Zette, journal de faites les contes

Mon vieux,

Ça y est, Noël est passé sans que je le vois.
Tout le monde de la famille était là en désordre. Maman avait préparé une table dans la cuisine avec nappe en papier, assiettes en carton doré et gobelet en plastique pour que les uns et les autres ne lui cassent plus ses coupes en verre « Parce que y’en a marre d’aller chaque année acheter des flûtes ! » et pan.
Avant, on avait décoré le sapin en toc qui fait pas de miettes. « Parce que y’en a marre de ramasser les épines une à une que ces machins perdent dès que les fêtes sont passées et qui c’est qui fait la bonne ? » et vl’an.
Remarque, c’est pas moche un arbre en toc. Les bonshommes qui s’occupent de sauver la planète ( ? ) devraient être contents qu’on replante du plastique comme ça, plus de problème de déforestation.
Bon, chacun son boulot.
On a posé le sapin derrière la télé avec ses clignotants rouge, vert, vert, rouge en chiasme ; même qu’au milieu du repas le « vieux » s’est mis à faire la circulation avec ses bras. Qu’est-ce que j’ai rigolé, je me levais et faisais semblant de traverser et lui, il criait stop ! Allez-y ! Stop ! Tu sais, comme les vieux en jaune à la sortie des écoles. Ils se flanquent sur le passage piéton et ils arrêtent tout ce qui bouge pour faire traverser un lapin des villes.
On les déguise en fluo pour pas les écraser. Les vieux, pas les lapins !
Bref.
Cousin Léon a boulotté toutes les entrées surgelées. Maman était tellement pressée de ne pas rater le repas qu’elle a oublié de réchauffer les apéritifs « vos invités seront heureux de savourer ces délicieux amuse-gueule variés et délicats » ouais, dégueu les amuse-machin.
Tante Grégorine l’a fermé, mais j’ai bien vu qu’elle tirait la tronche en avalant le « délicat canapé aux anchois pur beurre du Poitou » à moitié dégelé, tu aurais vu ses yeux super maquillés genre magazine des « réveillons réussis avec tes amis Choupette » un pot de peinture qui sèche en deux heures sur façade lézardée. Y’en avait partout. Les paupières, les joues, les oreilles, la bouche, le cou. Et pis alors, toutes les couleurs de l’arc en fiel ! Tu m’étonnes que l’oncle Mathieu…
A force il y avait plus de rouge sur le rebord du gobelet que sur la bouche de la tante congestionnée.
Passons.
Le vieux n’a pas voulu des canapés, il s’est rattrapé sur le poulet fermier « élevé en plein air des champs sans éoliennes » mon œil ! A l’école, l’instit nous a expliqué que les poulets étaient élevés en batterie, comme dans les bagnoles ! Enfin presque. Qu’il n’existait plus de poulets libres d’aller où ils voulaient à cause des renards et des voleurs de poules qui rôdent près des abattoirs. Quelque chose dans ce genre.
Comme le vieux est bigleux il n’a sûrement rien vu. Séphile, elle, a refusé de manger de la viande de « pauvre bête massacrée par l’inconscience des hommes égoïstes qui vont jusque dans nos campagnes égorger… » personne a rien compris quand elle a quitté la table en trébuchant sur la béquille du vieux.
En tout cas, j’ai pu finir le blanc, une cuisse et une aile, tout le monde étant parti tambouriner contre la porte des cabinets où Séphile s’était enfermée.
Enfin on a eu la bûche à la crème « promotion 5% fin du flash vente » que maman astucieusement, avait arrachée à une bonne femme toute rouge :
- C’est moi qui l’ai vue en premier !
- Non c’est moi, madame !
- Puisque je vous dis
- Elle va la boucler celle-là !
- Mais dites donc madame, pour qui vous prenez-vous, devant une petite fille !
- Petite mal élevée oui, qui n’arrête pas de tirer sur ma robe
- Votre robe ? Vous voulez dire votre sac à pommes en promotion !
- Oh !
Ça a duré un bon moment, même que tout le magasin était rassemblé autour des combattantes, à la fin le chef de rayon est arrivé et maman a remporté la bûche sous les applaudissements.
Si tu avais vu la « tête » de la bûche : complètement disloquée. Sûr, dans la précipitation on a oublié de la ranger dans le frigo. Elle est restée sur la table de la cuisine pendant des heures. Le chocolat sans « engrais, pur cacao d’Equateur, sans lécithine de soja ni huile de vidange » avait coulé entrainant dans sa chute le père Noël en plastique et la petite scie rouge qui pique la langue. Le « Joyeux Noël » en praliné était devenu « eux el ».
Léon a tiqué en rotant, mais bon, maman a calmé le jeu en lui resservant un gobelet de mousseux « qualité Champagne ».
Résultat, j’ai saucé le gâteau avec un bon morceau de pain trempé dans les fonds de verre et zou !
Vers minuit on s’est donné les cadeaux déposés par le père machin dans nos baskets ( maman raconte cette histoire, parce que le vieux et Séphile pleurent chaque fois que je leur dit qu’il n’existe pas ).
C’est une autre aventure que je te raconterai un jour.
Il est tard, je vais me coucher.
J’ai un peu mal au cœur, pourquoi ?

Ben après avoir lu cette histoire j'ai pensé à un truc pas "cool"...la pauvreté est encore "la dinde de la farce"...et le "semblant" domine sur le reste!

OUAIS! ...pas cool !

Mais c'est vraiment bien raconté.



Sylvie

ps: "Zette, moi j'ai des vrais poulets dans ma petite ferme ...si si...et aussi des vraies dindes"

Quand c'est bon ça ne peut pas faire de mal.
Mais alors quand c'est mauvais ça craint.
Ici tout à l'air plutôt du genre pas bon.
Sauf le texte ! Et flan.

Nilo, amuZettiste.

Eh vi, 1/3 de fiction sur 2/3 de réalité, à quelques miettes près.

Zette, m'invite pas chez toi pour la nuit d'la mort de l'an.
Après on verra, pour l'after share si on partage nos voeux ou si on les garde pour nous.

En tout cas, à part la bouffe et le jaja qu'a pas l'air top chez toi, j'te souhaite une bonne nouvelle année, on sait jamais.

Dédé.

Je trouve que cette page du Journal de Zette a été trop peu lue.
Je dépoussière.
Et Vive la Une

Nilo, le conte est bon.

Triste, besoin d'amour.

bonne idée, cette idée d'un auteur à la une ...
ça m'a permis de retrouver Zette avec plaisir !!!
Yzaé

Un clic-Dédé et je retombe chez Zette...un plaisir à la relire.

Sylvie

Aujourd'hui encore j'ai décidé de rendre hommage au travail de certains auteurs de [Nouvelles] en allant repêcher certaines de leurs pages oubliées et de vous les offrir.

Nilo, Missing.

Une ode super bien ficelée à l'esprit de Noël post moderne. Au boulot, Zette, On en redemande, de tes chroniques, pour nous aider à digérer les grumeaux de notre quotidien !

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Treizième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.