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Il nous rejoint.
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Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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Il nous rejoint.
Il nous rejoint.
Père partait ce matin 7 heures.
Il nous laisse entre fous drogués instinctifs muselés par le remords et l’audace (ode à la farce), frêles combattants dans l’énergie absurde et dérisoire du désespoir.
Mortifiés par le départ du maître de guerre, des lieux et des initiatives en tout genre. Cartésien ! Il était heureux de partir. Quelque soit la façon dont il nous voyait, moi,
mes soeurs et mère, il partait avec le sourire. Il s’était senti mal, repris bientôt, vers Lyon, par le remords. Quatre heures de dérive au mistral, vent contraire, et les
embouteillages aidant, il ne savait plus très bien où il en était, ce qu’il faisait, dans cet air puant au paysage d’usines grises. Le décor n’était pas planté, le paysage
défiguré, non, il était au plus mal dans la fumée, la grisaille et la puanteur néfaste. Il mit l’air conditionné pour se reconditionner, rien n’y fit. C’était pire. Il espérait
maintenant que ce fût un accident, car le malheur des autres... Il brassait du noir.
Il alluma la radio qui ne donnait que des informations joyeuses, ça lui fichait le bourdon. Pays de merde !
Dix minutes comme ça et il pensa au futur, le dîner avec ses amis du Sancerre, le bon vin qui l’attendait. Le poste Sony crachait un affreux larsène qui le laissait dans
une indifférence aveugle et sourde, arrêté et ailleurs qu’il était - une froideur de marbre malgré la chaleur lourde - il avait coupé la climatisation. Pourquoi ? Craignait-il de
chopper la crève ? C’est qu’il pensait d’abord à lui, sa santé, et à son dîner du soir au Sancerre et aux chandelles. “Tiens, faudra que je pense à appeler Madame
Angelier...”
À l’entrée du Tunnel sous Fourvière, voilà que la gêne le reprenait, plus forte que tout. Une gêne que seule la fuite dans la vitesse pouvait freiner. Au sortir du tunnel
noir, il se sentit revivre : “J’ai passé la frontière du mal pour le travail, je suis guéri. Le vent le poussait par rafales.
Il avait tant de fois refusé et réprimandé au lieu de laisser faire, agir, parce que ce qu’il voyait ne lui correspondait en rien, il en avait peur, point. Comme une échéance
néfaste, un ultimatum guerrier. Ce n’était pas lui, et donc... Assumait-il son Union blanche et la consanguinité ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Toujours est-il que c’était trop
tard pour y penser ; la question est : depuis quand est-ce trop tard, depuis quand ? ce qui est certain, c’est que c’était forcément à cause des autres, lui étant le Maître
de guerre. Cette image de l’Homme solide et blindé avait du bon rassurant, et du tout mauvais. On se devait de le respecter si on ne voulait pas passer pour un con. Et
on passait pour des idiots. Nul ne pouvait l’aider dans sa vie et son malheur - il assumait trop. Moi, mes tableaux, ils décoraient les murs de sa chambre, et mes écrits
minces, ils remplissaient les vides dans la bibliothèque. En fait, il les glissait à l’horizontale au dessus des livres comme cache poussière. “Tu n’as qu’à te faire éditer, je te
rangerai avec les autres". (Les autres, pour lui, c’était Les Grands. Il n’y avait aucun navet dans son périmètre enfer rieur).
Le remord, pour lui, était d’avoir jugé trop tôt avant de savoir à qui il avait à faire vraiment. Maintenant c’était trop tard. Il avait été un destructeur sans le savoir. Il faut
dire qu’elle lui avait facilité les choses, elle l’avait bien aidé. D’une nature bonne mais faible, elle aura souvent souri à un démon et tenu tête bêtement à un Dieu. La raison,
elle en aura perdu la raison. Mais nous n’allons pas en reparler. Pour moi, c’est déjà fait et j’ai déjà tout dit. Je n’y trouve aucun plaisir d’écrire là dessus, dommage hein ?
ça me plaisait bien (une femme), ça m’aurait bien plu.
Elle luttait affreusement contre une maladie désastreuse qui lui grignotait l'âme..
“C’est faux, dira-t-il, c’est faux !”
Dam.
Père partait ce matin 7 heures.
Il nous laisse entre fous drogués instinctifs muselés par le remords et l’audace (ode à la farce), frêles combattants dans l’énergie absurde et dérisoire du désespoir.
Mortifiés par le départ du maître de guerre, des lieux et des initiatives en tout genre. Cartésien ! Il était heureux de partir. Quelque soit la façon dont il nous voyait, moi,
mes soeurs et mère, il partait avec le sourire. Il s’était senti mal, repris bientôt, vers Lyon, par le remords. Quatre heures de dérive au mistral, vent contraire, et les
embouteillages aidant, il ne savait plus très bien où il en était, ce qu’il faisait, dans cet air puant au paysage d’usines grises. Le décor n’était pas planté, le paysage
défiguré, non, il était au plus mal dans la fumée, la grisaille et la puanteur néfaste. Il mit l’air conditionné pour se reconditionner, rien n’y fit. C’était pire. Il espérait
maintenant que ce fût un accident, car le malheur des autres... Il brassait du noir.
