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J'ai croisé LCBeat sur Lipstick Highway
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Macadam :: MacadaTextes :: Poèmes
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J'ai croisé LCBeat sur Lipstick Highway
J'ai croisé LCBeat
sur Lipstick Highway
il tenait une pancarte entre les mains
« Front de Libération des Polymorphes »
Une ceinture suspendue d'astres électriques
planait au-dessus de nous comme un mauvais présage
comme une éclosion morcelée
il m'a dit : ce que tu vois, là-haut
c'est le royaume des morts qui descend sur terre
au volant de capsules électriques
J'ai observé chaque pylône en me demandant
quel diable pouvait bien y dissimuler sa queue
les lumières fondaient comme un feu délirant
l'oxygène venait à rompre le souffle
Ce sont les émanations des morts qui brisent peu à peu
les sceaux de notre quotidienneté
Lipstick Highway était une sorte de labyrinthe infini
elle serpentait comme une vipère
qu'on aurait éventré avec les dents
Il me prit la main pour me guider entre les ossements
déposés là comme un souvenir
Regarde toujours, toujours où tu mets les pieds
on ne sait jamais si la vipère est bien aussi morte qu'elle le paraît
Sur une aire de stationnement aussi noire que l'âme
on vendait des crépuscules à la pesée
de vieux ivrognes n'ayant de mère que le regard vide
nous tendaient les mains, prêts à vendre
le moindre éclairage ressemblant de loin à un crépuscule
je saisis une de ces mains qui me resta en travers de la gorge
Touche du doigt le crépuscule et tu devineras
quelques instants du monde, suce le sein du loup
Le son des machines rugissait dans le mouvement de l'air
la nuit globale des enfants empourprait les églises invisibles
je me tenais sur le ballast, aussi loin que possible
des rideaux électriques, la terre se mouvait
comme le spectre d'un reptile samouraï
le fil affuté me rasait au nez et à la barbe de la poésie
Écoute le vent, sens le vent perforer ton cœur
deviens le vent, deviens le jazz du vent
Le silence était aussi violent qu'une bourrasque immodérée
je surpris la peur tapie au pied du Grand Arbre
elle frissonnait, elle gémissait comme une midnight-girl
sous des réverbères froids, le hurlement des enfants prisonniers
me remontait le long de la colonne vertébrale
est-ce là que tu vis ?, lui demandai-je, sifflant entre mes dents
un air que j'avais entendu en rêve
Je vis là où la peur à plus peur que moi
La pente s'accentuait de sorte que le vertige s'annulait
la descente a cela de prodigieux qu'elle laisse grande ouverte
la porte de l'imaginaire, on ne sait plus rien du vol des mouches
ni du chant des dauphins, on se laisse absorber par les murailles verticales
Je lui dis, nous sommes des ombres défiant la notion d'horizon
si jamais nous arrêtons de chuter, alors le monde disparaîtra
Ses yeux renvoyaient à la nuit les saveurs du lendemain
je suis né ici, je descendais déjà sans m'en rendre compte
toutes les pentes du ciel et de la terre
j'étais jeune, on m'appelait l'enfant-fellation
La mélancolie aphrodisiaque faisait sur moi l'effet d'une tombe
lui, vagabondait le cœur entre les mains, et la tête fière
de dépasser d'un trait de lumière le reste du temps
Autrefois j'étais fiancé avec la plus blanche des princesses
nous marchions convaincus que toute voie
était une planète inhabitée, nous existions par la croyance certaine
de ne pas être vraiment là, d'être autant inhabités
que les planètes
Sa voix plastronnait des lanternes mauves, des brillances ivres
je me demandai si Lipstick Highway n'était que le nanoman's land de mon imagination
Tout ce que tu vois existe, tout ce que tu sens existe
tout ce que tu perçois existe. Seulement, si tu fermes les yeux...
Il y eut alors une spirale bleue comme une nappe de fumée
elle s'enroula autour de nous, autour des vendeurs de crépuscules
autour du rayonnement iridescent, autour du monde
je sentais mon corps se dissoudre, avalé par la spirale
je sentais mon âme tressaillir, exultant de nostalgie
mes paupières se baissaient comme un rideau de douleur
Les Polymorphes, me dit-il, seront les uniques survivants
nous ne parlerons plus qu'une seule langue
Seulement, si tu fermes les yeux...
Re: J'ai croisé LCBeat sur Lipstick Highway
J'ai vécu tes instants de poésie comme un rêve dans lequel je serais rentrée et pourtant qui ne m'appartient pas.
J'ai aussi pu voir LCBeat à la recherche de ce qu'il a perdu et qui ne reviendra pas même en y croyant très fort.
Le diable prend la place du rêve pour bien dire que ce n'est qu'un cauchemar éternel.
Sylvie
J'ai aussi pu voir LCBeat à la recherche de ce qu'il a perdu et qui ne reviendra pas même en y croyant très fort.
Le diable prend la place du rêve pour bien dire que ce n'est qu'un cauchemar éternel.
Sylvie
Re: J'ai croisé LCBeat sur Lipstick Highway
Ce titre est un appel aux lecteurs, alors je réponds présent.
Je passe, je lis, je m'emballe, souffle court, et je m'arrête sur ceci
Sur une aire de stationnement aussi noire que l'âme
on vendait des crépuscules à la pesée
Et là je tombe en arrêt, me disant 'putain que tu es con Gérard de n'avoir pas su écrire ça un jour ou l'autre, maintenant il est trop tard".
Alors je reprends ma lecture, la pause m'a redonné le souffle nécessaire.
Et je termine cette lecture sur les genoux, me disant qu'il ne faut pas que j'aille trop souvent sur Lipstick Highway.
Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque.
Nilo, vendeur à la sauvette.
Je passe, je lis, je m'emballe, souffle court, et je m'arrête sur ceci
Sur une aire de stationnement aussi noire que l'âme
on vendait des crépuscules à la pesée
Et là je tombe en arrêt, me disant 'putain que tu es con Gérard de n'avoir pas su écrire ça un jour ou l'autre, maintenant il est trop tard".
Alors je reprends ma lecture, la pause m'a redonné le souffle nécessaire.
Et je termine cette lecture sur les genoux, me disant qu'il ne faut pas que j'aille trop souvent sur Lipstick Highway.
Et pourtant, ce n'est pas l'envie qui manque.
Nilo, vendeur à la sauvette.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: J'ai croisé LCBeat sur Lipstick Highway
Magnifique !! (et je dis pas ça souvent, tu peux vérifier! )
A mi-chemin entre un conte, un rêve, un texte un peu mystique sur les bords... Du grand art, vraiment j'adore!
Sasvata, emballée, c'est pesé!
A mi-chemin entre un conte, un rêve, un texte un peu mystique sur les bords... Du grand art, vraiment j'adore!
Sasvata, emballée, c'est pesé!
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Re: J'ai croisé LCBeat sur Lipstick Highway
Oui aussi pour moi.
ça ouvre la tête.
Belle envolée mystico-urbano-spatiale !
ça ouvre la tête.
Belle envolée mystico-urbano-spatiale !
_________________
LaLou
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