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Retournons la pierre philosophale
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Ratoune
Nicolas Gleyze
6 participants
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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Retournons la pierre philosophale
Fable expérimentale et incertaine, une production très sérieusement Tatin
C'est un colimaçon qui regardait derrière lui pour voir ses pieds. Et paf, il trébuche... Car personne avant lui n'avait pris le soin de retourner sur ses pas pour ôter la pierre. Les uns trop pressés, les autres blessés… Alors qu'il ne s'était pas même relevé, la pierre sur laquelle il avait roulé lui apporta de la mousse. Et elle lui en apportait sans cesse. Il s'installa donc paisiblement aux pieds d'un grand chêne et se mit à en boire, beaucoup, beaucoup trop, beaucoup trop longtemps. Tellement trop qu'il fût victime d'hallucinations en chaîne.
Entre chien et loup, une ombre sauvage s’abattait en dansant et couvrait de ses ailes un feu presque éteint.
Alors qu'il était sur le point de s'endormir, il vit s'approcher L'Emile Pat' le psychopathe qui lui dit : "Oh, je suis bien fatigué d'avoir tant marché aujourd'hui ! Tu sais, ça n'est pas si simple. Le monde est quand même mal fait, j'ai tant de pattes et pas de pied. Alors que toi, tu as deux pieds et pas de patte !".
Le colimaçon lui répondit : "Tu sais, moi j'ai mis le pied sur une pierre magique et depuis je bois des mousses. Allez, on va oublier tout ça... Assis-toi là et viens donc plutôt trinquer avec moi !".
“J’aimerais bien", dit L’Emile, "mais j'ai autant de mains que de pieds. Pourtant fait drôlement soif et je m'en jeterais bien mille derrière le gosier.”
L’Emile hésita un instant puis ajouta : “Bon, ta pierre magique, je l'utiliserais volontiers mais… euh… je ne voudrais pas finir dans une secte, insecte !”.
“Eh Oh l'autre ! J'suis pas un gourou ! Ni même un insecte ! Je suis un gastéropode Moi ! Toi, tu n'es qu'un diplopode ! A l'heure où je me couche, tu te lèves. Alors je te le dis sans diplomatie, si tu ne veux pas trinquer, passe ton chemin et laisse moi cuver en paix !”.
"Si c'est ce que tu souhaites...", lui répondit L’Emile. Puis, s'éloignant lentement, il se retourna et lui lança d'un air condescendant : "Contrairement à toi, je ne suis pas piqué des vers et je m'en vais de ces pas rejoindre mes plus belles feuilles. Vieux cloporte va ! ".
Pourtant notre colimaçon cherchait juste un ami. Pour noyer sa peine, il se tourna à nouveau vers la pierre qui toujours lui restait fidèle.
Notre ombre ne se dresse-t-elle pas parfois devant nous sans que nous y prêtions attention ?
Quelques instants plus tard Néron le Hanneton fit son apparition : "Bonsoir joli colimaçon, que fais-tu donc sous ce vieux noyer ?".
“Ça n’est pas un noyer, c’est un chêne”, marmonna le petit limaçon.
“Un chêne ? C’est étrange, ai-je déjà creusé dans un chêne ? Je ne le crois pas. J’y vais de ce pas !”.
Néron se dirigea alors sur le champs vers l’arbre et en quelques instants se retrouva à sa cime. Il avait laissé derrière lui un très bel escalier.
“Eh, Le colimaçon ! Viens donc me rejoindre au sommet. Par ici ta liberté !”.
Le colimaçon fût ma foi bien tenté et entama une lente et longue marche après marche. A hauteur des premières branches, il était déjà bien éreinté : “Maudite soit cette spirale infernale ! Maudite soit ma liberté ! S’il faut à ce point avoir mal aux pieds, je préfère me laisser retomber…”. Sur la pierre il se retrouva allongé et elle se remit à marcher. La belle affaire, il suffisait donc de sombrer.
Nos souvenirs tapis dans l’ombre de notre ombre fredonnent un murmure aux allures gais ou sombres.
Edgar un canard hagard égaré se pencha à son tour sur notre ami esseulé. “Bonjour beau colimaçon, quel est ton prénom ?”.
“Je m’appelle Gédéon, Gédéon le colimaçon !”, répondit Gédéon, Gédéon le colimaçon.
“Si c’est de l’humour, laisse moi te dire qu’il est de très mauvais goût”, ajouta le canard.
Vexé, il s’en retourna par là même où il était arrivé. Effaré, Gédéon en resta bouche bée. Puis les yeux à nouveau rivés sur le sommet il se sentit requinqué. “Si je peux effrayer un canard, j’y parviendrai bien tôt ou tard”et il se lança à grandes enjambées.
Ce n’est que quand vient la nuit que notre ombre s’échappe et danse dans le noir une danse que seuls nos souvenirs connaissent.
A quelques pas du sommet, sur le bord d’une branche effeuillée, de minuscules yeux verts luisant le fixaient. “Qui es-tu l’animal ?”lança Gédéon.
