Les croix pleurent des ombres

Les croix pleurent des ombres


Les croix pleurent des ombres
Aux contours engourdis,
Les arbres de Justice
Dressent leurs bois au ciel,
Les requiem se couchent
Aux pieds de l'organiste.
Et le temps tire encore
La corde de l'ennui.

Les urnes funéraires
Se vident de leurs cendres,
Les doutes des croyants
Arrosent le désert,
Les braises se rallument
Aux pieds des suppliciés.
Et le temps se retire
Au fond des sabliers.

Les forges font des clous
Aux portes des enfers,
Les rêves de grandeur
Rougissent les parquets,
Les cantiques s'entonnent
Au pied des auteliers.
Et le temps se balance
Du haut des tours de guet.

Les fusils sont faisceaux
Aux tranchées militaires,
Les drapeaux sont plantés
Au fronton de la peur,
Les armes tambourinent
Aux pieds des condamnés.
Et le temps fait la claque
Aux servants du canon.

Les fourches sont Caudines
Sur les champs de batailles,
Les malheurs aux vaincus
Égrènent des prières,
La musique se met
Au pied des clés de sol.
Et le temps se décline
Au pas décadencé.

Les oraisons funèbres
Abjurent des mensonges,
Le sang coule glacé
Au cœur des angineux,
La terre colle un peu
Aux pieds des en allés.
Et le temps se raccroche
Aux chaînes des goussets.

Les cimetières enfilent
Des perles de granit,
Les cyprès se désolent
En allées de silence,
Les promeneurs s'inclinent
Au pied des croix de guerre.
Et le temps meurt de froid
Sur les pierres tombales.


Nilo.

On dirait Léo et sa voix de rocaille dans le torrent des jours !

Ratoune a écrit:On dirait Léo et sa voix de rocaille dans le torrent des jours !

Oh putain !
Ca c'est un commentaire qui pourrait me faire rougir comme une cerise qui ramènerait sa fraise.
Heureusement que je sais me tenir.
Plus sérieusement Ratoune, je ne sais plus où me mettre et tu imagines bien que je suis touché.

Nilo, ne dira pas qu'il s'en fiche.

Percutant à chaque vers. Il y en a cinquante-six, autant dire qu'on en prend dans la gueule un moment.

J'ai un faible pour la dernière strophe, que je n'hésite pas à remettre ici,

" Les cimetières enfilent
Des perles de granit,
Les cyprès se désolent
En allées de silence,
Les promeneurs s'inclinent
Au pied des croix de guerre.
Et le temps meurt de froid
Sur les pierres tombales. "

tant elle m'a plu à la fois par son esthétique et sa nostalgie.

Z, fleur au fusil.

Pas forcément Piroys, pas forcément.
Mais c'est vrai que si tu lis ça un jour gris de novembre dans une allée de cyprès en regardant les listes de noms sur les plaques de marbre ça peut mettre un coup au moral.

A part ça merci Z.

Nilo, faisceau de présomptions.

J'ai tapé dans le Mur à Dédé et il en est tombé ça.
Je le remets en place.

Nilo, début octobre.

ça va bien avec le temps qu'il fait...

Comme Z, la dernière m'a enormement touchée.

Tu dis tout ça si bien Nilo....

Un joli coup de le mur, je suis contente d'avoir découvert celui-ci. Toujours aussi brillant Nilo, on ne te changera pas.

Si seulement les dirigeants des grands pays pouvaient y voir un message de capitulation à envoyer des soldats sur de ridicules... abjectes guerres...

Trop balaise Nilo quand même ... Un Bob Marley à la française!

Je ne suis pas tombé n'importe où, on dirait; c'est du lourd!
Ce poème est un chant uni vers celles qu'on aime...

NOn t'es loin d'être tombé n'importe ou.

Un texte qui se porte très bien en le lisant à haute voix avec ce que la voix peut apporter.

Personnellement, je l'ai lu d'abord d'une traite et j'avais l'impression de tourner une manivelle alors je me suis dit
"lis le à haute voix"

C'est ce que j'ai fait et là, j'ai cassé immédiatement la manivelle du départ et ça allait beaucoup mieux pour y approprier le sentiment.

Sylvie

Relecture qui s'impose vu que c'est le Dédé's wall qui m’envoie à nouveau sur ces mots me laissant sans voix... Félicitations à l'auteur, toujours à la hauteur des attentes de ses lecteurs/admirateurs!

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Huitième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.

Grandiose évocation.