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Un soir pas comme les autres
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Macadam :: MacadaTextes :: Textes courts
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Un soir pas comme les autres
Il est dix huit heures. Sur les trottoirs les anonymes s’évitent, se bousculent dans le flux et reflux de la marée des fermetures de bureaux.
Là bas, au bout de l’avenue, rapidement l’effervescence gagne le carrefour. Un tourbillon mécanisé de tâches aux couleurs standardisées anime le carrousel avant de s’éparpiller au gré de la rosace dans un concert stressant de décibels. Plane sur le tableau une odeur irritante de gaz de combustion.
Régulateurs imperturbables les feux s’attardent sur un temps rouge, un autre vert, en font moins pour l’orange sans tenir compte des états d’âmes des voyageurs.
Rouge ! Soupir d’exaspération. Une silhouette verte s’allume et d’yeux absents, aux premières loges on suit cette marée de têtes inconnues noyant la chaussée.
Dans l’habitacle le poste annonce une météo… On n’écoute pas la suite, la silhouette est passée au rouge. Clin d’œil vert et rugissent les fauves métalliques en bondissant vers le tourbillon, seule issue de sortie en faisant le bon choix de voie évitant de tourner en rond où revenir sur ses pas.
Dix neuf heures. La nuit vient de tomber. Un vent mauvais se lève et court dans les noirs couloirs de la ville en giflant à l’improviste quelques façades muettes au regard artificiel, en soulevant des détritus légers froissés ou non pour les emporter vers un ailleurs sans repères.
Aux mêmes assauts gémissants à intervalles irréguliers, oscille une enseigne qui dans un grincement de porte de prison dirige sa lumière vers des zones d’ombres que l’imagination croit peuplées de mystères.
En dessous, des néons de vitrines éclairent ces mannequins immobiles présentant la tendance du moment.
Au carrefour, le vent de l’exode quotidien est tombé. D’effrayants une heure avant, les lieux deviennent sinistres sous les tics invariables des feux.
Ce soir, en bordure du carrousel, une ombre s’est oubliée. Figée là, tête baissée elle fixe un point à terre ou rien puis, dans un instant fragile, comme d’une marionnette dont on lâche un fil, retombe le bras qui tient haut une « baccara ».
Le regret ouvre la main et du feuillet sans lendemain choit la fleur dans le caniveau et montent, montent les maux dans les turbulences d’un souffle qui, en sentence déshabille la belle de son vêtement cellophane que le vent profane emporte.
Papillon éphémère, un pétale du corps s’envole sous les yeux vides des mannequins témoins de la scène.
Mesquin, le vent se cache sous les apparences du calme et l’enseigne ne dérange plus les mystères. Fin de l’acte.
Et tombe la pluie sur le rideau qui descend.
Ce soir pas comme les autres, l’ombre piétine les décombres d’un espoir qu’un séisme inattendu vient de détruire.
Lentement sous de sombres hospices, vers un précipice l’ombre avance.
Comme venant d’un large où sévit une tempête, les vagues déferlent sur la plage de l’instant. Dans la houle, sans relâche mugit le pourquoi ? Et très tôt, dans le petit matin d’un nouveau jour la lancinante question se répercute en hoquets balbutiants dans les couloirs crevant de solitude.
Un triste monologue en regardant un visage collé à une devanture, une caresse comme un débordement de désespoir au sourire figé et l’ombre, dos au mur, se laisse couler avant de se diluer avec le noir du trottoir tant piétiné.
Les mannequins n’ont pas cillés. Les feux sont à l’orange clignotant. Attention ! Danger…Les questions doivent passer par ordre de priorité sous cette pluie qui tombe inlassablement en rendant plus glissant ce chemin d’un soir pas comme les autres.
Là bas, au bout de l’avenue, rapidement l’effervescence gagne le carrefour. Un tourbillon mécanisé de tâches aux couleurs standardisées anime le carrousel avant de s’éparpiller au gré de la rosace dans un concert stressant de décibels. Plane sur le tableau une odeur irritante de gaz de combustion.
