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Juste pour rire
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sasvata
Nilo
Laetitia
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Juste pour rire
On dit vouloir vivre pour ne pas mourir. Moi j’ai douze ans et je ne me suis pas amusée tout de suite.
Je m’appelle Anna, je vis avec mon père, ma mère et mon frère. A ce qu’on dit, c’est une chance, un papa, une maman pour soi mais aussi parfois, contre. Est-ce que je suis heureuse?
Je ne sais pas.
C’est quoi être bien?
Une copine m’a dit un jour avoir embrassé un garçon au collège, enfin à la sortie parce que dedans c’est interdit. Avant, elle s’est entraînée avec Marine, sa deuxième meilleure amie parce qu’avec moi, elle n’aurait pas osé, on est comme deux sœurs.
Alors je lui ai demandé: "c’était bien?". Elle m’a dit, "entre deux ", qu’il a tourné sa langue de tous les côtés de sa bouche, partout, sauf là ou elle la voulait. Je m’en doutais un peu, après tout, chacun sa bouche, comment savoir là ou il faut la mettre la langue.
"Et avec elle c’était mieux?"
Elle m’a pas répondu, elle m’a regardé comme si je ne comprenais rien mais c’est elle qui comprends rien, si ce n’était pas comme il faut avec lui, c’était peut être mieux avec Marine.
J’ai douze ans mais je vois bien qu’il se passe des choses pas nettes autour.
Ma mère est souvent triste, toujours même. Je me dis que la vie ne doit pas être très drôle après un certain âge. Elle pleure sans arrêt et me demande à moi si tout va s’arranger. Elle me regarde l'air abattu et attend une réponse.
Alors je regarde la télé, celle dans laquelle les gens sourient toujours et je
me dis que vraiment, ça ne peut pas être pire.
« Oui maman, tout ira bien, on guérit toujours de ce genre de maladie, la tristesse, ce n’est pas éternelle »
J’avais raison, elle s’est tuée ma mère, un matin.
Depuis ça, je ne vous dis pas, les problèmes.
Si j’en ai souffert? Je ne sais pas.
Certains disent que je cache ma tristesse dans ma façon de vivre. Ce n’est pas que je vis bizarrement seulement, même avant la mort de maman, je ressentais des trucs en moi, comme des décharges électriques.
Depuis à la maison, c’est la catastrophe.
Papa fait comme si on allait s’en sortir mais c’est faux, on va tous crever parce qu’elle s’est foutue en l’air.
Ce n’est pas possible comme je lui en veux, elle s’est pas dit une seule fois qu’elle allait tout casser, qu’elle allait faire de nous des épaves, comme elle avant d’avaler ces foutus cachets.
Mais ce n’est pas nécessaire d’en parler vraiment et puis si elle n’a pas su sauver sa tête, je compte bien sauver la mienne. Je ne fais pas comme mon frère qui parle d’elle, toujours comme si c’était la dernière merveille du monde, une déesse ou une reine.
Mais reine de quoi? C’est ma mère qui s’est tuée, je dois vivre avec ça maintenant, avec toutes ses questions, avec sa conscience et avec son foutu mal de vivre.
Comme je lui en veux d’être partie, ce n’est pas possible d’en vouloir autant à une morte.
Je ne sors pas beaucoup parce que mon père a peur. De quoi ? Je me le demande mais c’est plus vraiment un homme depuis ça. Des fois, il parle comme une bonne femme avec des intonations dans les aiguës comme le faisait maman, "Ne me parle pas sur ce ton" ou " Arrête de me répondre !".
Mais je lui parle comme je veux, je suis libre de m’exprimer. C’est comme quand les autres viennent à la maison, les tantes et les cousins, même si une année s'est passée, je dois encore faire comme si je n’avais rien appris de nouveau depuis la dernière fois.
Reset sur le progrès et ne leur dites surtout pas un mot qu’ils ne pigent pas, " Lol " sinon c’est de la haute trahison.
« Comment! Tu as déjà douze ans, bientôt treize? Qu’est-ce que ça grandit vite! »
Ah oui, ça grandit vite ces trucs là.
Quand même certaines fois j’y pense à maman. Je ne préfère pas trop mais elle me manque.
Alors j’imagine que je suis née dans la rue, que je viens de nulle part ou d’un endroit inconnu de tous. On m’a peut être déposé un matin devant chez mes faux parents et c’est peut être pour cela que maman a été si malheureuse.
Parfois j’ai des flashs et c’est dans ces moments que mon corps est foudroyé par des décharges. Dans ces cas là, j’appelle ma meilleure amie, Mathilde.
Je lui dis que je me sens pas terrible, que je pense à mon rendez vous de Samedi. En fait j’ai rencard avec Julien un garçon du collège mais pas n’importe lequel. Au collège, je suis dans le groupe des filles sans intérêt si ce n’est pour prêter mes devoirs de maths. Julien lui, c’est le gars qui a beaucoup de succès, du genre qui se bat dans la cours quand les autres le chauffent trop mais du genre aussi à défendre les filles si elles ont des problèmes. Bref il est vraiment balaise et vraiment, vraiment beau, une beauté qui me fait presque peur.
Va savoir pourquoi, Jeudi il vient me voir avec un copain à l’heure de la sortie. Quand Mathilde le voit s’avancer vers nous, elle me dit « Bon j’y vais, je te laisse avec l’autre raté » c’est nul de dire des trucs pareils. Mathilde, elle est parfois limite, elle a du oublier que le monde n’est pas fait que pour "les filles à papa" comme elle.
