La poésie ? Je m'en tape ! (Chronicle)

La poésie ? Je m'en tape ! (Chronicle)


Dédé: Salut les gonzesses. C'est Dédé.

Dédé: La poésie ? Je m'en tape !

Dédé: Me dites pas que ça vous étonne. Vous savez bien que tout c'qui m'intéresse c'est les magasines avec des gonzesses à poil, le poker et boire des demis et du rouge avec mes potes au bistro, et Papy aussi. Ouais Papy y m'intéresse et aussi j'bois des coups avec lui. Comme d'autres y font Patron, y lisent que Capital et y boivent du coca seuls sur un coin d'table en r'gardant l'effondrement des bourses en pleurant. Ou alors y font chômeur, torchent le cul d'leurs chiards, lisent Modes et Travaux en buvant du thé aux épices qu'arrive direct des Indes. Et en plus j'les soupçonne de pas aimer Papy. Ils le connaissent même pas, comment y peuvent pas l'aimer. Y doivent être un peu bornés et avoir des à-priori les abonnés à Capital ou Modes et Travaux qui font Patron ou chômeur et qui boivent du coca ou du thé pour pas aimer Papy. J'suis sûr qu'si y l'connaissaient y l'aim'raient. Mais y veulent même pas le connaître. Tiens j'suis sûr qu'si y leur filait son numéro d'téléphone y diraient qu'y veulent pas lui parler, qu'y téléphonent jamais aux gens qu'y connaissent pas. Ouais ! Sauf au serveur vocal de l'ASSEDIC ou d'leur banquier pour pleurer qu'y z'ont pas d'boulot ou pas d'sous, ou les deux. Et même que des fois y z'en réclament. Y z'ont qu'à jouer au poker. C'est un boulot qui rapporte. Quand on a autre chose que la crème Nutella de chez Leader-Price entre les oreilles.

Dédé: Ouais sans déc', qu'est ce qu'on en a à battre de la poésie. Personne en lit. Personne lit rien d'ailleurs, même des qui s'disent poètes y lisent pas. Si, "L'Equipe" peut être, et les programmes de la téloche qu'y r'gardent jamais. Y z'ont sûrement raison pasque la poésie c'est le refuge des geignards, des pleurnichards qui font rien qu'à verser des larmes de crocodile sur leur gonzesse qui s'est barrée ou qui s'barrera bientôt. C'est sûr qu'elle va s'barrer si y la font aussi chier dans la vraie vie qu'y nous font chier nous à nous raconter leurs malheurs tellement chiants que personne en a rien a foutre. Si encore c'était marrant ou bien écrit ces histoires de gonzesses qui sont parties. Mais même pas. Ni marrant ni bien écrit. Ah, vaut mieux lire "L'Equipe" c'est sûr, en plus ça craint pas d'rendre intelligent.

Dédé: Moi j'en ai lu quand j'étais p'tit d'la poésie. C'était à l'école. Ouais vous allez m'dire que comme j'y suis pas allé longtemps j'ai pas dû en lire beaucoup. Ben vous avez raison. J'ai ouvert beaucoup moins de livres de poésie que de numéros d'Play-Boy. En plus dans les livres de poésie y a même pas d'images. Encore moins d'photos d'gonzesses à poil. Remarquez, dans Capital y en a pas beaucoup non plus des photos d'gonzesses à poil. Y doivent aussi s'faire chier ceux qui lisent que ça. Tiens j'crois même qu'cest pasqu'y s'font chier qu'y lisent que ça. Y z'ont pas d'potes, y vont jamais au bistro, j'sais même pas si y z'ont déjà mis la main au cul d'une gonzesse. Pis d'abord pourquoi c'est qu'y lisent Capital si y jouent pas au poker ? P'têtre pour trouver des idées pour gagner du pognon et pouvoir acheter des actions de chez Coca-Cola pour en mettre plein sur leur coin d'table. Va savoir ? En même temps j'suis pas vraiment persuadé qu'les idées ça s'achète. C'est vraiment du pognon foutu en l'air.

