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bunker baise

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Message  Paul Sunderland Jeu 19 Jan - 16:41

Visage scandalisé du gauchiste avec sa baguette de pain: "Quoi mais c'est pas possible, vous pouvez pas dire ça. Qu'est-ce que ça vous apporte?" Ben, ça me permet de m'en payer une bonne tranche à tes dépens. Ah oui, vous avez bien entendu: il y a à peu près huit personnes sur dix, sur un trottoir de grande ville, n'importe laquelle, qui n'ont rien à foutre en France. Les sans-papiers? Je sais, ce sont des intouchables, même les curés n'osent plus ouvrir leurs gueules, car la prêtrise c'est encore un truc de gauche, en tout cas pour les survivants de Vatican II. Cependant, je n'irai pas dans vos manifestations de soutien. Les indignés? De pauvres cons qui se réclament d'un mec ouvertement copain de la nièce du grand mufti de Jérusalem, celui qui braillait "heil Hitler" pendant la Deuxième, tandis que l'autre nabot inspectait ses troupes de musulmans SS. Pauvres musulmans (je parle des autres).
- Non mais franchement...
- Ne vous inquiétez pas. Quand votre François Flanby passera à la caisse au printemps prochain, il vous légalisera vite fait votre cannabis au désherbant véritable et vos conneries de raves infrapsychiques. On dira que c'est "culturel". On pourra aussi tous se balader le keffieh palestinien autour du cou, limite on envisagera de rendre ça obligatoire, vu que nous serons devenus une nation pleinement solidaire des combats menés par les pays du Sud opprimé face aux sales argentiers du Nord.
- Vous êtes en plein délire...
- Mais certainement. Un délire enthousiaste, fun. A ce propos, retenez bien qu'on pratiquera le dé-lire absolu dans les cours de lettres. On n'y enseignera plus la littérature (l'histoire non plus), mais les techniques de rédaction de CV. On apprendra aussi le circuit de la communication (très important, ça). Pour ce qui est des oeuvres, c'est à peine si on les abordera par le biais des fameuses questions de focalisation, interne, externe, zéro, vous savez, le trip Gérard Genette, tout ça... Par contre, on mettra en option obligatoire, à mi-chemin entre le cours de confection de gloubiboulga et le cours de langue globish: perfectionnement du texto.
- Vous savez, vous avez le droit de quitter la France, si vous ne vous y plaisez pas...
- C'est sûr, votre discours libertaire n'est pas tellement éloigné de ce que dit l'extrême-droite... Vous êtes bien tous les mêmes enculés, au fond. Sauf que, tu vois, le plus important à mes yeux, je veux dire ici et maintenant (on sort d'une conférence sur la mobilisation citoyenne éthique): ta nana - euh, c'est ta nana, là? Oui? Bon. Eh ben ta nana, tu sais, je la baiserais volontiers direct contre le mur, si tu voulais bien t'absenter quelques minutes. Après tout, le monde est sur le point de devenir une grande communauté, un bunker global, alors, euh, la bunker baise, c'est un concept que j'ai inventé, reste plus qu'à mettre en pratique...
La fille qui l'accompagne ne dit rien mais ouvre des yeux énormes devant ma proposition. Les deux se barrent à reculons, comme si j'étais un psychokiller pour de vrai.
Je me retrouve seul. C'est vrai, je suis français, blanc, catholique et hétérosexuel. Je devrais apprendre à me taire.

