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Le bus va passer
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Le bus va passer
Toi, petite mouche qui est née en hiver,
Sous la pluie et dans le froid - prisonnière
D’une cave de verre “Temple d’Abribus”
... Bourdonnante et tapante, s’embusque
Au carreau, derrière prisonnière !
Calme, calme. Le bus va passer
Qui fera un courant d’air
Et te libérera vers la mer.
*
L’oeil humain ne me fait plus peur maintenant ; comme l’œil animal, il n’est qu’une bille fixe au milieu du fromage blanc - écume de toujours - chaque chose à sa place... l’œil, le ciel, les reflets et l’écume sans retour, l’écume perpétuelle.Sous la pluie et dans le froid - prisonnière
D’une cave de verre “Temple d’Abribus”
... Bourdonnante et tapante, s’embusque
Au carreau, derrière prisonnière !
Calme, calme. Le bus va passer
Qui fera un courant d’air
Et te libérera vers la mer.
*
*
... En rentrant, je t’ai vue dans l’ombre sous les arbres et sur les racines apparentes des pins, tu ne semblais pas réelle ; alors je t’ai serrée très fort et nous sommes tombés dans un fossé de terre avec juste assez d’eau au fond pour que tu reviennes à toi.
Les gestes, avec tes reproches, après quelques larmes partagées... Tes reproches - toujours des reproches !
Puis les mouvements ont été plus “précis” et tu m’as demandé : “ Là ! - tu m’as sommé - Tout de suite !
C’est alors qu’a jailli un homme avec une seringue, pour toi, tes jambes nues - elle était pour toi, tes mollets blancs, j’ai bondi. J’étais fou. Fou de rage, j’ai balancé l’objet lumineux dans la mer noire au delà des rochers.
La lune était découpée sous les nuages, croquée aux deux bouts comme une grosse banane, mais plate, plate et luisante comme une francisque - l’horreur de cette vision, comme un emblème vil et vilain me donna des frissons terribles. J’en ai chopé un au passage pour t’écarter de moi ; puis, je t’ai lancée sur la route pour encourager ta fuite aveugle. Tu ne semblais vraiment pas te rendre compte du danger !
Une voiture t’a frôlée comme tu arrivais au terre-plein du carrefour... tu es passée par miracle.
Tu as couru ensuite jusqu’à la villa.
Je t’avais suivie dans ta suite, ma belle, trop soucieux de ce qui pouvait t’arriver, t’attendre au tournant, aux 4 Vents... J’ai fui.
Au carrefour sur le terre-plein, je n’ai pas pris la grande allée d’eucalyptus coupant à travers la colline (raccourci), j’ai continué par le bord de mer, fait éruption chez mon ami à moustaches, pour lui piquer sa voiture - en toute hâte, tout ça, parce que je savais qu’ils étaient là, les autres, derrière, tout près... et prêts à bondir.
À la villa, tu n’étais plus rageuse et hagarde, tu étais apaisée. Tu as voulu prendre un bain, dans un fond d’eau, certes - prudence oblige - j’ai fait irruption dans la salle d’eau pour t’enlacer amoureusement. Tu étais presque heureuse. Une excitation soudaine s’était emparée de toi, mais pour tout autre chose que vous pensez - << Les gens ne devaient plus arriver maintenant, autrement ils seraient déjà là depuis un bon moment. >>
La maison n’était pas éclairée par sécurité, mais dans la salle d’eau sans fenêtre la lumière pouvait briller sans danger.
Un peu plus tard, nous sommes descendus ensembles, et nous sommes partis sans traîner. Si peu traîné que j’ai oublié toute mes affaires... Quand même !
Je suis revenu donc et j’ai attrapé mon sac à travers les barreaux des grilles. En faisant cela, une opération délicate, j’ai revu la scène du faussé - l’un sur l’autre et l’homme surgissant avec sa seringue translucide. Au moment où je réussis à passer le sac entre deux barres (droites et torsadées), une mimique de fierté creusa mes joues - j’étais quand même un peu fier – mais, pris dans les phares d’une voiture qui passait, je voulus terminer le travail soudain.
Quand je redescendis, je vis... Et appelant “Catherine” aux 4 Vents... Je vis la voiture blanche de mon ami qui était toujours là où je l’avais garée, dans le virage en bas de la rue ; quand je me pointai plus avant, je constatai qu’elle était vide - mon sang ne fit qu’un tour. Pas de mots, pas de trace aucune. La voiture pouvait avoir disparu que ça aurait été pareil.
