La place à rêverie

Une place à rêverie

Ils ont l'illusion que je prends toujours cette place à table par souci d'affirmer mon statut.
Et je ne leur enlèverai pas de la tête. C'est trop utile.
En vrai, elle est place à rêverie: au travers de la porte-fenêtre qui me fait face, s'agite le spectacle des arbres.
Des trois lonicera,des sapins voisins et des euonymus, j'ai sculpté un jeu de boules végétal de hauteurs et volumes variés.
Ils amorcent le paysage en second plan, au-delà de la rue, où s'imbriquent les masses des grands du fond: frêne, bouleau, frêne encore et chêne, un rideau de cyprès sombre, et devant un noisetier vert, un autre rouge et le magnolia niché dans l'ombre. Il pointera ses rubis en janvier.
Une haie de thuyas intermédiaire et un petit mur de pierres, le faîtage de la maison voisine, fixent l'horizontalité et les arbres en tiennent mieux debout à étayer le ciel bas.
Tous les jours, il me faut m'attarder à ce mélange de persistance, de nudité, de demies teintes, de diffusion et d'espoir.
Tous les jours, je me nourris du mouvement incessant et croquis à l'appui de l'écriture manuelle, je retrouve l'imperfection du geste humain, le droit à l'erreur et je fuis l'uniformité formatée. Je respire et je vis.

Je ne pourrais te dire qu'une chose: ton texte repose et apaise..et qu'il m'est familier, du "souvent ressenti" de la même façon et tu nous le dis bien , et c'est beau et fort :
"Tous les jours, il me faut m'attarder à ce mélange de persistance, de nudité, de demies teintes, de diffusion et d'espoir.
Tous les jours, je me nourris du mouvement incessant et croquis à l'appui de l'écriture manuelle, je retrouve l'imperfection du geste humain, le droit à l'erreur et je fuis l'uniformité formatée. Je respire et je vis."
J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture...ressentie , vécue et partagée.

Belle composition picturale faite de douceur et d'équilibre (même si ce n'est pas forcément ce que je préfère dans la peinture).
Les choses, placées par le hasard et le temps semblent n'avoir de toute éternité eu d'autre choix que de se poser là pour le plaisir que nous avons à te les entendre (voir ?) nous les raconter.

Nilo, spectauditeur attentif.

tu sais, Gérard, je suis troublée ...
je viens de lire ton texte après une semaine d'interlude ( sciatique carabinée : c'est sûrement d'être trop restée sous la table !!! ) et pendant cette semaine, j'ai essayé de trouver, tant bien que mal, des endroits où je pouvais rester un peu pour écrire, sans trop souffrir ...
parmi ceux-là, ma table, devant la porte fenêtre, avec vue sur le jardin ...
alors j'ai repensé à ton texte en " dessin " et je m'en suis inspirée pour décrire, moi aussi, ce que je voyais ... mais sans le dessiner (pourtant, j'aurais bien aimé ... ).
du coup, je me suis inspirée 2 fois de ton idée ...
j'espère que tu ne m'en voudras pas ! mais ça me gêne un peu ...
mais bon, je suis là pour me lancer, oser écrire, alors, je vais le poster mon poème ...
je voulais dire que je m'étais inspirée de ton texte, je dirai : je me suis inspirée de tes textes !
bravo encore pour celui-là ...
et merci pour la sérénité qu'il procure ...
Yzaé

Et bien voilà, je me demandais qui posterait le 6900ème commentaire, et sur quoi.
Il se trouve que c'est moi, sur un texte de toi.
Le hasard fait bien les choses, même si parfois les dés sont pipés.

Nilo, blindé.

je ne l'ai pas posté, ici, mais avec ce texte existe le dessin que j'ai fait à l'encre de ce paysage familier...j'essaye de vous le fixer ci-après. Et merci de vos commentaires. Gé.

https://2img.net/r/ihimizer/img46/3408/lespectacledesarbres.jpg

Excellente idée, et ce texte assorti du croquis qui l'accompagne est un réel plaisir.

Swann,

Comme un jardin zen à préserver, la finesse de l'encre traduit la beauté fragile et le cocon ou l'on aime se lover.

jardin Zen oui ..
juste pour souligner.

Y'en a qui devrait apprendre la zenitude en ce bas monde et donc s'asseoir plus souvent dans ton jardin Gerard, ou du moins, dans un jardin semblable.