Journal de Zette, la mélancolie de l’été ne prévient pas

‘Jour vieux pote

Y paraît que c’est la fête du bruit aujourd’hui ? Tout le monde a rencard avec les trompettes de la gominée ? Ouais, à l’école la maîtresse au mieux de sa forme nous a soufflé dans les bronches au prétexte que nous copions les uns sur les autres, surtout certains et « taines » plus que d’autres…Je ne vois pas.
Déjà que je dors au fond et qu’il n’y a plus personne devant moi -comment madame pourrais-je jeter un œil de taupe sur une copie de fourmi ? Ah ?- T’aurais vu le scandale que mémère a tapé « Zette, inutile de mentir, tout le monde t’a vue ! » Dans tes rêves toupie à face de limande surgelée. Je sais bien qu’elle ne peut pas me blairer depuis que je lui ai répondu devant toute la classe. Je vois bien sur le parchemin, qui lui tient lieu de passeport à vie ,rouler ses rides de rancune quand elle me fixe sans rien cracher. Maman m’a tellement habituée au défi de « l’œil à mort » que je suis cap de fixer un crotale sans tomber dans les pommes ; même que j’aime ce jeu. Je te tiens, tu me tiens par la pupille de la haine. Bien droite. Acérée. On verra ce qu’on verra dans le « miroir de l’arme ». Les adultes n’aiment pas du tout jouer à « poignarde-moi le cil » ils nous trouvent insolents et très mal élevés, je me demande ce qu’ils aiment ces vieux roulés dans le vinaigre, macérés dans la bile de singe usé. Et moi, qu’est-ce que j’aime en cette fin d’année ? Tous les copains fichent le camp en vacances avec leurs darons, le quartier va se vider comme un porte-monnaie à misère, je vais encore trainer chez les cousins à tricoter l’ennui pendant que maman va surfiler l’amour au point de croix.
J’aimerais pas lui ressembler quand je serai vioque, ses chapelets de sentiments ramassés dans les petites annonces polies mais exigeantes « H bien sous tout rapport, la soixantaine engagée sans retour, cherche F simple et bonne cuisinière, hardie à la tache pour partager meublé racaca et plus si confits nuitées » Peuh, y’a que maman pour croire aux confits. Elle a fini de me les présenter comme des papas hebdomadaires ou mensuels ces H muets. Elle a fini beaucoup de choses d’ailleurs. Je vois bien qu’elle rapetisse pendant que je m’étire vers demain. Nos ombres s’éloignent sur le trottoir, je ne m’accroche plus à son bras, je ne respire plus la nuit avec elle, j’ai cessé de l’aimer pour lui rendre sa place sur l’étagère des « ramasse poussière ». Nul n’est tenu d’aimer au-delà de la date limite. C’est notre voyage à nous, que cet aller sans grand voyage ni belle perspective, nous avons caboté au mieux de la vague, souvent drossé la barcasse, jeté des tonnes de déchets à l’amer sans rien en retirer. Quand elle aura rendu son tablier de capitaine d’eau douce, j’irai lui rendre la politesse en donnant aux poissons indifférents ses derniers effets.
J’ai cessé d’aimer la mer aussi.
Cessé surtout de lui donner tout l’espace mouvant.
Je ne voudrais pas non plus ressembler à ces vieux collés au mur qui tirent sur tout ce qui bouge tant ils craignent que ce « qui bouge » ne les emporte. Je sais, ce sera dur de trancher dans « l’acquis » pour lui rendre « l’inné », mais j’ai toute la vie pour ça non ?

Non ?

C'est pour des choses comme ça
le quartier va se vider comme un porte-monnaie à misère
que je t'aime Zette.

Nilo, scotché.
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Le retour de Zette m'a fait plus que plaisir, je ne saurais trop dire pourquoi, mais je le dis. Qu'elle me croit ou pas, pas grave, parce que moi je sais que c'est vrai.

Dam.

Ce passage :

"Maman m’a tellement habituée au défi de « l’œil à mort » que je suis cap de fixer un crotale sans tomber dans les pommes ; même que j’aime ce jeu. Je te tiens, tu me tiens par la pupille de la haine. Bien droite. Acérée. On verra ce qu’on verra dans le « miroir de l’arme ». Les adultes n’aiment pas du tout jouer à « poignarde-moi le cil » ils nous trouvent insolents ..."

m'a vraiment enchantée. Des mots, des images et le tout emballé dans une crème qui ne demande qu'une chose : " Goutte moi encore !"

OUI! le retour de Zette est un vrai délice et le talent qui se dégage de ton texte l'est aussi.

Je viens de me régaler même si dans le fond, il y a cette "tristesse"

Un désenchantement enchanté. C'est fort !

Dam.

Je sais bien qu'il ne faut pas faire remonter les textes, mais je remercie les lecteurs de Zette

Moi je dis que Zette on peut remonter ses textes tant qu'on veut.

Nilo, moi je dis.

Et hop! remonté. Car moi aussi j'aime bien Zette et ses profondeurs aigre-douces (je sais pas où mettre le s. Faché avec les mots composés, Zette me le pardonnera surement)

Swann,

Ah putain, Zette is back !
God bless Macadam.

Dédé.

J'ai fait le vœu de mettre mon aumône dans la sébile de tous les mendiants que je trouverai sous toutes les portes cochères qui mènent au Petit Etablissement de Crédit que je viens d'ouvrir au profit de ceux qu'en ont pas besoin. En particulier à la Cinquième liste que j'vous ai filée.
Juste histoire de pas avoir bossé pour rien à les chercher pasque si j'compte que sur vous j'crains qu'y en ait qu'entendent pas le son de votre obole tombant dans leur coupelle.
Charité bien ordonnée...

Dédé.

Avec Zette, c'est toujours chouette de remonter le temps