Si toute beauté est détruite...?

Notre monde tombe en lambeaux. Tristes et déchirés, comme les souvenirs d’une joie passée. Tu es une petite fille trop sage qui n’a pas eu d’enfance. Tes cheveux sont noirs comme la nuit et tes yeux sans lumière. Tu marches dans la rue morne sous le regard cruel des hommes, en traînant derrière toi le cadavre de ta poupée. La pluie se met à tomber le long de tes joues, et tu goutte du bout des lèvres cette eau amère provenant des nuages souillés. Ton cœur est comme un piano délabré, auquel un spectre joue une triste mélopée. A chaque contact les notes d’ivoires exhalent un râle de douleur. Si un piano pouvait saigner, il coulerait de ses plaies un liquide gris, putride, annonciateur de mort. Tu penses à ton alter égo imaginaire, une petite fille heureuse, ton négatif. Elle danserait nue sous le soleil rayonnant, innocente et libre, comme une colombe qui s’élance vers l’horizon. Toi, tu es seule sous le ciel fermé, sous la voûte sanglotante. Tu sais que si tu enlèves tes vêtements le froid acide va ronger ta peau opaline et les regards pleins de luxure vont détruire ton âme. Tu soupires.
Si toute beauté est détruite l’innocence n’a pas de place dans cette déchéance.
Toute gentillesse est dégoulinante de perversité.
Tu aimerais crier mais aucun son de monte de ta gorge déchirée par le froid.
Alors tu montes sur le pont. Seule, toi et ta poupée morte. Tu assois la princesse de porcelaine contre la rambarde de métal. Tu escalade la barrière et te lève. Tu écartes les bras. Le vent pollué de la ville agite dangereusement tes cheveux noirs. Toi, tu es celle qui renonce au spectacle de la Chute.
Tu sautes.
L’eau t’avale.
Elle frémit et se fige.

Un texte dur et très noir mais une très belle recherche du côté images et du coup, ça ne saisit pas le lecteur dans l'horreur.

2 petites erreurs : " et tu goutteS du bout des lèvres"
"Tu escaladeS la barrière et te lèveS"

Un ensemble que j'ai lu avec plaisir , non pas pour le thème qui est loin de faire sourire mais parce que la façon que tu as eu de le raconter m'a simplement fascinée.

Je te remercie, et encore désolée pour les fautes, l'orthographe est ma plus grande faiblesse.

C'est l'appel à la beauté, à l'insouciance et à la joie qui se laisse entendre en filigrane.

Un texte court qui se tient très bien ainsi.