D'un ange et d'un démon

* * *

L'on voit deux associés près de chaque animal:
Son ange qui lui parle avec dévote mine,
Et son démon pervers, une rouge vermine
Qui lui montre à plaisir comment on fait le mal.

Or donc, chaque vivant abrite un tribunal
Où le contre et le pour à loisir se ruminent,
De sorte qu'à la fin, l'agir se détermine,
Prenant dans le vouloir sa source et son canal.

Ainsi, quand le renard dépouille le corbeau,
Ou quand le procureur met le Christ au tombeau,
Un ange et un démon ont eu à en débattre.

Quelques lecteurs curieux m'ont demandé pourquoi
Ce débat, et non pas une plus simple loi :
C'est parce que la vie se joue sur un théâtre.

Et on pourrait vite s'emmerder sans ces 2 personnages.
Sympa ce texte Io.
Belle réflexion.

Un ange, c'est vraiment un drôle d'animal.
Autant, par son visage, il nous fait bonne mine,
Autant il nous surprend, sitôt qu'on examine
Le reste de son corps, qu'il a phénoménal.

En plus, on dit qu'il peut siéger au tribunal,
Que la gloire de Dieu par sa voix s'illumine,
Qu'il est plus fort que Zeus quand son glaive fulmine,
Que des divins décrets il se fait le canal.

Moi, je le vois plutôt comme un sombre corbeau,
Ou comme les vautours qui sont près des tombeaux,
Attendant que le mort cesse de se débattre.

Même s'il est puissant, il ne sait pas pourquoi,
Il est sans libre arbitre, esclave de la loi,
Comme une marionnette en son petit théâtre.

Et pourquoi faudrait-il être juge ou arbitre ?
Pour dire où est le bien, pour voir où est le mal ?
Rien ne sert d'enlever la bonde du canal
Un mètre cube d'eau c'est toujours mille litres.

Nilo, tribunal arbitral.