Il alluma la radio qui ne donnait que des informations joyeuses, ça lui fichait le bourdon. Pays de merde !
Dix minutes comme ça et il pensa au futur, le dîner avec ses amis du Sancerre, le bon vin qui l’attendait. Le poste Sony crachait un affreux larsène qui le laissait dans
une indifférence aveugle et sourde, arrêté et ailleurs qu’il était - une froideur de marbre malgré la chaleur lourde - il avait coupé la climatisation. Pourquoi ? Craignait-il de
chopper la crève ? C’est qu’il pensait d’abord à lui, sa santé, et à son dîner du soir au Sancerre et aux chandelles. “Tiens, faudra que je pense à appeler Madame
Angelier...”
À l’entrée du Tunnel sous Fourvière, voilà que la gêne le reprenait, plus forte que tout. Une gêne que seule la fuite dans la vitesse pouvait freiner. Au sortir du tunnel
noir, il se sentit revivre : “J’ai passé la frontière du mal pour le travail, je suis guéri. Le vent le poussait par rafales.
Il avait tant de fois refusé et réprimandé au lieu de laisser faire, agir, parce que ce qu’il voyait ne lui correspondait en rien, il en avait peur, point. Comme une échéance
néfaste, un ultimatum guerrier. Ce n’était pas lui, et donc... Assumait-il son Union blanche et la consanguinité ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Toujours est-il que c’était trop
tard pour y penser ; la question est : depuis quand est-ce trop tard, depuis quand ? ce qui est certain, c’est que c’était forcément à cause des autres, lui étant le Maître
de guerre. Cette image de l’Homme solide et blindé avait du bon rassurant, et du tout mauvais. On se devait de le respecter si on ne voulait pas passer pour un con. Et
on passait pour des idiots. Nul ne pouvait l’aider dans sa vie et son malheur - il assumait trop. Moi, mes tableaux, ils décoraient les murs de sa chambre, et mes écrits
minces, ils remplissaient les vides dans la bibliothèque. En fait, il les glissait à l’horizontale au dessus des livres comme cache poussière. “Tu n’as qu’à te faire éditer, je te
rangerai avec les autres". (Les autres, pour lui, c’était Les Grands. Il n’y avait aucun navet dans son périmètre enfer rieur).
Le remord, pour lui, était d’avoir jugé trop tôt avant de savoir à qui il avait à faire vraiment. Maintenant c’était trop tard. Il avait été un destructeur sans le savoir. Il faut
dire qu’elle lui avait facilité les choses, elle l’avait bien aidé. D’une nature bonne mais faible, elle aura souvent souri à un démon et tenu tête bêtement à un Dieu. La raison,
elle en aura perdu la raison. Mais nous n’allons pas en reparler. Pour moi, c’est déjà fait et j’ai déjà tout dit. Je n’y trouve aucun plaisir d’écrire là dessus, dommage hein ?
ça me plaisait bien (une femme), ça m’aurait bien plu.
Elle luttait affreusement contre une maladie désastreuse qui lui grignotait l'âme..
“C’est faux, dira-t-il, c’est faux !”
Dam.
Re: Il nous rejoint.
ce n'est pas "beau" c'est nécessaire
marc- MacadAccro
- Messages : 787
Date d'inscription : 03/09/2009
Re: Il nous rejoint.
Bien dit. Merci Marc. Comme un portrait de l’âme (avant que j’attaque la peinture) ; après, je n’ai plus écrit sur le sujet. Ce qui n’a pas changé, c’est l’urgence de le faire.
Dam.
Dam.
Re: Il nous rejoint.
Ce texte me parle comme ma vie me parle!
De l'enfant à l'adulte, les mêmes choses n'ont plus la même image. Comprendre et se dire la vérité fait mal alors on reste blotti dans le souvenir de son enfance où l'innocence a bon dos.
L'amour ressemble a ce que tu as écrit avec ses illusions, ses fantasmes, ses rêveries qui font sourire et qui vont jusqu'à nous faire perdre la tête. mais si il s'envole, il entraine bien des choses avec et "l'homme" ouvre ses yeux pour ne voir ou ne sentir que ce qui est moche ou sent mauvais.
Un texte touchant, sincère et triste en même temps.
Peut être que la réalité des instants douloureux n'est autre que la réalité d'un quotidien?
De l'enfant à l'adulte, les mêmes choses n'ont plus la même image. Comprendre et se dire la vérité fait mal alors on reste blotti dans le souvenir de son enfance où l'innocence a bon dos.
L'amour ressemble a ce que tu as écrit avec ses illusions, ses fantasmes, ses rêveries qui font sourire et qui vont jusqu'à nous faire perdre la tête. mais si il s'envole, il entraine bien des choses avec et "l'homme" ouvre ses yeux pour ne voir ou ne sentir que ce qui est moche ou sent mauvais.
Un texte touchant, sincère et triste en même temps.
Peut être que la réalité des instants douloureux n'est autre que la réalité d'un quotidien?
Re: Il nous rejoint.
Je pense que tu as bien saisi qu’il y avait là, sous-jacent, le drame d’une enfance ‘différente’ ; drame propagé. La raison, elle en aura perdu la raison. La vie est devant. Orphelin d’un pays aussi. Je ne suis pas surpris que ça te parle, Sylvie.
Dam.
Dam.
Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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