Dédé: Vous en avez déjà lus vous des poèmes ? A part les vieux trucs qu'vous avez du apprende par cœur à l'école ? Et qui vous ont dégoûté pour toujours d'la poésie. Dites pas l'contraire, vous arrêtez pas de crier sur les toits qu'ça vous a dégoûté et qu'c'est d'la merde ces poèmes avec des mots sans fautes et des pieds et des rimes. Me prenez pas pour un con, vous l'dites à tout bout d'champ qu'c'est d'la merde. Alors forcément, comment vous voulez qu'les Patrons qui lisent que Capital y s'intéressent à la poésie puisque qu'y vous entendent vous plaindre sans arrêt qu'la poésie c'est pas ça ? Qu'c'est la liberté, qu'ça s'écrit "avec le cœur" et qu'les fautes c'est l'sommet d'la modernité. Comment vous voulez qu'y sachent c'que c'est et qu'y sachent c'qu'est bon ? D'accord y z'ont des conseillers qui lisent pour eux, mais à part ça y cherchent même pas à savoir, y lisent Capital. Ca les détend. Y s'font pas chier avec les mots, y s'branlent avec des chiffres.

Dédé: En même temps y risquent pas de puer des pieds. Et vous non plus. Pasque comme disait un pote à Papy qui traînait son croco ridé, cinquante berges dans les flancs : "Un poète ça sent des pieds". Remarquez p'têtre qu'y r'foulent du goulot, le coca ça fait roter. Pis ça donne des aigreurs. Ca doit être ça qui les rend un peu acariâtres, un peu agressifs, toujours à l'affût de deux heures de colle à filer. A écouter aux portes du net le clic clac sournois des IP rampantes ou le ramdam des doubles nicks. Y z'ont qu'ça à foutre écouter aux portes. Alors y z'écoutent. Et y foutent ! A la porte.

Dédé: Papy y m'a dit qu'pourtant la poésie c'est vachement beau et que j'devrais essayer. Alors j'ai écrit une demi douzaine de polèmes. Pas mal d'ailleurs y m'a dit Papy. Vous les avez pas lus ? Dites moi pas qu'je vous les ai pas fait lire ! Si ? Non ! Ah ben j'vous en donne un tout d'suite alors. Vous m'direz c'que vous en pensez hein ? Promis ! D'accord, et vous privez pas hein, si c'est pas bon faudra m'le dire pasque Papy forcément il est indulgent avec moi. Ben ouais comme j'suis pas allé beaucoup à l'école et qu'j'ai fait mes humanités dans Play-Boy et au bistro y sait qu'c'est pas facile pour moi. Comme en plus j'ai pas d'cœur vous voyez qu'la poésie c'est pas gagné. Faut qu'j'me force. Y a qu'un truc sur lequel Papy y m'pardonne rien, c'est les fautes. Alors si vous en voyez vous m'le dites tout d'suite sinon j'vais prendre une torgnole et être privé d'bistro.

Dédé: Alors, voilà, soyez sans indulgence ami polètes. Pasque que la polésie c'est pas forcément "parler de cul". J'vous donne un exemple.

A cent fois les sauter
J'ai pris tant de plaisir
Que je voudrais encore,
Et plus vite et plus fort,
Après elles courir
Le cent dix mètres haies.

Sincèrement, vous en pensez quoi ? Ouais je sais c'est un peu court mais n'oubliez quand même pas que j'suis qu'un ours en peluche, pas un vrai poète. Comme vous quoi. Sauf que vous vous êtes pas des ours en peluche.