Correctement bourré à un vernissage, je contemple, tout en émettant de discrets rots parfumés au saucisson, une toile représentant la Vulve du Gros-Câlin Cosmique. Une fille s'approche de moi. Elle ne fronce pas le nez, qu'elle a peut-être bouché. Elle me parle et je m'aperçois qu'en fait, elle parvient à réaliser des nasales, ce qui prouve qu'elle n'est pas enrhumée. Il est possible qu'elle ne comprenne pas mon attitude, indépendamment de mes muettes éructations, car il est bien connu qu'un vernissage n'est pas fait pour qu'on s'intéresse aux oeuvres qu'il présente. Eh oui, moi je regarde. Elle me demande tout de même ce que j'en pense, mais à mon avis, elle a autre chose en tête. Quoi donc? C'est moi qui l'intéresserait? Bizarre. J'aime bien sa voix, un peu dans les basses, parfaitement adaptée à son physique de jeune et gracieux androgyne. Maintenant, moi je dis que c'est une nana, parce que je distingue une paire de seins sous le t-shirt, pas énormes, mais des seins de nana tout de même. Sauf que si ça se trouve, je suis tombé sur une shemale, un mec qui se bourre d'hormones en sens inverse, tellement il n'accepte plus d'être un mec pour la sécurité sociale et tout le reste.
- Euh, eeeeeuuuuuhhh, veuillez me pardonneeeer cette question indiscrète et sans rapport avec la toile, quoique. Voilà: êtes-vous une femme ou un homme du genre shemale, ladyboy, etc?
La fille (je continue de dire "la fille", à défaut) éclate de rire.
- Si vous et moi on va aux toilettes et que là-bas, je baisse ma culotte devant vous, vous ne serez peut-être pas encore convaincu, monsieur Sunderland. Ou puis-je vous appeler Paul? Oui, je vous ai reconnu. Et vous allez peut-être me répondre que je peux très bien être opérée, une shemale post-op. Je m'appelle Claude, au passage.
- Encore un prénom bisexuel, vous ne me facilitez pas le travail! Enchanté malgré tout... Va pour Paul, et même Paulo si vous avez envie. Ecoutez, pour votre état civil, on verra plus tard, si vous voulez, parce que je... euugh, je... j'ai pas répondu - hg - à votre question sur le, la, le... (je montre le tableau)
- Vous savez, Paul, en fait je m'en fous, de cette croûte... C'était juste un prétexte pour causer un peu avec vous. Le fameux Paulo, Paul Sunderland, pochard mondain, charlatan, ou génie, nul ne sait.
La vache. C'est vrai, je me suis déjà fait draguer par des mecs, il paraît que j'ai un côté gros nounours qui plaît, particulièrement chez les twinks. Mais elle, c'est un androgyne, c'est encore un peu différent. Elle est sapée en jeans et veste de velours par-dessus le maillot. Cheveux corbeau coupés courts. Elle semble éviter délibérément le look gothodinde, ce qui n'est pas pour me déranger. Je la regarde probablement avec une certaine intensité due à mon interrogation et ces bières que je ne cesse de descendre depuis tout à l'heure; c'est pour cette raison, je suppose, qu'elle rit de nouveau et si j'écrivais dans les pages d'un roman distingué, je parlerais d'un "rire de gorge", sauf que je zone juste sur un blog de merde, hein, le mien.
Elle ferme la porte des goguenots, stylés château de Versailles. On a toute la place qu'on veut. Sa culotte est déjà à terre. OK, c'est pas une post-op, c'est une vraie.
- Le cunni, Paul.
- Attends, attends, je ne suis pas un dominé mais un dominateur...
Nouvel éclat de rire de Claude. Je titube un peu.
- Mais tu sais comment on fait, au moins?
- Tu me prends pour un cave ou quoi? Ca fait une paire d'années que je le sais, en plus il y a pas longtemps j'ai encore lu des choses très précises là-dessus, dans, eugh, un roman. Par exemple, ça sert à rien du tout de mettre la langue à l'intérieur.
- Rote-moi dans la chatte!
Vingt minutes de cris de bonheur étouffés plus tard, nous ressortons très discrètement. On a eu de la chance, personne n'est venu nous interrompre pour se vider la vessie ou les boyaux. Même pas pour vomir, et d'ailleurs moi non plus je n'ai pas vomi. Néanmoins je soupçonne chez Claude un léger regret par rapport à ce développement possible mais, en cette minute précise, non actualisé. Elle doit être du genre à aimer se faire béger dessus, il y en a comme ça.
C'est maintenant que me prend l'envie de lâcher mes résidus de bières et de pizza (avalée avant de débarquer dans cette soirée heurf). J'ai dû me relever trop rapidement, dans les cabinets. Les cabinets dont je me trouve à présent trop loin face à cette marée fulgurante qui me remonte le tractus à toute vitesse. Je fonce vers une fenêtre entrouverte sur un balcon, là je me penche par dessus la balustrade et je gicle des fusées de matière rose, depuis un troisième étage. Juste à cet instant, au pied de l'immeuble haussmannien dans lequel nous nous trouvons, se tient sur le trottoir une nana qui semble se coltiner de grands et lourds posters. Elle est juste en train d'en coller un sur la façade quand elle se ramasse mon vomi sur la gueule. Elle pousse un cri, relève la tête, juste bien pour se ramasser un autre paquet que je n'ai pu retenir. Vu la tension de son cou et sa stupéfaction, il lui en entre dans la bouche et les narines. Déséquilibrée, elle fait choir son épaisseur de posters posés près d'elle: tombés à plat, je constate que ce sont de grandes affiches vantant les mérites de l'indignation, voire carrément de la révolution, par l'intermédiaire du Front de Gauche. Sur le balcon, Claude se fend la poire et je suis à deux doigts de la suivre. Deux doigts... Pour être honnête, ayant vu cela, je me mettrais bien en effet deux doigts dans la bouche afin de voir s'il en reste pas un peu pour la petite militante (une sans-culotte? ha!) mais celle-ci, écoeurée, se barre avec ses placards en nous traitant d'enculés de bourgeois. Vingt mètres plus loin, nous l'apercevons qui se met à genoux pour poser une quiche à son tour.
- Voilà, dis-je physiquement soulagé à Claude, les gens font tous caca de la même couleur, ou à peu près, idem pour le vomi. Mais cette jeune fille, en bas, ne s'est pas rendue compte qu'elle et moi nous venons de vivre cette grande vérité de l'être humain, quelle que soit sa condition. Elle, elle n'a que sa rancoeur. Elle ne sait pas ce qu'elle rate...
Claude me raccompagne vers les invités, encore en grand nombre. Puis elle se penche à mon oreille et me sort tout de go:
- Tu veux pas qu'on aille chez moi? J'ai envie que tu me pisses dans la bouche!
Je reprends une bière pour la route, avant qu'elle et moi on se tire.
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Message  Nilo Lun 23 Jan - 18:08

Oh putain, quel pied !
Et putain, personne n'est passé par là. A croire que tout le monde s'en fout de cette section de [Nouvelles].
Au passage ça
Je me retrouve seul. C'est vrai, je suis français, blanc, catholique et hétérosexuel. Je devrais apprendre à me taire.
ça vaut son pesant de cacahuètes et je vais le transmettre à Dédé qui devrait en faire ses choux gras.

Nilo, quel pied !

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