"Elle a peur ta copine?". Non elle est bête ma copine.
Il est plus grand que moi, il a des mains gigantesques et fortes, on dirait qu’il a travaillé déjà, tellement ses mains ressemblent à celle de mon père. Julien a tout juste quatorze ans, il a redoublé parce qu’il avait des problèmes dans sa famille. Il paraît qu’il est vraiment intelligent et ce n’est pas moi qui le dis, mais les professeurs au conseil de classe.
En réalité, on est déjà sortis ensemble deux fois mais Mathilde ne le sait pas. La première fois c’était prés de chez moi. Je lui avais promis de lui prêter la clef du studio que mon père loue en ville, il devait y faire venir une fille, une serveuse de dix neuf ans pour faire des trucs ensemble.
Julien a sourit en me suppliant. Et parce que je ne suis pas du genre à m’imposer ni à refuser, j’ai dit d’accord. Alors je lui ai remis les clefs en lui précisant de les ramener avant onze heures le soir.
L’avis de Mathilde est sans détour, je la déçois beaucoup, elle pense qu’il veut juste se moquer de moi avec ses copains. Le soir même, comme prévus des cailloux ont cognés sur la vitre de ma chambre. Il m’a dit merci avec un regard franc et dur comme pour sceller notre complicité. "C’était bien au moins ?" je lui demande.
Ensuite, comment dire, c’est comme si le monde autour s’arrêtait, son baiser n’a duré que quelques secondes, juste assez pour que les arbres, les voitures et le temps autour ne se figent pour l’éternité.
"ce soir, j’aurais voulu que se soit avec toi".
Il m’a embrassé encore mais cette fois avec toute sa violence. Ma tête a tourné, tourné, prête à tomber mais il me tenait fermement par la taille. J’ai ouvert la bouche quand lui a ouvert la sienne, et j’ai laissé aller ma langue quand la sienne s’est posée sur mes lèvres. C’était comme une danse improvisée, les yeux fermés. Je comprends maintenant pourquoi les amoureux ne parlent pas. Tout est dans le rythme et la synchronisation.
J’ai douze ans et on dit que les jeunes ne savent pas aimer mais, on dit tellement de choses sans intérêt.
J’aurais pu mourir pour lui, mon corps vibre au son de sa voix, sa place est toute faite. Les paupières serrées, je compte jusque dix. Nous sommes maintenant dans l’appartement, je l’entends retirer son pantalon, il glisse sur ses cuisses, le matelas s’affaisse sur la gauche, je me déporte, je roule sur le côté et sa main, énorme, me retient. Julien est comme un élastique qui suspend ma chute. Il fallait bien que je le laisse quelques minutes profiter de mon corps, de mes seins, de mes hanches. Je le trouve très blanc ce corps mais Julien ne dit rien, juste « tu es sure ? » comme avant de sauter d’un pont, tu es sure? Oui je suis sûre Julien, de toute façon, il faudra bien y passer et puis je préfère que se soit avec toi.
Le mal, la douleur, l’enfer même, j’ai jamais autant eu mal, coincée entre son corps lourd et le matelas. Je criais à peine mais pleurais beaucoup cachée derrière son épaule.
J’avais enfin mal, enfin une douleur que je pouvais presque toucher, le sang, la mort, l’odeur de ma mère sur mon corps tout juste mort.
Comme je lui en veux à elle, d’être partie si tôt.
***
La vie m’a choisi, moi Anna dix sept ans, pour vivre. Tu sais rien n’est plus pareil à cet âge. Je bois un peu plus qu’avant, je sors beaucoup, papa ne me dit plus rien alors je m’amuse vraiment.
Avec les garçons, j’ai beaucoup de succès, ils me désirent tous parce qu’ils savent que je l’ai déjà fait. Moi je n’irais pas jusqu’à dire que ça me dégoûte mais un peu quand même. Lui, passe ses doigts sur ma bouche, touche mes seins un peu trop fort d’ailleurs. Moi ce qui m’excite c’est surtout de m’imaginer les seins nus sous son regard, et en plus dans les toilettes du lycée.
Pour mettre ma main dans son pantalon, je m’inspire de vidéos que j’ai
vu seule, les cassettes de mon père.
Et je vais, je viens, je trouve ce geste ringard, pas du tout esthétique, rien de magique là dedans, sauf quand il jouit peut être. Après, je sens juste la danse de ses doigts sur ma peau, lui je ne le vois même pas.
Je me laisse juste emportée par le flot du désir, il n’y a que lui qui me calme, parce que je suis quelqu’un d'impulsif enfin se sont les autres qui le disent mais les autres ne savent pas toujours regarder. Moi je sais faire, je vois quand mon voisin a le cœur lourd, je le vois parce que je suis une habituée du mal, une écorchée du cerveau.
Je fume, je bois, je m’enivre, j’assume ma vie de fête et de plaisir. J’efface tout et je recommence, à chaque faux pas, j’efface et je refais. C’est comme ça que je gère les choses, pas de pleurs, plus de souffrance, pas de mots, juste un regard et la certitude de réussir à oublier.
C’est Ahmed qui m’a appris à vivre.
Avec les garçons, c'est fini.
Ahmed lui, c’est un mec qui aime le respect et les bonnes affaires et les filles, il s'en fiche un peu.