Dédé: Tiens puisque j'vous avais laissé en plan au comptoir, à propos d'bistro, un d'ceux où j'vais, Le Lakanal, ouais souv'nez vous j'vous en ai parlé déjà, j'm'étais pris une murge pour son anniv. Vous vous souv'nez pas ? Tant pis, vous avez qu'à retrouver ma chronicle et la r'lire. Bon, donc Le lakanal j'y étais c'matin. Y fait marchand d'journaux aussi. Alors pour pas avoir l'air trop con après avoir ach'té Play-Boy j'ai emprunté Capital. Ouais l'patron du Lakanal y m'laisse emprunter des canards des fois. Là il a été étonné pasque d'habitude sur les couvertures de c'que j'emprunte y a plutôt des gros nichons et des foufounes que les cours de la bourse. Mais bon, y m'a laissé l'prendre quand même. Ah Putain ! J'y ai vite rendu et il était pas froissé, c'est aussi chiant dedans que dehors. Même que j'me suis dit qu'c'est dommage de gâcher du beau papier glacé comme ça pour pas y mettre des photos d'gonzesses à poil.

Dédé: Ca m'fait penser qu'y doivent être vachement dans l'caca en c'moment les mecs qui lisent que Capital pasqu'elles sont pas que bonnes les nouvelles dans ce canard. Tu voudrais pleurer sur les malheurs d'la terre entière qu't'aurais qu'le choix entre lire des mauvais poèmes ou lire Capital. Ben nous on en a un d'Patron, y pourrait faire les deux et ben non, y s'contente de Capital. C'est pas que j'lui en veuille, au moins y a pas de fautes. Donc ça lui évite de s'énerver après ceux qu'en font. En même temps ça a pas l'air de trop l'énerver les fautes pasque ceux qu'en font, et que c'est un aussi gros péché (Capital ?) que de dire un gros mot à un gros con, y sont pas punis alors que quand même y sont récidivistes. Et même multirécidivistes. Y en a y multi-récidivent presqu'à chaque mot. Pour eux la peine plancher ça d'vrait être tout de suite l'exclusion définitive et le blocage d'IP. Et ben non, y bénéficient d'la même indulgence qu'les voyous qu'attaquent les p'tites vieilles à la sortie d'la poste pour leur piquer leurs économies. On leur dit qu'c'est pas bien et d'pas recommencer. Y disent "oui c'est pas bien j'recommencerai pas". Et qu'est ce que vous croyez qu'y font ? Hein ? Y r'commencent. Et on leur dit toujours rien. J'vois pas pourquoi y s'priveraient. Comme les poètes qui font rien qu'à faire des fautes, c'qu'est pas le moindre de leurs défauts.

Dédé: En même temps ceux là, même Capital y le lisent pas. Faudrait que le patron y fasse un salon privé pour les amateurs de Capital, où il écrirait des articles su'l'pognon et les affaires. Ca m'intéresserait vachement moi un truc comme ça. J'prendrais des leçons sur le marketing des clics et la débâcle des claques. Et après j'irais lire un ou deux bon poèmes bien écrits (si, je sais où y en a) pour essayer de parfaire ma culture. Ouais pasque je suis inculte mais je demande qu'à progresser moi. Pas comme ceux qui veulent lire que Capital et surtout pas d'la poésie.

Dédé: D'un autre côté vous m'direz "qu'est ce qu'y vient nous faire chier l'ours en peluche avec la poésie, on n'est pas là pour ça". Rassurez vous, moi non plus. Mais moi j'le dis. Si, des fois j'en lis, là chez vous pour me marrer. Allez, vous allez pas m'dire que des fois vous vous marrer pas vous aussi. Pasque y a de quoi hein. J'vais pas vous dire c'qui m'fait marrer pasque j'crois pas qu'on ait les mêmes goûts et j'suis même sûr qu'y en a qu'cà f'rait pleurer que leur dise c'qui m'fait marrer. Ben ouais, y a au moins une chance sur deux qu'ce soit un truc qu'y z'ont écrit.

Dédé: Tiens, rien que d'le dire ça m'fait déjà marrer.

Dédé: J'vous l'ai dit. La poésie je m'en tape. Moi c'qui m'intéresse c'est les gonzesses, le poker et boire des demis et du rouge avec mes potes au bistro, et Papy aussi.


Ciao les gonzesses, c'était Dédé.