Un éternel retour

Fleuve parfois tari qui dans l'Histoire plonge,
Ayant la majesté, le calme d'un gisant,
Comme un miroir obscur pour les jours du présent ;
Et du sable au milieu, où l'avenir s'éponge.

Au long de ton pays ton rivage s'allonge,
Où viennent méditer les humbles paysans
Et l'âme des seigneurs devenus vers luisants,
Qu'un tourment d'autrefois toujours harcèle et ronge.

Je vois l'eau qui avance en descendant des monts
Et ne remonte point comme font les saumons,
Mais quand elle est en mer, cette eau qui s'évapore

Revient vers les sommets, à la force du vent
Et se fait source pure, et ruisseau, comme avant,
Et le fleuve en lui-même à nouveau s'incorpore.

Fulgurant raccourci de la vie - sagesse. Pas étonnant qu'Apollinaire et d'autres se soient noyés dans la contemplation de cette eau qui dans l'écoulement infini et dans son cycle, nous rappelle à nous-même.

Z.

J'ai retenu ce passage:

"Au long de ton pays ton rivage s'allonge,
Où viennent méditer les humbles paysans
Et l'âme des seigneurs devenus vers luisants,
Qu'un tourment d'autrefois toujours harcèle et ronge."

J'avais envie de penser simplement à notre vie qui tourne, qui se vide et se remplit sans oublier les souvenirs qui ne sont que les nôtres bien sur, mais auxquels on tient et on s'accroche parfois au point de s'y noyer.

Io Kanaan a écrit:
Et le fleuve en lui-même à nouveau s'incorpore.

J'adore !