Section 21, Tombeau 59

à l'ombre des mausolées,
la fumée de sa dernière cigarette
la voix qui faisait trembler les cœurs
sous les mansardes du désir

les mirages naissent des migrations
j'écoute le fracas de la pluie contre les vitres
c'est l'océan qui remonte ses manches
et s'accroupit nu sur le chevet des belles
exhibant son sexe paroissial
que peut faire une femme sinon chanter le blues
j'écoute le bruit que font les yeux
quand ils ne peuvent plus voir
quand ils ne peuvent plus arracher de lumière
au moindre territoire
l'hiver achève de marquer le sol
piochant le blanc dans les vasques creusées
par l'abandon et la nostalgie
l'hiver au goût de rhum nettoie
les terrains vagues de l'envie folle

je me sens trop petit pour télégraphier
mon amour des causes perdues
les messages me parviennent hors du temps
je suis un indien sur roulettes
courant après la voix des femmes blessées
[je tiens en laisse mes frustrations
en me disant qu'à force de chanter le blues
les femmes finiront par me voler ma solitude]
respire, dit-elle, respire l'odeur des transgressions
comme ces virages que l'on prend
sans savoir si la courbe est immobile

on couche les morts sur des terres vierges
on couche les morts où vont pisser les chiens
on couche les morts à côté des pompes à essence
on couche les morts pour ne plus les entendre hurler
on couche les morts après minuit
on couche les morts sous des kilomètres de silence
on couche les morts loin du Village Vanguard

Toujours ce trait que je reconnais

Une souffrance comme celle que l'on ne veut pas enterrer
Un parcours qui peut être numéroté
Un endroit où l'on a envie de dire "stop"

J'aime

"les mirages naissent des migrations
j'écoute le fracas de la pluie contre les vitres
c'est l'océan qui remonte ses manches
et s'accroupit nu sur le chevet des belles
exhibant son sexe paroissial"

Une bien belle envolée je dirais
car le début m'a pas trop parlé.

Mais bon, ça ne m'a pas empêchée d'apprécier ce poème à sa juste valeur.

( je me demande toujours si un jour j'arriverai à dire :
"j'aime pas ce poème" ??)

on est en plein dans l'american night. j'avais déjà lu des poèmes de toi, jamais vu ce style ailleurs. tu as aimé une femme trop fort, je crois, sinon comment ?

"les mirages naissent des migrations" - the best

Sylvie, après lecture de ton commentaire, et relecture de mon texte, je t'avoue que le début ne me parle pas trop non plus.

novembre, merci de ta lecture

LC ? ...Le grand gérard est il de retour ?

Quand tu me dis...ouais ça m'parle pas non plus !!! PTDR

Le Grand Gérard s'est malheureusement consumé...
Il me tarde de le retrouver, mais les temps sont difficiles

Peut-on aimer une femme trop fort, peut-on aimer trop fort ?

C'est ton avatar, sans doute, qui donne à ta poésie ce halo futuriste ; il fait qu'on se perd dans une brume d'avant ou de bien après le monde. Cette poésie science-fiction reste à écrire, il me semble. Bon courage, alors.

Profond sommeil, que berce peut-être le poème.