“Et bien je suis une gaborde mon cher ! Et je peux t’aider… Mais seulement si tel est ton désir et si forte est ta volonté”.
“Sache que je n’ai pas besoin d’aide !”, lui répondit fièrement le colimaçon.
“Très bien mon cher… j’ai l’habitude, à tout de suite…”.
Gédéon voulut continuer son chemin, mais son ventre était bien lourd. L’escalier était de plus en plus raide et Gédéon ne parvenait pas à gravir les dernières marches. La gaborde lui adressa alors ces paroles : “Si tu consens à vaincre ton orgueil et ta colère, si tu consens à croître sans connaître la peur de ce que tu trouveras tout en haut, alors oui je peux t’aider à te libérer de ce poids. Alors oui tu pourras accéder au sommet de ta liberté”.
Ils s’embrassent alors en silence en espérant qu’aucune étoile ne viendra troubler leur longue étreinte. Et c’est cela que nous appelons “rêve”.
Gédéon se hissa au sommet du grand chêne et se dressa sur ses deux pieds allégés. D’ici il pouvait enfin voir… Tout était si clair maintenant… Tout était tellement… C’était donc cela que l’on appellait l’a… L’aigle agile se lança sur sa proie. Une ombre sauvage affamée. Ainsi de la vie et de la liberté.
Moralité : prendre le temps de retourner à la pierre est le commencement de l'affable
C'est un colimaçon qui regardait derrière lui pour voir ses pieds. Et paf, il trébuche... Car personne avant lui n'avait pris le soin de retourner sur ses pas pour ôter la pierre. Les uns trop pressés, les autres blessés… Alors qu'il ne s'était pas même relevé, la pierre sur laquelle il avait roulé lui apporta de la mousse. Et elle lui en apportait sans cesse. Il s'installa donc paisiblement aux pieds d'un grand chêne et se mit à en boire, beaucoup, beaucoup trop, beaucoup trop longtemps. Tellement trop qu'il fût victime d'hallucinations en chaîne.
Entre chien et loup, une ombre sauvage s’abattait en dansant et couvrait de ses ailes un feu presque éteint.
Alors qu'il était sur le point de s'endormir, il vit s'approcher L'Emile Pat' le psychopathe qui lui dit : "Oh, je suis bien fatigué d'avoir tant marché aujourd'hui ! Tu sais, ça n'est pas si simple. Le monde est quand même mal fait, j'ai tant de pattes et pas de pied. Alors que toi, tu as deux pieds et pas de patte !".
Le colimaçon lui répondit : "Tu sais, moi j'ai mis le pied sur une pierre magique et depuis je bois des mousses. Allez, on va oublier tout ça... Assis-toi là et viens donc plutôt trinquer avec moi !".
“J’aimerais bien", dit L’Emile, "mais j'ai autant de mains que de pieds. Pourtant fait drôlement soif et je m'en jeterais bien mille derrière le gosier.”
L’Emile hésita un instant puis ajouta : “Bon, ta pierre magique, je l'utiliserais volontiers mais… euh… je ne voudrais pas finir dans une secte, insecte !”.
“Eh Oh l'autre ! J'suis pas un gourou ! Ni même un insecte ! Je suis un gastéropode Moi ! Toi, tu n'es qu'un diplopode ! A l'heure où je me couche, tu te lèves. Alors je te le dis sans diplomatie, si tu ne veux pas trinquer, passe ton chemin et laisse moi cuver en paix !”.
"Si c'est ce que tu souhaites...", lui répondit L’Emile. Puis, s'éloignant lentement, il se retourna et lui lança d'un air condescendant : "Contrairement à toi, je ne suis pas piqué des vers et je m'en vais de ces pas rejoindre mes plus belles feuilles. Vieux cloporte va ! ".
Pourtant notre colimaçon cherchait juste un ami. Pour noyer sa peine, il se tourna à nouveau vers la pierre qui toujours lui restait fidèle.
Notre ombre ne se dresse-t-elle pas parfois devant nous sans que nous y prêtions attention ?
Quelques instants plus tard Néron le Hanneton fit son apparition : "Bonsoir joli colimaçon, que fais-tu donc sous ce vieux noyer ?".
“Ça n’est pas un noyer, c’est un chêne”, marmonna le petit limaçon.
“Un chêne ? C’est étrange, ai-je déjà creusé dans un chêne ? Je ne le crois pas. J’y vais de ce pas !”.
Néron se dirigea alors sur le champs vers l’arbre et en quelques instants se retrouva à sa cime. Il avait laissé derrière lui un très bel escalier.
“Eh, Le colimaçon ! Viens donc me rejoindre au sommet. Par ici ta liberté !”.
Le colimaçon fût ma foi bien tenté et entama une lente et longue marche après marche. A hauteur des premières branches, il était déjà bien éreinté : “Maudite soit cette spirale infernale ! Maudite soit ma liberté ! S’il faut à ce point avoir mal aux pieds, je préfère me laisser retomber…”. Sur la pierre il se retrouva allongé et elle se remit à marcher. La belle affaire, il suffisait donc de sombrer.