J’ai expliqué à Ahmed que j’entends des trucs pas clairs dans ma tête. Du genre quand je suis au cinéma, j’entends des conversations, des bruits bizarres, des grincements alors que personne ne parle autour et que les portes sont fermées. J’ai dit ça à Ahmed, et il a rit comme jamais…alors je n’ai plus rien dit jusqu’à ce jour d’été.
J’étais avec Ahmed et on marchait tranquillement dans les rues du centre. Il devait acheter un cadeau pour sa mère alors je me suis dévouée pour trouver une idée. Les cadeaux, c’est tout bête mais on ne trouve jamais l’idée au bon moment!
Après deux heures de recherches, je persuade Ahmed que les mères s’en fichent un peu du cadeau, ce qu’elles veulent c’est un geste d’amour de leurs enfants.
Sauf pour ma mère qui aimait les beaux et gros cadeaux, elle aimait le volume ma mère, il fallait que ça prenne de la place, peut être parce qu’elle, passait trop inaperçue. Jamais elle ne voulait être sur les photos, jamais elle n’éclatait de rire comme le fait Djamila, la mère d’Ahmed. Elle, je l’aime beaucoup, elle porte des habits de lumière, elle est rayonnante. Alors j’ai dit à Ahmed de lui acheter des fleurs, un gros bouquet de roses. Une fois dans le magasin, j’ai entendu une voix, une conversation, des hésitations, des cris, des hurlements même, mais Ahmed ne bronchait pas, il continuait à sourire à la vendeuse qui lui souriait aussi. C’est simple, tout le monde était joyeux, tous entourés de fleurs et de parfums. Il y avait juste moi qui luttait pour stopper cette voix, une voix de jeune femme, qui parlait et hurlait, ces mots étaient dures et violents, elle se disait fatiguée. J’entendais: « mal, en finir, pas la peine », un cri, des pleurs.
Mais ou est-elle? Et encore, « partir ou mourir »…mourir elle disait…mais qui veut mourir ici?
Dans la rue, j’étais abattue, tremblante, Ahmed n’a rien vu, rien entendu, je n'ai rien dit.
J’ai dix sept ans et j’entends des voix.
J’entends la voix des gens prêt à mourir. La jeune vendeuse souriante du ‘Bon plaisir’ s'est donnée la mort, le soir même.
C’est déjà assez difficile mais alors là, je porte à bout de bras un sérieux problème, un gros comme ma mère les aimait.
***
Aujourd’hui, j’ai dix neuf ans et rien n’a changé, j’entends toujours la voix des gens décidés. Ce n’est pas très gai mais je n’y peux rien et puis ça n’arrive pas tous les jours.
Si seulement j’avais su entendre plus tôt, maman serait peut être toujours en vie.
J’ai trouvé ma propre voie, l’écriture. Ma vie n’est pas si moche, écrire me donne des ailes celle qui me manquent pour aimer. Jamais je n’ai connu l’amour, le véritable, le reconnu. Je ne sais pas donner, aimer, partager, tout ces trucs qui vous retiennent à un autre qui souvent vous quitte pour moins que rien.
Ahmed est toujours dans le coin, il étudie la philosophie et rêve de devenir philosophe. Je me tue à lui dire que philosophe, ça s’apprend pas vraiment mais il veut apprendre, comprendre et savoir d’où part le monde! Moi je ne préfère ne rien savoir.
Papa va bien, il s’est remis avec une femme, plus jeune que maman quand elle est morte. C’est dire comme il va mieux. Elle n’est pas très maligne mais j’avoue qu’elle semble "tentante".
Je vois la vie un peu moins noire qu’il y a quelques temps, bien sûr je n’ai pas soixante- dix ans, j’ai toute la vie devant moi et si peu derrière mais j’ai vécu assez la détresse pour savoir que l’on peut souffrir à tout âge.
D'ailleurs, mon petit philosophe a des problèmes de cœur, une fille pas très commode qui lui a fait croire monts et merveilles. Alors Ahmed est malheureux, il me dit qu’il l’aime, qu’il est amoureux même et que la vie sans elle il ne la voit pas.
Cela fait deux semaines qu’Ahmed erre dans les rues, et comme un rituel, il enchaîne métro, fac, appartement sans ne rien dire d’autre que ‘si tu veux’, ‘ça m’est égal’. Il a une tête pas possible.
Aujourd’hui c’est ballade le long des quais, histoire de parler d’autre chose que sa dulcinée. Il a souri, j’aime quand les gens sourient et surtout Ahmed parce qu’alors il ressemble à Djamila.
On a bu un café tranquillement en terrasse. Je suis vraiment soulagé parce que je l’aime bien Ahmed, pas comme on aime un homme mais comme on aime un ami.
Je lui dis qu’on en est tous là un jour, abandonnés, lâchés par une main qui plutôt déposait ses caresses.
Nous marchons en cadence, Ahmed me prends dans ses bras au coin de la rue St Paul là ou chacun de nous s’en ira prendre son chemin. Serrée dans son cuir, je ressens la chaleur et une odeur de paix. La première fois que ma boule au ventre fait silence, comme par respect pour nous deux.
Ensuite, je n’ai pas compris pourquoi il a bondit. Je n’ai rien entendu cette fois, juste senti un souffle, une décharge électrique comme pour maman. J’ai vu Ahmed se diriger droit vers la voie rapide. Décidé, le regard fixe, il courait vraiment vers la voie rapide passant la barrière de sécurité. Alors j’ai couru, j’ai crié, je crois même que je l’ai poussé, très fort. Tout s’est passé si vite, je n’ai pas eu le temps de réfléchir, juste de réagir et c’est déjà bien.
Après plus rien.