J’étais démuni de ma belle à cause d’un sac-poire ridicule !
Je restai là sur la chaussée les bras ballants, ne sachant que faire, et me rappelant soudain les phares de la voiture qui montait la rue, je décidai de prendre la route pour la rattraper. Jusqu’au portail, pas de problème, elle avait monté la rue et contourné le pâté de villas. Mais après, on pouvait aller à droite, à gauche, tout droit ?... Je continuai tout droit ; dans la descente, je me dis, ils auront fait au plus simple, Z’auront pris tout droit. Au Stop, en bas, j’étais confronté au même problème, si bien que je dus suivre mon instinct une seconde fois. Je tournai à droite.
Je m’étais dit peut-être qu’ils n’auraient pas voulu repasser là où je les avais vu la première fois, dans le fossé sous les pins derrière les rochers. Peut-être eux aussi avaient-ils des ennemis de ce côté là... Je faisais la route à vive allure pour rattraper la voiture fantôme.
“ Et pourtant, c’est moi qui ai une voiture blanche ! ”
Le poste de la voiture ennemie s’alluma sur “Alarme !”
C’était un air entraînant du “Communicate” des Dire Straits.
Devant à cent mètres, une enseigne en triangle rose fluo rivalisait mal avec le fond des montagnes violettes. Juste entre elles et le fond sombre du ciel s’élevaient des arbres noirs comme des fumées suspendues en l’air, épinglées au paysage du tableau priapique.
Il pleuvait.
À gauche, en contre-bas, la mer était granitique.
Des graptolites des âges s’étaient dressées au dessus d’elle, comme intriguées, et se doutant bien que quelque chose d’insolite se passait... Bien difficile à croire mais fort simple à comprendre !
Un aérodyne à réaction fendit l’air au dessus de la voiture et quand on rabaissa la tête, les babioles translucides avaient toutes disparu.
Également la mer s’était calmée - en apparence seulement - car une houle terrible sévissait.
Au large, un chalut qui revenait de la pêche au thon essuyait une dérouillée d’un autre monde - une sacrée branlée !
On pouvait voir, minuscule, le subrécargue courir sur le pont, bien désemparé !
La voiture avançait par spasmes au milieu des voitures.
La belle regardait tout ça avec calme, essuyant un frisson de temps à autre ; quand elle s’arrêta à un feu bordé d’hôtels à touristes, la belle eut trois frissons indiscrets, comme trois éternuements successifs - << La petite prend froid, dit le chauffeur. Réchauffez-là ! >> Elle se pencha en avant comme pour mimer le départ de la voiture... Fuite en trombe d’eau, sur les chapeaux de roues... elle eut trois frissons, pas tout à fait muets, comme précédemment - Ok !
Ils étaient accompagnés de spasmes sonores.
On finit par démarrer...
Maintenant, elle avait ses yeux bleus rivés sur la lunette arrière, pétillants d’impatience de revoir son ami ; mais, au moment où logiquement ils auraient dû rencontrer “satisfaction”, la voiture s’engagea sur la gauche pour s’enfoncer à l’intérieur des terres. Alors, comprit-elle - “ je ne verrai plus ma mer, mes arbres noirs comme des fumées suspendues en l’air, mes montagnes violettes au fond et mon ciel tout rose...
"... Je ne reverrai plus jamais mon amour.”
*
- Viens, poupée, j’ai besoin de rire encore à m’étrangler.
*
Il se voyait accroupi au plafond, dans un coin tête en bas, son doigt le plus long passé dans un anneau en buis des rideaux. Au dessous, on voyait le vide des grilles blanches droites et torsadées sur la mer houleuse et rouge-sang.
De là-haut, tel un oiseau en cage, il regardait vers le portail, en bas, tout en “S” de secours, tout vert et fermé. Le portail, par où elle pointerait le bout de son nez et au dessus duquel, de son perchoir “belvédère”, il s'attendait à voir enfin sa tête blonde et peut-être aussi ses yeux bleus..., éblouissants, tout comme la mer sous un soleil d’été. De plomb.
- Bretzel ! s’exclama-t-il, sans savoir pourquoi.
Il en bavait même d’impatience, et la mare sous lui qui s’était formée, reflétait son image presque aussi nette que nature - en tout cas aussi moche - avec les éclairs sombres des plis du draps qui barraient sa frimousse “froidure”, furieusement et dans tous les sens : Horrible !