Régulateurs imperturbables les feux s’attardent sur un temps rouge, un autre vert, en font moins pour l’orange sans tenir compte des états d’âmes des voyageurs.
Rouge ! Soupir d’exaspération. Une silhouette verte s’allume et d’yeux absents, aux premières loges on suit cette marée de têtes inconnues noyant la chaussée.
Dans l’habitacle le poste annonce une météo… On n’écoute pas la suite, la silhouette est passée au rouge. Clin d’œil vert et rugissent les fauves métalliques en bondissant vers le tourbillon, seule issue de sortie en faisant le bon choix de voie évitant de tourner en rond où revenir sur ses pas.
Dix neuf heures. La nuit vient de tomber. Un vent mauvais se lève et court dans les noirs couloirs de la ville en giflant à l’improviste quelques façades muettes au regard artificiel, en soulevant des détritus légers froissés ou non pour les emporter vers un ailleurs sans repères.
Aux mêmes assauts gémissants à intervalles irréguliers, oscille une enseigne qui dans un grincement de porte de prison dirige sa lumière vers des zones d’ombres que l’imagination croit peuplées de mystères.
En dessous, des néons de vitrines éclairent ces mannequins immobiles présentant la tendance du moment.
Au carrefour, le vent de l’exode quotidien est tombé. D’effrayants une heure avant, les lieux deviennent sinistres sous les tics invariables des feux.
Ce soir, en bordure du carrousel, une ombre s’est oubliée. Figée là, tête baissée elle fixe un point à terre ou rien puis, dans un instant fragile, comme d’une marionnette dont on lâche un fil, retombe le bras qui tient haut une « baccara ».
Le regret ouvre la main et du feuillet sans lendemain choit la fleur dans le caniveau et montent, montent les maux dans les turbulences d’un souffle qui, en sentence déshabille la belle de son vêtement cellophane que le vent profane emporte.
Papillon éphémère, un pétale du corps s’envole sous les yeux vides des mannequins témoins de la scène.
Mesquin, le vent se cache sous les apparences du calme et l’enseigne ne dérange plus les mystères. Fin de l’acte.
Et tombe la pluie sur le rideau qui descend.
Ce soir pas comme les autres, l’ombre piétine les décombres d’un espoir qu’un séisme inattendu vient de détruire.
Lentement sous de sombres hospices, vers un précipice l’ombre avance.
Comme venant d’un large où sévit une tempête, les vagues déferlent sur la plage de l’instant. Dans la houle, sans relâche mugit le pourquoi ? Et très tôt, dans le petit matin d’un nouveau jour la lancinante question se répercute en hoquets balbutiants dans les couloirs crevant de solitude.
Un triste monologue en regardant un visage collé à une devanture, une caresse comme un débordement de désespoir au sourire figé et l’ombre, dos au mur, se laisse couler avant de se diluer avec le noir du trottoir tant piétiné.
Les mannequins n’ont pas cillés. Les feux sont à l’orange clignotant. Attention ! Danger…Les questions doivent passer par ordre de priorité sous cette pluie qui tombe inlassablement en rendant plus glissant ce chemin d’un soir pas comme les autres.
A. LEGRAND- MacaDeb
- Messages : 38
Date d'inscription : 01/09/2011
Re: Un soir pas comme les autres
La pluie fait des claquettes sur les trottoirs des grands boulevards.
Nilo, une galerie ne fait pas le printemps.
Nilo, une galerie ne fait pas le printemps.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Un soir pas comme les autres
"Papillon éphémère, un pétale du corps s’envole sous les yeux vides des mannequins témoins de la scène."
Très belle image.
Tout est bien écrit et on arrive vraiment à voir la scène.
Dommage que tu ne postes plus!
Très belle image.
Tout est bien écrit et on arrive vraiment à voir la scène.
Dommage que tu ne postes plus!
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