Je le sens qui bouge à côté, alors il n’est pas mort. Il est debout même, égratigné mais sur ses deux jambes, le visage en larme et les yeux rouge, se doit être le choc. Et puis j’entends des voix, j’aperçois des visages autour, la main devant leur bouche, le regard effrayé ou triste, ça dépend.
C’est à cet instant que j’ai compris, c’est moi qu’ils regardent, c’est moi qui meurt, c’est moi, étendue sur la route. Je ne peux plus bouger, à peine encore penser. C’est sûrement la fin.
Mais Ahmed est debout et c’est moi qui l’ai sauvé. Cette fois, j’ai entendu, cette fois j'étais là.
Il n'y à rien d'autre à dire sur cette histoire. A part peut être un focus sur la tête des gens ce jour là parce qu'ils me l'ont bien rendu, je n'aurais jamais cru inspirer autant d'amour.
Voilà docteur, c'est à peu près tout. Savez- vous quand je pourrais sortir d'ici? Les gens sont étranges et me font peur, à se cogner la tête contre les murs.
Vous savez docteur demain, j'aurais quarante ans et je m'appellerais Madame Soleil comme dans mon roman.
Je m'assiérai à la table de jeunes amoureux et je leur dirais comme le temps est assassin. Je leur parlerai de mon père et de ma mère, de mes douze ans qui en ont trop vue et de mes dix neuf pas assez.
"Vous viendrez à mon exposition les jeunes, c’est vendredi !" je leur dirais.
Ils me diront d’accord avec un sourire certain mais ils ne viendront jamais parce qu’à vingt ans comme à quarante on ment beaucoup, juste pour rire.
Je m’appelle Anna, je vis avec mon père, ma mère et mon frère. A ce qu’on dit, c’est une chance, un papa, une maman pour soi mais aussi parfois, contre. Est-ce que je suis heureuse?
Je ne sais pas.
C’est quoi être bien?
Une copine m’a dit un jour avoir embrassé un garçon au collège, enfin à la sortie parce que dedans c’est interdit. Avant, elle s’est entraînée avec Marine, sa deuxième meilleure amie parce qu’avec moi, elle n’aurait pas osé, on est comme deux sœurs.
Alors je lui ai demandé: "c’était bien?". Elle m’a dit, "entre deux ", qu’il a tourné sa langue de tous les côtés de sa bouche, partout, sauf là ou elle la voulait. Je m’en doutais un peu, après tout, chacun sa bouche, comment savoir là ou il faut la mettre la langue.
"Et avec elle c’était mieux?"
Elle m’a pas répondu, elle m’a regardé comme si je ne comprenais rien mais c’est elle qui comprends rien, si ce n’était pas comme il faut avec lui, c’était peut être mieux avec Marine.
J’ai douze ans mais je vois bien qu’il se passe des choses pas nettes autour.
Ma mère est souvent triste, toujours même. Je me dis que la vie ne doit pas être très drôle après un certain âge. Elle pleure sans arrêt et me demande à moi si tout va s’arranger. Elle me regarde l'air abattu et attend une réponse.
Alors je regarde la télé, celle dans laquelle les gens sourient toujours et je
me dis que vraiment, ça ne peut pas être pire.
« Oui maman, tout ira bien, on guérit toujours de ce genre de maladie, la tristesse, ce n’est pas éternelle »
J’avais raison, elle s’est tuée ma mère, un matin.
Depuis ça, je ne vous dis pas, les problèmes.
Si j’en ai souffert? Je ne sais pas.
Certains disent que je cache ma tristesse dans ma façon de vivre. Ce n’est pas que je vis bizarrement seulement, même avant la mort de maman, je ressentais des trucs en moi, comme des décharges électriques.
Depuis à la maison, c’est la catastrophe.
Papa fait comme si on allait s’en sortir mais c’est faux, on va tous crever parce qu’elle s’est foutue en l’air.
Ce n’est pas possible comme je lui en veux, elle s’est pas dit une seule fois qu’elle allait tout casser, qu’elle allait faire de nous des épaves, comme elle avant d’avaler ces foutus cachets.
Mais ce n’est pas nécessaire d’en parler vraiment et puis si elle n’a pas su sauver sa tête, je compte bien sauver la mienne. Je ne fais pas comme mon frère qui parle d’elle, toujours comme si c’était la dernière merveille du monde, une déesse ou une reine.
Mais reine de quoi? C’est ma mère qui s’est tuée, je dois vivre avec ça maintenant, avec toutes ses questions, avec sa conscience et avec son foutu mal de vivre.
Comme je lui en veux d’être partie, ce n’est pas possible d’en vouloir autant à une morte.
Je ne sors pas beaucoup parce que mon père a peur. De quoi ? Je me le demande mais c’est plus vraiment un homme depuis ça. Des fois, il parle comme une bonne femme avec des intonations dans les aiguës comme le faisait maman, "Ne me parle pas sur ce ton" ou " Arrête de me répondre !".
Mais je lui parle comme je veux, je suis libre de m’exprimer. C’est comme quand les autres viennent à la maison, les tantes et les cousins, même si une année s'est passée, je dois encore faire comme si je n’avais rien appris de nouveau depuis la dernière fois.
Reset sur le progrès et ne leur dites surtout pas un mot qu’ils ne pigent pas, " Lol " sinon c’est de la haute trahison.
« Comment! Tu as déjà douze ans, bientôt treize? Qu’est-ce que ça grandit vite! »
Ah oui, ça grandit vite ces trucs là.