L’anneau noir en fer de cloche restait gravement immobile et, comme la nuit était tombée, il voulut la suivre et redescendre et... heureusement que le lit était pourvu d’un bon matelas, épais et doté d’un multispir ! Toutefois, on entendit un gros bruit, comme un claquement sourd.
Non, ça n’était pas le portail ! le sommier de contre-plaqué qui venait d’éclater en son milieu...
Il resta immobile, ramassé au fond du puits en “V”.
Puis, le lit se remit droit dans un coup de ressort fantastique, qui l’éjecta hors de la pièce.
Derrière lui, une seconde à peine après sa réception sur la tête, on entendit le dernier accord symphonique du matelas qui retombait ; la cloche teinta soudain.
Dam.
Dernière édition par Dam le Dim 9 Sep - 11:11, édité 3 fois
Re: Le bus va passer
Dis-donc, didam, Epoqua, mais c'est qu'on s'y attache à cette petite mouche et tu fais tout pour ça. C'est complètement surréaliste, "total foutraque et archi loufoque" , et j'adore. Je me suis trimballée, derrière ta bagnole qui suivait ta belle, avec délices. Faudrait que tu nous mettes un lien musical : dire straits suivi de "satisfaction" des cailloux.
Juste 2 détails :
- "tu n’étais plus rageuse et hagard" => Plutôt hagardE, non ?
"pas de traces aucunes" => j'aurais mis ça au singulier, vu qu'y en a aucune.
Messaline, doctorat es-grammaire
Juste 2 détails :
- "tu n’étais plus rageuse et hagard" => Plutôt hagardE, non ?
"pas de traces aucunes" => j'aurais mis ça au singulier, vu qu'y en a aucune.
Messaline, doctorat es-grammaire
Messaline- MacadAccro
- Messages : 635
Date d'inscription : 29/08/2009
Age : 66
Localisation : Dans une étagère
Re: Le bus va passer
Tiens, pour fêter son retour Dédé a eu la main heureuse de sortir de son chapeau ce texte oublié de Dam.
Nilo, il est tard c'est vrai...
Nilo, il est tard c'est vrai...
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le bus va passer
Encore un coup dans le Mur à Dédé qui permet à un texte oublié de monter dans le bus qui va le ramener dans le droit chemin.
Nilo, demander l'arrêt au conducteur.
Nilo, demander l'arrêt au conducteur.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Le bus va passer
Nilo, tes bonnes grâces n'ont pas fait mouche, malgré vaillance et patience acquises au chauffeur... - peut-être parce que le lecteur n'est pas un passager facile, comme les autres ? Je me permets de le dire et le crier même, tel un chauffeur de salles que je ne suis pas !...
Dam, comment faire ?
Dam, comment faire ?
Re: Le bus va passer
A ben voilà une nouvelle que je n'avais pas lue
"Maintenant, elle avait ses yeux bleus rivés sur la lunette arrière,
pétillants d’impatience de revoir son ami ; mais, au moment où
logiquement ils auraient dû rencontrer “satisfaction”, la voiture
s’engagea sur la gauche pour s’enfoncer à l’intérieur des terres. Alors,
comprit-elle - “ je ne verrai plus ma mer, mes arbres noirs comme des
fumées suspendues en l’air, mes montagnes violettes au fond et mon ciel
tout rose..."
J'aime beaucoup de passage.
Pour le " fond du puis en V" tu parles pas de "puits" ?
Un bel instant surréaliste comme j'aime.
"Maintenant, elle avait ses yeux bleus rivés sur la lunette arrière,
pétillants d’impatience de revoir son ami ; mais, au moment où
logiquement ils auraient dû rencontrer “satisfaction”, la voiture
s’engagea sur la gauche pour s’enfoncer à l’intérieur des terres. Alors,
comprit-elle - “ je ne verrai plus ma mer, mes arbres noirs comme des
fumées suspendues en l’air, mes montagnes violettes au fond et mon ciel
tout rose..."
J'aime beaucoup de passage.
Pour le " fond du puis en V" tu parles pas de "puits" ?
Un bel instant surréaliste comme j'aime.
Re: Le bus va passer
Merci Sylvie, corrigé puiTs et d'autres fautes, notamment d'accord, ok ? ce texte en était truffé(es??)
Dam, féminin pluriel s'accorde à l’auxiliaire être...
Dam, féminin pluriel s'accorde à l’auxiliaire être...
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