Nos souvenirs tapis dans l’ombre de notre ombre fredonnent un murmure aux allures gais ou sombres.
Edgar un canard hagard égaré se pencha à son tour sur notre ami esseulé. “Bonjour beau colimaçon, quel est ton prénom ?”.
“Je m’appelle Gédéon, Gédéon le colimaçon !”, répondit Gédéon, Gédéon le colimaçon.
“Si c’est de l’humour, laisse moi te dire qu’il est de très mauvais goût”, ajouta le canard.
Vexé, il s’en retourna par là même où il était arrivé. Effaré, Gédéon en resta bouche bée. Puis les yeux à nouveau rivés sur le sommet il se sentit requinqué. “Si je peux effrayer un canard, j’y parviendrai bien tôt ou tard”et il se lança à grandes enjambées.
Ce n’est que quand vient la nuit que notre ombre s’échappe et danse dans le noir une danse que seuls nos souvenirs connaissent.
A quelques pas du sommet, sur le bord d’une branche effeuillée, de minuscules yeux verts luisant le fixaient. “Qui es-tu l’animal ?”lança Gédéon.
“Et bien je suis une gaborde mon cher ! Et je peux t’aider… Mais seulement si tel est ton désir et si forte est ta volonté”.
“Sache que je n’ai pas besoin d’aide !”, lui répondit fièrement le colimaçon.
“Très bien mon cher… j’ai l’habitude, à tout de suite…”.
Gédéon voulut continuer son chemin, mais son ventre était bien lourd. L’escalier était de plus en plus raide et Gédéon ne parvenait pas à gravir les dernières marches. La gaborde lui adressa alors ces paroles : “Si tu consens à vaincre ton orgueil et ta colère, si tu consens à croître sans connaître la peur de ce que tu trouveras tout en haut, alors oui je peux t’aider à te libérer de ce poids. Alors oui tu pourras accéder au sommet de ta liberté”.
Ils s’embrassent alors en silence en espérant qu’aucune étoile ne viendra troubler leur longue étreinte. Et c’est cela que nous appelons “rêve”.
Gédéon se hissa au sommet du grand chêne et se dressa sur ses deux pieds allégés. D’ici il pouvait enfin voir… Tout était si clair maintenant… Tout était tellement… C’était donc cela que l’on appellait l’a… L’aigle agile se lança sur sa proie. Une ombre sauvage affamée. Ainsi de la vie et de la liberté.
Moralité : prendre le temps de retourner à la pierre est le commencement de l'affable
Re: Retournons la pierre philosophale
Ce serait comme feuilleter les livres pour enfants " Mimi la fourmi, Léon le papillon " etc; toi tu causerais aux animaux et nous, on scierait les ailes aux pavillons...
Ratoune- MacadAccro
- Messages : 1891
Date d'inscription : 01/09/2009
Re: Retournons la pierre philosophale
Il en faut du temps et de la force pour arriver au sommet de la cinquième montagne.
Texte intéressant, même si un peu moraliste...
Nilo, Fulcanelliste.
Texte intéressant, même si un peu moraliste...
Nilo, Fulcanelliste.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Retournons la pierre philosophale
Une démarche curieuse qui pique la curiosité de l'enfant qui s'interroge toujours
L'humour pour le rasséréner sinon le rassurer.
Dam insectissime
L'humour pour le rasséréner sinon le rassurer.
Dam insectissime
Re: Retournons la pierre philosophale
Le Printemps de la Prose nous invite à tourner toutes sortes de pages.
Sous certaines d'entre elles se trouvent de belles pierres.
A chacun de se faire son opinion.
Nilo, lance-pierre.
Sous certaines d'entre elles se trouvent de belles pierres.
A chacun de se faire son opinion.
Nilo, lance-pierre.
_________________
... Tu lui diras que je m'en fiche. Que je m'en fiche. - Léo Ferré, "La vie d'artiste"
Re: Retournons la pierre philosophale
je me suis laissé emmené où tu allais, sans trop savoir
et je n'ai pas regretté d'avoir lu cette fable triste et sans issue,
ou plutôt si, une seconde d'amour et de ciel, qui en valaient sans aucun doute la peine.
et je n'ai pas regretté d'avoir lu cette fable triste et sans issue,
ou plutôt si, une seconde d'amour et de ciel, qui en valaient sans aucun doute la peine.
Re: Retournons la pierre philosophale
Il est bien humain ce colimaçon...
Moi, j'ai bien aimé ta fable, même si la fin est un peu raide...
Sasvata, il fallait bien une chute... ^^
Moi, j'ai bien aimé ta fable, même si la fin est un peu raide...
Sasvata, il fallait bien une chute... ^^
sasvata- MacadMalade
- Messages : 495
Date d'inscription : 31/08/2009
Macadam :: MacadaTextes :: Nouvelles
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