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Le rayon de lumière
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Le rayon de lumière
Le rayon de lumière
Viral descendait tranquillement la route vers son repère secret des rochers avec son gros sac de chasse à l’épaule. Au passage d'un bolide, il ramassa trois feuilles au pied d'un eucalyptus géant de l’Avenue des Actinies. Petite pause pour changer d’épaule son sac de cent kilos... Viral dévala sa route jusqu’à sa plage, d'un trait, sans marquer d’arrêt pour traverser la nationale. C’était au p'tit bonheur la chance comme la partie de chasse qui se préparait. Encore maintenant je manque à mes devoirs, pensait Viral en revêtant sa combinaison bleue d’été... et ceci, seulement par souci pécuniaire. Quel idiot !
En jurant dans son tuba, il s’étrangla. En portant les mains au tuyau noir, il perdit son centre de gravité et glissa sur les rochers. Son talon alla droit se planter sur un gros ours noir qui se fendait la poire en silence.
Derrière lui, un couple d’étrangers passa dans le silence en se déhanchant, pieds-nus, sur les rochers du diable. Viral n'osait pas se relever ; il baignait dans sa cuvette sauvage comme un bébé hébété dans sa piscine d'émail. Tout cela devait paraître naturel, ou tout au plus, sans gravité ; son talon lui lançait des éclairs d'une douleur qui vous fait appeler maman. La fille était blonde et belle, du type "fard aux yeux". Le gars avait le torse nu et les cheveux clairsemés ; sous le soleil rasant du couchant, il semblait chauve. Tout était prévu pour que Viral vît la fille de face, tandis que l'homme continuait son escalade insouciante et solitaire.
" Regarde où tu mets les pieds, chérie !".
Cette diatribe maternelle qui tintait à ses oreilles depuis l'accident ne devait pas être le pensum de tout le monde, se dit Viral - ou alors, j’entends des voix !... - certainement pas de cette fille. Parce qu'elle n'avait pas d'enfant... à choyer, à pouponner... mais seulement un nigaud de mari ?
Elle n'avait pas grand chose à espérer de moi, dans l'état d'impuissance où j'étais - lamentable - mais le fait est qu'elle s'attardait. Elle attendait derrière sur le rocher. Je voyais son ombre danser sur les vagues. Je filtrais son odeur sucrée chocolatine, l'entendais respirer... Alors, je me retournai. Nos regards suffirent à ne rien dire, et le sien était tout particulièrement explicite. Elle me tendit la main et nous sortîmes de nos marmites respectives.
- Qui était-ce, dis-je.
- Qui ? Lui... >> elle parlait mal le français et j'en profitai :
- Un nigaud.
- Oui, oui. Voyons ce...
- Ah non ! Ce n'est rien, mais quand même, pardonnez-moi, mère, je vous suis très reconnaissant. C'est très aimable à vous (je n’arrêtais pas!) - mais il faudrait une aiguille. J'en ai à la villa, près d'ici. Ne bougez pas...
- Quoi ? Elle me regardait, totalement confuse, croyant sans doute qu'elle m'avait blessé.
- Non non, je dis : je reviens (encore en m'éloignant) ne bougez pas >>.
Sur le chemin de l'avenue des Actinies, je me demandais bien ce que j'allais faire car, avec le pied en l'air, la villa n'était pas si près que ça... Et trouver des aiguilles revenait au même que de retirer celle que j'avais au pied avec les doigts nus : impossible. Je décidai donc de revenir. Comme à l’aller, je me baissais pour cueillir une feuille pourpre d’eucalyptus... Mais en arrivant à la nationale, cette fois je m’arrêtai. J'aurais pu continuer tout droit mais l'enjeu était diffèrent ; la prise était faite, et belle. Elle m'attendait toujours sur la serviette : à croire que c’était ça, une serviette, ce qu'elle cherchait. Elle était étendue sur le dos, dévêtue, splendide. Avant de descendre, je marquai un temps d’arrêt pour la regarder ; c’était mon tour, et j'en profitai. La belle était rayonnante plus que le soleil.
Viral ne saurait vous dire si ce petit jeu dura longtemps. Mais pour autant qu'il s'en souvienne, on était en juin, et cette fille n'était pas un éclair de vacances. C’était autre chose : un rayon de lumière.
Dam.
Viral descendait tranquillement la route vers son repère secret des rochers avec son gros sac de chasse à l’épaule. Au passage d'un bolide, il ramassa trois feuilles au pied d'un eucalyptus géant de l’Avenue des Actinies. Petite pause pour changer d’épaule son sac de cent kilos... Viral dévala sa route jusqu’à sa plage, d'un trait, sans marquer d’arrêt pour traverser la nationale. C’était au p'tit bonheur la chance comme la partie de chasse qui se préparait. Encore maintenant je manque à mes devoirs, pensait Viral en revêtant sa combinaison bleue d’été... et ceci, seulement par souci pécuniaire. Quel idiot !
En jurant dans son tuba, il s’étrangla. En portant les mains au tuyau noir, il perdit son centre de gravité et glissa sur les rochers. Son talon alla droit se planter sur un gros ours noir qui se fendait la poire en silence.