Quand même certaines fois j’y pense à maman. Je ne préfère pas trop mais elle me manque.
Alors j’imagine que je suis née dans la rue, que je viens de nulle part ou d’un endroit inconnu de tous. On m’a peut être déposé un matin devant chez mes faux parents et c’est peut être pour cela que maman a été si malheureuse.
Parfois j’ai des flashs et c’est dans ces moments que mon corps est foudroyé par des décharges. Dans ces cas là, j’appelle ma meilleure amie, Mathilde.
Je lui dis que je me sens pas terrible, que je pense à mon rendez vous de Samedi. En fait j’ai rencard avec Julien un garçon du collège mais pas n’importe lequel. Au collège, je suis dans le groupe des filles sans intérêt si ce n’est pour prêter mes devoirs de maths. Julien lui, c’est le gars qui a beaucoup de succès, du genre qui se bat dans la cours quand les autres le chauffent trop mais du genre aussi à défendre les filles si elles ont des problèmes. Bref il est vraiment balaise et vraiment, vraiment beau, une beauté qui me fait presque peur.
Va savoir pourquoi, Jeudi il vient me voir avec un copain à l’heure de la sortie. Quand Mathilde le voit s’avancer vers nous, elle me dit « Bon j’y vais, je te laisse avec l’autre raté » c’est nul de dire des trucs pareils. Mathilde, elle est parfois limite, elle a du oublier que le monde n’est pas fait que pour "les filles à papa" comme elle.
"Elle a peur ta copine?". Non elle est bête ma copine.
Il est plus grand que moi, il a des mains gigantesques et fortes, on dirait qu’il a travaillé déjà, tellement ses mains ressemblent à celle de mon père. Julien a tout juste quatorze ans, il a redoublé parce qu’il avait des problèmes dans sa famille. Il paraît qu’il est vraiment intelligent et ce n’est pas moi qui le dis, mais les professeurs au conseil de classe.
En réalité, on est déjà sortis ensemble deux fois mais Mathilde ne le sait pas. La première fois c’était prés de chez moi. Je lui avais promis de lui prêter la clef du studio que mon père loue en ville, il devait y faire venir une fille, une serveuse de dix neuf ans pour faire des trucs ensemble.
Julien a sourit en me suppliant. Et parce que je ne suis pas du genre à m’imposer ni à refuser, j’ai dit d’accord. Alors je lui ai remis les clefs en lui précisant de les ramener avant onze heures le soir.
L’avis de Mathilde est sans détour, je la déçois beaucoup, elle pense qu’il veut juste se moquer de moi avec ses copains. Le soir même, comme prévus des cailloux ont cognés sur la vitre de ma chambre. Il m’a dit merci avec un regard franc et dur comme pour sceller notre complicité. "C’était bien au moins ?" je lui demande.
Ensuite, comment dire, c’est comme si le monde autour s’arrêtait, son baiser n’a duré que quelques secondes, juste assez pour que les arbres, les voitures et le temps autour ne se figent pour l’éternité.
"ce soir, j’aurais voulu que se soit avec toi".
Il m’a embrassé encore mais cette fois avec toute sa violence. Ma tête a tourné, tourné, prête à tomber mais il me tenait fermement par la taille. J’ai ouvert la bouche quand lui a ouvert la sienne, et j’ai laissé aller ma langue quand la sienne s’est posée sur mes lèvres. C’était comme une danse improvisée, les yeux fermés. Je comprends maintenant pourquoi les amoureux ne parlent pas. Tout est dans le rythme et la synchronisation.
J’ai douze ans et on dit que les jeunes ne savent pas aimer mais, on dit tellement de choses sans intérêt.
J’aurais pu mourir pour lui, mon corps vibre au son de sa voix, sa place est toute faite. Les paupières serrées, je compte jusque dix. Nous sommes maintenant dans l’appartement, je l’entends retirer son pantalon, il glisse sur ses cuisses, le matelas s’affaisse sur la gauche, je me déporte, je roule sur le côté et sa main, énorme, me retient. Julien est comme un élastique qui suspend ma chute. Il fallait bien que je le laisse quelques minutes profiter de mon corps, de mes seins, de mes hanches. Je le trouve très blanc ce corps mais Julien ne dit rien, juste « tu es sure ? » comme avant de sauter d’un pont, tu es sure? Oui je suis sûre Julien, de toute façon, il faudra bien y passer et puis je préfère que se soit avec toi.
Le mal, la douleur, l’enfer même, j’ai jamais autant eu mal, coincée entre son corps lourd et le matelas. Je criais à peine mais pleurais beaucoup cachée derrière son épaule.
J’avais enfin mal, enfin une douleur que je pouvais presque toucher, le sang, la mort, l’odeur de ma mère sur mon corps tout juste mort.
Comme je lui en veux à elle, d’être partie si tôt.
***
La vie m’a choisi, moi Anna dix sept ans, pour vivre. Tu sais rien n’est plus pareil à cet âge. Je bois un peu plus qu’avant, je sors beaucoup, papa ne me dit plus rien alors je m’amuse vraiment.
Avec les garçons, j’ai beaucoup de succès, ils me désirent tous parce qu’ils savent que je l’ai déjà fait. Moi je n’irais pas jusqu’à dire que ça me dégoûte mais un peu quand même. Lui, passe ses doigts sur ma bouche, touche mes seins un peu trop fort d’ailleurs. Moi ce qui m’excite c’est surtout de m’imaginer les seins nus sous son regard, et en plus dans les toilettes du lycée.
