Mourir me fait hurler de rire

J'écoute Pat Benatar sur un sénile tourne-disque
et je pense : mourir me fait hurler de rire
j'étais à la brocante aux crépuscules, j'enfilais des cierges
comme des cerises sur le dos d'une feuille

J'ai pas de vieux amis, j'ai neuf ans
je suis un grand garçon, c'est ma mère qui me l'a dit
qu'à neuf ans on est déjà un grand garçon
et je crois tout ce qu'elle dit même quand je sais
que c'est juste pour me faire plaisir

A dix ans je serai un adulte, à onze ans
je baiserai une femme dans une ruelle malfamée
ça, c'est pas ma mère qui me l'a dit
c'est comme on dit, de la projection
et puis à douze ou treize je ferai
un môme ou deux, et j'attendrai patiemment
qu'ils aient neuf ans pour que ma mère
leur dise qu'ils sont déjà de bien grands garçons

La projection c'est un chouette truc
on peut raconter à peu près n'importe quoi
vu que de toute façon t'en sais fichtrement rien
de ce que tu seras dans l'avenir
faut pas croire les cartes, faut pas croire au destin
et encore moins ce qu'on peut lire dans les nuages
faut juste écouter ce que ta mère te dit
au moment où elle te remonte la couverture
sur les épaules

Alors je me dis qu'à quatorze ans
je ne serai pas si loin d'être grand-père
et puis à quinze il arrivera ce qui arrive à tout le monde
je ferai chier mes mômes pour les funérailles
avec plein de dettes dans tous les tiroirs
je ne laisserai pas de testament
comme ça ils seront bien emmerdés
c'est pas que je leur souhaite du mal
c'est juste qu'à un moment ou un autre
la vie te fracasse la gueule
et que c'est comme ça qu'on apprend
ça, c'est mon père qui me l'a appris

La face B de Pat Benatar est encore meilleure
que la face A, peut-être que c'est ça
qui fait que mourir me fait hurler de rire

J'ai adoré le ton de ce poème, ou plutôt, de cette histoire! Et pis ça me fait marrer en plus ^^
Il prend de sacrés raccourcis le gamin de 9 ans, mais il me plait
J'adore qu'il s'imagine déjà plein de dettes pour tout héritage. Et puis j'aime aussi la façon de dire ce que lui a appris son père... Je sais pas, celui-là, vraiment je l'aime ^^

Sasvata, ça me donne envie de m'écouter du Pat Benatar, histoire de me marrer encore

Bon, je suis surement passée à côté d'un truc, la subtilité du texte ou le sens profond du sujet parce que ... rien

cC ne m'a rien évoqué, emmené nul part. Cela dit je ne connais pas du tout Pat Benatar, ceci explique peut être cela

Honnêtement,
Cend'

Les raisons qui me font hurler de rire ne sont pas les mêmes, néanmoins j'ai aimé lire ce poème et les projections de cet enfant qui n'a pas une exacte appréciation du temps.
Sait-il que le meilleur moment est celui où sa mère le borde alors qu'il savoure cet instant ?

Carmen

quel cinéma il se fait ce petit qu'est déjà grand !

Certaines paroles, lors de l'enfance sont parfois très dures.

Un poème a étapes où l'auteur a su mettre en valeur les instants qui manquent probablement aujourd'hui.

Le titre est encore une fois un bien beau poème.

Sylvie

J'ai suivi le fil, les visions de l'enfance, les destins formatés que l'homme se propose, c'est ça qui fait " hurler à mourir "

J'ai aimé ça. Une belle "histoire courte" comme un raccourci de la vie d'un môme de banlieue, entre les billes et sa première tournante.

Heureusement qu'il y a une face B.

Nilo, mort de rire.

L'avenir d'un enfant fait peur,non ? Merci !

Chantal

Un coup d'oeil rétrobiographique, qui m'a bien plu.

Un clin d’œil (même au beurre noir) mais on sourit et … plonge dans une réflexion. J’ai bien aimé - Solweig