Cueillette de la musique

Cueillette de la musique
(durant un concert en la chapelle St Louis des Invalides)


les drapeaux claquent au-dessus de mes pensées
dans une expression de culpabilité
des sons graves font la pénitence

la musique s’ouvre en notes
se déverse comme un océan se lamente
s’étend sur les berges,
en fiction
ondule, gonfle
s’approche, déborde, recule,
revient, glisse, écume, arrache et tire,
noircit, épaissit, râle, jappe,
agace
puis elle se dilue, raréfie, se faufile entre
nous attrape, tiraille, relâche,
elle enfle, brise, force le passage,
ensuite elle erre, sautille, nous rejette de coté, s’évade
et s’apaise, ralentit, rampe, dévisage
encore accélère, prend l’assurance, se dévoile,
s’élargit, se lisse

tout à coup elle se fâche, se ride, bourdonne, pleure,
éclate, absorbe, déplace, maigrit
et
serpente, s’enroule, se pose
puis elle se lève, vibre, enveloppe, met en lambeaux,
déchiquète, se rompt, couvre, remonte
pulvérise, répand, dissout, se dévergonde
s’éparpille, s’enfuit
et s’adoucit, se calme
et enfin… s’endort

Pour une fois je n'ai pas été emballé par un de tes poèmes.
Cette accumulation de verbes, pour moi, nuit à la "musicalité" du propos et à la rythmique du texte.
Ne m'en veux pas, il faut bien que ça arrive de temps en temps. Et si je t'en fais part c'est parce que je suis si souvent admiratif de ton écriture décalée qu'il faut que je te dise aussi quand ça n'accroche pas.

Nilo, légitime défense.

Je vais être franche parce que j'aime ta poésie et tu le sais:

Je suis en accord avec Nilo.

Tous ces verbes l'un au bout de l'autre essouffle la lecture et ôte l'émotion.

Je suis certaine que ce poème retravaillé avec des images fortes comme tu sais si bien le faire, va devenir et revenir à la hauteur de ta poésie.

Qu'en penses-tu ?

Sylvie

trop d'enthousiasme surement

Nilo, j’apprécie ta franchise mais je vais défendre « cueillette ». Car c’est une cueillette… in live, un reportage sur le vif. Je comprends que cela ne plaise pas à tout le monde.

Juste une question – l’as-tu lu à haute voix.
Les verbes… après réflexion peut être admettras-tu que c’est le seul moyen sûr de représenter une image au fur et à mesure lorsque la musique agit sur l’auditeur, dynamise la pensée et la main qui essaye d’attraper ce qui est instantané. Relis le … tu verras.
Cette accumulation des verbes est plus que volontaire, la musique me l’a imposée ! J’ai même voulu effacer quelques mots autres que les verbes, mais après réflexion, je les laisse comme un souffle, une pause pour faire repartir le flot.
Juste en marge – c’est un concert d’une heure que tu as devant toi.

Sylvie, la réponse est la même.
Chaque verbe apporte des images fortes, il suffit de fermer les yeux.
Le poème a déjà un certain âge et comme je les retravaille tous, mais celui-ci je ne le peux pas – son corps est fait des verbes comme un arbre à qui j’ai ôté toutes les feuilles. Peut être nu il est moche mais c’est un arbre et je le trouve beau.
On peut aimer ou pas.

Marc – enthousiasme ?
Non, un moment solennel quand la musique t’a rempli et s’est posée seule sur la feuille.
Merci à vous - Sol

Une musique humaine en ce lieu si évocateur de douleurs et de troubles ; les verbes seuls comme un étranglement - émotion - mais pas seulement.

Dam.

Ton poème Solweig, est loin d'être moche ! jamais je n'aurais même oser penser cela de tes écrits, ni des autres d'ailleurs.

Juste et probablement qu'on ne l'a pas interprété comme il se doit et c'est souvent que ça arrive tu sais!

De plus, je ne suis pas habituée à ce genre là venant de toi.

Je comprends mieux le sens après que tu es expliqué ta démarche.

Vu sous cet angle, cet arbre et ses branches, les verbes cités deviennent moins lourds.

Merci de tes explications précieuses.

Sylvie

Une démarche intéressante.