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Brooklyn dans la panse
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Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Brooklyn dans la panse
Acte 1 Marla l'Araignée
Cette enquête était un véritable labyrinthe et Ulysse, journaliste d’investigation, n’arrivait plus à travailler pour cet article que le journal avait commandé ; la boite l’avait envoyé à New-York pour bosser sur l’étrange disparition d’une jeune femme dans les quartiers de Brooklyn.
Face aux miroirs opaques de sa chambre d’hôtel, allongé sur le lit il se contentait à présent de lire Géographie de l’instant, ce livre de Sylvain Tesson qu’il avait emmené dans ses valises depuis la France.
Il n’avait pas réussis à décrocher la moindre info pertinente sur cette femme, cette Marla qui avait tissé sa toile, selon Ulysse, pour le piéger telle l’Araignée.
Tandis que ses cigarettes disparaissaient, sous une épaisse fumée et ne laissaient que des cendres, le néon rouge au-dessus de sa fenêtre, clignotait sans cesse, semblant lui dire que les autres, en tous cas les autres journalistes, étaient partis déjà à la pêche et reviendraient vite avec la clef de l’énigme.
Acte 2 Brooklyn dans la panse
Ulysse avait décidé ce matin, après un Café très fort, de continuer l’enquête de manière plus approfondie. C’est dans ce but qu’il se dirigea vers la gare afin de prendre le premier train pour le nord de New-York où résidait la famille de Marla l’Araignée.
Pourtant, à peine arrivé, en raison d’un accident, l’horaire des trains perturbés le fit changer d’avis, c’était peut-être un signe pour explorer à nouveau Brooklyn.
La plus grande partie de la cité New Yorkaise ressemblait à un iceberg ; immergée, elle distillait avec doigté son temps libre en moments agréables, quand il se promenait dans ses rues. Il pouvait poursuivre ainsi ses rêveries jusqu’à l’arrivée des étoiles, ce qui rallumait encore plus son effervescence jusqu’au petit matin.
Les gens qu’il interrogeait ne lui racontaient que des foutaises, mais il notait toujours sur l’un de ses carnets les moindres détails de ces longues discussions, avec une patience infini : sur une page de moleskine, était représentée par exemple, la description d’une journée type, toujours assortis d’une surabondance de ponctuation ; il apportait tant d’importance, tant de soins maniaques à ses dialogues souvent décousus, qu’on pouvait avoir l’impression, vu de l’extérieur, qu’il connaissait sans doute son métier.
...
Acte 3 : Je est un autre
Un jour, je partirai en voyage à travers le temps, maintenant c’est aussi clair qu’une absence d’alcool dans mes veines à cette heure sombre de la nuit.
J’ai laissé le soin à ma conscience de trouver le fil de toutes mes péripéties, de les rassembler pour qu’elles deviennent enfin cohérentes entre elles. Peine perdue ! Se déferlant en sanglot, mes écrits se noient et me noient sous des tas de carnets, je pensais que ces aventures sur les routes allaient me livrer la Clef de l’énigme. Hélas ! Comme le dit, Arthur Rimbaud, la réalité est bien trop rugueuse à étreindre.
J’étais parti seul, sac sur le dos, un maigre paletot et sans un sous en poche, et personne ne savait quelle obsession m’agitait chaque nuit, quand je prenais le soir la lanterne pour tracer mon chemin à pied. Les rares compagnons qui ont tenté de se lier à mon fol vagabondage ont vite déchanté lorsqu’ils ont compris à quel point j’étais atteint…
Acte 4 : Le lieu et la formule
Une nuit, attendant une aube nouvelle pour recommencer à réfléchir, j’ai tenté de faire une introspection, de sonder cet être mystérieux qui m’échappe tellement. La lune migrait vers sa dernière mutation, éclairant faiblement le campement que j’avais installé je ne sais dans quelles landes isolées du monde.
Je pouvais seulement voir devant moi, ce carnet où je m’entrenais dans une sorte d’autisme, afin de rassembler les débris de mon esprit.
Des chiffres et des symboles ajoutés à des lettres tout aussi incompréhensibles semblaient m’annoncer une funeste nouvelle.
Celle d’avoir gaspillé, une vie entière, à perdre son temps en pur perte pour une formule ténébreuse et ésotérique.
Acte 5 : Itinéraire bis ?
J’étais parti de Lyon, ma ville natale, dans un train à moitié opérationnel. J’étais descendu dés le premier arrêt. Ce mode de transport ne me convenait pas.
Mon journal de bord s’était arrêté lui aussi à ce jour funeste.
Là, arrivé en gare de Vienne, j’avais fait du stop, et à ce moment là, j’étais devenu inconscient, incapable de savoir si on était le jour ou la nuit, dans quelle époque nous vivions, ou toutes autres repères spatio-temporels.
J’évoluais sur une planète, comme si on m’avait attribué une mission sur Mars, sans espoir de retour.
Voyager sans revenir ?
C’était peut-être ça qui me bottait au départ ; pour les gens que je croisais, je devais être une sorte de Don Quichotte, pourtant ils étaient tout aussi opaques que ma quête.
Après tout, je n’avais rien inventé, c’était déjà un style de vie qu’ils connaissaient trop bien : se laisser diriger par une vie insensible et fragmentée de projets insensés et dérisoires, sans se préoccuper du sens sacré de l’existence.
La suite prochainement sur
notesmat15Re: Brooklyn dans la panse
A la lecture de ce récit, j'y ai ressenti une certaine nostalgie mêlée
au doute voir à une solitude "interne".
Certains mystères sont parfois un début de chemin qui conduit à un autre mystère.
Je pense que le mystère est bien plus d'actualité qu'on veut le dire ou l'entendre.
Nos actes ont parfois un départ qui évite la fin, le terminus, le :"je n'ai plus rien à dire
ou à faire ".
Le doute, à mes yeux est le plus puissant mais aussi le plus néfaste et c'est bien souvent sous LE doute qu'on n'ose faire ce qui nous tente fortement.
Une histoire bien écrite qui va jusqu'à deviner le lieu où le personnage se trouve.
Bel instant de lecture pour moi.
Merci de ta présence et de ce partage.
au doute voir à une solitude "interne".
Certains mystères sont parfois un début de chemin qui conduit à un autre mystère.
Je pense que le mystère est bien plus d'actualité qu'on veut le dire ou l'entendre.
Nos actes ont parfois un départ qui évite la fin, le terminus, le :"je n'ai plus rien à dire
ou à faire ".
Le doute, à mes yeux est le plus puissant mais aussi le plus néfaste et c'est bien souvent sous LE doute qu'on n'ose faire ce qui nous tente fortement.
Une histoire bien écrite qui va jusqu'à deviner le lieu où le personnage se trouve.
Bel instant de lecture pour moi.
Merci de ta présence et de ce partage.
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