sur tes hanches - sauvages
Étourdis de traquer les pays de lumière

L’espoir à nos palais faisait une salive
Acide, pétillante - aux bulles de chimères
Et n’ayant pas bougé du ventre de l’enfer
Nous grimpions d’un baiser l’échelle qui délivre

S’échapper - mais ceux-là, aux anneaux de la fosse
Qui gisent, reins cassés - qu’en feront-nous? ils pleurent
Et les larmes croupies qui coulent de leurs cœurs
Nous empêchent de fuir - alors, dans un carrosse

Tiré par quatre vents, nous partîmes ensemble
Ayant pris avec nous ces enfants disparus
Et d’avoir vu le ciel ils rirent - les reclus
N’ont qu’à lever les yeux, et le ciel les rassemble.


Z 22 01 11

Belles images. Un regard vers les hauteurs peut tout sauver, mais dans le malheur, la tendance est au contraire, de scruter les profondeurs...

Un poème lumineux d'un nouveau jour où les mots prennent toute la place , toute leur place, celle que tu leur donne grâce à ton talent.

Je me suis d'abord rapporté au titre:

Ces évadé qui cherchent l'issue du "bonheur" dirais-je

J'y ai ressenti un amour interdit ou impossible où les questions n'apportent pas vraiment la réponse espérée?

Les mots, dans ton poème, ont un grand rôle qui donnent à la lecture cette illusion de pyramide comme citée dans le texte, mais une pyramide inachevée et sans la pointe du haut.

J'ai bien aimé l'ambiance qui s'en dégage même si une certaine tristesse parait y règner.

( juste ceci : "je me débat" débats )

Ta plume a une certaine signature que j'apprécie

Sylvie

"Tiré par quatre vents, nous partîmes ensemble"

sans se départir de ce style au brillant littéraire et au verbe profond

ez (Indicatif Pas si simple)

Merci à tous les quatre d'être passés ici.

Z.

J'étais passé te lire.
Sans rien en dire par manque de temps.
Aujourd'hui je reviens.
Je t'ai relu avec attention, pour bien prendre le rythme et me plonger dans les mots.
Ce rythme et ces mots qui te sont une signature.
les reclus
N’ont qu’à lever les yeux, et le ciel les rassemble

Nilo, yeux aux ciel.