Derrière lui, un couple d’étrangers passa dans le silence en se déhanchant, pieds-nus, sur les rochers du diable. Viral n'osait pas se relever ; il baignait dans sa cuvette sauvage comme un bébé hébété dans sa piscine d'émail. Tout cela devait paraître naturel, ou tout au plus, sans gravité ; son talon lui lançait des éclairs d'une douleur qui vous fait appeler maman. La fille était blonde et belle, du type "fard aux yeux". Le gars avait le torse nu et les cheveux clairsemés ; sous le soleil rasant du couchant, il semblait chauve. Tout était prévu pour que Viral vît la fille de face, tandis que l'homme continuait son escalade insouciante et solitaire.
" Regarde où tu mets les pieds, chérie !".
Cette diatribe maternelle qui tintait à ses oreilles depuis l'accident ne devait pas être le pensum de tout le monde, se dit Viral - ou alors, j’entends des voix !... - certainement pas de cette fille. Parce qu'elle n'avait pas d'enfant... à choyer, à pouponner... mais seulement un nigaud de mari ?
Elle n'avait pas grand chose à espérer de moi, dans l'état d'impuissance où j'étais - lamentable - mais le fait est qu'elle s'attardait. Elle attendait derrière sur le rocher. Je voyais son ombre danser sur les vagues. Je filtrais son odeur sucrée chocolatine, l'entendais respirer... Alors, je me retournai. Nos regards suffirent à ne rien dire, et le sien était tout particulièrement explicite. Elle me tendit la main et nous sortîmes de nos marmites respectives.
- Qui était-ce, dis-je.
- Qui ? Lui... >> elle parlait mal le français et j'en profitai :
- Un nigaud.
- Oui, oui. Voyons ce...
- Ah non ! Ce n'est rien, mais quand même, pardonnez-moi, mère, je vous suis très reconnaissant. C'est très aimable à vous (je n’arrêtais pas!) - mais il faudrait une aiguille. J'en ai à la villa, près d'ici. Ne bougez pas...
- Quoi ? Elle me regardait, totalement confuse, croyant sans doute qu'elle m'avait blessé.
- Non non, je dis : je reviens (encore en m'éloignant) ne bougez pas >>.
Sur le chemin de l'avenue des Actinies, je me demandais bien ce que j'allais faire car, avec le pied en l'air, la villa n'était pas si près que ça... Et trouver des aiguilles revenait au même que de retirer celle que j'avais au pied avec les doigts nus : impossible. Je décidai donc de revenir. Comme à l’aller, je me baissais pour cueillir une feuille pourpre d’eucalyptus... Mais en arrivant à la nationale, cette fois je m’arrêtai. J'aurais pu continuer tout droit mais l'enjeu était diffèrent ; la prise était faite, et belle. Elle m'attendait toujours sur la serviette : à croire que c’était ça, une serviette, ce qu'elle cherchait. Elle était étendue sur le dos, dévêtue, splendide. Avant de descendre, je marquai un temps d’arrêt pour la regarder ; c’était mon tour, et j'en profitai. La belle était rayonnante plus que le soleil.
Viral ne saurait vous dire si ce petit jeu dura longtemps. Mais pour autant qu'il s'en souvienne, on était en juin, et cette fille n'était pas un éclair de vacances. C’était autre chose : un rayon de lumière.
Dam.
Re: Le rayon de lumière
Donc, qui part à la chasse...
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Le rayon de lumière
Merci Ratoune de ta lecture... Ce texte est encore teinté de trop de mystères et je ne me risquerai pas à le décortiquer tel un crabe qui sectionnât l’annulaire gauche.
Dam, chasse au trésor.
Dam, chasse au trésor.
Re: Le rayon de lumière
Un plaisir onirique...
Swann,
J'aime particulièrement "l'avenue des actinies" Elle existe?
Swann,
J'aime particulièrement "l'avenue des actinies" Elle existe?
Swann- MacadAccro
- Messages : 1023
Date d'inscription : 31/08/2009
Age : 72
Localisation : entre deux cafés
Re: Le rayon de lumière
Oui Swann, et elle revient souvent, enfin quand il faut (pas si souvent que ça) et juste assez pour marquer le coup ; et j’ai moi-même un certain penchant (parce qu’elle descend à la mer ?) pour elle et sa plaque (qui d’ailleurs n’existe plus !)
Merci Swann,
Dam.
Merci Swann,
Dam.
Re: Le rayon de lumière
Et moi, même si j'ai tout aimé de cette lecture je me suis particulièrement arrêté à ceci
Nos regards suffirent à ne rien dire
qui en dit tant !
Nilo, silence.
Nos regards suffirent à ne rien dire
qui en dit tant !
Nilo, silence.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le rayon de lumière
J'étais déjà passé pour en dire du bien.
C'était avant que le bug du 20 août 2011 vienne poser une bombe à anticipation sur le Macadam.
Je reviens, pour le redire, plus simplement.
Nilo, bis repetita.
C'était avant que le bug du 20 août 2011 vienne poser une bombe à anticipation sur le Macadam.
Je reviens, pour le redire, plus simplement.
Nilo, bis repetita.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le rayon de lumière
J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Quinzième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...
Dédé.
_________________
Ciao les gonzesses, c'était Dédé.
Dédé- MacaDédé
- Messages : 1885
Date d'inscription : 04/09/2009
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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