Pour mettre ma main dans son pantalon, je m’inspire de vidéos que j’ai
vu seule, les cassettes de mon père.
Et je vais, je viens, je trouve ce geste ringard, pas du tout esthétique, rien de magique là dedans, sauf quand il jouit peut être. Après, je sens juste la danse de ses doigts sur ma peau, lui je ne le vois même pas.
Je me laisse juste emportée par le flot du désir, il n’y a que lui qui me calme, parce que je suis quelqu’un d'impulsif enfin se sont les autres qui le disent mais les autres ne savent pas toujours regarder. Moi je sais faire, je vois quand mon voisin a le cœur lourd, je le vois parce que je suis une habituée du mal, une écorchée du cerveau.
Je fume, je bois, je m’enivre, j’assume ma vie de fête et de plaisir. J’efface tout et je recommence, à chaque faux pas, j’efface et je refais. C’est comme ça que je gère les choses, pas de pleurs, plus de souffrance, pas de mots, juste un regard et la certitude de réussir à oublier.
C’est Ahmed qui m’a appris à vivre.
Avec les garçons, c'est fini.
Ahmed lui, c’est un mec qui aime le respect et les bonnes affaires et les filles, il s'en fiche un peu.
J’ai expliqué à Ahmed que j’entends des trucs pas clairs dans ma tête. Du genre quand je suis au cinéma, j’entends des conversations, des bruits bizarres, des grincements alors que personne ne parle autour et que les portes sont fermées. J’ai dit ça à Ahmed, et il a rit comme jamais…alors je n’ai plus rien dit jusqu’à ce jour d’été.
J’étais avec Ahmed et on marchait tranquillement dans les rues du centre. Il devait acheter un cadeau pour sa mère alors je me suis dévouée pour trouver une idée. Les cadeaux, c’est tout bête mais on ne trouve jamais l’idée au bon moment!
Après deux heures de recherches, je persuade Ahmed que les mères s’en fichent un peu du cadeau, ce qu’elles veulent c’est un geste d’amour de leurs enfants.
Sauf pour ma mère qui aimait les beaux et gros cadeaux, elle aimait le volume ma mère, il fallait que ça prenne de la place, peut être parce qu’elle, passait trop inaperçue. Jamais elle ne voulait être sur les photos, jamais elle n’éclatait de rire comme le fait Djamila, la mère d’Ahmed. Elle, je l’aime beaucoup, elle porte des habits de lumière, elle est rayonnante. Alors j’ai dit à Ahmed de lui acheter des fleurs, un gros bouquet de roses. Une fois dans le magasin, j’ai entendu une voix, une conversation, des hésitations, des cris, des hurlements même, mais Ahmed ne bronchait pas, il continuait à sourire à la vendeuse qui lui souriait aussi. C’est simple, tout le monde était joyeux, tous entourés de fleurs et de parfums. Il y avait juste moi qui luttait pour stopper cette voix, une voix de jeune femme, qui parlait et hurlait, ces mots étaient dures et violents, elle se disait fatiguée. J’entendais: « mal, en finir, pas la peine », un cri, des pleurs.
Mais ou est-elle? Et encore, « partir ou mourir »…mourir elle disait…mais qui veut mourir ici?
Dans la rue, j’étais abattue, tremblante, Ahmed n’a rien vu, rien entendu, je n'ai rien dit.
J’ai dix sept ans et j’entends des voix.
J’entends la voix des gens prêt à mourir. La jeune vendeuse souriante du ‘Bon plaisir’ s'est donnée la mort, le soir même.
C’est déjà assez difficile mais alors là, je porte à bout de bras un sérieux problème, un gros comme ma mère les aimait.
***
Aujourd’hui, j’ai dix neuf ans et rien n’a changé, j’entends toujours la voix des gens décidés. Ce n’est pas très gai mais je n’y peux rien et puis ça n’arrive pas tous les jours.
Si seulement j’avais su entendre plus tôt, maman serait peut être toujours en vie.
J’ai trouvé ma propre voie, l’écriture. Ma vie n’est pas si moche, écrire me donne des ailes celle qui me manquent pour aimer. Jamais je n’ai connu l’amour, le véritable, le reconnu. Je ne sais pas donner, aimer, partager, tout ces trucs qui vous retiennent à un autre qui souvent vous quitte pour moins que rien.
Ahmed est toujours dans le coin, il étudie la philosophie et rêve de devenir philosophe. Je me tue à lui dire que philosophe, ça s’apprend pas vraiment mais il veut apprendre, comprendre et savoir d’où part le monde! Moi je ne préfère ne rien savoir.
Papa va bien, il s’est remis avec une femme, plus jeune que maman quand elle est morte. C’est dire comme il va mieux. Elle n’est pas très maligne mais j’avoue qu’elle semble "tentante".
Je vois la vie un peu moins noire qu’il y a quelques temps, bien sûr je n’ai pas soixante- dix ans, j’ai toute la vie devant moi et si peu derrière mais j’ai vécu assez la détresse pour savoir que l’on peut souffrir à tout âge.
D'ailleurs, mon petit philosophe a des problèmes de cœur, une fille pas très commode qui lui a fait croire monts et merveilles. Alors Ahmed est malheureux, il me dit qu’il l’aime, qu’il est amoureux même et que la vie sans elle il ne la voit pas.
Cela fait deux semaines qu’Ahmed erre dans les rues, et comme un rituel, il enchaîne métro, fac, appartement sans ne rien dire d’autre que ‘si tu veux’, ‘ça m’est égal’. Il a une tête pas possible.
