tu l'as écrit pour moi ce texte ?

Ce qu'il y a de "malheureux" lorsque l'on écrit, c'est que les personnes qui vous entourent prennent forcement ce que l'on écrit pour elles, se cherchent dans tes mots et y trouvent forcement un rapport, une situation connue, un état ou un sentiment en rapport avec elles.
C'est parfois positif mais souvent négatif. Qui d'entre nous n'a pas eu à répondre à cette question " tu l'as écrit pour moi ce poème ?" et toi, embarrassé, sachant qu'il y a un peu de vrai mais pas complètement et surtout sachant que l'autre veut s'y lire....

Celui qui écrit le sait.

Ce qui est écrit, même si cela prend toujours racine dans une semi-réalité ressentie comme telle en tout cas, même si la base de l'inspiration puisque c'est ainsi qu'il convient de la nommer, se situe dans ce que tu ressens et ce que tu vis, un peu comme les rêves, cela peut partir aussi dans tous les sens, exprimer l'inverse (histoire de conjurer une peur), être un pur délire, une transposition...bref, peut donc aussi être éloigné de la conscience sage et raisonnée de la réalité, comme il peut également en être l'expression pure ( de cette réalité).
Le "proche" y perd son latin et ne comprend pas, plus et te le reproche presque...et pire, si il ne se retrouve pas dans ton écrit, va s'en offusquer, y voir une infidélité, une trahison, des non-dits , des choses cachés...

L'expression poétique est proche de l'onirisme : l'intellect s'en va voir ailleurs si on y est pas, il s'évade, se réfugie, se déploie ou plonge dans des abysses de sensations afin d'en extraire une essence et de la retranscrire.

Savoir lire, c'est sans doute, se faire sienne la "vision" de l'auteur , son point de vue, son ressenti, mais surtout pas en être "l'autre".

Tu poses la question du rapport à l'autre par le biais de l'écrit, et notamment de l'autre proche, qui doit savoir rester l'autre, à sa place, face à ce qu'il découvre de cette façon et qui lui avait échappé et sur quoi il n'a et n'aura jamais aucune prise réelle.
Nouveau et premier.
Dominant dominé.
C'est un moyen apparemment innocent mais aux conséquences insoupçonnées, d'en apprendre plus sur l'autre que sur soi-même, quant à sa capacité à admettre qu'il ne sait pas tout et qu'il perdra son temps de ce côté-là qui est la chasse gardée de chacun. C'est la question du respect aussi. Le travail intérieur de "l'auteur" pour garder et étendre son monde en marge du réel partagé, connu, etc.
Suivant suiveur.
C'est la question essentielle de la liberté de l'expression, qui va bien au delà du "dire" pour l'auteur, quand il décide ou pas de partager ses impressions en se livrant vraiment. L'écrit reste, les impressions passent ; il faut comprendre et accepter sans juger que pour qu'elles passent, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, positives ou négatives, il faille les sortir de soi et les porter (ou pas) à la connaissance d'autrui.
Bla bla bla.

Dam, débat ouvert.

La leçon copernicienne ne suffit apparemment pas.

Il y a quelque chose comme de l'envie, une sorte de crédulité vénale, ce besoin d'être rassuré de sa fonction, de son rôle.
Ils sont des êtres humains.

C'est désormais une question que je me refuse à entendre.
Il est des textes qu'on écrit pour quelqu'un. Et ce quelqu'un se reconnaît toujours, sans poser de question. Ceux qui la posent s'excluent d'eux-même du champ de la dédicace.

Nilo, pour ceux qui savent.

... finalement je suis plutôt contente que mes proches lisent pas mes textes ^^

Sasvata, tranquille

heu, rassure-moi... tu ne l'as pas écrit pour moi ce texte hein ?

bah en rpéonse j'irais jusqu'à me demander si c'est bien moi qui écrit quand j'aligne les mots... J'ai l'impression qu'ils passent devant moi et que je ne fais que les saisir au p'tit bonheur...

Ha je connais ça...dans les deux sens, soyons honnête.

Voilà ce que c'est que d'avoir des envies
Voilà ce que c'est que l'imagination

Y en a des choses à dire ça c'est sur.

Sylvie