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Le règleur

2 participants

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Message  Dam Mer 20 Avr - 18:13


Si on pouvait régler l’heure à sa guise, comme ça nous arrange, on ne changerait pas le cours du temps, la nuit en jour et vice versa, les saisons... le sommeil de l’un fait coucher l’autre de force, par respect, parce que “son” temps est d’abord celui l’autre - esprit sage, personne ordinaire.

Raison coupable, bipolaire.

Principe et esprit de contradiction - à quoi bon vouloir autre chose que partir ? Besoin d’être libre sans avoir personne pour nous contrarier, nous guider, avec pour seul et unique maître Le Temps. Le temps n’est plus une personne depuis longtemps, c’est une âme. Tous les politiques peuvent aller se coucher - ceux qui nous prédisent un avenir meilleur -, je préfère encore regarder la météo ! Le bulletin ; à ce sujet, je dois dire que mon dernier n’était pas clair, plutôt brumeux et ombrageux. Tellement gris-faux-nez qu'il était !

Il disait vrai sur le temps et l'homme de pouvoir, au pouvoir. Il renvoyait tout ce beau monde à la case départ, celle qu'ils n'auraient jamais dû quitter. Une prison de verre. Voilà ce que ça donne quand on n'a pas de destin, ni croyance, on veut régenter, et se laisser prendre au jeu, pour y croire encore… un peu. On veut réchauffer la température des créatures terrestres sans se soucier de savoir de quoi elles bouillonnent déjà et ce que les bulles renferment. On veut percer des abcès de société comme des tunnels dans la montagne ou des couloirs de trams. On veut montrer sa détermination au premier clopin venu en se persuadant assez lâchement qu'il ne sera pas le dernier. Réjouissances bête et méchante d'un cloporte ; clamer haut et fort que sa porte reste ouverte, qu'elle est toujours ouverte !

Alors avec ces régleurs du quotidien, j'invente mes règles à moi, je les développe, seul, j'y crois, seul. Voilà.

… Ce qui ne m’empêcha pas, moi, de développer le pire esprit de désobéissance qui soit. Vous pouvez passer en revue tous les interdits, les choses défendues, faire une grille des activités prohibées, dresser la listes de tous les pêchers capitaux, les dangers vitaux, jamais vous n’aurez la somme de mes délits. Car je n’en connais pas le nombre moi-même, seulement le poids, lourd à porter, vous aura sitôt déchargé de toute responsabilité et imploration calomnieuses. Vous approcherez seulement une vérité qui vous effraiera d’abord et avant tout.

Mais c’est trop optimiste de dire ça, car c’est croire que le monde est bon, au fond, et qu’il tend vers le meilleur : foutaise. Le monde est comme tout le monde et le temps, indifférent à tout. Reste quoi ? A part moi ? Quoi ? A part ça, il reste moi.

Chercher le rare dans l’Art, celui qui préserve des règles et du ridicule achevé, pour moi, ça n’a pas de prix, aussi sûr qu’on n’achète pas le temps ; car dans ce combat entre l’artiste et le règleur, le temps n’est pas de l’argent. On peut “racheter” avec ses armes le temps perdu, et ça, on est seul à pouvoir le faire.
Il n’y a pas 36 façons d’avancer dans cette galère, il faut ramer. Ramer enchaîné - Dieu seul sait le sort que la bataille nous réserve - à défaut de porte, de porte manteaux, de porte voix, de porte clefs, de porte plume même, (je n'ai que la plume), ou encore de porte des étoiles (cette cavale ouvrant la porte des songes et des pires horreurs) - Non vous ne rêvez pas, c'est vrai !

… Bien qu’il y ait quand même une certitude (qu’il ne faudrait pas ranger dans le tiroir vicié des idées reçues, celui qui se bloque quand on tire dessus) - il faut ramer. Lever les bras et les baisser, si c’est dans le sens de l’action. Pas trente six façons d’avancer, donc, il y a la sienne propre et c’est tout. Obligé d’un maître ou d’un dieu, ça ne fait rien...

Plonger dans la peinture comme dans la mer peut-être dangereux, comme si le fond rocheux était trop haut, toujours trop haut ; il en aura puni plus d’un cet été-là.

*

Aujourd’hui, 15 heures -

>> Savoir dessiner, c’est un faux problème. C’est comme savoir soigner ; si on n’y voit pas l’intérêt, on fera autre chose ou on ne fera rien. Pour les activités humaines on ne se force pas, on travaille toujours pour qu’arrive un moment bénit où le besoin l’emporte sur le devoir.

Persévérance et patience -

>> Vingt minutes pour ça, tous ces traits, et surtout un oiseau dans mon dos aux cris brefs et perçants, qui semblaient me dire : Viens, bouge, viens chanter avec moi.
Et moi, incapable de chanter, encore moins de siffler, j’ouvrais bien les yeux et perdais ma faculté d’entendre sous mes coups de crayons.
À la ville les Klaxons et les passants, à la campagne des cris, à la mer ce sera le vent ; enfin, il y aura toujours un élément pour vous empêcher de stagner, pour vous obliger à bouger, vous contraindre à la concentration suprême devant l’objet de votre choix - un tableau - abandon des bons : qui dois-je suivre ? Quel maître écouter ?
- C’est peut-être, non ; ça doit être, oui... ça doit être au tableau de me le dire.

Image, parle-moi


Ce soir, 20 heures -

>> Je voudrais ne pas être seul à m’amuser de trouver ça sublime, ce paysage de campagne avec l’église au fond.


Constat

>> À ce jour je sais, j’ai vendu des tableaux que jamais plus je ne ferai, des tableaux des débuts, Paris et Sud ; et même si je sais que le plus important était de les vendre, je sais aussi que ça n’est pas à n’importe qui, bien que ce fût à n’importe quel prix ! Aujourd’hui, cet argent, bien sûr, je ne l’ai plus, mais disons qu’il m’a servi à... admettons. Comme un “hoquet” qui m’est passé depuis longtemps, trop longtemps - c’est si rare de vendre un tableau phare des débuts que c’est dur de l’oublier, laborieux, mais qu’est-ce qu’on s’en fout, car le vrai travail est toujours à venir.

Tu en feras d’autres, vas !
>> Mais il y aura un jour où je n’en ferai plus et c’est bon signe, car ça signifie qu’on ne fait pas ça comme son lit, bêtement et inutilement. La vie est faite de routine et de choses ordinaires, parfois exceptionnelles. Ceux qui font ces choses exceptionnelles sont dans et devant de la vie ; d’aucuns diront qu’ils planent, qu’ils incarnent le rêve en toute simplicité et dans toute sa lâcheté, moi je réponds qu’ils sont jaloux, ou pire ignorants, car ils ne savent pas, ils avancent des choses sans savoir. Ceux-là n’ont pas de tableaux phares du début. Ceux-là n’en auront jamais d’autres. Ils ne m’auront jamais. Je n’y peux rien. Tant pis pour moi. Mais ça m’arrive parfois d’être hors du temps, et ça se paye cher, peuchère !


<< Je crois que si on mène une guerre pendant trop longtemps, on finit par épouser l’ennemi >>.
(“L’année du Dragon” M. Cimino)


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Le règleur Empty Re: Le règleur

Message  Nilo Jeu 21 Avr - 17:01

Mais il y aura un jour où je n’en ferai plus et c’est bon signe, car ça signifie qu’on ne fait pas ça comme son lit, bêtement et inutilement.
Oh que non ! On ne fait pas ça comme on se couche...

Beau texte, belle réflexion.
Et cette fin de mal marié, quelle fin.

Nilo, que sont mes tableaux devenus...

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