Aujourd’hui c’est ballade le long des quais, histoire de parler d’autre chose que sa dulcinée. Il a souri, j’aime quand les gens sourient et surtout Ahmed parce qu’alors il ressemble à Djamila.
On a bu un café tranquillement en terrasse. Je suis vraiment soulagé parce que je l’aime bien Ahmed, pas comme on aime un homme mais comme on aime un ami.
Je lui dis qu’on en est tous là un jour, abandonnés, lâchés par une main qui plutôt déposait ses caresses.
Nous marchons en cadence, Ahmed me prends dans ses bras au coin de la rue St Paul là ou chacun de nous s’en ira prendre son chemin. Serrée dans son cuir, je ressens la chaleur et une odeur de paix. La première fois que ma boule au ventre fait silence, comme par respect pour nous deux.
Ensuite, je n’ai pas compris pourquoi il a bondit. Je n’ai rien entendu cette fois, juste senti un souffle, une décharge électrique comme pour maman. J’ai vu Ahmed se diriger droit vers la voie rapide. Décidé, le regard fixe, il courait vraiment vers la voie rapide passant la barrière de sécurité. Alors j’ai couru, j’ai crié, je crois même que je l’ai poussé, très fort. Tout s’est passé si vite, je n’ai pas eu le temps de réfléchir, juste de réagir et c’est déjà bien.
Après plus rien.
Je le sens qui bouge à côté, alors il n’est pas mort. Il est debout même, égratigné mais sur ses deux jambes, le visage en larme et les yeux rouge, se doit être le choc. Et puis j’entends des voix, j’aperçois des visages autour, la main devant leur bouche, le regard effrayé ou triste, ça dépend.
C’est à cet instant que j’ai compris, c’est moi qu’ils regardent, c’est moi qui meurt, c’est moi, étendue sur la route. Je ne peux plus bouger, à peine encore penser. C’est sûrement la fin.
Mais Ahmed est debout et c’est moi qui l’ai sauvé. Cette fois, j’ai entendu, cette fois j'étais là.
Il n'y à rien d'autre à dire sur cette histoire. A part peut être un focus sur la tête des gens ce jour là parce qu'ils me l'ont bien rendu, je n'aurais jamais cru inspirer autant d'amour.
Voilà docteur, c'est à peu près tout. Savez- vous quand je pourrais sortir d'ici? Les gens sont étranges et me font peur, à se cogner la tête contre les murs.
Vous savez docteur demain, j'aurais quarante ans et je m'appellerais Madame Soleil comme dans mon roman.
Je m'assiérai à la table de jeunes amoureux et je leur dirais comme le temps est assassin. Je leur parlerai de mon père et de ma mère, de mes douze ans qui en ont trop vue et de mes dix neuf pas assez.
"Vous viendrez à mon exposition les jeunes, c’est vendredi !" je leur dirais.
Ils me diront d’accord avec un sourire certain mais ils ne viendront jamais parce qu’à vingt ans comme à quarante on ment beaucoup, juste pour rire.
Laetitia- MacaDeb
- Messages : 22
Date d'inscription : 26/08/2010
Age : 41
Localisation : Lille
Re: Juste pour rire
Je trouve que c'est vraiment un très beau texte. Pas vraiment "pour rire" mais tellement prenant. Je n'ai pas eu un moment envie de ne pas savoir la fin. Et cette fin, doublement surprenante est une belle fin en fin de compte.
J'ai juste une remarque de rien du tout, mais quand même, il y a au fur et à mesure qu'on avance dans le texte de plus en plus de petites fautes, c'est un peu dommage.
mais le plus important reste la beauté du texte et la qualité de la narration.
Nilo, pas pour rire.
J'ai juste une remarque de rien du tout, mais quand même, il y a au fur et à mesure qu'on avance dans le texte de plus en plus de petites fautes, c'est un peu dommage.
mais le plus important reste la beauté du texte et la qualité de la narration.
Nilo, pas pour rire.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Juste pour rire
Pareil que Nilo. Très beau texte, une fin qu'on ne voit pas venir, originale. L'héroïne ne meurt pas en fin de compte... ça aurait sans doute mieux valu ceci dit, pour elle s'entend.
Et comme Nilo, dommage que les fautes se multiplient, mais ça reste un bon texte ^^
Sasvata
Et comme Nilo, dommage que les fautes se multiplient, mais ça reste un bon texte ^^
Sasvata
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
re
Une nouvelle qui fait froid dans le dos et qui nous entraîne sur les territoires ombrageux de la folie humaine. On s'attache très rapidement au protagoniste principal qui n'hésite pas à détailler crûment ses premières expériences amoureuses ou ses relations parfois chaotiques avec son environnement familiale. On pressent également, et ce dès les premières lignes, la solitude existentielle de la narratrice et son besoin vital d'évacuer à tout prix ses humeurs noires en se laissant souvent glisser corps et âme sur les pentes boueuses de l'autodestruction.
Elle se livre aux autres mais demeure cynique dans sa posture (enfin c'est ce qu'elle veut nous faire croire...) et pratique l'auto-psychanalyse en espérant sortir vainqueur des conflits internes et externes qui l'assaillent.
J'ai beaucoup aimé l'innocence textuelle et littéraire de certaines descriptions (la scène du premier ébat sexuel) et la violence douce, amère qui s'en dégage. Il y a une volonté de transmettre à qui veut bien l'entendre, cette part animal instinctive qui vit en chacun de nous et que l'on ne peut contrôler.
