Alors, ça fringue poète ?

Alors, ça fringue poète ?
ça brocante l'émotif, ça usurpe la qualité du texte
aux sextants asexués, tu vois, ej frime, comme toi
ej crois pas dieu possible d'être celui qu'il dit être
t'as le tas fiévreux et l'accointance minable
tu portes des seringues avinées dans le coin de l'œil
ça mimétise, ça se multiplie, ça engendre pour le cul
des verbiages primitifs, ej dis ça comme ça
t'as des spasmes de polyglotte qui te fendent l'échine
des pleurs de mioche effeuillées au cointreau
t'es coincé dans les sphères cosmiques
pleines de vide, et de mots de garce, ej répète
ce qu'on me dit dans la rue, quand ej pêche dans le caniveau
des bracelets que des princesses des faubourgs
ont oublié là, tu sais, Margot, Loreleï et pis Emmanuelle
c'est des étoiles mortes qui scintillent comme des cathédrales fourmis
ça braise la foudre, ça se métastase à tourner en rond, pas rond
ej dis ça, c'était dans la boue qui me collait aux basques
comme une poule de cristal, fendue d'un sourire de môme
et puis écrire, qu'est-ce que ça veut dire, dis-moi
ça fait des bulles de soie, des manèges de foire
ça invente, ça lexique des mots qu'on ne connait pas
alors crois-moi, ej vais te donner un conseil, la fuite, garçon
la fuite, et échouer sur des berges remplies de femmes
dont on baiserait la nuque qu'on aurait l'impression
d'embrasser le vent
ça ventile le cérébral
ça intellectualise des banalités, ej pense tout haut
mais je parle trop fort, c'est ce que me disent
Margot, Loreleï et pis Emmanuelle
m'ont fait turlute et jambes en plaire
ça séduit la séduction même, ça se prend pour le Don Juan des belles lettres
moi ej dis que c'est du flanc, de la bouffe pour chiens
ces clébards aveugles, se frottant la bite contre les pare-chocs
des voitures riches des fils de bonne famille
ah, ça évoque, ça invoque, mais ça fait rien
ça s'use, ça formule des formules sans queue sans tête
moi, ej dis que tu devrais venir avec moi, ce soir
on irait cotiser auprès de Margot, Loreleï et pis Emmanuelle
ej te promets, leurs seins, c'est comme la vie qu'on aurait envie de vivre
sauf qu'après l'action, bin, c'est le trémolo des retours de vacances
ça s'enivre un peu et puis ça s'endort dans des draps dégueulasses
faut pas croire pourtant, ej suis pas dans le fatalisme
ej fais pas dans la dentelle du miaulement
c'est pas comme la poésie, ej dis pas, ça brise rien
à par les reins parfois, ça virevolte pas
ça adoucit pas les mœurs, disons qu'ej préfère
encore me fourguer sur le dos, Margot, Loreleï
et pis Emmanuelle
plutôt que penser qu'écrire ça peut valoir la peine

alors, ça te fringue poète ?

Bonjour LCbeat.
Le titre m'a attiré, parce qu'il y a... oh, bien assez longtemps, écrit un texte dont le titre était "alors, poète ?Je n'ai pas compris les "ej" de ton poème. Bien sur, c'est pour dire "je", mais c'est dans quelle langue ? Du moins, qui parle de cette façon ? C'est nouveau, et je suis larguée, apparemment ! Toujours est-il que ça a gêné ma lecture plus qu'autre chose.
Pour le fond de ton propos, je le trouve amer, et provocateur. Et je me demande pourquoi cette haine. J'ai la faiblesse de penser que j'écris de la poésie, et je n'aimerais pas qu'on me parle comme ça. Ou alors je me suis levée du pied gauche.

Messaline

Messaline a écrit: Et je me demande pourquoi cette haine. J'ai la faiblesse de penser que j'écris de la poésie, et je n'aimerais pas qu'on me parle comme ça. Ou alors je me suis levée du pied gauche.Messaline

Sans m'immiscer et c'est à l'auteur de répondre, parce que la violence fait partie de la vie: celle qu'on donne et que l'on reçoit aussi.

Putain !
Tu l'envoies pas écrire par d'autres.
Ca en ejtte et c'est bon. Pas une seconde d'ennui dans cette confession publique à la porte du purgatoire de la poésie.

Nilo, tonton fringueur.

Ai-je donc jeté ma plume du bon côté?
sans sourcier et sans ennui
mais qu'au final je me réveille
ai-je donc fait l'amour?

Il déambule sans perdre espoir
le poète
mais il va où?

Sur la marge fut écrit pourtant
"Le sperme c'est comme l'argent
On le donne et ça ne se reprend pas!"

Ha! LCbeat, ta plume comme ta manière de penser
Seront pourtant bien immortalisés
et c'est gratuit et sans complexe

Hé! t'as perdu et ici, je gagne à lire le fou

Sylvie

Texte survolté qui sonne comme une incantation. La plume gueule et résonne, belle lecture.

Z.

C'est sûr qu'ici, l'écriture ne fait pas "des bulles de soie" et ne pète pas dans des draps en satin.
Ca décape et ça grince, mais ça a beau en faire des tonnes pour jouer les durs, ça ne parvient pas à faire oublier que la poésie se niche partout et qu'elle peut se fringuer comme elle veut, elle garde toujours la classe.

messaline pour ma part l'inversion du je ne pose pas de problème de lecture.
elle me parait percussive comme un kick (koung fou ou boite à rythme ? -))

Faut-il qu'un poème soit poli ?

ej vais yalé ! Sur ce

++

Je me répète je sais mais...

"Je prend ma claque et je m'en vais."

Je n'utilise jamais cette expression, mais là elle s'impose : je suis "scotchée".

ouai ça fringue grave,
ça r'mets en cause même
le poète parano que je suis
s'imagine que ce texte
s'agresse à moi
(dans mes pires heures)
c'est ça qu'est bon
LC voilà un texte utile.
et délicieux.

LES PENDULES SONT A L'HEURE
suspendues à l'envers.