je ne t'écris que d'un seul côté de toi

l’air se fige où l’œil se pose

le parfum nervuré de l’attente
fissure la peau du ciel
comme la tienne à chaque orage
certains soirs

je ne t’écris que d’un seul côté de toi
le moins avouable celui du silence
des mains inusités

vérités mouvantes aux rythmes de tes vagues
ou de leur souvenir

de cette rive le lac noir
semble couvert de neige
mais c’est ainsi chaux vive sur les mots
blanchis tour à tour

sur ta peau craquelée
l’air figé de tes yeux

Je trouve ton titre-vers trop difficile à lire sans s'accrocher la langue dans les pinceaux
c'est dommage vu que le poème est d'une belle sensibilité,
d'une (é)-mouvante beauté

LCbeat a écrit:Je trouve ton titre-vers trop difficile à lire sans s'accrocher la langue dans les pinceaux
c'est dommage vu que le poème est d'une belle sensibilité,
d'une (é)-mouvante beauté

Oui je reconnais que le titre n'est pas très heureux... c'est qu'en fait, ce texte n'en a pas, de titre. Fallait mettre quelque chose et c'est tombé sur ce vers...
Merci pour le compliment.

En fait c'est cette forme là que j'aimerais donner à tous mes poèmes. Pas de ponctuation, ni de majuscules (pas de titre non plus). Certains poèmes s'y prêtent mais d'autres non...

Je suis même obligée de revoir des poèmes qui ont cette forme pour qu'ils puissent "aller" avec les autres dans mon futur recueil, et ça me contrarie fort !

Mais je parle de moi au lieu de commenter ton poème. Un visage paysage par temps de saison froide. Un air qui passe comme un inévitable constat ; on ne peut reconnaître le paysage autrement que pour ce qu'il est, sans essayer de le changer, sans souffrir pour autant.

Carmen P. a écrit:En fait c'est cette forme là que j'aimerais donner à tous mes poèmes. Pas de ponctuation, ni de majuscules (pas de titre non plus). Certains poèmes s'y prêtent mais d'autres non...

Je suis même obligée de revoir des poèmes qui ont cette forme pour qu'ils puissent "aller" avec les autres dans mon futur recueil, et ça me contrarie fort !

Mais je parle de moi au lieu de commenter ton poème. Un visage paysage par temps de saison froide. Un air qui passe comme un inévitable constat ; on ne peut reconnaître le paysage autrement que pour ce qu'il est, sans essayer de le changer, sans souffrir pour autant.

J'aime beaucoup ce que tu en dis... c'est sensible et très juste.

Pour ce qui est de la forme, je partage complètement cette "préoccupation"... Autant parfois, une forme s'impose par le sujet, la tonalité du texte dès le début de l'écriture, autant parfois elle doit se modifier dans l'après-coup, à la re-lecture... il m'arrive encore de modifier des systèmes de ponctuation ou des découpages de segments des semaines après avoir cru qu'un texte était terminé.

Par contre, modifier la forme pour l'homogénéité du recueil... j'imagine que ça doit être rageant, mais est-ce bien nécessaire? C'est une demande de l'éditeur?
Je n'ai malheureusement pas (encore?) ce genre de problème...

C'est un peu d'incertitude , ces confins de peau où l'on quitte ce qu'on est pour aller ailleurs vers l'autre, celui qui n'est pas nous, qu'on ne connaîtra pas , mais vers lequel nous fuyons pour mieux nous regarder, parcequ'on ne sait pas exactement où l'on s'est quitté.
C'est un peu de ces porosités que sont nos êtres, qui ne sont ni aussi forts ni aussi tendres que nous les voudrions, qui ne sont que des bouts de vies si semblables et si différents...et qu'on aime tant.

C'est un peu de tout ça que j'ai vu en te lisant

Je me suis laissé dissoudre dans la chaux vive de ces mots.
Et j'en suis revenu, comme on revient à la vie après une longue apnée.

Nilo, blanchi sous le harnais.