On note l'ambivalence affective du personnage et sa position déséquilibrée face aux multiples mondes sensoriels qui nous entourent. On sent bien que quelque chose ne tourne pas rond et qu'un effondrement majeur se rapproche mais il faut attendre les derniers paragraphes pour comprendre l'impensable (l'auteur n'hésite pas à nous bluffer de bout en bout).
On pense d'abord à un journal intime d'une adolescente incomprise qui témoigne de ses errances passagères à la manière du fameux journal d'Anne Frank. D'ailleurs le ton s'en rapproche ici et là. La peur des hommes et de leur sexe qui peut tout réduire en cendre à l'intérieur des chairs, l'espace d'une nuit. La quête spirituelle plutôt que la quête sexuelle. Le désir de s'enivrer dans l'espoir de toucher et de comprendre ce corps et cette âme qui ne répondent pas ou très peu aux vibrations terrestres et terriennes. Le sentiment d'étrangeté qui l'anime comme si le personnage se sentait en permanence en APESANTEUR.
L'approche surnaturel en fin de récit renforce à n'en pas douter cette idée.
Pour conclure, on ressent de l'empathie pour cette pauvre Anna qui malgré sa pathologie psychiatrique extrême tente de se constituer une identité singulière par le biais de la pensée magique pour appréhender ainsi le réel et finalement sauver son âme... (je pense ici à Shutter Island).
Une plume qui se fait rare mais qui fait mouche.
Elle se livre aux autres mais demeure cynique dans sa posture (enfin c'est ce qu'elle veut nous faire croire...) et pratique l'auto-psychanalyse en espérant sortir vainqueur des conflits internes et externes qui l'assaillent.
J'ai beaucoup aimé l'innocence textuelle et littéraire de certaines descriptions (la scène du premier ébat sexuel) et la violence douce, amère qui s'en dégage. Il y a une volonté de transmettre à qui veut bien l'entendre, cette part animal instinctive qui vit en chacun de nous et que l'on ne peut contrôler.
On note l'ambivalence affective du personnage et sa position déséquilibrée face aux multiples mondes sensoriels qui nous entourent. On sent bien que quelque chose ne tourne pas rond et qu'un effondrement majeur se rapproche mais il faut attendre les derniers paragraphes pour comprendre l'impensable (l'auteur n'hésite pas à nous bluffer de bout en bout).
On pense d'abord à un journal intime d'une adolescente incomprise qui témoigne de ses errances passagères à la manière du fameux journal d'Anne Frank. D'ailleurs le ton s'en rapproche ici et là. La peur des hommes et de leur sexe qui peut tout réduire en cendre à l'intérieur des chairs, l'espace d'une nuit. La quête spirituelle plutôt que la quête sexuelle. Le désir de s'enivrer dans l'espoir de toucher et de comprendre ce corps et cette âme qui ne répondent pas ou très peu aux vibrations terrestres et terriennes. Le sentiment d'étrangeté qui l'anime comme si le personnage se sentait en permanence en APESANTEUR.
L'approche surnaturel en fin de récit renforce à n'en pas douter cette idée.
Pour conclure, on ressent de l'empathie pour cette pauvre Anna qui malgré sa pathologie psychiatrique extrême tente de se constituer une identité singulière par le biais de la pensée magique pour appréhender ainsi le réel et finalement sauver son âme... (je pense ici à Shutter Island).
Une plume qui se fait rare mais qui fait mouche.
léo- MacadAccro
- Messages : 1224
Date d'inscription : 25/03/2010
Age : 40
Localisation : Nord
réponse
Merci pour vos commentaires et votre lecture! effectivement les fautes sont impardonnables surtout lorsque l'on décide de publier un texte je vais remédier à cela et y veiller pour les prochains textes. Cette nouvelle exprime l'ambivalence, l'incertitude, le questionnement mais aussi l'incompréhension face à la vie et à ses nombreuses règles imposées! mon héroïne cherche son équilibre sur un fil invisible qui la rend, aux yeux des autres, étrange et inadaptée...Mais il y a aussi beaucoup d'amour entre ces lignes, je l'espère en tous les cas.
Laetitia- MacaDeb
- Messages : 22
Date d'inscription : 26/08/2010
Age : 41
Localisation : Lille
Re: Juste pour rire
Lu avidement ce texte riche et original. Une bien belle nouvelle, en fait. On se demande ce qui est vécu et ce qui est imaginé...Et on va au bout sans hésitation.
Swann,
Swann,
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Juste pour rire
Je l'ai parcouru et ce que j'y ai 'grignoté' m'a beaucoup plu. Je repasserais donner à ce texte toute l'attention qu'il mérite (et c'est pas un mensonge).
Z.
Z.
Zlatko- MacadAccro
- Messages : 1621
Date d'inscription : 30/08/2009
Age : 33
Localisation : Centre
Re
Je reviens sur cette nouvelle qui m'a beaucoup plu et me plaît toujours autant ! J'attends la prochaine avec impatience...
léo- MacadAccro
- Messages : 1224
Date d'inscription : 25/03/2010
Age : 40
Localisation : Nord
rire jaune
De l'amour, il y en a : Serrée dans son cuir, je ressens la chaleur et une odeur de paix. La première fois que ma boule au ventre fait silence, comme par respect pour nous deux."
Beau texte.
Beau texte.
asphalt- MacadMalade
- Messages : 221
Date d'inscription : 09/01/2013
Localisation : maine et loire : angers
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